4 : Katia & Marco

2 minutes de lecture

Appartement de Marc Oettinger

Quartier de la Préfecture

Cergy-Pontoise (95)

Fin janvier 2011

Le premier jour

16:30

Le soleil hivernal qui filtrait à travers les persiennes lécha le gracieux visage de Katia Sdresvic. Ses lourdes paupières chargées de fard s'ouvrirent progressivement. Allongée sur les draps froissés du lit king-size, elle égara son regard de saphir sur le corps dénudé de son fougueux amant et sourit en le contemplant dormir du sommeil du juste. Elle caressa de sa douce main manucurée le dos musclé de l'homme à qui elle s'était donnée une grande partie de la journée, par amour. Puis, elle se leva le plus délicatement possible et enfila à la hâte une longue chemise masculine. Le bruit furtif du tissu sur son corps féminin réveilla Marc. Il se tourna vers elle.

— Katia ? Il est quelle heure ?

— 16 heures 30. Prends ton temps mon chéri, je vais te préparer un brunch.

Le grand rouquin aux yeux gris-bleu s'assit au bord de sa couche et attrapa sa maîtresse par la taille.

— Tu ne veux pas qu'on remette le couvert ?

— C'est très distingué comme expression, mon Marco ! Tu ne peux pas dire faire l'amour à nouveau, comme tout le monde ?

— Katia, ni toi ni moi ne sommes comme tout le monde.

Il embrassa le ventre plat de l'ex-prostituée en pelotant son séant. Il n'avait pas beaucoup changé depuis leur première rencontre. La quarantaine venue, il ne s'était même pas empâté. Son crâne s'était légèrement dégarni et ses rides s'étaient accentuées à la mort de sa fille, mais le charme opérait toujours. Son caractère s'était certes assombri, exacerbant son côté invivable et désabusé qui faisait fuir la plupart des éventuelles compagnes. Mais Katia était restée. Parce qu'elle connaissait son histoire, parce qu'il avait toujours été là pour elle, parce qu'il avait rendu son rêve possible : devenir femme. Elle lui pardonnait tout parce qu'elle savait sa sensibilité enfouie au plus profond de son être. Et parce qu'elle l'aimait.

— Chéri, tu vas me mettre en retard !

Depuis son arrêt forcé, les traits de l'inspecteur borderline s'étaient néanmoins détendus. Katia s'était mise à espérer une vie meilleure pour eux deux, même s'il lui fallait cohabiter avec l'alcool, la drogue et le fantôme de Jenny, paquetage hérité de son passé.

— Marco, je bosse ce soir...

Le rouquin rendit les armes et s'étendit de tout son long, les mains derrière la tête.

— Tant pis pour toi, ma belle, tu ne sais pas ce que tu perds !

— Je connais l'étendue de tes talents, mais tout vient à point à qui sait attendre.

Katia abandonna momentanément son homme et se dirigea vers la kitchenette du modeste appartement. Marc disait vrai, ils ne formaient pas un couple conventionnel. Parce que leurs destins avaient cassé les codes traditionnels et que leur amour s'était affranchi de tous les obstacles.

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