53 (partie 2 )

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Léo

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Je dépasse Andres pour rejoindre l'écran d'ordinateur dissimulé derrière lui, et constater la facilité déconcertante des plans d'accès envoyés dans la nuit par le membre de Redhead. Une tour sur plusieurs étages – une vingtaine – et accessibles par ascenseurs ou deux escalier situés de chaque côté de l'immeuble. Mais également un long conduit d'aération verticale accessible par l'extérieur, et qui serait bien utile en cas de départ précipité.

— On part dans combien de temps ?

— Le groupe pour l'usine part dans trente minutes avec Gerulf. Nous, dans une heure.

— Le matériel est prêt ?

Juan opine en me désignant plusieurs sacs étalés sur les tables de la salle. Chacun d'eux contient armes, eau et matériel de communication. Comme pour la dernière mission, nous serons connectés par groupe, grâce aux oreillettes et aux microphones récupérés lors de la descente à la base militaire.

— Léo ?

Je coule à peine un regard ennuyé à ma mère avant de tourner les talons pour retourner vers l'ordinateur et transférer les plans du bâtiment sur mon portable.

— Léo, répète t-elle en me rejoignant.

— … quoi ? Tu vois pas que je suis occupé là ?

— Écoute mon chéri, je sais bien que tu nous en veux énormément mais on...

— … vous rien du tout. C'est pas le jour pour faire votre mea culpa.

Elle soupire, tout en s'obstinant à me suivre à travers la salle.

— Tu es dur avec nous.

— Oh excuse-moi, je t'ai blessé peut-être ?

Ses yeux se ferment un instant, avant qu'elle ne m'attrape le bras. Son touché sur ma peau me révulse un bref instant, mais je me contente de la laisser me faire son long laïus sur le regret et la seconde chance. Le même qu'elle m'a déjà servi plusieurs fois depuis nos retrouvailles. Ce même monologue auquel je répond par de bref ''hum'' et ''oui oui'' qui je l'espère, lui font comprendre toute l'amertume que j'ai pour eux.

— Tu ne m'écoutes pas en fait ? s'insurge t-elle finalement.

— Maman écoute, je lance finalement. Vous m'avez ignoré durant toute ma vie, c'est pas pour revenir en rampant maintenant que je suis Reborn. Je vous déteste, toi, ton mari et tes deux filles. Ma famille, c'est pas vous, c'est les Dos, les Kampa, Lou et Mia. Vous, dans ma tête, vous n'êtes que biologiques. Vous ne m'avez jamais considéré et maintenant c'est mon tour. C'est horrible d'être ignoré et repoussé non ? Ça fait mal hein ? Bienvenu au club. Maintenant laisse-moi tranquille.

Je sais que mes paroles sont violentes, qu'elles doivent lui faire mal, mais je m'en fiche. Ce matin, je n'ai pas le temps de m'attarder sur ses états d'âme de mère qui vient seulement de réaliser son incompétence. Qu'elle aille donc faire part de ses bas à son cher et tendre mari.

— Hey beau blond, me lance Mia avec énergie. Prêt ?

— Plus ou moins. J'ai super mal dormi, Lou a pas arrêté d'enchaîner crise d'angoisse sur crise d'angoisse.

— Je sais, on l'a entendu. Et ta mère... ?

— Même aujourd'hui elle arrive à me les briser, elle est forte hein ?

Elle secoue la tête tout en se penchant en avant pour aviser l'écran d'ordinateur où se dessien désormais le plan d'accès à l'usine de fabrication.

— Gerulf est réveillé ?

— Oui, il prend sa douche.

Sa course reprend, et je la suis à travers la salle pour aller rejoindre Jeremy, Alexia et Tim, tous en train de se préparer pour partir. Si les deux garçons sont dans mon groupe, Alexia elle part dans vingt minutes maintenant avec Mia et Elio, ainsi qu'un détachement de Redhead plutôt impressionnant. Tim, qui les yeux cernés et le teint blafard ne semble en aucun cas être prêt pour partir, scrute l'amie de Mia avec insistance. À croire que depuis les manifestations, il n'a toujours pas trouvé le courage de passer aux aveux. Sa timidité et sa candeur me font sourire, mais je ne m'attarde pas plus sur lui pour intercepter un Lou animé d'une énergie réserviste, les cheveux en pétard et ses yeux bleus soulignés de cernes violacées.

— Va boire un café, je lui intime en l'arrêtant.

— J'en suis déjà à mon troisième depuis que je suis réveillé. Où est Elio ? Et Juan ?

— Il charge la voiture dehors, répond Mia en s'approchant. Lou tu as une tête affreuse.

— La faute à qui ? Et Juan, où il est ?

Depuis hier, il n'a rien perdu de sa hargne, et est même encore plus irritable à en croire ses poils hérissés sur ses avants-bras. Je l'attire contre moi et dépose un baiser contre sa tempe, mais il se défait rapidement de mon emprise pour aller rejoindre sa mère.

— Le voyage va être long, je murmure en soupirant.

— Hésite pas à m'envoyer des messages, si jamais il devient violent.

— Il a juste super peur, et ça le rend agressif. J'aime pas le voir comme ça.

Elle soupire à son tour, avant de surprendre la présence de ses parents à l'autre bout de la salle, avec Andres. Et comme Lou,elle m'abandonne après un léger ''à plus tard''.

Désormais seul, je décide de rejoindre Elio au dehors pour moi aussi préparer notre voiture. Il fait encore noir, et plutôt froid, mais l'adrénaline déjà présente dans mes veines me protège de la fraîcheur.

— Oh Sam ! Besoin d'un coup de main ?

Il redresse la tête de son coffre, et m'adresse un sourire en coin.

— Tu proposes des assurances vies ? Parce que je suis preneur.

— Wouah, super drôle dis donc.

Je lui rends son sourire, et prend négligemment place sur le rebord du coffre à ses côtés. De la poche arrière de mon jean, je sors un paquet de cigarette et un briquet.

— Tu as trouvé ça où ?

— Soutiré à Andres. T'en veux une ?

Et alors que je m'attends à une réponse négative, il attrape une cigarette et mon briquet, pour faire claquer la pierre dans le silence de ce tout début de matinée.

— Mec, de toit à moi, on va s'en sortir hein ?

— Peut-être. Ou peut-être pas. Moi j'étais pas pour je te rappelle.

— Je suis en train de me dire qu'on a peut-être fait une connerie.

Il plonge son regard dans le mien, tout en tirant une longue bouffée de nicotine.

— Trop tard pour reculer. Ce serait comme... demandé à sortir d'une montagne russe parce que tu as peur alors que le manège est déjà parti.

Je lève le nez pour admirer les volutes de fumée, et inspire à plein poumons, laissant les toxines se répandre en moi comme une maladie à retardement.

— Si je meurs, tu as intérêt de prendre soin de Mia, mais aussi de Lou, je lâche finalement.

— Idem pour toi.

Nos regards se croisent à nouveau, et mon sang se glace lorsqu'au loin, j'entends des voix se rapprocher de nous.

Le top départ est donné, et je ne suis définitivement pas prêt.

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