Chapitre 8 : Révolte (2)

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Vyrian découvrit une grande salle de réunion dans laquelle le mobilier se trouvait poussé contre les murs, des traces de frottements attestaient de leur déplacement.

La préméditation de Faric n’échappa ni aux opposants, ni à Vyrian. Ce ne fut pas le cas, des entraves placées sous les pieds de Dallan, Fara et Dungal. Alors qu’ils tentaient de s’approcher de Faric, leurs corps ne leurs répondaient plus, ils se trouvaient aussi rigides que le plancher sous leurs pieds.

Faric s’amusa du spectacle, il jeta négligemment Yomi sur son épaule, attrapa une chaise dans un coin de la pièce et la tira jusqu’à son centre. Là, il attacha Yomi sous le regard courroucé de son mentor et de ses parents.

Dallan essaya une nouvelle fois de lui faire entendre raison.

— Faric, tout cela va trop loin !

— Ce n’est pourtant que le commencement.

Craignant le pire, Vyrian se tourna vers Mère.

Nous devons l’arrêter !

— Et comment ? Vous ne connaissez pratiquement rien du Monde Mythique, vos actes ont plus de chances d’aggraver la situation.

Bien que Vyrian savait la conversation perdue d’avance, son avatar retransmit sa frustration. Il ne put empêcher son pied virtuel de frapper le sol.

Le biologiste se força à retrouver son calme, il devait trouver une solution. Il remarqua pour la première fois l’absence de Xam. Il aurait aimé pouvoir s’entretenir avec lui et ensemble échafauder un plan.

Un mouvement attira son attention, Yomi s’éveillait. Vyrian ne fut pas le seul à percevoir cette activité, les villageois se tournèrent vers elle comme une seule personne.

Yomi, le teint livide, découvrit son auditoire ainsi que les liens qui lui enserraient poignets et chevilles. La jeune femme tenta de se dégager, en vain. Son regard parcouru l’assemblée et s’attarda sur le visage de ses parents. Fara refreina un sanglot et Dallan se mordit la lèvre inférieure.

Vyrian ne comprenait leur réaction.

— Mais qu’attendent-ils pour agir ?

— Ils sont piégés.

— Ça merci je l’ai bien vu ! Mais qu’attendent-ils pour réconforter leur fille ? Lui expliquer la situation ? Pourquoi ne font-ils rien ?

— Comme je vous l’ai signalé, ils sont piégés. Si vous m’aviez laissé finir j’aurais pu vous informer également qu’ils sont piégés psychiquement. Céder à leurs émotions, ne fera qu’offrir à Faric un moyen de prendre le contrôle de leur corps grâce à son Violeâmes.

— Que…

— Comme je vous l’ai expliqué, une personne entraînée peu défaire une possession, mais cela n’est plus possible lorsqu’elle se trouve sous le joug de ses émotions.

— La pauvre. Nous ne pouvons vraiment rien faire pour l’aider ?

— Rien.

L’avatar du chercheur serra les poings d’impuissance, il ne connaissait que trop bien ce sentiment. A l’époque déjà, quand son monde agonisait, il avait milité pour sensibiliser les siens, mais à part quelques soutiens, la population s’était focalisée sur son quotidien s’estimant chanceuse de pouvoir conserver le même mode de vie.

Le scientifique vit les yeux de Yomi s’agrandir d’effroi face à l’ignorance de ses parents. Vyrian vit sa lèvre trembler. Après avoir dégluti, elle s’exprima d’une voix chevrotante.

— Que se passe-t-il ?

Faric s’avança et s’accroupi face à la jeune femme.

— Ça j’aimerai bien que tu nous le dises.

— Comment ça ? Je comprends pas. Que signifie tout ceci ?

Le politicien se redressa et gifla la jeune femme. Le claquement résonna dans la pièce. Fara et Dallan regardèrent outrés Faric lever la main sur leur fille. Dungal, quant à lui gardait une expression indignée.

Le silence revenu dans la pièce, Faric s’adressa à une Yomi choquée.

— Ecoute moi bien sale gosse, ici c’est moi qui pose les questions.

— Parce que vous êtes trop stupide pour en connaître les réponses, je suppose.

Une nouvelle gifle claqua envoyant valser la tête de la jeune femme. Le sang qui commençait à s’écouler de ses lèvres meurtries perla sur le plancher. Comme attiré par l’odeur sanguine qui se dégageait de la plaie, Faric fixait avec envie le sol se couvrir de carmin.

— Bien reprenons, tu assistais à la Cérémonie, les festivités battaient leur pleins avant qu’un imprévu se produise. Quel est-il ?

Faric plongea son regard dans celui de la jeune femme. Tout aussi attentif, Vyrian discernait de l’incompréhension, de la peur ainsi qu’une pointe d’audace. La tension était palpable. Yomi mit un terme à cet échange silencieux.

— Je l’ignore.

La jeune Altérienne paraissait toujours étourdie sous l’effet de ses récentes blessures, malgré tout, elle tentait de rester fier. Vyrian se réjouit intérieurement de sa force de caractère. Seulement, le scientifique savait également que ce comportement la ferait souffrir. L’agacement de Faric face à son ignorance en était la preuve.

Vyrian regarda le maire autoproclamé tourner autour de la jeune femme. Une fois dans son dos, il posa ses mains sur ses épaules et appuya sur son membre déboité.

— Je me suis mal fait comprendre.

Vyrian vit les mâchoires de la jeune femme se crisper, sa fierté lui interdisait de crier, des larmes commencèrent à perler, elle pivota la tête et des mèches vinrent recouvrir son visage strié de larmes. Faric lui fit de nouveau face et dégagea son visage.

— Tu finiras par craquer, crois-moi.

Le politicien appuya un nouvelle fois sur le membre blessé, cette fois Yomi ne put empêcher une plainte de franchir ses lèvres.

— Bien, maintenant que j’ai ravivé ta douleur, te souviens-tu ?

Le voile d’incompréhension qui persistait dans le regard de la jeune femme s’évanouit remplacé par une froide fureur.

— J’ignore ce dont vous parlez, j’ai perdu connaissance, je ne me souviens de rien. Mais je sais une chose. De nous deux, vous êtes le plus faible. Incapable de comprendre les choses par vous-mêmes, vous préférez violenter une gosse dans l’espoir de combler votre ignorance.

Devant l’audace de la jeune femme, Faric perdit patience. Un excès de colère le submergea. Ses phalanges vinrent percuter la joue de la jeune femme. Yomi cracha sur Faric une gerbe de sang.

— Auriez-vous oublié ? Nous sommes des dompteurs, nous nous adaptons en toute circonstance. Quelle situation mérite que je me fasse tabasser à par pour le caprice d’un politicien raté ? 

Ces derniers mots crachés à quelques centimètres du visage de Faric, blessèrent l’ego de ce dernier. Il arma de nouveau son bras.

— Allez-y frappez-moi, je vous serai d’aucune utilité évanouie ou morte !

La voix enrouée de la jeune femme résonna dans la vaste salle et réussit à troubler Faric, le politicien hésita un instant. Yomi tremblait dans l’attente du coup.

Focalisé sur la situation, Vyrian oublia sa condition, son image mentale se jeta sur la jeune femme dans le but de la protéger. Seulement, rien n’y fit, ses actions n’étaient que virtuelles. Impuissant, il vit Faric se ressaisir. D’un instant à l’autre, son poing atteindrait Yomi.

L’image mentale de Vyrian se laissa choir, les genoux au sol. Seul un miracle pouvait sauver la jeune femme.

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