Le bal continue

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Au château du Prince Ruben, les invités sont à la fête. Alban se révèle un plat excellent. Accompagné d’une sauce aux champignons c’est un régal. Ruben s’est réservé la langue et les yeux, mets très fins et prisés par les plus grands de ce monde. À l’opposé de la longue table en chêne, l’homme en costume noir et à la tête de sanglier émet un rot de plaisir. Près de lui, une femme à la chevelure violette, porte une main aux doigts crochus devant sa bouche et glousse. Une autre, les yeux rouges s’écrie :

— Le plat suivant maintenant !

Le cuisinier, le visage toujours congestionné suite à son atterrissage forcé dans le chaudron, apporte des rats farcis entourés de salade. Surpris, un invité interroge :

— Mais où est la fille ?

Ruben s’essuie délicatement les lèvres avec une serviette en soie et répond.

— Elle s’est malheureusement enfuie.

Les protestations et commentaires tout à la fois hargneux et désolés affluent autour de la table. D’un geste de la main, le Prince fait taire tout le monde.

— Peu importe. Nous l’éliminerons à la fin du bal ainsi que tous les habitants de Ploemer.

— Un beau massacre, rugit un homme aux lèvres rouge sang.

— Sauf que la donzelle a dû avertir tout le village depuis qu’elle n’est plus là, relève un autre.

C’est alors qu’une ombre se détache d’un des murs, personne ne l’avait remarquée jusque-là. Le fantôme (car tel est-il) flotte vers Ruben, en pointant un doigt accusateur.

— Il a laissé la fille partir ! Je l’ai vu. Il lui a ouvert la porte !

Des voix indignées s’élèvent :

— Pourquoi le Prince aurait-il fait ça ?!

Tous les regards convergent vers ce dernier, qui lève les mains en signe d’apaisement.

— Mes amis, j’ai sauvé cette femme par empathie. Nous ne devons pas être des monstres sans conscience et Natalia a su prouver sa vaillance.

— Parfait, et donc ? Nous sommes des monstres ! Et nous voulons de la viande fraîche, pas des rats !

— Prince de pacotille ! s’insurgent certains.

Ruben, qui ne s’attendait pas à une telle réaction de fureur, émet un sourire contraint et tournant le dos à ses convives, court en direction de la sortie. Mais les autres sont plus rapides. À terre, le Prince est malmené par un corps qui pèse sur lui. Il tente de se dégager, mais n’y parvient pas. Consterné, il sent les crocs d’un vampire dans son cou.

— Je suis votre Maître, vous n’avez pas le droit !

Mais ses derniers mots sont rendus inintelligibles alors qu’il se fait vider de son sang. Ruben devient le plat principal, et ses membres sont arrachés et dévorés par ses ʺamisʺ. Pour le Prince, le bal d’Halloween est terminé.

Repu, un troll caresse son ventre proéminent.

— Bon, et maintenant, on attaque Ploemer ?

— C’était une idée du Prince ça, réplique une sorte de fée aux dents acérées. Et là je ne me sens pas vraiment de bouger. Je crois bien que j’ai trop mangé.

Plusieurs voix acquiescent :

— Moi aussi.

— Que fait-on alors ?

— Je ne sais pas. Moi je n’ai qu’une envie, digérer le repas, répond le troll.

Un vampire s’exclame :

— J’ai une idée ! Dansons !

Et c’est ce qui est fait. L’orchestre aux têtes de citrouilles remonte sur la scène et joue un rock endiablé. Les monstres se déchaînent sur la piste.

Pour certains, le bal d’Halloween continue.

Fin

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