IRIS - Petit papa Noël

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Fortunate Son - The Dead Daisies

Tiens, maintenant le ricain a des idées ? Je lève un sourcil intéressé et l'invite à poursuivre d'un geste de la main. C'est pas que je sois pressée, mais un peu quand même ! Je pue, je suis fatiguée et il me tape sur les nerfs !

— Les Passeurs.

Je le fixe en attendant la suite, mais il reste muet. Dieu que ça va être long..

— Les Passeurs ? je lui demande.

Il lève les sourcils, comme s'il me prenait pour une attardée mentale. Évidemment que je sais ce que sont les Passeurs, pourtant le blondinet doit croire que je suis née de la dernière pluie ! Il va prendre place sur un canapé en cuir brun, pose ses bras sur le dossier et croise les jambes. Mettez-vous à l'aise Monsieur l'Américain !

— Tous les démons sont capables de se téléporter, sauf les plus faibles. Tout le monde suit ?

Je vais lui casser les dents ! Je lève les yeux au ciel pour la dixième fois de la journée. Je croise mes bras sur ma poitrine et colle mon dos contre le mur.

— Donc, ces... « démonets » (il mime des guillemets en ricanant) font appel aux Passeurs pour franchir des portails.

— Ça, on est déjà au courant. J'ai eu des cours de Démonologie, donc tu peux sauter cette étapes d'explication, je lui siffle.

La tension est palpable entre nous, l'air est rempli d'électricité et j'avoue avoir envie de lui envoyer une décharge dans le pif !

— Votre démon fait partie des plus faibles, donc logiquement un Passeur l'aide. On aura besoin de Lars pour trouver le nom et l'endroit de celui qui file un coup de main à Allistair.

— Ok, donc c'est facile ! On chope ce fameux Passeur et on l'interroge !

Le visage du ricain se fend d'un rictus moqueur, je déteste ces sourires qu'il plante sur sa tête ! Impossible de savoir s'ils sont sincères ou si c'est un masque.

— Oh là ! Tout doux, Miss France ! C'est un cercle très fermé, difficile à trouver, surtout que les Passeurs voyagent constamment entre différents mondes. C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! Si tu penses les trouver en claquant des doigts, c'est que tu crois encore au Père-Noël ! Papa et maman ne t'ont rien dit ?

— Connard !

Une douleur vive envahit ma poitrine, espèce d'enfoiré ! Je me dérobe, vais devant la fenêtre et joue avec mon pendentif. Je le déteste, c'est plus qu'officiel ! Je suis perturbée, j'ai quitté la conversation, quel débile !

Marie le sait et continue de parler avec le Cow-boy avant que je lui fasse bouffer le tapis. Parler de mes parents est une chose extrêmement difficile pour moi, je n'ai aucun souvenir d'eux... Des bruits de pas m'avertissent qu'ils ont terminé de discuter, je me retourne pour partir en direction de la porte. La voix de Marc retentit dans mon dos :

— Iris, tu peux prendre une clé de chambre pour notre invité, s'il te plaît ? Alice te la donnera en passant.

— Avec plaisir ! je souffle.

Je pose ma main sur la poignée, mais le grand patron me parle de nouveau. J'ai envie de quitter cette pièce le plus rapidement possible, apparemment c'est une chose impossible !

— Iris ? m'interpelle Marc.

— Oui ?

Il me détaille de la tête aux pieds, puis me dit :

— Je sais que je me répète, mais j'aimerais que tu portes l'uniforme de la guilde ainsi qu'un gilet pare-balle. Tu sais que je tiens à toi comme si tu étais ma deuxième fille et de plus, tes parents ne me pardonneraient pas s'il t'arrivait quoi que ce soit. Je serais un bien piètre tuteur, si je te laissais mourir sur le terrain.

Il me lance un regard qui veut dire, ma fille tu as intérêt à répondre oui ! Je passe ma main sur ma nuque et le fixe pour enfin lui dire ce qu'il attend.

— Oui, chef.

Que tu crois ! Jamais j'enfilerai ce satané uniforme ! Un gilet pare-balle à la limite mais devenir un mouton noir, non merci ! J'ouvre la porte en bois et me faufile à l'extérieur du bureau.

On sort tous les trois et je me dirige vers Alice, ma meilleure ennemie, et accessoirement la secrétaire de mon patron. Je place mes mains à plat sur le bureau et fixe la punaise en face. J'affiche une expression que je le souhaite est la plus neutre possible et lui demande :

— J'aurais besoin des clefs pour une chambre d'ami, pour le jeune homme.

Ce dernier lance un regard de braise à la brune, qui n'est pas une sainte non plus. Je lève les yeux au ciel, en voyant son numéro de charme reprendre du service.

— Oui, bien-sûr. elle me répond en dévorant Blondie des yeux.

Elle se penche vers son tiroir en dévoilant son décolleté, ce qui tire un petit sourire sur la tronche de cake blonde. Sans blague, les mecs ! Elle va fouiller encore combien de temps là-dedans !

— Tu as besoin d'aide pour trouver les clefs ? je lui lance d'un ton peut-être un peu trop brut.

Elle me fusille de ses yeux marron en me tendant le trousseau, je lui arrache des mains et lui crache un « merci » peu amical. Je ne l'aime pas, c'est comme ça ! Je ne peux rien y faire, c'est physique. Marie rigole dans mon dos, suivie par le Cow-boy. Vite fuir cette morue ! Je me retourne et je suis sur le point de partir lorsqu'elle me demande :

— Tu as des nouvelles de William ?

Je m'arrête, en soufflant un grand coup afin d'éviter de lui emplafonner la tête.

— Pour quelles raisons est-ce que j'aurais des nouvelles de Will ? je lui rétorque avec le sourire aux lèvres.

— Vous êtes toujours fourrés ensemble, alors, je pensais que tu savais où il est en ce moment ?

— Mais qu'est-ce que j'en sais moi ! Vérifie entre les cuisses d'une blonde ou ailleurs ! Tu es pire qu'une sangsue, sans blague ! je lui hurle.

Elle repose ses petites fesses sur son siège, brave fille ! Déjà que l'autre guignol m'a gavé, elle ne va pas s'y mettre aussi ! Je poursuis ma route pour rejoindre ma chambre, je n'ai plus envie de parler pour l'instant, ras le bol !

— Marie, tu peux montrer sa chambre au Cow-boy, s'il te plait ?

Elle acquiesce, je lui lance les clés et prends l'énorme escalier en bois pour aller aux dortoirs. Je croise les yeux verts de Blondie qui me regarde comme si j'avais un troisième œil au milieu du front.

Je referme la porte de ma chambre et me laisse tomber contre le bois. Ma tête atterrit sur mes genoux que j'ai ramené contre ma poitrine. Respire, Iris...

Je n'ai aucun souvenir de mes parents. À chaque fois que j'essaye de me rappeler, ma tête me brûle et une migraine s'empare de mon crâne. Les médecins pensent que c'est dû à un choc, mon esprit s'est fermé et ils ne savent pas si un jour il se débloquera.

Je renifle dans mon bras et manque de m'étouffer ! C'est une horreur ! Vite la douche ! Je me lève, récupère des vêtements propres et m'enferme dans la salle de bain. Attention les yeux ! Top model en approche ! Je jette un coup d'œil dans la glace, le désastre... mes cheveux forment une masse difforme sur mon crâne et je suis couverte de sang. Une femme des cavernes, ni plus, ni moins. Je soupire, me déshabille et me glisse sous la douche.

Après deux heures à prendre soin de moi et de ma peau : je suis coiffée, habillée et parfumée ! Mieux que senteur loups des bois ! J'ai envie de rendre une petite visite à l'amerloque, j'ai des questions à lui poser. Je passe mes cheveux derrière mon oreille et grimpe à l'étage supérieur. Je fais claquer mes bottes sur les marches, histoire de prévenir de mon arrivée ! Comme ça, pas besoin de frapper !

J'attrape la clanche et pousse la porte de la chambre de Blondie... grave erreur ! Mes yeux sont en train de brûler ! Posé contre la table, torse nu (MON DIEU !), la clope au coin des lèvres, il astique... ses Magnums. J'ai eu peur pendant deux secondes. C'est limite s'il ne scintille pas sous la lumière de la lampe. Un petit rictus apparaît sur sa bouche, ça l'amuse...

— Je ne savais pas que la guilde proposait un service d'escort girl ? C'est mieux qu'à l'hôtel.

Il lève ses yeux émeraude dans ma direction et je reprends le contrôle de mon esprit. J'avance vers lui et arrache sa clope que j'éteins dans le cendrier.

— Je ne savais pas que la guilde embauchait des connards.

Il ricane en continuant de nettoyer ses armes, j'ouvre une fenêtre pour évacuer l'odeur de tabac. Je déteste ça !

— Bon, on doit faire un point.

Je récupère un tee-shirt qui traîne sur un fauteuil et le lui lance dans la poire. Il faut vite cacher cette vision tentatrice ! Des tatouages qui serpentent partout sur le torse, le dos, les bras... Sauvez-moi ! Il enfile son haut et j'ai juste le temps d'apercevoir un étrange symbole qui représente six branches savamment dessinées au niveau du cœur. J'ai envie de faire courir mes doigts dessus, non mais ça va pas du tout, Iris !

La discussion va être longue ! Non pas longue, très courte au contraire !

— Je suis tout ouïe Miss France, me répond le blond avec son éternel rictus sur les lèvres.

Je croise mes bras devant moi et me pose contre le bois du lit. Mais qu'est-ce qui cloche avec lui ? Je plisse les yeux et essaye de sentir la moindre essence étrange ou une faille. Visiblement, monsieur a des barrières autour de lui, impossible de savoir ce qu'il cache... la seule chose que je sens, c'est son odeur qui était jusque-là masquée par la crasse qu'on avait accumulée. Et quelle délicieuse fragrance ! Un parfum boisé, musqué... seul bémol, la tabac vient mettre une ombre sur ce merveilleux mélange.

Je suis folle, bonne à enfermer ! Revenons à nos moutons !

— On va mettre les choses au clair, je n'apprécie pas que tu te permettes de parler de mes parents. Ton attitude plaît certainement à un tas de gens, mais pas à moi. Des connards, j'en ai croisé un paquet et crois-moi tu es en haut de la liste. On va bosser ensemble, malheureusement... donc, j'estime que tu me dois un minimum de respect. Je ne suis pas ton amie, tu ne sais rien de ma vie, rien de mon passé et ça restera comme ça. Je ne suis pas obligée de te côtoyer en dehors des missions, c'est ce que je compte faire. Reste dans ton coin, astique tes jouets et surtout reste loin de moi.

Tout le long de mon monologue, mes yeux sont accrochés aux siens, qui restent impénétrables. Rien ne transparaît, un véritable coffre blindé. Au bout de plusieurs minutes interminables, il reprend son ouvrage et me lance un « Ok » laconique en s'allumant tranquillement une nouvelle clope.

Je serre mes bras et mes ongles rentrent dans ma peau. Contrôle-toi, ne va pas lui casser le nez. Je me redresse dans l'intention de partir, lorsqu'il reprend la parole d'une voix égale, mais je distingue une lueur étrange dans ses émeraudes :

— Désolé pour tes parents.

J'attends un peu, mais il n'ajoute rien et retourne à ses foutus Magnums. Je le fusille des yeux avant de tourner les talons et emprunter la sortie. Quel abruti !

***

Un grand merci à @Merywenn1234@ pour nous avoir soufflé le terme "Démonet" <3 !

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