V.2. Creuser pour trouver un trésor... Ou autre chose.

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- Assez parlé de moi, je décrète. Les autres ont crié quelque chose dans les vestiaires, toute à l'heure. Tu sais, à propos de Guêpes Tueuses. Qu'est ce que ça veut dire ? C'est vrai ?

- Ah, ça... Oui... C'est vrai. Il y a 4 Lunes, je marchais dans la forêt, avec mes deux petites sœurs. Mes parents étaient partis plus loin dans la forêt, pour parler entre eux, sûrement. Les petites étaient à la recherche des Serpents des Lunes, tu sais, ces serpents spéciaux qui sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait je ne sais presque rien d'eux. Enfin, je m'égare. C'était le septième jour de la deuxième Lune. Et...

- Que s'est-il passé ?

- On s'est fait attaquer. Des hommes encapuchonnés se sont jetés sur nous, nous plaquant sur le sol. J'ai entendu mes sœurs crier, et moi, on m'a traînée plus loin. Je me débattais comme une folle, je leur ai hurlé de me lâcher... Ils n'en ont rien fait. Ils m'ont claquée par terre, et j'ai pu voir qu'ils étaient deux. J'ai eu très peur à ce moment là, et je leur ai crié de laisser mes sœurs tranquilles. Mais ils ne m'ont pas répondu, et au lieu de ça, ils ont ouvert une boîte en bois rose, dans laquelle se trouvaient les fameuses Guêpes.

- Par la Lune, mais comment ont-ils...

Comment ont-ils pu enfermer des Guêpes Tueuses sans... se faire tuer ?

- Elles se sont enfuies, me coupe Merenda. Elles se sont envolées, un peu perdues je crois. L'un des deux hommes me tenait les bras plaqués au sol, impossible de m'échapper, et je...

- Calme-toi. Reprends ton souffle... je lui dis doucement.

- Elles m'ont attaquées. Elles me frôlaient, et les hommes m'ont lâchée. Ils se sont enfuis, et quelques secondes plus tard, j'entendais hurler mes sœurs. Moi, elles commençaient à me piquer. J'ai complètement paniqué, crié, hurlé, tellement ça faisait mal, tellement ça faisait peur. J'ai fini par me créer un bouclier rudimentaire grâce à ma magie, tu sais, celui qu'on nous apprend à faire lorsque nous sommes en niveau primaire, à l'école... Ça les a dissuadé de continuer, mais j'entendais toujours crier Erlera et Ilhem...

- Je...

- Ça me brûlait de partout, me coupe-t-elle. Une douleur atroce, et je ne comprenais plus rien, mon œil droit se fermait tout seul, le paysage m'était inconnu. J'avais juste deux certitudes : la première, que ces guêpes m'avaient piquée trop de fois pour que je puisse survivre. La deuxième, que vu le nombre de piqûres que j'avais, il était impossible que je sois encore vivante.

C'est strictement impossible de survivre à plus de cinq piqûres. Par étapes, on hallucine d'abord, puis le venin s'attaque au sanctuaire de magie et d'énergie qui se trouve près de notre cœur. Puis le venin attaque le cœur et le cerveau, et la personne meurt si rapidement qu'il est impossible de la sauver. Tout dépend du nombre du piqûres.

- Et...?

- Je me suis traînée sur le sol, en direction des cris de mes sœurs. Puis j'ai dû commencer à halluciner, parce que je me souviens m'être dite que ces cris n'existaient que dans mon esprit, que j'étais toute seule, comme toujours. Et que j'allais mourir, seule, parce que de toute façon personne ne viendrait à mon secours.

Elle reprend son souffle. Des larmes naissent au coin de ses yeux. Je prends aussitôt sa main, sur la table, comme pour la rassurer. Cette fois, ce n'est pas pour calmer un orage, mais c'est pour calmer la pluie. La pluie diluvienne qui s'abat sur ses pensées, les gouttes qui roulent le long de ses joues.

- Puis je me suis mise à détester mes sœurs. Subitement, complètement dans les vapes. Je ne voyais plus rien, et je hurlais à ces cris que je les détestais, que c'était de leur faute, qu'on m'avait tendu un piège. Et comme je déteste mes parents depuis longtemps, je t'expliquerai plus tard pourquoi... j'ai hurlé aussi des horreurs à leur sujet. Puis ce fut le noir.

- Je suis tellement désolée, Merenda.

- Tu n'as pas à l'être... Je devrais être morte à l'heure qu'il est. Je suis tombée dans le coma, et suis tombée dans un monde vide, blanc, sans rien du tout à l'horizon. J'ai erré là-bas si longtemps. J'ai réfléchi, et je me suis détestée. J'ai compris que je n'avais pas aidé mes sœurs. Qu'elles devaient être mortes aussi. En fait, je me pensais morte, et je pensais que ce monde vide, c'était l'après. Je me trompais lourdement. J'avais reçu six piqûres, et j'ai survécu. Les médecins n'en revenaient pas. Ils disaient que c'était impossible. Que c'était un miracle. Que les dieux m'avaient sauvée.

- Tu t'es réveillée quand... ?

- Il y a une Lune. On m'avait transportée en urgence à Mezeï, là où se trouvent les meilleurs soigneurs et les meilleurs magiciens. On m'a appris qu'Erlera et Ilhem étaient mortes. On m'a appris que c'étaient mes parents qui nous avaient trouvées, juste après que je sois tombée inconsciente. Puis mes ceux-ci sont entrés dans ma chambre.

- Et alors ? Que s'est-il passé ?

- Un déluge spectaculaire s'est abattu sur moi. Autrement dit, la seule chose que ma mère m'a dit, c'était que j'étais une lâche et une horrible fille pour avoir abandonné mes sœurs à leur triste sort. Et mon père a dit que c'était de ma faute, qu'ils avaient entendu toutes mes insultes, et qu'ils me renieraient dès que j'aurais reçu ma carte d'Enchanteresse. Depuis, ils ne m'adressent plus la parole, moi je pleure la mort de mes sœurs, je me traite de lâche toutes les cinq minutes, et je suis forcée d'écouter tout ce qu'ils disent et pensent de moi. Que ce soit mes parents ou les autres élèves de l'Académie. Parce que cette histoire est entrain de s'ébruiter, bien sûr...

- Quels salauds ! Ce n'est pas de ta faute, les piqûres t'avaient complètement désorientée ! Tu hallucinais ! Tu ne pensais rien de ce que tu disais !

-Peut-être. Néanmoins, il s'est passé autre chose d'assez extraordinaire. Je pensais être reliée au Clan de la Lumière, car toutes mes aptitudes étaient validées pour ce Clan là et pas pour les autres. Je sais émettre de la lumière, m'en servir pour revigorer une plante, etc. Mais depuis que je me suis réveillée...

-Quoi ? Je m'exclame un peu trop brusquement, tandis qu'elle essuie ses joues d'un geste rageur.

- J'entends toutes les pensées des gens, autour de moi, à moins de cent mètres. Une véritable cacophonie que je peux mettre parfois en bruit de fond, sans pour autant les faire disparaître. Mais encore plus fort...

- Dis-moi ? Je lui demande, très surprise par la révélation qu'elle vient de me faire.

- J'entends toutes les pensées de toutes les personnes. Sauf les tiennes.

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