Une station-service du Val d'Oise (95)

Fin janvier 2011

Le premier jour

20:25

Samir Assouyef raccrocha le pistolet de la pompe à essence et se dirigea d'un pas pressé vers la boutique Shell pour régler son plein de carburant. Sur le présentoir en contrebas de la caisse, il s'empara d'une barre chocolatée qu'il posa sur le comptoir. La jeune hôtesse, très souriante, s'adressa à lui.

— Bonsoir Monsieur. Alors, nous avons un Mars à un euro cinquante et quarante litres de sans plomb 95, ce qui nous fait un total de soixante-trois euros cinquante, s'il vous plaît.

Le jeune maghrébin farfouilla dans son portefeuille relié à son ceinturon par une chaîne métallique. Il tendit un billet de cent euros.

— Tenez Mademoiselle.

— Quatre-vingt-seize et cinquante qui font cent. Voilà Monsieur. N'oubliez pas votre ticket. Bonne soirée...

— Bonne soirée à vous.

Samir ne rendit pas son sourire à l'affable blondinette. Il était préoccupé. Beaucoup plus tôt dans la journée, pour ne pas se faire choper par la Brigade des Stupéfiants, il avait dû se débarrasser de la marchandise, que lui avait confiée Izmaar Eagle, dans le caniveau. Il était mal parce qu'il y en avait pour cinquante mille euros de came, qu'il ne pourrait jamais rembourser une somme pareille au Caïd de Sarcelles. Et parce que ce dernier était un créancier peu coulant. Le jeune homme rangea sa monnaie puis retourna vers sa voiture. Au moment où il allait ouvrir la portière de la Citroën, une rampe de projecteurs blancs l'aveugla. Il porta sa main devant ses yeux pour se protéger de cette lumière éblouissante et reconnut le 4x4 américain d'Eagle. Il se précipita à l'intérieur de la Xsara fluorine et démarra en trombe. Le Hummer le prit en chasse.

Contact, contact…