Le Banc du Saule Pleureur

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La neige crissa sous ses pas, aussi légers fussent-ils.

Le visage enfoui dans son écharpe jusqu'au dessous des yeux et les mains profondément enfoncées dans ses poches, elle se dirigea lentement vers le parc au coin de la rue.

Couverte d'un fin drap immaculé, la verdure était depuis des mois déjà, bien loin dans les esprits. Elle prit un temps pour le contempler. Là, au milieu du chemin, immobile. C'était si beau. Elle aurait dû pleurer, elle le savait, tant de souvenirs lui revenaient en mémoire. Pourtant, elle en fut incapable.
Elle aurait dû gêner les autres. Leurs allées et venues à travers le parc. Mais ils se souciaient peu de sa présence. En fait, ils ne lui prêtaient aucune attention.
Elle s'en fichait. Elle non plus, ne les voyait pas.

Finalement, comme sortie de sa transe, elle s'assit sur le métal froid du banc près du saule pleureur de la rivière.

Pensive, elle scruta l'endroit comme si c'était la première fois qu'elle venait. Elle resta là longtemps sans bouger. Des jours. Des mois. Assise sur ce banc, sans rien dire, seule avec ses pensées. Certaines fois, son regard changeait. Elle avait l'air de chercher quelqu'un parmi la foule. Quelqu'un qui mettait visiblement du temps à venir.

Qui que ce soit, elle ne le vit pas.

Alors elle attendit davantage.

Par moments, d'autres personnes s'asseyaient sur le banc. Elle en vit tellement. Des couples excessivement romantiques, des personnes âgées avec leurs chiens, des sportifs fatigués, des travailleurs trop pressés qui ne faisaient que passer sans la voir. Elle pensa que la vie était quelque chose de bien étrange.
Les gens vont et viennent avec une rapidité déconcertante, se dit-elle, à peine est-on entré dans le monde qu'il faut déjà en sortir. Si ce banc avait été le monde, aurais-je été la seule personne encore en vie aujourd'hui ? Moi qui y suis restée si peu...

Quelle ironie. Pensa-t-elle amèrement.

Alors, elle entreprit de se lever enfin du banc.

***

En se dirigeant vers le parc, Matt fut envahi par la tristesse et la nostalgie. Il s'engagea sur le chemin qui menait au banc, près du saule.

S'asseyant, il regarda autour de lui. Les larmes qu'il tenta de retenir lui brûlèrent les yeux.
Cela faisait si longtemps qu'il n'était pas venu.
Soudain, il aperçut un mouvement sur le chemin. Son cœur se gonfla.
"Lia !" Cria-t-il, tournant brusquement la tête vers le chemin.

Elle se retourna, et souriant comme elle ne l'avait plus fait depuis longtemps, murmura: "Je te l'ai déjà dit. Nous nous reverrons, je le sais."

Devant lui, le chemin restait vide.
J'ai rêvé, se dit-il. Les larmes qu'il avait tenté de réfréner coulèrent sur ses joues rougies par le froid, s'écrasant dans la neige.

Bien sûr qu'elle n'aurait pas pu être là, idiot. Comment aurait-elle pu ? Elle a quitté ce banc il y a longtemps.

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