Chapitre 30 : Vérité (1)

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Lorsque Vyrian rouvrit les yeux, il découvrit des corps inertes. La poussière soulevée lors du crash les auréolait d’un nuage blanchâtre. Le scientifique fut ébloui par la lumière qui y filtrait se réverbérant sur les parois du vaisseau. Il baissa les yeux et son regard se figea les ruisseaux carmin serpentant sur le sol jonché de débris.

Le chercheur regarda son sang s’ajouter à celui des résistants. Peu importait les origines et les motivations personnelles, la mort ne faisait aucune distinction. Il sourit avec amertume. Il s’était battu pour s’intégrer, à présent, il agonisait comme l’un des leurs. Cette mission était un échec.

Une silhouette se découpa dans son champ de vision. Qui que ce soit, Vyrian ne pourrait lui échapper. Une partie de l’armature s’était effondrée suite au crash, des barres rompues par le choc, le transperçaient. La plupart de ses plaies, étaient superficielles, mais l’une d’elle le lancinait. Le biologiste n’avait pas besoin de la voir, pour savoir qu’elle était responsable de son hémorragie. Bouger ne ferait qu’empirer son état. Il s’étonnait d’être encore en vie.

C’est à la merci de premier venu, qu’il regarda la silhouette s’approcher. A contre-jour, il peinait à discerner le visage qui le fixait. L’angoisse le saisit.

— Qui êtes-vous ?

Sa voix n’était qu’un murmure, mais ce fut suffisant pour lui donner la migraine. Sa respiration se fit haletante et sa douleur d’autant plus grande. Son abdomen perforé, il sentait à chaque soulèvement de sa cage thoracique, les tiges de métal lacérer ses entrailles.

La silhouette se détourna. L’avait-elle entendu ? Vyrian l’ignorait. Les paupières mi-closes sous l’effet de la douleur, il l’observa vérifier les corps. Elle examina les résistants un à un, leur pris le pouls et consigna ses informations sur un écran tactile.

Le scientifique tenta de lire les observations, mais de là où il se trouvait, il n’y parvint pas. Il s’inquiétait pour Nick, il se revoyait le percuter avant que le vaisseau ne s’écrase. Le jeune homme s’en était-il mieux sorti que lui ? Vyrian se prit à espérer que les autres avaient survécu.

Au bout d’un certain temps, la silhouette finit par se rapprocher. Vyrian ne réussit toujours pas à l’identifier. Sa vue, sous l’effet de la douleur et des larmes, était brouillée. A bout de force, il se sentit perdre connaissance. Avant qu’il ne sombre complètement, la silhouette s’exprima d’une voix forte.

— Récupérez la boîte noire et les survivants avant que ce vaisseau finisse de se faire ensevelir sous la cendre.

Vyrian reconnut la voix. Rayec venait les secourir. Le chercheur fur soulagé qu’il ne s’agisse pas d’un Régisseur venu les récupérer pour les soumettre aux InfoVirus. Mais d’un autre côté, il se sentait pitoyable, si cela s’était produit, il n’aurait pu lui résister.

Lorsqu’il s’éveilla, il reconnut le contact rêche des draps et le bip rassurant du moniteur. Ces mêmes stimuli qui l’avaient induit en erreur précédemment. Cette fois, il ne se méprit pas et sut qu’il se trouvait au repère de Rayec.

Vyrian repensa à son ancienne vie. Avant que Mère ne le contacte, il la trouvait lasse. La mort ne le terrifiait pas, elle était une conséquence naturelle, précoce dans leur cas. Mais, il craignait pour la survie de son peuple.

A présent, son quotidien avait radicalement changé. Sa tête fourmillait de désirs, de souhaits, de projets et la mort l’effrayait. Vyrian réalisa qu’il n’avait pas eu tant à perdre depuis des années. Aussi dur que son nouveau départ puisse paraître, il avait repris goût à la vie, à ses frissons et à ses risques. Pour la première fois depuis des années, il se sentait vivant.

Il se redressa lentement grognant sous l’effort fourni pour chaque centimètre gagné. Soulevant sa tunique avec appréhension, il découvrit sa peau intacte. N’en croyant pas ses yeux, il l’effleura du bout des doigts et rencontra de petites rugosités.

Surpris, il regarda de plus près son abdomen. La porte de la pièce s’ouvrit au même moment. Vyrian regarda Rayec s’avancer. Que lui dirait-il ? Oserait-il lui avouer le « décès » de Mère ? Sa corruption par les Régisseurs ?

L’Ombre approcha une chaise et s’assit à côté de lui.

— Kayle et Vanea m’ont raconté ce qu’il s’est passé. Je me doute que vous n’avez pas pu honorer notre contrat. Peu importe… gardez la disquette, instruisez-vous. A présent, vous être un des nôtres. Tâchez de survivre.

— Pas tout à fait. Je dois vous avouer certaines choses, à vous, ainsi qu’aux Exilés.

Vyrian marqua une pause avant de poursuivre.

— Ont-ils survécu ?

— Oui. Mais, vous devriez vous laisser le temps de récupérer.

— J’insiste. Pouvez-vous les réunir ?

— Je peux faire ça, mais avant, j’ai des choses à vous dire. Nous avons dû vous opérer. Nous avons remplacé une partie de vos organes par des organes bioniques. Vous êtes à présent vulnérable aussi bien aux BioVirus ainsi qu’aux TechnoVirus. Sans parler des InfoVirus. Vous devrez prendre des cachets à vie pour supporter vos nouveaux organes.

Tant de morts possibles et un objectif colossal. Vyrian avait toujours aimé les défis. Bien que celui-ci soit au-dessus du niveau de ceux qu’il se fixait généralement, il était bien déterminé à mettre un terme à cette guerre. Il n’avait aucune idée de la manière dont il s’y prendrait, mais il ferait tout ce qu’il pourrait.

Rayec se racla la gorge, ce qui le sortit de ses pensées.

— Vous devez également savoir que les membres de votre vaisseau sont les seuls à avoir survécu.

— A combien s’élevait le nombre de résistants ?

— Plusieurs centaines, pour moins d’une vingtaine de rescapés. Vous êtes devenu un symbole d’espoir. Vous avez tenu tête au Capitaine et en êtes sorti vivant.

— Ils se sont joués de nous. Si nous sommes en vie, c'est parce qu'ils l'ont bien voulu.

— Qu’importe ! Vous êtes vivants, vous pourrez expliquer la technologie des Régisseurs à nos ingénieurs. Nous pleurerons nos morts et nous nous tournerons vers l’avenir.

— Les Régisseurs nous ont éjectés de la Faille, qu’est-ce qui vous fais dire, qu’ils ne viendront pas ce soir ?

— Rien. Raison de plus, pour se relever et pleurer les nôtres avant la reprise des hostilités.

Vyrian restait sceptique face à cet état d'esprit. Rayec n'insista pas plus et se releva.

— Je vais les réunir, préparez-vous.

— Je vous accompagne !

— Non.

— Pourquoi ?

— Où comptez-vous aller sans votre exosquelette ?

Vyrian ne s’était pas rendu compte de son absence et passa les mains sur ses membres et ne trouva pas la protubérance. Il comprit pourquoi il avait eut tant de mal à se redresser.

— Pourquoi me l’avoir retiré ?

— Il était trop endommagé. Je vous en installerai un autre. Mais n’oubliez pas, il ne s’agit pas d’une armure.

Vyrian avisa le fauteuil roulant dans l’angle de la pièce.

— Ça ne change rien, je vous accompagne.

Rayec suivit son regard et consentit à sa demande.

— Très bien, je vous l’apporte.

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