Pendule

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  Pendule. Objet qu’on adule, et qui pourtant, dans sa méfiance éternelle, reste si incrédule. Dès lors que nous l’avons mis en marche, le pendule se module, poussé par un besoin irrépressible de se mouvoir. Il ondule, symétriquement, en respectant une cadence précise, semblable à une danse. Antique tactique taconeos.

  

  A la fois abrité des intrus et reclus dans sa prison de verre, le léger engin s’élève peu à peu. Décrivant un arc-de-cercle parfait, il se rapproche délicatement de son sommet, à la recherche de ses premières sensations. Achevant sa course, il nous fait, de loin, parvenir ses plus profondes émotions. Un défoulement de fou le prend. Pendant un instant, la gymnastique du pendule semble s’arrêter, prenant une dimension mythique, presque mystique. TIC. Un instinct artistique. Une personnalité charismatique. Puis, tendrement, sa course folle reprend. Descendant prise d’un sang d’encre, la chose repart affronter son destin tel un héros tragique.

  A la manière d’un geai se dirigeant vers son apogée, l’appareillage, en bas âge, reprend les choses en main. S’empressant de reprendre de l’altitude, atteint de sevrage, il compte bien exprimer sa rage pris d’une envie de partage. Une nouvelle fois, le temps est en suspens et le suspense apparaît. Un déluge de colère et de consternation. TAC. Premier cri d’attaque. Tant d’agressivité dans une seule sonorité. Ta colère est compréhensible. Je t’accorde ça. Ta conscience saisit à l’instant que tu viens de débuter une longue vie monotone et fastidieuse. Du tac-au-tac, tu t’en vas à nouveau toucher le fond de l’abîme.

  L’aventure n’est pas finie. Le dispositif n’a pas dit ses derniers mots. Il se relève, la tête haute, bien décidé à nous faire part de ses sentiments. Il brave farouchement les frottements de l’air par sa seule volonté inébranlable, et louable. De nouveau, l’atmosphère atrophiée, comme si elle voulait se solidifier, est en train de se densifier. Un bruit enivrant. Un parfum euphorique. TIC. A la fois esthétique et fantastique. Un tic identique. Après avoir fait passer son message, le petit objet prend congé vivement mais sagement. Comme s’il venait de subir un choc, il plonge vers les profondeurs à la manière du défunt Titanic.

  Tel un naufragé, le pendule entame sa dernière escapade, grimpant sur son estrade. Il s’arme d’un courage fou pour exprimer son courroux. Pour la dernière fois, un vent frénétique souffle. Un feulement lointain. TAC. Dernier cri d’attaque. Fin de la tachycardie pour le pendule. Ta cause est noble, harmonieux mécanisme. Ta clairvoyance est remarquable. Tu maudis ceux qui t’ont échu à ce poste de dieu déchu. Ils t’ont prédestiné à ce perpétuel rôle cruel. Ta lourde plainte semble ignorée. Au taquet, tu t’en vas affronter ton destin funeste vers de nouvelles contrées.

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