Jour : 382.

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Allan effectue ses heures de sport quotidiennes dans la centrifugeuse. Erica vient de le quitter à l’instant. Et alors qu’il pensait pouvoir faire un peu d’exercice en solitaire, c’est Scott qui vient le rejoindre dans la pièce. Chouette perspective !

— Alors Scotty, pas trop épuisé par cette longue journée ? commence-t-il par demander.

— Non, répond ledit Scott. Je vais bien en ce moment. Je me sens comme revitalisé.

Il sourit. L’image du Russe traverse son esprit allègre.

— Quelle chance ! s’exclame Allan, envieux. Moi je me sens plutôt comme vidé de toute énergie et comme incroyablement frustré.

— Ah… fait simplement Scott, ne sachant que dire d’autre, et ne souhaitant pas que la discussion vire encore sur le sujet qui fâche son ami depuis des mois.

— Quand je pense que Lucky — un surnom qui se prête bien à la situation — a la chance de pouvoir se taper une nana alors que nous on va mourir de frustration avant d’avoir atteint ce fichu satellite…

Allan soupire de désespoir, et Scott aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Il se doutait bien que son concitoyen allait ramener cette histoire sur le tapis.

— Au pire, reprend-il, Erica est bien plus sympa que Patty, même si elle est moins mignonne. Mais je crois pas qu’elle quitterait son mari pour un type comme moi. Faut être réaliste mec. On va vraiment crever de privation. Sauf si elle se dit qu’elle ne peut pas attendre de retrouver son mari pour assouvir ses pulsions. Ce jour-là, crois-moi, je serai chaud. J’en peux plus.

Scott grimace tout en prenant place sur un tapis de course.

— Ça va aller, dit-il avec un petit sourire encourageant en direction d’Allan.

— Tu vas oser me dire que tu n’es pas sexuellement frustré ? Bordel, moi, je donnerais tout ne serait-ce que pour rouler une pelle ! supplie Allan en levant les yeux au ciel.

Scott éclate de rire.

— Je ne suis pas vraiment frustré, répond-il.

— Ta main droite — ou gauche, je ne juge pas — te satisfait amplement ? demande Allan, étonné. Moi, franchement, j’en ai fait le tour. Peut-être que j’aurais dû m’entraîner à de longues périodes d’abstinence ! regrette-t-il.

— Non, réplique Scott, le plus honnêtement possible. Je n’ai rien qui me satisfait amplement pour le moment, mais ça ne me dérange pas.

— Pour le moment ? Ne me dis pas que t’es en train de te serrer Erica ! Ou Patty ? s’exclame Allan, choqué.

Le brun pouffe, tout en commençant sa course.

— Oh mon Dieu ! s’esclaffe Allan. Scotty, tu me choques ! Tu veux te serrer Patty alors qu’elle est avec Lucky !

— Mais non ! rouspète Scott, sans se départir de sa bonne humeur, mais désormais focaliser sur l’effort à fournir. Arrête de te concentrer là-dessus, on s’en fout !

Le blond le toise.

— Tu comptes pas livrer le fond de ta pensée à ton meilleur pote ? questionne-t-il, les yeux exorbités.

— Je suis gay, avoue Scott après quelques secondes de silence, estimant qu’il vaut mieux être cash avec Allan plutôt que de le laisser s’imaginer plein d’horreurs.

— Andy ! hurle alors Allan en pointant Scott du doigt. Oh, pitié, pas ça ! Pas le Russe ! Il est trop sérieux !

— Si tu peux éviter de crier, ça me ferait vraiment plaisir, déclare l’Américain, gêné.

Il ne sait pas tellement si Andrzej est d’accord pour ébruiter la nouvelle. Ils n’en ont pas vraiment parlé.

— Dis-moi que c’est une blague, Scotty ! s’indigne son ami.

Scott ne dit rien et se contente de faire de la course sur place, en effectuant de petits sauts pour dégourdir parfaitement ses jambes. Le blond est théâtral, et il espère que ça va lui passer.

— Depuis combien de temps ? finit par demander Allan qui n’en croit pas encore ses oreilles.

— Quelques semaines, répond machinalement le brun, en rougissant légèrement.

— Et vous avez déjà… commence le blond.

— Non ! le coupe Scott, scandalisé par la question qu’il imagine qu’Allan souhaite lui poser.

Ce dernier hausse les épaules sans poser sa question — qui n’a certainement rien à voir avec ce qu’a imaginé le brun. Ils poursuivent donc leur session de sport en silence, mais Allan jette fréquemment des regards hallucinés à son ami.

— Tu sais Scotty, je n’aime pas du tout ça, dit-il finalement, au bout d’un long moment.

— C’est dommage parce que moi, je suis bien, répond Scott en mettant prématurément fin à sa session de sport.

Il n’a pas envie d’entendre Allan pleurnicher sur son triste sort, insistant pour qu’il reste célibataire lui aussi pour le soutenir — c’est bien son genre !

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