21 : Sans identité

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Quartier Chennevières

Saint-Ouen l’Aumône (95)

Fin janvier 2011

22:20

L’Alfasud s’immobilisa non loin de la scène de crime. Les deux flics s’en extirpèrent et s’approchèrent du périmètre de protection. Le brigadier-chef les accueillit.

— Bonsoir Marina, Inspecteur…

— Bonsoir Le Floch.

— Ouais, bonsoir… Dis donc, petite sœur, tu m’avais caché ça, vos accointances intimistes, Le Floch et toi ! Depuis quand t’appelle-t-il Marina ? s’étonna Oettinger.

— Ça fait des lustres, vieux frère... exagéra volontairement la commissaire. Que veux-tu, Marco, il s’en est passé des choses en ton absence…

— J’ose à peine imaginer ! Mais c’est quoi tout ce monde, Le Floch ?

— C’est de ça dont je voulais vous affranchir. Les Stups étaient là bien avant la Scientifique et nous-même.

— Les Stups ? fit la brunette, interloquée. Qu’est-ce qu’ils foutent là ? C’est pas de leur ressort !

— Apparemment, l’une des victimes est un de leurs clients…

— Salut Mac Call et Hunter (5), lança un policier en civil qui s’approchait des représentants de la Brigade Criminelle.

— Inspecteur Wilfried Furhmann ! s’exclama le grand rouquin en donnant l’accolade à son ex-stagiaire. Ça alors, ça fait un bail ! Content de te revoir, vieille canaille… Qu’est-ce que tu deviens ?

— J’ai pris du galon, Marco, je ne suis plus simple inspecteur mais commissaire, désormais…

— Putain, Marina, vois comme il se la joue ! Je l’ai connu tout bleu, il sortait à peine des jupons de sa mère, et il m’a dépassé, l’animal… A ce rythme-là, il sera divisionnaire avant que je ne sois en retraite ! T’y crois ça ?

La commissaire serra poliment la main de son homologue et ramena la conversation sur un terrain plus sérieux.

— Wilfried, qu’est-ce que les Stups ont à voir avec un double homicide ?

— Le conducteur de la Béhème, c’est Zacharia Boubacar alias Bouba. Un dealer d’à peine vingt piges, un maillon de la chaîne Dream in blue

— C’est quoi, le Dream in blue ? s’enquit la fliquette.

— Un mélange détonnant de cocaïne et d’héroïne quasi pures teintées au bleu de méthylène, répondit le rouquin. Une vraie saloperie qui t’explose dans le corps pour finir dans 99 % des cas en overdose.

— T’es sacrément calé sur le sujet ! s’ébahit la commissaire.

— Ouais Marco ! Tu ne voudrais pas virer de bord pour rentrer dans mon équipe ? renchérit Fuhrmann.

— Tu peux toujours rêver ! C’est pas demain la veille que je quitterai ma hiérarchie préférée pour bosser sous tes ordres…

— C’est très touchant vos retrouvailles, les gars, mais si on en revenait à cette merde que commercialisait le type qui a été refroidi ?..

— OK Marina, reprit Furhmann, cette dope est principalement revendue dans les lycées auprès des petits bourges friqués, de race blanche de préférence. Sans discrimination aucune, on peut dire que c’est une caillera de bicaud qui est à l’origine du trafic pour avoir la main mise sur le Nord de l’Île de France : Izmaar Eagle, le Caïd de Sarcelles.

— Ce nom me dit quelque chose… souffla la jeune femme.

— Le nouveau prince du hip-hop.

— Mais oui, bien sûr ! Mon fils m’en a parlé au dîner, sa copine doit tourner un clip avec lui.

— Le problème, c’est qu’on n’a aucune emprise sur cet enfoiré, sauf si on réussit à prouver qu’il est le meurtrier…

— Sois plus clair, Wil ! s’impatienta Oettinger.

Furhmann sortit de sa poche de la poudre bleue emballée dans une cellophane accompagnée d’une statuette métallique, le tout enveloppé dans un sachet plastique.

— Qu’est-ce que c’est ? questionna Marina.

— Du Dream in blue, relié à l’emblème du Caïd, un aigle en argent… On les a retrouvés sur le tableau de bord du coupé bavarois.

— Il est assez con pour signer son crime ? s’interrogea le rouquin.

— C’est là que le bât blesse, il s’offre les meilleurs avocats du Tout-Paris et ne manquera pas d’avoir un alibi en béton armé. Cela dit, c’est votre seule piste…

— Et qui est le deuxième macchabée ? demanda la commissaire.

— Aucune idée ! Pas de papiers, à vue de nez inconnu au bataillon.

— Et la caisse ? sonda Marco.

— Fausses plaques, numéro de série bidon, carte grise qui l’est tout autant… D’après nos renseignements, elle appartiendrait à Karim Assouyef, un petit dealer de faible envergure. Pas de casier.

Les trois policiers s’approchèrent du véhicule qui avait été la dernière demeure des deux victimes.

— La mort remonterait à 21 heures 15, tout au plus. Deux balles en pleine tête, à travers la vitre. Y’a pas à dire, c’est du travail de pro !

En découvrant le second cadavre aux cheveux grisonnants et aux vêtements fatigués, mités par une existence de SDF, Marina porta sa main à sa bouche, stupéfaite.

— Ne cherchez plus l’identité de cet homme, balbutia-t-elle, il s’agit de Jonathan Mancini…

Marc et Wilfried restèrent abasourdis.

— Vous le connaissez, Marina ?

— Un peu qu'elle le connaît, acquiesça le rouquin, il était son demi-frère…

(5) : Rick Hunter, inspecteur choc (série télévisée diffusée en France entre 1984 et 1991)

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