Bob et Fred.

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 Fred semblait le plus enclin à faire la conversation et Max, qui n’avait aucune envie de contrarier, l’écouta avec attention :

— Cauchemar, ce n’est pas très gratifiant comme boulot et ça fait un bout de temps que j’en suis : J’ai commencé comme figurant chez Jérôme Bosch, c’est un peu le passage obligé il faut bien le dire ; puis après chez William Blake quand il faisait de la gravure, mais il y avait beaucoup de concurrence. Finalement c’est chez un peintre suisse que je me suis fait plus largement connaître ; et là j’ai vraiment eu du succès : des tableaux, des gravures, des statues et même du cinéma après, de quoi prendre un peu la grosse tête je l’avoue…

— Au propre comme au figuré ! Risqua Max

 Bob se mit à rigoler de bon cœur, mais au vu de sa bouche quasi inexistante, cela faisait un peu le bruit d’une baudruche qui se dégonfle.

— Très, très drôle les gars, râla Fred, on voit que vous n’avez pas besoin d’un radar de recul si vous voulez simplement faire demi-tour dans un couloir.

— En parlant de cinéma, coupa Bob, j’ai eu un peu de succès moi aussi, tenez j’ai eu mon premier rôle dans Fire in the Sky !

— Hé, je l’ai vu ce film-là, et il n’y a pas si longtemps, encore une idée lumineuse de Teresa.

— Je sais, Max, c’est bien pour ça que je suis là, vous pouvez la remercier !

— Je n’y manquerai pas.

 Fred qui se sentait oublié cru bon d’en rajouter :

— N’oubliez pas que j’ai un sacré CV : Écoutez donc ce qu’on dit de moi : « Un être parfait, ni souillé par le remords ou la conscience, libre de toutes les illusions de la moralité humaine… » ça en jette, non ?

— En somme, vous êtes mûr pour vous lancer en politique ! Soupira Max

— Alors là c’est bien vu ! Vous êtes un petit comique dans votre genre, Max ! Rajouta Bob en s’esclaffant.

— Vous ne prenez vraiment rien au sérieux ! Lâcha Fred. Mécontent, il se mit à grogner, siffler, crisser et baver en faisant plus de gargouillis qu’un tuyau d’arrosage crevé puis en profita pour dévoiler au passage une longue queue osseuse et ondoyante des plus antipathiques.

— Heu, si vous pouviez arrêter de baver sur le carrelage comme ça ! Marcy va être furieuse, c’est son jour de nettoyage demain.

— Désolé je suis toujours un peu trop dans mon rôle ! C’est important vous savez, faire peur c’est tout un métier : il faut savoir se montrer juste ce qu’il faut pour affoler l’imagination, surgir d’un coin sombre, tomber du plafond sur ses proies, montrer les crocs… Ça s’apprend et il faut avoir toute une équipe pour vous épauler, sans compter les accessoires ! Hé, à propos, vous voulez voir un de mes œufs ?

— Non… Sans façons, j’ai déjà déjeuné !

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