49 : La piste Eagle

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Bureau de Police

DDPU 95

26, rue Général Leclerc

Saint-Ouen l'Aumône (95)

Fin janvier 2011

Le deuxième jour

15:00

— Le Floch, qu’est-ce qu’on sait sur Mercks ?

— Francis Mercks est né à Lausanne en 1956. Il jouit de la double nationalité franco-suisse grâce à ses parents…

— Venez-en au fait, Le Floch, à ce qui nous intéresse vraiment.

— J’y viens, Marina. En fait, il ne fait réellement parler de lui qu’à partir du début des années 90. Sa boîte de l’époque marche fort et est une figure de proue de l’import-export. Mais plusieurs transactions frauduleuses mettent la puce à l’oreille de la Brigade Financière. Il tombe en 1992 pour escroquerie et détournement de fonds. Il fera trois ans à l’ombre et sera libéré pour bonne conduite.

— On a autre chose ?

— Par la suite, il s’éparpille dans diverses affaires, et en 2001, il se met à organiser de l’événementiel, plus particulièrement La Première Nuit des Créateurs à Genève. C’est à cette occasion qu’il rencontre Gilberte Ozon, directrice de casting pour l’agence Elite. Il l’épousera quelques mois plus tard…

— La maîtresse d’Eagle ?

— Elle-même… Et plus surprenant encore, il devient le producteur du Caïd de Sarcelles en 2010.

— Ça ne peut pas être qu’une coïncidence… On va pouvoir poursuivre nos investigations sur la piste du nouveau prince du show-biz’. Convoquez-moi Madame Ozon et Monsieur Eagle pour demain matin… Vous avez des nouvelles du légiste concernant le décès de Mercks?

— Il a contacté Durieux en début d'après-midi. Ce n'est pas un suicide, Marina, c'est un assassinat.

— Un de plus, et probablement en relation avec les précédents... Merci Le Floch. De mon côté, je vais contacter l’inspecteur Jansky pour le vol du Hummer. On va voir si notre loustic disait vrai…

— OK.

Le brigadier quitta le bureau de la commissaire. Celle-ci resta un instant les yeux dans le vague, puis s’abîma dans la contemplation du cliché pincé sur un support fantaisie, la représentant en compagnie de Jenny et de Marc. Le temps de l’insouciance. Son frère d’armes faisait le clown avec un béret basque sur la tête et grimaçait en mâchouillant un mégot de cigarette, faisant ainsi hurler de rire ses complices du moment. La fillette fêtait alors ses cinq printemps. Elle ne verrait jamais le sixième. Depuis, rien n’avait plus la même saveur.

Les prunelles de la brunette s’embuèrent brièvement. Marina se dit qu’elle n’aurait pas dû faire ce pas en direction de son ami, tout à l’heure. Qu’il était trop tôt. Que Katia prenait encore toute la place dans son cœur. Elle-même s’était refusé à aimer de nouveau depuis David. Sa vie professionnelle, son carriérisme avaient eu raison de ses amours, de son époux. Elle ne voulait plus blesser personne, jamais. Une larme…

Merde, Marina, reprends-toi !

La jeune femme chassa ce spleen passager de son esprit, s’empara du combiné et composa le numéro de son interlocuteur. Une tonalité. Trois sonneries. Une voix.

— Allô, Jansky à l’appareil…

— Bonjour Inspecteur. Je me présente, commissaire Marina Marquance…

— Ah oui, la célébrité du 9-5, l’exemple à suivre pour tous les OPJ d’Île-de-France !

— Plaît-il ?

— Ne faites pas votre mijaurée, Madame la Commissaire, vous connaissez parfaitement votre réputation et la mienne !

— C’est un sujet qui me semble ma foi fort intéressant, mais il n’est pas l’objet de mon appel, rétorqua non sans ironie la jeune femme.

— Et qu’est-ce qui me vaut l’honneur ?

— Voilà, dans le cadre d’une enquête sur un double homicide au sein de notre circonscription, je souhaiterais savoir si Monsieur Izmaar Eagle vous aurait signalé le vol de son véhicule, un Hummer H2.

— Ouais, il m’en a touché deux mots hier soir au téléphone…

— Vous souvenez-vous de l’heure à laquelle il vous aurait alerté de ce désagrément ?

— Je dirais vers 19 heures.

— Et vous n’avez pas estimé utile d’enregistrer officiellement sa plainte ?

— J’avais terminé mon service, Madame la Commissaire.

— Aujourd’hui, cette plainte n’apparaît toujours pas au fichier…

— On a eu d’autres chats à fouetter, figurez-vous ! Et puis, le Hummer a été retrouvé en fin de matinée dans les Hauts-de-Seine, carbonisé.

— On est sûr que c’est celui d’Eagle ?

— Affirmatif. La plaque d’immatriculation a été épargnée par les flammes…

— Vous me confirmez donc que ça ne peut pas être votre ami qui aurait été aperçu hier soir, dans ce véhicule, aux environs du crime ?

— Écoutez-moi bien, Madame la Commissaire, moi aussi j’ai un meurtre sur les bras. Un attentat à la voiture piégée. Un règlement de comptes, probablement. Le problème, c’est que le seul survivant est en état de choc, figé dans un profond mutisme. Un type de votre bled d’ailleurs, Karim Assouyef. Son frère Samir y est resté. Alors, vous pensez bien que votre affaire…

— Assouyef vous dites ? Bon sang, c’est le proprio de la Béhème qui a servi de sépulture à Jonathan et Boubacar ! Où peut-on le voir ?

— On ne vous laissera pas l’interroger avant demain. Il est à l’Hôpital de Jour Psychiatrique de Sarcelles.

— Merci, Jansky. Je vous renverrai l’ascenseur.

Marina raccrocha promptement. Il fallait qu’elle parle à Karim Assouyef. Absolument.

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