Chapitre six - Patronnage

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Un homme avait réussi à sortir sur le balcon également, et nous nous retrouvâmes à regarder à deux la suite. Il m'expliqua tout ce que je n'avais pas compris juste que là :

- Que le bloc d'orichalque, en donnant le patronnage d'un dieu, donnait des pouvoirs à la personne choisie. Les patronnages d'Arès et Aphrodite que possédaient les deux princes aînés leurs permettaient de maîtriser toutes les armes pour l'un, d'influencer les cœurs pour l'autre.

- Que Nirosia n'était pas la sœur de Zenon heureusement, puisqu'ils avaient six et sept ans lorsque leurs parents s'étaient rencontrés pour la première fois. Zenon était bien le fils d'une autre femme que la reine, mais elle était morte en couches et n'avait donc pas pu être tuée par Thanateros après la mort du roi comme la mère de Nirosia - d'ailleurs elle était morte avant lui.

- Que malgré tout, Zenon ayant été légitimé par le roi, il était l'un des potentiels héritiers.

- Qu'on soupçonnait Thanateros de n'être pas seulement l'homme de main de Stratonice mais également son amant.

- Et enfin que Zenon était le seul depuis cinq générations sur l'île à avoir été distingué par Hestia et à pouvoir maîtriser son pouvoir - guérir une jeune vierge entre autres - du premier coup, sans avoir à passer un mois à s'entraîner.

Bref, sans cet homme sur le balcon, je n'aurais sans doute jamais compris ce qu'il s'était passé. Mais revenons à la scène qui se déroulait sous nos yeux :

Stratonice, toujours assise sur son trône, dit à ses fils :

« Maintenant, tuez Zenon pendant qu'il est inconscient, et nous pourrons enfin avoir un vrai combat rituel, sans les bâtards de votre père dans le chemin. »

Mais, alors que je m'attendais à ce que Leonidas et Néarque saisissent l'occasion, ils échangèrent un regard gêné, puis Néarque dit :

« Mère... ce ne serait pas juste. Je ne peux pas tuer Zenon en lâche, sans lui laisser une chance de se défendre.

-Moi non plus, Mère, ajouta Leonidas. D'autant plus qu'il a le patronnage d'Hestia. Les Olympiens nous maudiraient.

-D'ailleurs, conclut Néarque, si les Olympiens ne le font pas, le peuple si. Si nous tuons Zenon en cachette et dans son sommeil, nous serons des fratricides et le peuple s'en doutera. Quel que soit celui d'entre nous, après, qui gagnera le trône, il verra sa victoire entachée du sang d'un innocent. Je vous en conjure, Mère, laissez-nous nous battre à la loyale contre lui. »

Stratonice hurla des malédictions contre ses fils. Je vis que quelques personnes avaient contourné la salle pour entrer par d'autres issues, entre autres les balcons surplombant la salle du trône. Je saisis un moment où tout le monde regardait ailleurs pour me glisser moi aussi dans la salle, jusqu'à une colonne qui me cachait à la vue de Thanateros, qui me tournait le dos à moins d'un mètre de moi.

Voyant que ses fils n'avaient pas l'intention de tuer leur demi-frère, elle se leva d'un bond et appela tout l'air à sa disposition pour créer une sorte de tempête qui ondula autour d'elle.

« Très bien, hurla-t-elle. Ranimez-le et tuez-le. »

Zenon pendant ce temps reprenait peu à peu conscience. Il murmura quelque chose à l'oreille de Nirosia, qui fila hors de la salle aussi rapidement que possible sans que personne ne l'en empêche, et saisit la lame d'orichalque que je lui avais envoyée plus tôt.

« Très bien, dit-il. Approchez, que je prouve que je suis légitime ou que je meure en essayant. »

Stratonice eut un grand sourire en entendant les derniers mots. Oui, qu'il meure, ça l'arrangerait bien. Sur un geste d'elle, Leonidas et Néarque saisirent leurs propres armes... mais commencèrent à se battre entre eux.

« Qu'est-ce que vous faites ? hurla-t-elle.

-Le combat rituel ne peut être gagné que lorsque l'un de nous aura vaincu les deux autres, répondit, très logique, Néarque. Celui d'entre nous qui gagnera ce combat affrontera Zenon.

-Pas la peine de tenter de retarder mon sort, les remercia Zenon. Je suis prêt à me battre. »

Ils se tournèrent alors vers lui et se précipitèrent vers lui, mais l'aura orangée nimba de nouveau Zenon, on entendit quelqu'un à un balcon crier :

« Le pouvoir d'Hestia ! »

Et Zenon fit s'allonger les flammes de toutes les torchères de la salle jusqu'à ce qu'elles atteignent le plafond, puis les lança à l'assaut de ses frères. Leonidas se protégea de son bouclier tandis que Néarque déclarait forfait aussitôt - le pouvoir d'Aphrodite ne devait pas être de taille contre celui d'Hestia. Au bout de quelques secondes à peine de combat au centre des flammes, Leonidas fut repoussé assez rudement et abandonna également le combat.

Zenon se dirigea vers Stratonice et dit :

« Je vous demande de me remettre le trône, Madame. Votre rôle de régente est terminé.

-Aucun bâtard ne montera sur mon trône, Zenon ! N'essaie même pas de me l'arracher ou tu le regretteras. » répondit Stratonice, visiblement décidée à en découdre puisqu'elle saisit la lance d'orichalque que tenait un garde.

Zenon leva fièrement la tête et dit, prenant les gens des balcons à témoin :

« Vous refusez d'appliquer les lois de notre peuple, cela fait de vous une traîtresse, Madame. Et comme, ayant gagné la bataille rituelle, je suis le roi, j'ordonne à mes gardes de vous arrêter. »

Tout d'abord, personne ne réagit, trop stupéfiés par l'issue du combat, la réaction de Stratonice et l'ordre de Zenon. Puis, comme pris d'une inspiration subite, je profitai de l'instant de flottement général pour arracher des mains de Thanateros sa triarbalète et je tirai vers la reine. Je n'avais pas eu le temps de bien viser étant donné que la moindre seconde de préparation aurait laissé à Thanateros le temps de se ressaisir, mais malgré le tir hasardeux, une des pointes se ficha dans le bras de la reine et les deux autres dans son flanc. Celle-ci poussa un cri, tomba à genoux en se tenant le flanc – et donc en lâchant son arme. Les gardes se saisirent d'elle, tandis que Leonidas et Néarque mettaient un genou à terre devant leur frère et juraient sur le Styx qu'ils lui seraient fidèles toutes leurs vies.

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