Le dîner

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J’entends tout à coup une sonnerie dans toute la maison raisonner. Le son strident assourdissant perce mon ouïe donc je ne peux entendre autre son que celui ci. Hier Je suis arrivée un peu tard alors du coup j’ai eu le droit de ne pas participer au dîner, mais je n’ai pourtant pas entendu ce dispositif ressemblant à un couvre feu. Je me croyais au dortoir.

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C’est le signal pour dire que le repas allait commencer. Certains arrivèrent de tous les sens. Je découvrais de nouvelles têtes. On doit être à peu près vingt. Un nombre égal des deux sexes opposés à première distinction. Je vois que chacun a sa propre place. Un garçon face à une fille et une fille à côté d’un garçon. On était tous mélangé.

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Comme par hasard je me retrouve à côté d’Yvan. Son sourire ressemble à celui d’un clown. Ça ne me déplaît pas trop, ça ne m’enchante pas non plus. Par contre Yvette se trouve en bout de table. Elle est entre Yvan et un autre garçon que je ne connais pas, plutôt banal à première vue on dirait. Je suis à la gauche d’Yvan et à ma gauche un type avec une tête de geek.

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Une horde d’assiettes se déchaîne sur la longue table faisant sûrement dix mètres de long. Une grande salade avec de l’avocat, des œufs durs, des lardons, tomates et une sauce d’accompagnement. Une tranche de pain chacun. Pain de campagne. Je gigote parce que je suis un peu heureuse. J’aime beaucoup ce plat.

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« Aujourd’hui il n’y aura pas d’entrée, c’est un menu pour accueillir Brunehilde, pas de fromage parce qu’il faut choisir un seul produit laitier donc sinon pas de yaourt. Mais le dessert c’est ce qu’il y a de mieux dans un dîner. »

C’est bizarre parce qu’elle donnait des précisions très pointilleuses vis-à-vis de moi. J’ai déjà entendu cette phrase de quelqu’un quelque part.

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Quand Yvette finit de parler tout le monde répondit indulgemment oui et mirent leur tête dans l’assiette après avoir souhaité un bon appétit général. Comme je l’avais prédit pas un mot mais quelques nombreuses œillades sur moi.

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Le repas se passe normalement dans le plus grand des calmes. Je m’attendais à ça de toute façon.

Mais encore un de mes soupçons se confirme quand Yvette appelle Yvan «chéri». Je savais qu’ils avaient un lien de parenté. Elle lui demande d’aider le personnel à débarrasser la table.

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« Oui mon cœur. »

Quoi ? Quoi ? Il lui a répondu, mon cœur ? Je reste bouche-bée. Parce déjà de une, j’ai eu tort.

De deux, je pensais vraiment qu’il essayait de me draguer. De trois il est en couple avec une femme de quarante deux ans. De quatre si il faut lui aussi a quarante ans et quelques ? Mais alors… Les autres prénoms qui commencent par « Yve » ils sont qui ?

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J’écarquille les yeux et elle l’aperçoit. Elle me dit qu’elle rigole et qu’elle aime bien taquiner tout le monde. Je baratine un esclaffement mais ce n’est pas drôle.

L’instant d’une seconde j’ai cru sentir la main de Yvan câliner la mienne. Pourtant il est déjà parti et personne n’est à ma droite, pas même Yvette. Je recule ma chaise et je frissonne.

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Une fille qui s’appelle Mélina je crois m’appelle. Elle m’explique qu’entre eux ils ont choisi des règles et que les personnes ne travaillant pas doivent participer aux tâches ménagères histoire de se rendre utile. Déjà qui a dit que je ne travaillais pas ?

Même si c’est vrai.

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À peine étais-je arrivée que mes colocataires avaient l’air de m’adorer.

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Un groupe de personnes me propose de jouer aux cartes avec eux. C’est un « uno ». C’est l’occasion d’apprendre à les connaître un peu plus sans préjugés. Je suis mauvaise perdante alors j’espère que je ne vais pas craquer sous la pression. Un jeu de chance, un jeu de malchance, il faut faire attention à ça. Surtout si d’autres trichent, je verrai cela comme une corruption.

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Plusieurs parties se sont écoulées et j’ai su faire preuve de bonne foie. Je commence tout juste à bien m’entendre avec Taïa et Roland. Bon il ne faut plus s’étonner, dans cet habitat, tout le monde a des prénoms bizarres. Taïa ressemble à une jeune indienne d’un éclat sublime et Roland, je dois l’avouer, ne vous fiez pas à son nom. Il est loin d’être moche. Très loin.

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On discute entre nous de comment ils ont atterri ici. Taïa ne vient pas d’ici mais d’un pays étranger tandis que Roland a des problèmes personnels avec ses parents parce qu’il a hésité s’il était bisexuel ou non. Quand ils m’ont demandé pourquoi à mon tour je suis là j’ai eu du mal à leur répondre.

Je suis pudique quand à raconter ma vie privée.

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Je leur ai juste raconté et non pas des balivernes que j’ai loupé ma vie. Pas de quoi être fière et pas besoin phénoménal de rentrer dans les détails. Ils m’écoutent attentivement donc je dévie aisément de sujet.

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« Ça fait longtemps sinon que vous êtes ici ?

- Oui pas mal de temps, je dirai un an et demi, m’explique Taïa.

- Moi je dirai deux ans et trois mois et je me sens plutôt à l’aise dans cette forteresse, on se sent protégé, suivit de la parole Roland.

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Je me remémore que je suis toute fraîche dans la maison.

- Moi je suis chambre 412, venez me voir si vous avez du temps libre si vous voulez.

- 412 ? Déjà ? Je ne me souvenais pas qu’il y avait autant de personnes qui étaient venus.

- Bah oui Roland, à force de passer ton temps à fumer tu ne vois plus le temps passer.

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La conversation reste incompréhensible pour moi, je reste perplexe. J’hésite à demander de quoi ils parlent.

- Excuse moi,bafouille Taïa, tu ne dois pas tout comprendre. En fait le nombre de ta chambre c’est le nombre de personnes qui ont été logé dans cette forteresse et tu es la dernière.

Roland secoue la tête à l’unisson pour exprimer son parfait accord.

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- Je ne savais pas, balbutiai-je. Mais cela fait longtemps qu’elle accueille des gens gratuitement ?

- Bah, on sait pas trop, on n’est pas ici depuis le début mais certains sont partis d’eux-mêmes, d’autres ont été éjecté.

- Pourquoi ça ?

- Je pense qu’ils n’ont pas du suivre les règles. Après peut-être ça n’allait pas avec Yvette, le courant ne passe pas avec tout le monde. »

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Je suis curieuse. Mais en même temps ce ne sont pas mes affaires. Mais fourrer mon nez chez autrui, c’est électrisant. Avant que j’ai le temps de demander quoique ce soit d’autre ils m’annoncent qu’ils montent se coucher. Après tout, cela fait quelques temps que l’on joue et parle ensemble, c’est normal.

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Moi aussi je suis fatiguée, je commence à m’habituer à leurs horaires malgré que j’ai beaucoup dormi. On se souhaite bonne nuit en se faisant une bise.

Je monte donc les innombrables escaliers mais je croise Yvan sur le chemin qui m’aborde sans gêne.

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« Tu t’es fait des nouveaux amis.

Quand il me dit ça je trouve son attitude louche. Il a le même sourire qu’Yvette.

- Oui enfin pas des amis mais je les apprécie.

Ses lèvres se détendent.

- Tu l’aimes bien Roland ?

- Oui.

Il me demande de le suivre. Ce que je fais.

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J’arrive devant sa chambre. Je vois que c’est la numéro 5.

Tu es ici depuis longtemps ?

- Pas vraiment.

- Alors pourquoi chambre 5 ?

- Entre et tu verras. »

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Je n’ai pas envie d’entrer. Je sens mon corps basculer. Sans le vouloir, je pénètre la chambre 5.

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