"Intensité"

3 minutes de lecture

Là, assise, les yeux rivés sur mon piano inerte, je l'effleure de mes longs doigts fins comme pour me rappeler de lui. Cela fait maintenant 4 ans que le piano est devenu mon quotidien, c'est l'âme que mon cœur reflète, une douce chaleur meurtrière qui au moindre son nous plonge dans un lointain souvenir et dans une magnifique sérénade.

Prise d'une forte émotion, je ne peux empêcher mes larmes couler le long des touches froides du piano. Mes doigts ne veulent plus bouger de peur qu'ils se brisent, une douleur amère me fait lentement revenir à la réalité.

Je ne suis plus la petite fille d'autrefois, celle qui avait tendance à faire un caprice pour avoir le nouveau jouet de la collection ou encore voulait à tout prix le sac populaire du mois que chaque fille devaient avoir. Non, cela fait maintenant des années que cette petite fille m'a quitté, douce, charmante, rêveuse, avec de nombreux objectifs, maintenant je ne vois plus qu'une loque, pessimiste, une coquille vide se refermant sur le monde et sur la vie qu'elle peut lui offrir.

La solitude que je ressens en jouant des morceaux sombres et vides, me laisse de marbre et m'emplis de chagrin. Personne ne peut comprendre la peine que chaque musicien ressent à chaque fin de partition, la peur d'être laissé de côté, car la musique est terminée, la peur d'être de nouveau abandonné, car le piano ne fait plus aucun son ou peur d'être rejeté, car mes doigts ne veulent plus bouger.

Seule, je regarde la pièce qui il y a une heure était noire de monde, acclamant ma venue sur scène, applaudissait pour m'appeler, mais c'est fini, plus personne ne voudra écouter une muscicienne qui a perdue son abileté à jouer. Mes doigts si utiles jusqu'à présent, sont devenus inertes depuis que mon cœur s’est arrêté il y a 1 an maintenant.

"L'âme du piano est l'âme du propriétaire, seul le contact et le toucher le ramène à la vie, les sentiments, une fois avoués deviennent leurs forces à tous les deux."

Mais si l'un deux meurt alors l'autre ne devient que misérable, un piano sans âme n'est qu'une rose sans pétales, sans charme, sans beauté, elle n'est plus rien qu'un vulgaire déchet amarré sur le bord du lac.

Moi aussi, j'espère qu'un jour, je pourrais continuer à vivre sans l'âme que je lui ai offerte, si seulement je pouvais encore l'aimer comme il m'a aimé jusqu'à la fin. Maintenant, c'est trop tard, je vais disparaître et mon existence sera comme des cendres jetées à la mer, insignifiante, mais resté en mémoire, je ne veux pas être oubliée, je veux vivre pour leur prouver que je peux y arriver même sans l'utilisation de ses doigts.

Je lève alors la tête décidée d'avancer, de faire mes propres choix, même si, j'ai perdu une partie de moi l'autre elle est intacte, toujours prête à faire de son mieux pour le meilleur et pour le pire. Résiste, donne toi à fond pour révéler qui tu es vraiment, tu sombreras dans la folie un jour, malgrès cela tes efforts ne seront pas vains.

La tête haute, je me lève en direction de la sortie comme appellée par une douce mélodie, ma longue robe écarlate flotte à chaque pas que j'effectue, comme emportée dans un rêve. Elle virevolte au son de la musique qui émane de dehors, j'ouvre la porte pour enfin savoir qu'elle est cette douce chanson qui m'appelle si désespérément.

Là, assis sur une marche, un jeune homme tient dans ses bras un violon des plus magnifique, ses longs doigts fins viennent effleurer son bois proprement sculpté, sa posture parfaite me fait frissonner, pourtant une aura apaisante vien me chatouiller les oreilles.

Son visage masculin est si magnifique que je me fige sur place comme ensorcelée, alors que mes pieds toujours fixés au sol la musique s'arrête brusquement comme interompue par quelque chose, ses yeux s'ouvrent pour y laisser entrevoir deux iris de couleur émeraude et de longs cils noirs.

Son regard se tourne alors vers moi restée ici par fascination, je ne peux dire un mot, ma bouche est comme cousue par tant de beauté, c'est bien la première fois que quelque chose me fascine autre que le piano. Ses deux beaux yeux me regardent sévèrement comme pour me dire de partir loin d'ici, mais en même temps, ils sont si tristes que je n'arrive pas à m'en détaché .. Il se lève alors doucement et s'approche lentement de moi, je ne peux contenir mon émotion ..

Annotations

Vous aimez lire Blys ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0