Ma première journée

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Ça y est. J’ai enfin quelque chose à moi. Bon ce n’est pas ma propriété mais bon. Ce n’est pas rien. C’est grand, spacieux et… C’est ce que j’aime quoi. Je me suis réveillée avec un mal de tête terrible… J’ai bien dormi mais j’entendais des bruits grincer le soir sortant de la fenêtre. Je m’imagine que c’est des oiseaux. Ou des animaux.

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Je n’oublie pas les règles qu’elle m’a donné. Étant fatiguée je n’ai pas assisté au déjeuner du midi ni du matin. Si je manque le dîner ce soir, je suis dans la mouise.

C’est pour cela que je ne perds pas le nord en me rappelant que mon hébergement pourrait devenir temporaire. Alors je vais devoir faire attention parce que je suis aussi très maladroite. Encore un défaut à corriger.

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Je me lève en m’étirant. Et je me prépare, car la nuisette qu’Yvette a laissé dans le placard ne plaira pas à tout le monde. Elle a laissé une garde robe qui me plaît beaucoup. Comme si elle connaissait mes goûts. Finalement je pourrai bien m’entendre avec elle. Comme deux jeunes femmes normales pouvant capituler.

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Je dépose les chaussons à mes pieds qu’elle a aussi soigneusement préparé au deuil de mon lit. La sensation est agréable. Je n’avais jamais connu ça. Comme si mes pieds breneux sont ceux de quelqu’un d’autre.

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Comme Yvan me l’a rappelé, chaque avantage a son inconvénient. C’est le printemps et pourtant il fait froid. La nuit je sens un souffle de vent léger chatouiller mes oreilles.

La lumière de la lune transperce mes volets. Je n’ai pas besoin de lampe si je dois me lever la nuit.

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Il y a une salle de bain privative ainsi que les WC. Ça ressemble à une suite. J’y ai fait un tour durant la nuit et je me suis cognée le petit orteil contre le même vase que je vois partout mais version maman. Il est plus gros que les autres. Il n’y a rien dedans mais j’y respire un parfum acerbe comme du vomi.

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De nouveaux bruits retentissent à travers la fenêtre que je vins d’ouvrir. Quand je me penche pour observer à la dérobée, je vois quelques uns de mes colocataires récents dehors. Il y en a que je n’ai pas vu dehors. Mais je remarque quelque chose d’inhabituel chez eux.

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Ils se ressemblent tous. Disons qu’ils ont quelque chose en commun. Malgré que je ne sache dire quoi. Et pourtant leur attitude a l’air de différer. Je ne saurai décrypter de quoi je parle exactement. Je ne les connais pas suffisamment pour les juger mais il y a peu de chance que je devienne ami avec eux. Pas que je sois asociale mais tout de même. Après un toit, ma priorité c’est de gagner de l’argent.

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Mon rêve c’est d’avoir un CDI et de faire un prêt et pouvoir avoir ma propre maison. Comme ça, plus besoin de compter sur les autres et j’aurai mon toit à moi ! Mes lois à moi. Mon style à moi. Tout ce dont j’ai envie. Et je pourrai casser mes meubles et manger seule le soir voire pas du tout. Parce qu’à vrai dire j’ai du mal à m’obliger à m’adapter. Ce n’est pas comme si ce qui m’est arrivé hier m’arrivait tous les jours. Et pourtant.

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Je vois Yvan sortir en bas et je ne sais comment il a fait pour me voir, mais il m’a vu. Il me fait un signe de la main comme s’il était heureux de me voir. Moi pas. Il a l’air de suivre à la lettre tout ce que dit Yvette. D’où son nom très ressemblant. Obligé ils ont un lien de parenté… Je ne sais pas trop.

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Quand je me retourne je vois que ma porte est ouverte. C’est drôle parce que l’espace de quelques secondes je crus voir une ombre camper le long du sol. Innocemment je referme tout simplement la porte en oscillant les sourcils. Un collègue de Yvan qui voulait me mater? Pathétique. Voilà une raison de plus de ne pas me rapprocher des colocataires de cette habitation.

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Je finis de me coiffer parce que malgré tout mon impression est importante la première semaine. Pour le physique du moins. Je peux enfin prendre soin de moi. Je brosse mes cheveux bruns mi longs ondulés effleurant mes faibles épaules. Mes sombres yeux amorphes de fatigue ont la forme d’une amande.

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Je regarde mon miroir observant les traits fins de mon visage. Si dieu ne m’a donné ni l’intelligence ni la foie, il m’a laissé une part de beauté. Mon nez ressemblant à une petite colline perpendiculaire. Ma lèvre inférieure était légèrement plus pulpeuse que celle du haut et mes sourcils en revanche n’avaient pas de courbe particulière. Ils semblaient dressés droits et fades.

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Je descends en bas quand je rencontre comme une bonne vieille routine – et pourtant toute nouvelle – Yvette, ma supérieure, comme je me permets de l’appeler.

Elle me regarde en souriant surtout quand elle voit que je porte les habits qu’elle a laissé disposer dans l’armoire. Elle me fait un signe de tête tout en l’inclinant, surprise je fais de même entrouvrant la bouche.

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- Brunehilde je ne t’ai pas vu ce matin ni ce midi. C’est rare un nouveau logeant se permettant de faire ça. Elle rit doucement.

- Oui je suis désolée, je ne suis pas encore habituée à votre roulement, de plus j’étais pas mal fatiguée, je pense à faire des efforts là dessus.

- Pas de problème je prévenais juste. N’oublie pas le règlement c’est tout.

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Elle est marrante elle.Moi j’ai compris que seul le repas du soir était primordial mais pas le reste. Je me demande bien comment ça se passe entre eux les repas.

Ils doivent être là, prier le bon dieu pour les remercier de ce repas et manger silencieusement tout en regardant juste leur assiette.Ça pourrait être amusant.

Si seulement c’était mon mode de vie.

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Quand elle commence à partir mon téléphone vibre .Je remarque que c’est un appel. Un numéro non enregistré mais je sais déjà qui c’est.

J’ai répondu à des offres d’emploi récemment, sûrement hier d’ailleurs,parce que je n’aime pas rien faire.

Cela doit être lui.

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Je réponds bien sûr mais je sens une lourdeur dans le dos. Des mirettes transperçantes. Yvette n’est toujours pas partie? On dirait qu’elle me surveille.

Ayant peur qu’elle me fasse une réflexion je m’éloigne discrètement petit à petit sans parler trop fort. Histoire de garder ma vie privée de côté si je le peux.

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Du coup c’est bon. J’ai un entretien la semaine prochaine en tant que serveuse!

Ça me plaît bien ce travail. On peut faire la connaissance avec beaucoup de gens dans ce domaine. J’ai déjà travaillé dans ce milieu mais je me suis fait virée parce que les clients m’appréciaient trop. Petite précision: les hommes me sondaient trop.

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Il est déjà 19 heures. Et l’heure du repas approche. Après avoir squatté le canapé, j’ai fait connaissance de quelques garçons et filles. Tous sans une personnalité hors-pair, un peu hautains mais discutant de bonne grâce. Après Yvan il y avait Yves, Yvonne, Yverin, Yvelinne et Yveric. C’est une secte. Mon flair le sent.

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Mon préféré c’est Yvan parce qu’il est venu vers moi. Les filles se prennent pour des princesses et me lynchent pas mal. À mon avis elles ne peuvent pas me blairer. Je ne dis pas que c’est triste mais ça a toujours été comme ça. Elles ne doivent pas apprécier la présence d’une nouvelle fille dans la maison et jeune qui puis est.

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Tiens. On nous appelle.

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