IRIS - Interrogatoire musclé à Baboucheland

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Scars - Boys Epic

Mes deux compères et moi traversons le portail que le petit Jeannot a gentiment ouvert sous la menace de Blondie. D'ailleurs, c'est quoi cette antiquité qu'il porte au doigt ? Je n'avais pas fait attention, mais comment j'ai pu rater un truc pareil ! Un anneau en or surmonté d'une pierre rouge, un rubis peut-être ?

Je me poserai des questions plus tard... parce que nous voilà au milieu d'une boutique de babouches et je suis toujours plaquée contre le ricain ! Passé la surprise, je me dégage vivement, tandis que le Cow-boy replace les bracelets magiques sur les poignets de Lulu. Très bonne initiative gamin !

Le vendeur nous regarde, avec des yeux comme des soucoupes, et commence à hurler et à nous menacer avec une chaussure. Il va rameuter tout le souk avec ses conneries ! Je lui plante mon poing dans le pif et il s'effondre contre les étagères. Enseveli sous une montagne de babouches, la situation est presque comique et je lâche un petit rire nerveux.

Je donne un coup de botte dans le corps inerte, histoire de vérifier s'il est bien endormi. Puis j'arrache ma perruque, ça commençait sérieusement à gratter ! Je balance la moumoute sur le tas de chaussures où dort le vendeur malchanceux.

Jean-Luc me reluque comme un chien affamé, quel mec minable !

— Belle carrosserie, dommage que je n'ai pas pu te baiser !

Pardon ? J'ai du mal comprendre ! Je me dirige vers lui, prête à lui asséner un crochet du droit, lorsque contre toute attente, Blondie lui colle violemment son poing dans la figure. Oh ben merde alors ! Je garde le mien levé, pendant que Lulu essaye de contenir le sang qui s'échappe de son nez.

— Parle-lui encore comme ça et je te casse la gueule pour de bon ! siffle le Cow-boy.

Grand Dieu, qui est l'homme qui se trouve devant moi ? Le portail lui a grillé le cerveau ou quoi ? Claude François bon marché commence à se plaindre, il va être chiant lui !

— Mais putain, vous êtes qui ? Vous me voulez quoi ? Vous êtes tarés !

— Parce que tu crois que c'est toi qui poses les questions !

Je lui hurle dessus, faute de lui casser le nez, puisque c'est chose faite par Blondie.

— On retourne à la Guilde pour l'interroger, je déclare, en me tournant vers lui.

— Non, pas la Guilde. Jeannot va nous amener ailleurs, hein mon lapin ?

— Et pour quelles raisons ? je demande, dépitée.

— Pas besoin de raisons, pas la Guilde, c'est tout.

Il m'énerve ! Par les saints ! Pourquoi je ne peux pas le tuer ? Je regarde les deux énergumènes, Jean-Luc va bientôt faire dans son froc. Il fixe la bague de Blondie avec effroi comme s'il tenait une bombe atomique dans les mains. Il faut que je me renseigne auprès de Benjamin sur les pouvoirs de cet étrange objet...

Surtout que depuis tout à l'heure, le Cow-boy a vraiment un comportement bizarre, j'ai l'impression qu'il est en transe. Il tourne autour de sa proie, le regard illuminé d'une excitation malsaine. Il faut que j'arrive à trouver une solution.

— On ne va nulle part, je déclare. On reste ici, comme ça tout le monde est content ! C'est non-négociable !

Bon, on est ici, autant en profiter ! Je donne un coup d'œil à la pièce et enjambe le pauvre mec au sol. Une porte attire mon attention, je me saisis de la poignée. Fermée.

Je l'enfonce avec mon épaule et tombe sur une réserve. Parfait ! Il y a même une petite chaise pour notre Jean-Luc !

— Amène la bête, on va faire ça ici ! j'interpelle le ricain qui fixe notre otage, une lueur vraiment glauque dans le regard.

Il ronchonne dans sa barbe et finit par déposer les armes en tirant notre invité d'honneur par le col. Blondie passe devant moi, je croise ses yeux qui sont totalement différents de tout à l'heure sur la piste de danse. Ils paraissaient doux et plus humains, mais là c'est l'inverse ! On dirait un animal, pressé de dévorer sa proie.

Je suis conne, moi qui pensais qu'il était en train de changer son comportement, je me fourre le doigt dans l'œil !

Je m'empare du bras de Jeannot, pour essayer de calmer le blondinet américain et le tire en direction de la chaise.

— Assis, j'ordonne.

On dirait une maîtresse de donjon BDSM, je rigole intérieurement à cette pensée. Une reconversion peut-être ? Je vois le Cow-boy retirer sa veste et remonter ses manches, comme les professionnels de la torture qu'on voit dans les films d'espionnage.

— J'ai dit ASSIS ! je crie.

Il est bouché ou quoi ?

Ah voilà ! Il s'exécute pour mon plus grand plaisir.

— Bien, bon garçon !

J'ai presque envie de lui donner une tape sur la tête pour le féliciter. Tu délires, ma fille ! Je récupère des bandes de cuirs (pratique la boutique de babouches !), pendant que le Cow-boy tourne en rond comme un taureau qui attend le combat.

Je reviens vers Lulu qui me tend bien sagement ses mains, je crois qu'il doit connaître le donjon lui. Je m'occupe d'attacher ses poignets à la chaise, tâche difficile puisqu'il tremble comme une feuille.

— Qu'est-ce que vous allez me faire ? Vous me voulez quoi ? pleurniche notre otage.

Le ricain me bouscule, et je manque de finir la tête dans l'étagère. Mais ça ne va pas ! Il lui manque une case !

— Où est Allistair ? crache Blondie en saisissant brutalement Lulu par le col de sa chemise.

— Qui ça ? Je ne sais pas de qui vous voulez parler !

Mauvaise réponse, la tête de Jeannot pivote presque entièrement sous l'énorme baffe que lui colle le Cowboy. Je suis étonnée de ne pas voir des dents voler après un tel impact !

— J'ai dit où est Allistair ? répète le ricain en tenant fermement le menton sanguinolent pour forcer Lulu à le regarder.

Ses yeux sont fous, comme possédés, il lui broie la mâchoire avec sa main, ses bras sont tendus à l'extrême. Il serre les dents, impatient d'entendre la réponse de Jean-Luc. J'observe la scène légèrement en retrait, un peu sonnée par le comportement agressif du blondinet. Je plisse les yeux pour essayer de voir si je capte quelque chose d'anormal, mais rien.

— Pitié, je ne connais pas d'Allistair, répond Jeannot en crachant un mélange de sang et de bave.

Le ricain laisse retomber brutalement la tête de Lulu, il fait le tour de la réserve en faisant craquer ses doigts, une grimace sadique sur sa gueule d'ange. Je me retourne vers les étagères et m'empare d'une pince en métal. Décidément on devrait faire des interrogatoires plus souvent dans des boutiques de chaussures !

Blondie passe devant moi en me frôlant, je l'arrête en lui empoignant l'avant bras. Deuxième contact physique entre nous et à nouveau, une étrange et agréable sensation s'empare de mes entrailles. Oh, mais ça ne va pas ! On est en train de torturer un mec et moi je déraille !

Ses yeux se posent sur moi, des flammes brûlent dans ses iris, rien à voir avec l'homme qu'il était avant de rentrer dans ce fichu magasin de babouches ! Je lui montre la pince et il me fait un grand sourire sadique en la saisissant. Il hoche ensuite la tête en guise de remerciement.

— Alors mon lapin ! T'es sûr que tu ne connais pas d'Allistair ? s'amuse le ricain en faisant claquer la pince devant le nez de Jeannot qui pleurniche des choses incompréhensibles, ses grands yeux violets écarquillés comme des soucoupes.

— Je ne vous dirais rien !

— Voyez-vous ça ! rigole mon acolyte en plaçant son outil devant les doigts de Jean-Luc. Plouf-plouf !

Un cri strident retentit et un ongle tombe sur le sol en terre battue. Des larmes roulent sur les joues ensanglantées de notre otage. Il se débat sur son siège en essayant de défaire ses liens. Cours toujours mon Coco c'est moi qui t'ai attaché ! Blondie approche la pince d'un deuxième ongle, lorsque Lulu s'écrie :

— Attendez ! Vous ne comprenez pas ! Je ne peux rien vous dire !

— Je m'en branle.

Et de deux ! Qui dit mieux ? Des gouttes de sang serpentent sur les accoudoirs de la chaise, formant une petite flaque foncée sur le plancher.

Le rictus affiché par Blondie m'inquiète de plus en plus, son visage est tordu, méconnaissable. Le bijou qu'il porte commence à émettre une faible lueur, je tique en voyant ça. C'est pas normal, il va falloir que je fasse attention...

— Ils vont me tuer si je parle, pitié !

— Et si tu ne parles pas, c'est moi qui vais te buter mon petit Jean-Luc, susurre le blond en souriant.

La pince traverse la pièce en frôlant l'oreille du chanteur de disco. Le ricain s'écarte et se dirige vers sa veste pour en sortir son paquet de cigarettes. Comme si c'était le moment ! Il allume une clope, tire quelques taffes et souffle dans la gueule de Lulu en lui offrant une vue imprenable sur sa dentition parfaite.

— J'ai une question pour toi, tu préfères quel œil ? demande-t-il en attrapant une touffe de cheveux, pour maintenir la tête blonde en place.

— Non ! Non ! Vous n'avez pas idée de ce qui se trame ! Allistair, c'est juste le sommet de l'iceberg ! révèle JL à grands cris.

Oh merde ! ça veut dire quoi ça ? Un bruit de brûlure et l'odeur de chair cramée me sortent de mes pensées. Nom de dieu ! Le Cow-boy est en train d'écraser sa cigarette dans le globe oculaire droit du Passeur qui hurle à la mort.

Stop ! Je pense que je suis restée assez en retrait.

Je m'avance, tire par l'épaule le blond et m'éloigne de Lulu pour avoir une discussion avec lui. Je le plaque contre la porte en le tenant par le col et en plantant mon regard dans ses yeux qui n'ont plus rien de rationnel. Tout est vide, il n'y a plus une once de bon sens. C'est dangereux, si ça continue, un autre cadavre viendra remplir notre tableau de chasse, et je n'ai pas besoin de ça en ce moment.

Il lui manque une case, sérieux ! C'est un professionnel ou un enfant avec un permis de tuer ? J'ancre mon regard au sien et chuchote :

— Arrête tes conneries ! Il est en train de parler, si tu le tues, nos infos partiront en fumée !

— Fous-moi la paix ! il gronde, le souffle court. Je sais ce que je fais !

— Visiblement pas ! La bague, donne la-moi ! j'ordonne.

— Mais dégage ! il hurle. NE.ME.TOUCHE.PAS !

Je fais pression sur son torse et lui assène un coup sur sa tête de con. Il a perdu les pédales, il faut que j'arrive à le raisonner ! Il secoue la tête après l'impact et du sang s'écoule de son arcade. Ok, j'aurais pu être un peu plus diplomate, mais ce n'est pas mon truc.

Il me repousse violemment, je croise ses yeux et vois qu'ils ont changés. Ils brillent à présent d'une lueur perdue et paniquée. Blondie reste un instant à me fixer, l'air hagard, puis il quitte la boutique en trombe, me laissant sans aucune explication, les bras ballants et avec Jean-Luc en sang.

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