Heure du décès : 15 heures et trois minutes. Lieu : chambre 412.

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Je suis choquée. Et je commence à me demander sérieusement : Je ne devrai pas aller voir un médecin ? Si, obligé, je dois avoir une déficience mentale. Je ne peux pas entendre des choses aussi absurdes. Ni voir des choses pareilles, c’est trop insensé. Si je marchais sur le plafond, cela m’étonnerait ? Peut-être pas. Bon après, petite je pensais être la fille de dieu. Comme beaucoup d’entre nous. Ce ne fut jamais le cas.

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Ce tableau me tourmente. Je ne cesse de penser à cet horrible visage qui je suis sûre cache des mains répugnantes et sordides. Il m’attraperait le cou et m’étranglerait en me soufflant inlassablement les mêmes mots : refuse. Refuse. Refuse. Refuse.

Ça me hante.

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Je suis assise sur mon lit, là, à dévisager l’intérieur du cadre. Il m’épie aussi et je reste donc également à l’affût. Mes dents bruissent aigrement. Tandis que mes oreilles sifflent. Ces mots là me bouleversent parce que d’une part j’ai besoin d’accorder une réponse et l’on essaye de m’y aider. Mais d’une autre pourquoi est-ce un tableau qui m’apporte cette aide ?

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Parce que ce n’est pas très rationnel tout cela. Je suis déstabilisée par mon manque de logique alors que je ne devrai même pas réfléchir à cela et passer à autre chose mais malgré cela, je ne sais pas sur quel pied danser. Une mystérieuse brillance étincelle les yeux sinistres de la peinture. J’ai envie de m’approcher mais ça m’effraie. Mais je suis trop curieuse ; il me faut une réponse.

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Le rythme de mes pas ralentit au fur et à mesure que je me conduis de plus en plus proche de cette lumière. Elle m’appelle, je le pense. Je ne l’entends pas, certes, mais je suis comme magnétisée.

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Une fois atteinte, je me rends compte que l’intensité de ce scintillement a quasiment disparu.

Mais tout de même, je remarque quelque chose. En fait, c’est mon ombre qui a aboli ce miroitement que le soleil a confiné sur ce que je vois qui est en fait un enregistreur. Manipulable de loin j’imagine.

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Il y aussi des « micros-caméras » transposées sur les yeux du visage de l’œuvre. Quand je les touche je me rends compte qu’elles sont glaireuses et visqueuses. On dirait que je tiens deux orbites ou limaces dans la main.

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Un gloussement me traverse la gorge parce que je suis désemparée. C’est bien ce que je pensais, c’est une secte. Mais ils n’ont pas tenté de me convertir à quoique ce soit encore.

Ils vont me forcer à changer de prénom ? Yvehilde ? Non je refuse !

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Tout de même, qui est le cinglé qui a posé ça dans ma chambre ? Les seules à y avoir accès sont les femmes de ménage puisqu’il est expliqué que personne d’autre n’en a possession. Sauf Yvette, non ? La farce ne me semble pas du tout drôle c’est pour cela que je deviens furieuse.

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Comme je le pensais elle nous surveille. Sournoisement en plus. Mais que veut-elle ?

Ou peut-être est-elle… une voyeuse ? Bon je pars loin mais je ne vois pas de grande explication. Peu de choses me paraissent probables.

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Ma pression sanguine ne fait qu’un tour pour que je me retienne de tout casser.

Pourquoi je ne le fais pas ? Parce qu’il y a ce règlement qui mène déjà de trop ma vie. Je ne veux pas devenir esclave de ce que que je ne souhaite pas.

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Peu importe ce pathétique enregistrement, je ne veux plus céder.

J’ai toujours voulu être une personne entièrement libre, j’ai accepté certaines limites mais cette fois, il ne faut pas abuser.

Un objet que je ne dois pas casser je comprends. Un repas commun, ok, mais dans la mesure du possible.

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Là, ce n’était pas question de me contraindre à ça ! J’allais pouvoir m’en sortir.

Je ne peux pas tout gâcher pour quelques fichues règles de vie. Alors, je vais briser cette règle moi-même.

Au diable Yvette !

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Mais lui en parler et qu’elle m’accepte durant au moins quelques mois, le temps d’obtenir des fiches de salaire pour ensuite avoir mon propre appartement ou autre serait le plus compliqué.

Comment faire pour m’en sortir ? Ça c’est clair que ce ne serait pas facile.

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Tout ce qu’il me reste à faire c’est espérer. Et je suis plus le genre pessimiste que optimiste.

Si en plus le patron ne me garde pas durant ma période d’essai, je risque de tout sacrifier pour rien et retourner à la case départ.

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Je ne veux pas de ça… Je ne veux plus retourner là-bas. Plutôt vivre dans un carton !

Les gens de là-bas étaient beaucoup trop macabres pour... Je tressaille d'y penser.

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Merde. J’ai fait tombé l’œuvre où j’ai vu cette accablante technologie accrochée. Je vois dans les dimensions du cadre, un papier peint différent. Quand j’appuie ma main contre le mur, le papier peint se transperce. Oups. Alors là je ne suis pas bien du tout… Techniquement elle n’a pas dit que l’ameublement ? Oui j’essaie juste de totalement me rassurer.

Ce qui ne marche pas vraiment.

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Dedans s’y trouve un grand trou. J’y vois un mille-pattes. Et dieu sait combien je les hais.

C’est très peu éclairé alors j’ai du mal à visionner quoique ce soit correctement parlant. Je suis absorbée par une analyse profonde que j’essaie de décréter.

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Sauf qu’un corbeau vient me sortir de mes pensées. Il vient se cogner contre chaque extrémité de ma chambre. On dirait qu’il est blessé, du sang tombe de partout dans ma chambre. Mes cheveux sont presque devenus rouges. Pourtant je ne viens pas de poser une coloration sur mes cheveux.

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C’est le sang que le monstrueux oiseau laisse déposer partout en ne m’épargnant pas. Je me dépêche d’ouvrir la fenêtre en retenant un cri abominable que je souhaiterai laisser sortir.

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Par chance il finit par tomber et est certainement mort.

Par malchance, il n’a pas traversé la fenêtre. Il est décédé dans la chambre 412. La mienne.

Je vois qu’il lui manque les deux éléments qui lui permettent normalement de posséder la vue. Et si ce que je croyais des caméras ne serait pas… Ses yeux ?

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Quand je me tourne, une scène de meurtre aurait pu avoir lieu de ce qui est laissé paraître. Cela dit je n’ai tué personne. Ce corbeau était déjà mené à la mort.

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Mon téléphone est recouvert de la dernière trace de l’oiseau. Je ne sais pas de qui vient l’hémorragie, mais la survie était de toute manière impossible. Sûrement de cette pauvre bête.

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Mais ce qu’il me reste à faire désormais c’est nettoyer avant que quiconque ne voit ça. Déjà qu’on dirait que c’est moi qui serai à la place de la bestiole si Yvette apprend quelque chose de ce qu’elle ne doit pas savoir.

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Je descends pour emprunter dans le local ménager les produits nécessaires pour pouvoir m’occuper moi-même de ces tâches.

Quand je remonte je vois que j’ai laissé un peu de sang sur la poignée de la porte que je me dépêche d’effacer.

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Je rentre, et commence mon décrassage. J’y suis habituée à cette mission. Rien de bien nouveau, en général c’est la poussière et la graisse que je récure.

Et c’est mieux comme ça, j’espère ne pas trop m’habituer à devoir nettoyer du sang.

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Quand j’ai fini, j’attrape l’œuvre pour la coïncider à son emplacement original. Mais c’est quand je m’y apprête qu’elle tombe.

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Un bras difforme,hideux, infâme, nauséabond et charbonneux m’attrape abruptement me forçant à sillonner ce trou à l’aspect si petit.

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