37 (partie 2)

7 minutes de lecture

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Elio

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Andres, est vraiment un homme plein de surprise. Dans son complexe hôtelier, ne se trouve pas seulement la majeure partie de ses hommes, non. S'y trouvent également des scientifiques rattachés à sa cause, des maître en nouvelles technologies, des ingénieurs informaticiens. Tout un petit circuit se suffisant à lui-même. Au cœur même de l'évolution de la machine et de la science, Andres et Redhead représentent un rouage, un engrenage irremplaçable.

Tous réunis dans le hall, nous restons en retrait, Mia et moi, afin d'observer le déroulement des préparatifs pour cette mission d'envergure.

  • Chacun a bien compris ? Un casque, avec une caméra, et un micro.
  • Il n'y a pas de système de géoloc', s'empresse d'ajouter un homme que je devine être informaticien. Nodem ne pourra pas vous localiser avant l'intervention. Vous êtes incognito sur la carte, alors profitez-en. Pas de portables, pas de montres connectées, on est ok ?

Les hommes que Andres a réunis hochent la tête dans un mouvement, habitués face à ce genre de directive, et Mia, impressionnée, me donne un léger coup de coude

  • Mes collègues, sont également sur le coup, lance Hector, le père de Mia. Quelques soldatsvous rejoindront sur les lieux, et ils sont de notre côté, alors acceptez leur aide, d'accord ?

Nouveau hochement de tête.

  • Bien, achève Andres. Des bus sont garés dehors, embarquez, et on y va.

Les hommes et femmes détachés sur cette mission opinent, avant de quitter le hall pour se rendre devant le complexe hôtelier. Andres, de son côté s'approche de Mia et moi, le sourire aux lèvres.

  • Satisfaite, princesa ?
  • Quand vous aurez des informations intéressantes ou mieux, sur mes camarades, je le saurai.

Elle lance un coup d’œil significatif à Juan, derrière Andres, avant de tourner les talons pour s'éloigner vers la salle qui nous a été aménagée pour suivre les opérations des troupes de Redhead.

  • C'est une femme de caractère, souffle Andres avec un roulement d'épaule.
  • Ouais, surtout en ce moment.
  • Si tu as besoin de conseils conjugaux, je suis là.

Je lui donne une petite tape sur l'épaule, compréhensif, avant de prendre congé de sa personne, en suivant ma petite amie à travers les couloirs de la résidence menant à la salle que nous ont réservée les hommes de Andres. Sa démarche est déterminée, et bien que tout son corps soit en tension, je remarque à sa façon de dandeliner de la tête que quelque chose semble s'être allégé en elle. Un petit détail, peut-être rien, mais un rien qui pour le moment semble avoir retiré une infime partie du poids qui l'écrasait depuis que le monde s'est mis à implosé.

  • Mia, je l'interpelle en la rattrapant. Tu as l'air satisfaite ?
  • Je le suis, Elio. Pour une fois, peut-être que mon plan, qui est également à moitié celui de Andres, pourrait déboucher sur un succès.
  • Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
  • Nodem. Il n'aura pas quitté son hôtel particulier. Trop fier pour ça. Du coup, je suis intimement persuadée que nous le trouverons là-bas, et qu'avec lui, nous retrouverons Léo et Lou.

J'acquiesce, plus pour moi-même que pour elle, avant de passer à mon tour la porte de la ''salle de contrôle''. Quelques écrans d'ordinateurs sur lesquels se dessinent plusieurs petites fenêtres contenant les vidéos filmées en direct par les casques des hommes de Redhead. Deux micros pour pouvoir intéragir avec Andres et Juan, ainsi qu'un clavier numérique pour pouvoir envoyer des directives sur les transmetteurs graphiques des envoyés sur le terrain. Enfin, tout au bout du bureau se trouve un dernier ordinateur sur lequel s'affiche une prise de vue en hauteur de l'hôtel particulier de Nodem, sûrement filmé par une caméra de surveillance.

  • … parfait, sourit Mia en prenant place face aux écrans.
  • Tu vois que ce n'était pas la peine de se déplacer alors même qu'on va pouvoir suivre l'action ici, en sécurité.
  • Je n'ai pas l'habitude d'être loin de l'action.
  • Il va falloir t'y habituer : tant que Nodem ne se sera pas calmé, nous ne sortirons pas d'ici.

Elle gronde, mais ne commente pas : elle aussi a fini par comprendre que notre situation n'était plus à prendre à la légère, et que nos vies étaient réellement en danger. Ici on ne parle plus d'une possibilité, mais d'une certitude. Si Nodem nous tombe dessus, il nous tuera sans autre jugement que le sien.

Les portes de la salle s'ouvrent à nouveau et Hector entre alors, en tenue militaire, la mine grave.

  • Alors les jeunes, ça avance ?
  • Pour le moment ils sont toujours dans le bus, répond sa fille en se grattant l'arrière du crâne.
  • Ils devraient en avoir pour un peu moins de vingt minutes de transport.

Mia hoche la tête, et reprend ses observations des différentes fenêtres pendant que j'échange avec son père, un regard lourd de sens.

Mia a su me raconter les exploits militaires de son père, sa fierté d'être la fille d'un si grand homme. Durant ces deux dernières années, elle suivait activement les différentes interventions dans lesquelles son père était engagé, et s'exclamait à chaque ligne des articles dépeignant la force et le mental d'acier de Hector Dos, devenu figure emblématique de l'armée espagnole.

Elle m'a surtout parlé de leur voyage en Afrique, où son père a du livrer bataille durant quelques mois, et où pour une fois, il avait décidé d'emmener sa famille. Durant l'année de trosième, une infime partie de la vie de Mia, mais un souvenir aussi brûlant qu'une partie entière d'existence.

  • Est-ce que l'un de vous saurait me dire le nombre approximatif de Reborn qui étaient avec vous au centre durant votre formation ?
  • Environ une cinquantaine, peut-être un peu moins. Pourquoi ?

Mia, le regard toujours rivé sur les écrans d'ordinateurs, adresse néanmoins un petit haussement de sourcil à son père par-dessus son épaule.

  • Juste comme ça. Tu sais, ta mère m'a beaucoup parlé de tout ce que tu lui avais raconté.
  • Et alors, qu'en penses-tu ?

Le ton de ma petite amie est détaché : on pourrait presque croire qu'elle n'a aucun intérêt pour le dialogue qu'elle échange avec son père, mais je sais à la tension de sa nuque, qu'il n'en est rien.

Durant nos missions pour le compte de Reborn, nous avons appris à faire dans la discrétion, d'écouter et de noter, sans pour autant montrer notre intérêt pour tel ou tel sujet. Nombreuses sont les fois où Mia, comme moi, a dû infiltrer des soirées, des congrès, pour relever de précieuses informations tout en jouant aux parfaits humains lambda. Le regard ailleurs, mais l'oreille vive, l'esprit en constant état de recherche, avide de renseignement et de sécurité.

  • J'en pense que vous avez eu de la chance de vous en sortir vivants.
  • À qui le dis-tu !

Un rire échappe des lèvres de Mia, alors que je me rapproche d'elle pour constater Juan faisant l'imbécile devant la caméra de l'un de ses collègues.

  • C'est fou n'empêche, s'exclame Hector. Des Reborn, ma fille et son petit ami sont desReborn !
  • Et alors, je marmonne avec fatigue, vous pensez que c'est une fierté pour nous ?
  • Je sais bien que non, mais tout de même petit, vous êtes revenus d'entre les morts.
  • J'aurais préféré y rester, parmis les macabés, plutôt que de devoir vivre tout ça.

Dans mon dos, j'entends le père de Mia exhaler, avant de reprendre, plus virulent.

  • C'est tout de même formidable.
  • Papa, gronde Mia. Ça n'a rien de ''formidable''. On a tué pour le compte de ces mecs.

Un silence étire l'atmosphère, nous embrume, avant que la voix de monsieur Dos ne s'élève à nouveau.

  • De ce que je sais, Lou n'a pas tué Criada, Yersen et Bercelo pour le compte de Reborn.

Alors que je m'apprêtais à m'étirer, je reste bloqué dans tous mouvements, le regard perdu dans celui de Mia, venant à peine de se retourner avec une brusquerie qui me déstabilise.

  • Pardon ?
  • Tu m'as très bien compris, Mia.
  • Papa, tu...

À peine a t-il achevé sa phrase, qu'un nouvel événement plus que déstabilisant se produit, cette fois-ci par le biais des multiples fenêtre sur les écrans d'ordinateur. Un bruit de chute, puis une myriade de coups de feu, sur tous les écrans. Des silhouettes partant en courant en tout sens, des masses s'écrasant au sol, des caméras au contact coupé, des micros saturés par le bruit, les explosions, les détonnations assourdissantes.

Sur les écrans, nous assistons en direct, à l'assassinat de tous les hommes de Redhead partis sur le terrain... par les soldats censés être nos alliés.

D'un bond, je saute de ma chaise, pour me retourner et faire face au père de Mia, mais je n'ai le temps que d’entre apercevoir son ombre fondant sur moi, avant que d'un geste aussi brusque qu'imprévisible, il n'enfonce une seringue derrière mon oreille, avant d'en libérer le contenu dans mon sang.

Quelques secondes passent, durant lesquelles je peux observer Mia tenter d'échapper à son père, avant qu'à son tour, elle ne se fasse injecter l'étrange contenu d'une seconde seringue. En quelques instants, elle chute en avant, s'écroule dans un choc mou qui me paraît venir de très loin, perdu au milieu du brouillard qui m'entoure, avant que moi aussi dans un dernier sursaut, je ne tombe dans l'inconscience.

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