Là où je n'aurai jamais dû être

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Pour une chute rebondissante, cela fut le cas pour la situation, mais pas pour mon derrière. Je suis engourdie parterre, les fesses posées contre cette surface rocailleuse avec une vue broussailleuse, fixant la couleur amère de la pièce. J’ai atterri dans une autre chambre, mais je ne sais laquelle. J’ai l’impression d’avoir déjà rêvé de cette pièce.

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Comparé à la mienne, elle semble cafardeuse. Si je ne sais pas exprimer exactement ce que je ressens, je perçois une aura funeste. J’ai encore plus froid que dans ma propre chambre. La fenêtre est fermée, recouvert de rideaux noirâtres occultant certainement une lumière qui ne demande que d’être décelée. Les murs sont médiocres et crasseux. Je me demande pour quelle raison l’état de cette piaule est aussi pitoyable…

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Quand j’ai dévalé le trou de ma chambre qui ressemblait à un tunnel secret, (remarque c’était et c’est encore une forteresse) j’étais encombrée tout au long de la descente par une matière huileuse, c’était pour m’aider à passer sans encombre ? Quelle attention. Mais je me contente facilement d’une venue par voie normale.

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J’examine un peu le contenu des meubles, je suis trop curieuse pour rester là sans rien faire et repartir. Et puis de toute manière, il n’y a personne, pas un bruit. Ce que je ne trouve pas normal, c’est qu’il n’y a pas d’électricité. Et pourtant il y a une lampe avec le fil pendouillant. La seule manière d’éclairer c’est d’allumer la bougie qui au passage est la seule ressource de clairvoyance.

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Il y a une porte. Une seule. Moi j’en ai deux parce que j’ai aussi la salle de bain et les toilettes à disposition. Je me demande si je dois y rentrer ou non parce que je n’ai pas envie de sortir avant de découvrir si elle est habitée ou pas. N’ayant pas soulevé de poussière en laissant mon doigt dégouliner le long d’un bureau tout propre, quelqu’un doit passer faire le ménage.

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Je prends mon courage à deux mains et j’attrape la poignée qui elle a laissé permettre une araignée tisser sa toile qui s’agrippe désormais à la longitude de mes griffes. J’appuie et la porte s’ouvre.

C’est là que je suis ébahie devant une horde de vases. J’en ai vu beaucoup dans la maison mais là, ça dépassait dans mon imagination. Quelqu’un possède un trouble obsessionnel pour ces vases je ne vois pas d’autre explication.

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Mais revenait la même puanteur qui revient de plus en plus se glisser dans mes narines. Ça empeste la mort ici. On dirait un cimetière où les tombes ne furent jamais bouchées de leur couvercle. Et si en fait… Le corbeau venait d’ici ? Elle fait un élevage de corbeaux dans ce truc ressemblant à un entrepôt pour nous faire tâcher les murs si elle nous aime pas et nous vire ? Elle est vicieuse. C’est très bas comme coup, très bas.

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J’admets que mon imagination déborde… Je m’emporte clairement. J’essaie de me forger un passage et de chopper l’un des vases sans que les insectes empestant la salle ne viennent s’immiscer sur moi. Celui qui m’intéresse est lourd. Il a l’air plus ancien que les autres.

Du coup forcément, plus nauséabond.

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Je vérifie le fond du vase mais la même absence de limpidité. Je mets ma main glissant les rebords étriqués du vase, mais avant que je n’atteigne le contenu, le vase casse. Pile quand j’ai touché comme une sorte de bouton, une petite bosse a fait son apparition avant que ma main n’aille plus loin.

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Des pas retentissent si fort que je les entends sans peine. Ça y est je suis démasquée.

Oh non. Je vais me faire virer. Pourtant j’ai pris des précautions. C’est la fin. Je pensais pouvoir m’adapter un minimum, mais finalement pour un rien, je vais perdre toutes mes chances d'enfin stabiliser ma vie.

Je vais me retrouver de nouveau à la tente de mon oncle, avec ces vieux pervers me rôdant autour… Qui essayaient d’abuser de moi… C’est inconcevable. Je dois la supplier. Je n’ai pas le choix.

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Finalement, être ici n’était pas réellement un choix. C’est devenu une contrainte. Parce que j’ai du devenir dépendante de ce lieu. Comme tous les gens ici. Je suis prisonnière de règles qui me permettent de ne jamais revivre ce que j’ai déjà vécu avant.

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J’ai peur. J’angoisse. Je panique. Je suis anxieuse au point que je pourrai en mourir. Mes battements de cœur ne cessent de taper de plus en plus fort. Mon corps grelotte comme une feuille d’automne quittant son arbre pour la première et dernière fois. Je veux céder à la pression, être inconsciente et ne pas affronter mes problèmes. Mais ça ne marche pas. Je force à sceller mes paupières mais rien ne change.

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La personne entre. Seul ses chaussures font résonner le sol pierreux. Comme si cette personne porte des talons. Mes yeux restent bloqués. Je ne peux les ouvrir. Les pas se font entendre de plus belle.

L’individu est assez proche pour que nos souffles soient presque confondus. J’écoute un grattement de tête. Des grommellements confus sortent de sa bouche. On dirait qu’elle parle à un être différent de moi dans une autre langue.

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Je me tiens tel un cadavre. Tel ce corbeau. J’aspire grandement, je bouche mon nez. J’ouvre enfin les paupières laissant afficher devant moi Yvette. Dans un état exécrable. Elle n’est pas contente du tout. Son sourire a disparu. J’ai brisé les règles de vie. Avant même de lui avoir dévoilé que je comptais négocier pour en briser une, j’ai déjà rompu l’autre.

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Je pense qu’actuellement, elle compte désintégrer mon corps et le mettre dans ces vases. Je me demande par où elle est arrivée mais je détecte qu’en effet, derrière ces rideaux se cachait une seconde porte et non une fenêtre. D’où la forte luminosité. Ses œillades trop profondes me laissent déchiffrer qu’elle a des envies meurtrières. Ses grands yeux sidérés me pétrifient.

Elle va me dégager de cette maison. Je vais réellement être à la rue.

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« Qu’est-ce que tu fiches dans cet endroit ? Et par où es tu passée ?

Je commence à bégayer.

- Euh… Je vous cherchais et je ne vous trouvais pas alors je me suis dit en fouillant tous les recoins pourquoi pas…

- Tu te fiches de moi non ?

- Non absolument pas.

- Ramasse.

- De quoi parlez vous ?

Ça y est. Je suis dans la mouise elle a deviné. Instinctivement je me retourne.

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Je vois de loin le vase en mille morceaux que l’on ne peut même plus décrire ces dessins fantasmatiques qui l’englobaient, laissant comme souvenir son odeur perdurer.

Elle n’est pas dupe elle l’a vu. Même moi je l’ai vu. Mais ce que je n’avais pu voir dans la précipitation c’est ces organes épandus telles le fleuve du Rhône.

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Ça ressemble à ma chambre toute à l’heure, sans le récent nettoyage.

C’est un signe pour m’expliquer que je dois m’habituer ou tout simplement celui pour me dire de quitter les lieux ? Dans tous les cas je suis coincée avec Yvette.

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- Ramasse ce foulard parterre. Je n’aime pas que les affaires des autres traînent dans ma chambre, surtout quand ils ne sont pas invités.

- Excusez moi je suis vraiment désolée, je n’aurai jamais du rentrer. Pardonnez moi.

- Je suis fâchée. Ça ne m’était jamais arrivée avant. Va t-en.

- Attendez je…

- Exécute toi de suite. »

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