Chapitre 2 - [1/3]

4 minutes de lecture
  • Mot de l'auteur : Afin de favoriser votre lecture, j'ai découpé les chapitres suivants en sous-parties de 4 minutes de lecture environ. Ceci me permet de vous proposer des nouveautés plus rapidement, mais est également plus agréable pour votre lecture. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Sur ce, je vous souhaite une très bonne lecture !

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 Une goutte de sueur coula le long de ma nuque, prise en otage par le canon de l'arme. Je démarrai la voiture. La gorge serrée, je n'arrivai ni à respirer convenablement, ni à déglutir. Impossible de dire un mot. Mes griffes me chatouillaient, déchirant le cuir du volant. Mon instinct resurgissait face au danger. Je n'avais pas entendu la ceinture de sécurité s'enclencher. Si je freinai brusquement, il se claquerait contre la banquette avant. Je pourrais profiter de sa confusion pour lui bondir dessus et le désarmer. Cependant, je ne connaissais pas son espèce : je ne serai jamais aussi rapide qu'un pantherines, aussi fort qu'un ursus et mon plan serait déjoué par un vulpine.

 Je dirigeai mon regard vers le rétroviseur pour obtenir l'information. Je n'eus pas le temps d'apercevoir la personne, que j'entendis le chien de l'arme s'armer. Je sursautai de nouveau, gardant mon regard sur la route.

« Garde le regard sur la route ! Un accident est si vite arrivé.»  

La menace m’était clairement destinée. Impossible de déterminer son espèce, son odeur m’était inconnue. Sa voix ne me permettait pas de discerner son sexe. Elle pouvait aussi bien appartenir à une femme, qu’à un jeune homme. Il fallait que je trouve un prétexte, que j’agisse. Je ne pouvais pas conduire indéfiniment, ni même l’emmener à sa destination. Que me ferait-il lorsque j’aurais sagement obéi à sa requête ? me demandai-je en gardant le regard sur l’avenue. Bientôt, j’arriverai à un croisement, c’était le moment de lui demander son chemin.

« Où dois-je vous emmener ? demandai-je avant le croisement.

- À gauche. Je t’indiquerai le chemin. Accélère.»  

 L’individu aboya ses ordres, répondre aurait été du suicide. J’appuyai sur la pédale d’accélérateur, plaçant l’aiguille au-delà de la limite autorisée. Je le sentais s'impatienter à l’arrière, il me donnait des indications. Soudain, la voiture passa sur un nid de poule. La vitesse propagea le choc sur le côté gauche du véhicule. C’était un miracle si je n’avais pas cassé une suspension, pensai-je. L’individu poussa un gémissement de douleur, aussitôt la pression sur ma nuque se dissipa. Je devais saisir cette occasion.  

 Je regardai dans le rétroviseur avant d’écarquiller les yeux. Un être humain. Ce n'était pas possible. Il n'avait pas le droit de franchir les murs de la ville, à moins d'avoir un talent inné ou une dérogation. Ses longs cheveux blonds mi-longs encadraient un visage aux traits fins crispés par la douleur. Il portait un sweat-shirt démesurément grand, ainsi qu’un pantalon noir serré, déchiré au niveau des genoux. À présent, je comprenais son comportement. Sa peau nacrée était si fragile qu’une simple pression de mes griffes aurait suffi à l’abîmer. Dépourvu d’arme naturelle, il n’avait pas d’autres choix que d'utiliser la ruse et une arme à feu. Je commençai à saliver. La voiture ralentit. L’humain finit par ouvrir les yeux. Ses yeux verts se posèrent sur les miens. Il allait lever de nouveau son arme, déterminé. Je m’apprêtai à riposter. La voiture s’arrêta brutalement.  

 Un cri de douleur retentit. Ses longs doigts graciles appuyaient sur son sweat-shirt qui s’imprégnait de sang. Je n’avais fait aucun geste. Je restai un moment abasourdi face aux événements. Cette blessure ne pouvait pas être de mon fait. J’attrapai l’arme à feu pour la mettre dans la boite à gants, là où l’humain ne pourrait pas l’attraper. Mes mains tremblaient, je commençais à étouffer. J'avais l'impression que le véhicule se refermait sur moi, j'étais pris au piège. Je devais me reprendre et calmer ma respiration. Ce n’était pas le moment de faire une crise. J’avais repris la situation en main, pensai-je en avalant ma salive. Je devais prendre une décision rapidement. Je tournai ma tête vers l’individu. Le sang continuait de se répandre sur le vêtement. Si je ne faisais rien, il allait mourir. Merde, pensai-je en poussant un soupir de résignation. Je retirai ma cravate avant de la lui jeter.

« Fais-toi un garrot ! »

 L'individu s'exécuta en gémissant. Je passai ma main dans mes cheveux, poussant un profond soupir. Comment je m'étais mis dans cette merde, pensai-je en fixant la route déserte, tandis que l’humain continuait à se vider de son sang, je savais que je n’aurais pas dû m’arrêter à ce cinéma. Je passai la première vitesse, redémarrant le moteur avant de lancer un regard glacial au passager. Ce dernier me le rendit sans vergogne.

« Je t’emmène à l’hôpital ! Tu répondras de tes actes là-bas.
- Non, pas l’hôpital ! Tu seras dédommagé... Gracieusement dédommagé. Emmène-moi à....»

 Le trou noir. L’humain s’écroula, soudainement sur la banquette. Choc hypovolémique, causé par l’hémorragie. Je devais impérativement trouver une solution. L’hôpital était à l’autre bout de la ville, il serait mort avant d’y arriver. Réfléchis, saleté d’hybride, m’insultai-je. Il n’y avait qu’une seule personne capable de nous aider à l’heure actuelle. Une seule personne capable de tenir un aussi lourd secret. J’accélérai aussitôt me dirigeant vers la bordure nord-est de la ville.

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