Bâtard
Ils croient que je ne les entends pas
Que je n’aperçois pas leurs appâts
Qui essaient de me narguer
Moi, tel un poisson aux aguets
Ils pensent que je ne les vois pas
Me pointer du doigt à chaque fois qu’il ait une tare
C’est un bâtard ! C’est un bâtard !
Des fois on me regarde méchamment
Comme si j’étais celui qui viola maman
Comme si j’étais celui qui bousilla son honneur
Comme si, au fond, j’étais des leurs
Mais des fois, on juge mal ma mère
Pour laquelle je remuerai Ciel et Terre
On lui reproche d’être sortie la nuit
Seule, innocente, bien avant minuit.
On lui reproche d’être « crûe »,
De marcher sans peur à chaque rue.
On lui reproche de porter ce qu’elle veut
Et que cela excite les morveux.
Mais au fond, ce n’est pas elle,
Oui ce n’est ni moi, ni la « mamzelle »
Comme ils l’appellent.
Au fond tout est de sa faute,
Tout est de sa faute, à lui et à ses potes.
Oser toucher, bousiller une âme innocente,
Rien que pour satisfaire ses pulsions ravageantes.
Oser se dire être un homme,
Pour après violer un môme.
Oser regarder sa mère, sa sœur,
Sans avoir un seul pincement au cœur.
Oser sortir, rire, sourire,
Tandis que d’autres ne font que pourrir.
Oser fermer les yeux la nuit,
Tandis qu’elles ne peuvent plus sortir à minuit.
Oser chanter fort, danser,
Tandis que la peur hante leurs pensées.
Oser…Oser faire comme si rien n’était,
Tandis qu’elles n’osent sortir hiver comme été.
Sont-elles condamnées à avoir peur toute leur vie ?
A cause d’un « homme » voulant satisfaire ses envies ?
Sont-elles condamnées à avoir peur des ombres ?
A craindre tout de Janvier à Décembre ?
Leurs enfants…sont-ils censés comprendre en retard,
Qu’à cause de leurs géniteurs, ils sont des bâtards ?
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