Un tête-à-tête imprévu (2)

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Entre deux quintes de toux, Nick avala une bouffée d’air nauséabonde. Bien que le jeune homme ne soit pas encore en mesure de s’exprimer, Vyrian redoutait la réaction de son attaquante. Elle l’avait interrogé et il ne lui avait pas répondu. Ses craintes se confirmèrent lorsqu’elle rapprocha le couteau de sa gorge. Elle y imprima une légère pression, le forçant à se retourner. Une fois face à face, elle le réinterrogea.

— Alors, ta réponse ?

Il resta quelques secondes immobile, la dévisageant des pieds à la tête. Malgré la silhouette amaigrie de son opposant, le jeune homme eut un mouvement de recul. Son dos rencontra le mur, il chercha une échappatoire, mais il n’avait d’autre choix que de faire front à son adversaire s’il voulait se sortir de ce mauvais pas.

Vyrian lut la peur dans ses yeux lorsqu’il tenta de fuir et qu’elle le plaqua contre le mur. Sous la violence de l’impact, le biologiste entendit les vertèbres de l’Historian heurter la pierre mal dégrossie. Le jeune homme émit un gémissement et ses traits se crispèrent sous l’effet de la douleur.

Le chercheur observait la scène le souffle court, aussi terrorisé que s’il s’était retrouvé face à l’agresseur. Satisfaite de son effet, la jeune femme relâcha son emprise. Le corps immobile de Nick retomba. Dans sa chute, la lame du couteau lui écorcha le menton. À peine avait-il heurté le sol que l’inconnue le chevaucha. Elle lui tira la tête en arrière, son arme dessinait des jeux de lumière sur sa gorge.

— Parle !

— Ça te regarde pas !

— Tu ne veux vraiment rien me dire ? Très bien, meurs.

Lorsque Vyrian la vit lever son couteau, prêt à l’abattre sur Nick, il sut qu’elle ne bluffait pas. Il supplia mentalement le jeune homme de coopérer, ce n’était pas le moment de faire preuve de fierté mal placée. Sa prière sembla être entendue, le clone lui répondit précipitamment.

— C’est lui qui m’a laissé sa carte !

— Où l’as-tu vu ?

— Ce matin au laboratoire.

— Je vois. C’est donc toi. Je m’appelle Feyna. Tout comme celui que tu as vu ce matin, j’appartiens à l’homme qui habite à cette adresse. C’est lui qui nous a demandé de te trouver et de t’amener, mais je ne pensais pas que tu serais stupide au point de déclencher la sécurité de la ville.

L’étrange inconnue rengaina sa dague, libéra Nick de son étreinte et le remit sur pied. Visiblement effrayé et perdu, le jeune homme la dévisagea. Elle le fixa en retour de ses yeux jaunes aux pupilles fendues. Déstabilisé, il tituba.

Feyna lui adressa un sourire et lui montra ses oreilles aux bouts pointus et aux pavillons mobiles. Elle fit apparaître sur ses paumes de mains des callosités qui, une fois solidifiées, se colorèrent légèrement, apportant un léger contraste avec le reste de la peau. Ses mains étaient pourvues de coussinets. Pour terminer, la jeune femme tourna le dos à Nick et souleva le bas de son tee-shirt. Un pansement se détacha et des vertèbres coulissèrent hors de la plaie. Les os recouverts d’une fine membrane séchèrent à l’air libre, la membrane se solidifia, devint de la chair qui se couvrit d’une fourrure courte mais drue. La transformation à présent terminée, Nick restait pétrifié. Il exhala dans un murmure.

— Une hybride.

Vyrian discerna une seconde ressemblance avec Yomi. Les deux jeunes femmes possédaient des particularités physiques d'autres espèces. Lorsque le biologiste avait assisté à la transformation de l’Exilée en Fusionnée, il avait été intrigué, mais devant les modifications morphologiques de Feyna, il prit la jeune femme en pitié. Que lui avaient-ils fait subir ? Dans son monde, seuls des animaux avaient été hybridés. Ils se révélaient stériles et leur durée de vie était raccourcie. Était-ce aussi le cas de Feyna ? Vyrian ne pouvait imaginer le niveau de corruption et de désespoir qu’il fallait atteindre pour en venir à hybrider des humains. N’avaient-ils aucune éthique ?

L’Historianne ne semblait pas attristée de son sort. Excepté ces particularités, son apparence restait humaine. La curiosité dépassant la crainte, Nick l’interrogea.

— Qui est ton créateur ?

— Yvias Ewias, un scientifique renégat. Il y a dix-huit ans, il travaillait sur le même projet que ton père.

Nick ne parut pas surpris par cette annonce.

— Je peux t’amener à lui si tu le désires.

Vyrian le vit hésiter. Les réponses étaient à portée de main, pourtant il n’osait franchir le dernier pas.

— Est-il fiable ?

— Yvias peut être qualifié de beaucoup de choses, mais je te déconseille de lui accorder ta confiance.

— Mon père est un homme respecté, pourtant il m’a trahi. Alors un homme qui ne cache pas sa véritable nature vaut mieux qu’une personne dissimulant ses actes. Je vais le rencontrer.

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