IRIS - Jeanine la guerrière

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Within Temptation - Iron

Non, mais sérieusement ! Pas mal ? C'était cataclysmique oui ! Quelle affreuse menteuse je suis ! En plus je n'ai plus de culotte !

Je me pose contre le mur du couloir en reprenant mon souffle, mes joues me brûlent et je passe ma main sur mon épaule, là où il a laissé la trace de ses dents.

Heureusement que personne n'est entré dans les toilettes, en plus l'autre débile de Matthew, le pif en sang était couché sur la cuvette. Dire que j'ai dû jouer la comédie avec cet abruti qui me considère comme un trophée ! Il me dégoûte !

Je lisse ma robe et replace mes cheveux quand la porte s'ouvre sur Blondie qui me fusille du regard. Il me passe devant, la tête haute, visiblement sa fierté en a pris un coup. En plus il s'est confié à moi et je lui sors un truc pareil ! La téquila d'hier doit encore me faire de l'effet...

La vérité, c'est que j'aime bien le taquiner, c'est plus fort que moi et aussi parce que ma colère n'est pas redescendue ! Il m'a parlé de son ex, mais je sais qu'il me cache encore des choses, je le sens.

Le ricain bidouille la montre sur son poignet, tout en marchant et je le suis en soufflant. Je crois que j'ai abusé, mais tant pis ! Je me place à côté de lui, il frotte un mouchoir ensanglanté sur sa Rolex en marmonnant dans sa barbe. Tiens, monsieur a des goûts de luxe ! C'est vrai que pour la couverture on repassera, parce que je ne sais pas où il a vu qu'un serveur avait les moyens de se payer un truc pareil !

Il jette le tissu sur le sol et puis tout à coup, son corps se trouble et sous mes yeux, il se transforme en Matthew ! Mais quoi ! Comment il fait ça ! Je suis sur le cul et reste planté sur place pendant qu'il continue sa route comme si c'était normal.

Blondie ou plutôt Matthew le connard se tourne dans ma direction et me lance avec impatience :

— Mais qu'est-ce que tu fous Miss France ! La vente a sûrement déjà commencé !

— Comment t'as fait ça ? je lui demande en pointant sa nouvelle apparence.

— C'est Lars.

Comment ça, c'est Lars ! Je croise mes bras sous ma poitrine et lui lance un regard noir. Il lève les yeux au ciel en soufflant d'agacement. Ah ! Elles sont loin les minutes torrides dans les toilettes...

— Non, en fait, ne dis rien. Je ne veux pas savoir, rajoute ça sur la liste de tes secrets ! je lui siffle.

Je reprends ma route, avec les yeux noirs de Matthew qui me fixe d'un air exaspéré. Nous arrivons devant les gardes postés devant la fameuse salle rouge et je reprends mon rôle de cruche en me pendant au bras de mon acolyte.

Ils adressent un signe de tête à « Matthew » et nous laissent rentrer dans la pièce aux lumières tamisées où un petit nombre d'hommes est déjà présent, la plupart accompagnés de filles magnifiques.

C'est la foire aux monstres ! Je suis bien contente de ne pas être en France, sinon je serais déjà morte ! Des démons dans leur forme originelle (cornes et crocs immenses sortis), des vampires, des sorcières, des loups-garous et même des changeformes !

Je ne me souviens pas avoir vu des hommes-lézards depuis des lustres ! Ils me dégoûtent avec leurs peaux écailleuses, leurs langues fourchues et dire que ça émoustille certaines filles ! Blondie évite le groupe de reptiles et je suis ravie qu'il le fasse, ils me foutent vraiment la trouille !

Nous continuons notre chemin en passant devant des vitrines où sont exposées des armes anciennes. Des lances, des masses, des arbalètes et j'en passe... Il y a même des artefacts magiques, je regarde toutes ses beautés, je suis totalement hypnotisée. Je secoue la tête pour revenir sur terre et surtout pour reprendre la mission ! Pas le temps de divaguer, on a déjà assez batifolé comme ça dans les toilettes !

Avec mes capacités, je scanne les invités dans l'espoir de trouver notre démon chéri, mais avec toutes les espèces présentent ce soir c'est difficile ! Et pour couronner le tout, les amis de Matthew viennent se planter devant nous.

— Alors Patron, vous vous êtes bien amusé avec la poupée ? demande un petit blond en lorgnant sur la marque de dents bien en vue sur mon épaule.

Les autres se fendent la poire, quelle bande d'abrutis ! Blondie affiche un sourire féroce et donne une grande claque « amicale » dans le dos du petit branleur qui manque de se ramasser sur la moquette. Décidément son rôle de big boss lui va comme un gant !

Vite ! J'ai besoin d'un verre pour supporter cette soirée de merde ! Le ricain, lui, frappe dans ses mains avec un air enjoué en demandant :

— Bien ! Où est ce bon vieux Allistair ?

— Derrière toi, très cher ! s'exclame une voix nasillarde dans notre dos.

Un sourire diabolique apparaît sur les lèvres de mon acolyte, il commence à me faire flipper surtout avec la tête de con de Matthew. Nous nous retournons en même temps vers notre proie, je découvre Allistair et je dois dire que je suis déçue !

Habituellement les démons prennent des enveloppes humaines ravissantes, mais là, on dirait un comptable à la retraite ! Je garde mon costume de poule de luxe en souriant bêtement, je vais avoir des crampes aux joues à force !

Blondie tend la main à Allistair d'un air calme et jovial. Ils échangent des banalités en se dirigeant vers des fauteuils en cuir plus loin, me laissant en plan royalement ! Je reste plantée là quelques instants, il me fait quoi ? La mission, c'est ensemble, pas en solo ! Je ronchonne dans ma barbe et commence à les rejoindre lorsqu'une sensation désagréable court le long de ma colonne vertébrale.

J'ai le sentiment d'être observée, épiée et même chassée... mes sens sont en alerte maximale. Je tourne la tête dans toutes les directions pour voir d'où vient la menace, mais je ne trouve rien de suspect. Pendant mon inspection, je dois passer pour une folle puisqu'une bande de loups me fixent bizarrement. Pas encore des loups !

Je deviens dingue ? Je m'imagine des choses, il ne manque plus que j'entende des voix et on pourra m'appeler Jeanne d'Arc ! Je m'avance vers Blondie qui discute avec Allistair. Il est penché vers ce dernier avec un petit sourire menaçant. Je distingue un éclat argenté entre eux et ouvre de grands yeux furieux lorsque je reconnais son Magnum. Ce connard a commencé à interroger le démon sans moi !

Allistair est en train de ricaner d'un air mauvais lorsque je leur tombe dessus.

— Je ne sais pas pour qui tu te prends, mais tu ne mettras jamais la main dessus ! Tu crois vraiment que tu vas pouvoir arrêter tout ça ? Même avec neuf vies tu restes un pauvre et pathétique humain !

Mais de quoi il parle ? C'est quoi cette histoire de neuf vies ?

J'ouvre la bouche pour exiger des explications lorsque j'aperçois le gamin d'hier soir, Ronan, de l'autre côté de la salle. Qu'est-ce qu'il fout là ? Ses yeux vicieux sont braqués sur le ricain qu'il fixe intensément, la mâchoire serrée. Il se déplace lentement vers nous comme un fauve traquant son repas et il n'y a rien d'humain dans son regard. Sa main glisse sous sa veste et je réagis au quart de tour.

Putain !

Je fonce sur Blondie et le pousse brutalement à terre en me couchant sur lui. Une balle siffle et la tête d'Allistair explose au-dessus de nous.

C'est quoi ce bordel ?!

L'amerloque me regarde avec de grands yeux surpris, lorsqu'une main s'empare de mon bras et m'envoie valser contre une vitrine qui vole en éclat. Des morceaux de verre s'enfoncent dans mes bras m'arrachant une grimace de douleur. Un peu sonnée, je me relève avec difficulté, vacillant sur mes jambes avec ces talons de malheur.

J'arrache les débris en serrant les dents tout en cherchant le ricain du regard. Je découvre avec horreur que le fameux Ronan est en train de se défouler sur lui. Ils se battent comme des bêtes, mais le rouquin est trop fort et trop rapide.

Blondie se prend un coup dans l'estomac, puis l'autre lui fracasse son coude en pleine figure. Ronan le saisit ensuite par le col de sa chemise et le jette violemment contre une table qui craque et s'effondre dans un boucan pas possible.

Mais c'est qui ce type ! Il arrive à dominer le Cow-boy, et c'est comme si ça ne lui demandait aucun effort. Autour de nous, les invités détalent sans demander leurs restes, visiblement terrifiés par ce type sorti de nulle part qui, lui, n'a d'yeux que pour Blondie. Ce dernier reste à terre complètement sonné. La montre a disparu de son poignet et il a repris sa véritable apparence.

— Où est-ce qu'il est Leo ?! crache Ronan en s'avançant vers l'autre qui est encore affalé sur la table brisée. Où as-tu caché le Séraphin ? Parle ! Je vais te tuer !

Non non non ! Si quelqu'un doit tuer ce crétin, c'est moi !

Vite une arme ! Je m'empare d'une arbalète dorée au sol, et sans attendre, je tiens ce foutu Ronan en joue en plaçant une flèche. A nous deux mon gars !

— Hé, poil de carotte ! je hurle dans sa direction.

Il se tourne vers moi et je lui tire une flèche, direct dans la poitrine. Elle le traverse de part en part, mais il ne s'effondre pas, au contraire, il ne bouge pas d'un pouce. Son regard bleu et froid se pose sur moi, puis il saisit le carreau d'une main et le retire lentement, le visage dénué de toute expression.

Ses yeux deviennent alors tout blanc et luisent carrément d'une lumière surnaturelle, tandis que sa bouche s'étire en un rictus sadique.

Par tous les Saints ! C'est quoi ça ?!

Je crois qu'il n'a pas apprécié le coup de l'arbalète ! Il change de cible et fonce droit sur moi. Je m'empare de mes couteaux cachés sous ma robe et évite un coup de poing en tournant sur moi-même. J'en profite pour lui planter une lame dans le rein et m'écarte rapidement en retirant l'arme dans une giclée de sang.

La blessure ne le ralentit même pas d'un poil. Avec une rapidité surhumaine, il me donne un coup dans l'estomac, je recule de quelques mètres, le souffle coupé. Ses yeux sont fous, animés d'une rage intense.

Il revient à la charge avec une attaque rapide que je réussis quand même à bloquer avec mes avant-bras. Mes pieds glissent sur le sol sous la force de l'impact et j'en profite pour lancer mon couteau vers son visage. Un filet de sang gicle de la profonde entaille... qui se referme aussitôt en luisant faiblement du même blanc que ses yeux.

Putain de merde ! Mais c'est quoi ce mec ?

Notre affrontement est intense, de la sueur coule sur mon front. Ce type est une véritable machine à tuer ! J'esquive tant bien que mal ses attaques et lui retourne des coups bien placés dans ses côtes. Mais il pète toujours autant la forme.

Je ne sais pas si Blondie va bien, j'espère qu'il est pas trop sonné parce que j'aurais bien besoin d'aide ! Ronan me fait un sourire féroce, il ne doit certainement pas apprécier de se faire taper par une fille.

J'évite un coup de pied et me retourne pour vérifier si le ricain est toujours vivant. Grave erreur, car ce moment d'inattention donne une ouverture à l'autre. Je vois les yeux bleus du rouquin se planter devant les miens. Sourire aux lèvres, il me poignarde violemment le ventre avec la flèche que je lui ai envoyée plus tôt.

Le souffle coupé, je lâche mes couteaux qui atterrissent au sol et je tombe à genoux, les mains crispées sur la longue tige dorée qui dépasse de mon abdomen.

Merde ! La douleur est insoutenable.

Lentement, impitoyablement, Ronan enfonce le carreau dans ma chair, puis me saisit à la gorge de son autre main. Sa bouche se déforme dans un rictus diabolique et je crache du sang sur le devant de sa chemise.

Blondie surgit brusquement par la gauche. Il enfonce brutalement une dague dans le cou de l'abruti qui me lâche et je m'écrase sur la moquette dans un gémissement de douleur. Putain, je vais vraiment crever là comme ça ? Tout ça pour avoir essayé de sauver les fesses de l'amerloque !?

Ma vision se trouble, mais j'arrive encore à voir le ricain jeter un truc sur l'autre connard qui se transforme immédiatement en torche humaine dans un cri de rage.

Des points de lumière scintillent dans mon champ de vision, c'est la fin bordel !

Deux bras puissants me soulèvent avec difficulté et ma tête tombe lamentablement en arrière. Je croise les émeraudes affolées de Blondie qui me colle contre son torse chaud et musclé. Au moins je suis vachement bien installée pour mourir ! Mes paupières sont lourdes et j'ai subitement envie de faire une sieste...

La voix du ricain me force à rouvrir les yeux et j'entends des bribes de phrase.

— Miss France reste avec moi !... Ne t'endors surtout pas...

— Je me sens tellement bien dans tes bras... je murmure, avec un petit sourire niais.

— Cet espèce d'enfoiré ! Je vais le buter...

Je sens qu'il me serre contre lui. Je respire son parfum, cette odeur qui m'enivre tellement... Sa voix paniquée me semble désormais loin, très loin...

— Non non non, Miss France... il supplie. Iris, reste avec moi d'accord ? Iris...

J'essaie de lutter, mais c'est trop dur. Il faut que je... que je dorme un peu. Vaincue, je ferme les paupières et les ténèbres m'enveloppent.

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