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Mia

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Un gémissement franchit la barrière de mes lèvres jusqu'à présent restées closes, et dans le dos de Elio, je plante mes ongles, m'agrippe, me retiens, son propre corps faisant se mouvoir le mien dans un lent va et viens lascif et volupté. Le matelas de mauvaise qualité, grince sous nos ébats, et un instant j'ai peur d'une nouvelle fois faire trop de bruit, et que les voisins du dessous ne viennent toquer à note porte. Ira t-on leur ouvrir ? Sûrement pas, mais nous risquerions par la suite d'en entendre parler, et recevoir un nouvel avertissement du surveillant ne fait clairement pas parti de mes attentes.

Je décide donc d'inverser nos rôles, afin de réduire les dommages sonores, et me retrouve à califourchon sur ses hanches, m'agrippant à ses cheveux flamboyants.

Ses râles se font plus sonores, ses coups de hanches plus rudes, et très vite, je me vois contrainte de me pencher en avant pour étouffer ses râles en capturant ses lèvres des miennes.

  • Moins fort, je murmure contre ses lèvres. On va encore avoir des problèmes.
  • On les emmerde...
  • Non, si on a encore un avertissement, tu sais très bien ce qui arrivera.

Il marmonne entre ses dents serrées, mais fait dés lors plus attention au volume de ses gémissements et de ses râles.

Bien que nous ayons quittés le centre de formation de Reborn depuis deux ans maintenant, nous vivons toujours dans une sorte d'internat. Un immeuble, racheté par Reborn, et dont tous les appartements sont habités par des agents : cela permet un cadrage et une surveillance plus poussée sur nos actes et nos aller et venues. Certes, nous sommes Reborn confirmés, mais pas libres pour autant.

Comme le disait les vidéos que nous visionnions au centre : « Nous avons toujours un œil sur vous ». Slogan plutôt creepy en somme, mais tellement véridique. Je soupçonne même notre appartement d'être truffé de caméras ci et là.

Dans notre immeuble, vivent également Alexia et Tim, ainsi que Jeremy et Jelena. Contrairement au centre où le but premier était de nuire aux amitiés, visiblement, les résidences Reborn prennent un soin tout particulier à laisser les personnes entretenant des liens plus ou moins forts ensemble. Sûrement pour une meilleure optimisation du travail, qu'en sais-je ?

  • Elio...

Je gronde, sentant ses dents se refermer sur la peau de mon avant-bras.

  • Pas de marque..., je lui rappelle durement en constatant son regard fiévreux.

Il soupire, et attrape mes hanches, accélère le rythme.

Après l'incident lors de l'examen de détachement, notre formation s'est accélérée : en deux semaines à peine, nous étions ''diplômés'' et balancés sur le terrain. Je n'ai pas voulu lâcher Elio, ne désirant pas le perdre lui aussi, après avoir été abruptement arrachée à Léo et Lou. C'est pourquoi je ne l'ai plus quitté d'une semelle, dormant avec lui, me renfermant sur moi-même, n'ayant de liens avec les autres qu'à travers lui. Une sorte de portail pour ne pas me retrouver totalement seule.

Il m'a épaulée, m'a soutenue, m'a empêchée d'aller m'en prendre aux surveillants, n'a pas baissé les bras malgré mes crises de colère et de peine, m'entraînant bien souvent tout droit à l'infirmerie. Jamais il ne m'a tourné le dos, alors qu'il aurait pu le faire à maintes reprises.

Un ultime cri étouffé par son bras m'entraîne moi-même au point culminant de mon plaisir, avant que fatiguée, je ne chavire sur le côté pour me retrouver allongée contre lui dans l'obscurité ambiante de notre chambre. Son torse nu et sculpté se soulève rapidement, laissant de légères gouttes de sueur dévaler les reliefs de sa musculature.

Son souffle est haché, erratique, et je souris, satisfaite d'engendrer de telles réactions chez lui.

De part son passif sexuel plutôt sombre, j'étais partie du principe qu'il me faudrait du temps, beaucoup de temps, pour parvenir à passer ce cap. Qu'il faudrait tout d'abord reparler des agressions sexuelles qu'il avait subites durant son enfance, ce que nous avons fait, avant de pouvoir rentrer dans le vif du sujet. Ça a été plutôt dur, voire vraiment compliqué par moment, de supporter ses récits qui le faisaient lui-même rechuter, lorsqu'il me les narrait. Ces portraits d'un père abusif et sadique, n'hésitant pas à jouir des pires vices qu'il imposait à son propre enfant. J'ai beaucoup pleuré avec lui, serrant ses mains au creux des miennes, le supportant dans ce retour en arrière douloureux mais nécessaire.

Et finalement, la suite fut plutôt simple : la confiance qu'il a en moi a hautement facilité la chose, et j'imagine que comme cette relation représentait nos premières fois à l'un comme pour l'autre, il s'est senti en confiance. Ni diminué, ni incompétent, juste rassuré et rassurant, dans ses gestes et ses paroles.

Les viols de son père étaient loin, ne restaient que nos corps, nos peaux, notre chaleur.

Tout s'est fait naturellement, dans une douceur qui ne nous était plus coutumière. En six mois, j'avais presque réussi à oublier que l'on puisse encore se toucher sans se faire du mal.

  • Mia..., me lance t-il distraitement. Jelena m'a dit tout à l'heure qu'ils t'avaient refilé le dossier Braham. Ça va le faire ?
  • Évidemment, j'ai déjà toutes mes pistes. Et tu es obligé de parler boulot après le sexe ?
  • Le prends pas comme ça. Si tu as besoin d'aide, je suis libre jusqu'à après-demain...
  • Tu es adorable, mais ne t'en fais pas, c'est mon dossier. Je dois aller en ville tout à l'heure pour faire des recherches sur le terrain. J'en profiterais pour aller voir Lydia. Peut-être qu'elle aura des nouvelles pour nous.

Lydia. Ou plutôt, la petite fille de Miss Regina, l'infirmière du centre de formation. Un vrai coup de chance, d'être tombés sur elle, par hasard, au détour d'une des rares pharmacies à encore tenir le choc. Nous l'avons reconnue à ses yeux, infiniment doux, tout comme ceux de sa grand-mère. Nous lui avons expliqué, en la prenant à parti, notre situation. Elle ne savait rien de tout ça, et ne nous a pas crus, dans un premier temps. Il a fallut que je m'entaille la main pour la laisser observer ma régénération accélérée pour qu'elle nous accorde le bénéfice du doute.

Je lui ai alors tout expliqué, de l'attentat à la fusillade en examen, en passant par les cellules d'isolement, l'embrigadement, la torture, cet esprit malsain qui régnait au centre, sans oublier sa grand-mère, notre seul soutien durant ces six mois de calvaire. Je me rappellerai toute ma vie de son visage défait, lorsque je lui ai parlé des lettres, des si nombreuses lettres que je n'ai de cesse d'envoyer pour tenter de retrouver mes deux amis d'enfance. Alors d'inconnue, elle est devenue notre alliée, nous promettant de faire son possible de son côté, pour soustraire des informations à sa grand-mère.

De sa part, nous avons déjà appris une chose essentielle : ni Criada, ni Yersen ou encore Bercelo, ne se sont remis de leur blessure par balle infligées par Lou. Ayant tous trois déjà bénéficiés du Reboot pour des raisons non-indiquées dans le dossier, ils n’avaient pu recevoir une nouvelle dose pour les guérir de leurs blessures. Morts tous les trois, selon les rapports de Miss Regina, négligemment enregistrés dans son ordinateur sécurisé par un mot de passe aussi simple que prévisible. À croire qu'elle avait envie qu'on puisse facilement tomber sur ces dossiers ''confidentiels''.

Je passe une main distraite dans les cheveux de mon petit ami, respire son odeur suave, et expire,les yeux rivés sur le plafond.

  • Tu crois qu'il reste une chance, pour qu'ils soient en vie ?

La même question, qui revient sans cesse depuis quelques mois maintenant.

La première année, je me suis accrochée, intimement persuadée qu'ils n'étaient pas morts, qu'ils vivaient encore, simplement emprisonnés à Reborn. Mais je dois avouer que plus le temps passe, plus l'éventualité de les retrouver en vie s'éloigne de moi. Plus les jours passent, et plus leurs fantômes se font moins nets dans mon esprit douloureux : si ça se trouve, je m'accroche pour rien.

Elio hésite visiblement à me répondre, sa respiration s'étant ralentie à la simple entente de ma question. Entre lui et moi, ça a toujours été lui, le plus rationnel, le plus terre à terre. Je ne suis pas dupe : je sais qu'au fond de lui, il a une opinion toute faite sur le sujet, mais que pour ne pas me blesser, pour ne pas m'abîmer d'avantage, il ne dira rien.

  • Seul le temps nous le dira, répond t-il enfin, après quelques longues minutes de silence.Allez, debout.

Je ne rétorque rien, me contentant de sortir de sous les draps sans grand enthousiasme pour me rendre à la fenêtre et ouvrir les rideaux en grand, et constater l'état de la ville, au dehors.

Il fait à peine jour, et l'on peut assister, à cette hauteur, à la transition de la vie nocturne vers la vie diurne, bien que depuis un certain temps, les différences ne soient plus très flagrantes.

Il y a deux ans, lorsque nous sommes sortis du centre de formation, nous avons découvert un monde changé, abandonné à son sort. De la délinquance en constante augmentation au crime devenu commun dans les rues des plus grandes villes du pays, il nous a semblé, à Elio et moi, débarquer sur une nouvelle planète. Certes le monde allait déjà mal lors de notre mort à Liberty, mais désormais, il semble sur le point d’imploser. Une maladie le ronge, et ce depuis longtemps.

La ville de Cristal, où nous avons été affectés, est une ville plutôt imposante à environ deux heures de route du centre de formation. Et, de ce que j'ai pu comprendre, elle représenterait à elle seule la décadence grandissante de notre société. Violence policière grandissante – les forces de l'ordre n'ont plus rien à perdre, et n'hésitent désormais plus à user de tous les moyens pour tenter de garder un semblant de calme entre les différents gangs s'étant établis ci et là. À vrai dire, la police désormais, la justice, le respect de la loi, c'est nous. Les Reborn, qui sommes habilités à tuer sans mandat ou autre paperasse inutiles. De toute façon, qui viendrait s'en plaindre ? Des agressions, des meurtres, des viols, le tout en pleine journée, en pleine rues. Plus personnes ne se sent en sécurité, alors notre protection, bien que brutale, n'est-elle pas la bienvenue ?

Reborn avait raison depuis le début : notre monde est pourri. Et je n'arrive pas à me fixer sur le fait de savoir si oui ou non, il avait déjà commencé à se gangrener avant notre mort. Au fond de moi je connais la réponse, mais refuse simplement de l’admettre.

Mes yeux courent le long de la rue bondée, et je repère aisément un groupe de dealers dont je me suis déjà chargé la semaine passé. À croire que la perte de leur chef ne les a pas trop affectés. Ils sautillent joyeusement dans la rue insouciants de mes yeux braqués sur eux. J'ai déjà du traiter leur dossier, une histoire de trafic de drogue aux couleurs amusantes, afin d'étendre le marché à la sortie des écoles primaires.

  • Elio, apporte-moi le DAN.338.
  • Quoi, de bon matin vraiment ?
  • Les mecs qu'on a chopés à la sortie de l'école primaire l'autre jour, ils sont encore là.

Je l'entends soupirer dans mon dos, mais s'exécute tout de même. Le mécanisme de déverrouillage de notre armoire à code retentit, et bientôt, il me tend mon arme préférée lorsqu'il s'agit de viser quelqu'un à une très grande distance.

À chaque fois que nous nous occupons d'une ''purification'', comme les appelle le centre, il nous faut faire un rapport, pour ensuite l'envoyer au directeur. Par exemple, ce matin, je vais mettre un terme à ces trafiquants visiblement sourds à mes dernières menaces, sévissant dans le trafic de drogue auprès des enfants.

Quelle bande de fumiers. D'ordinaire, j'ai encore quelques remords à ôter la vie, mais pas avec ce genre de personnes. Pas avec ceux désireux de détruire les dernières parts d'innocence que porte notre pauvre pays. De la drogue rose goût fraise, aux vertus dégénératives, vraiment ?

Je plisse les yeux, après avoir entrouvert ma fenêtre, ajuste le canon de mon arme caresse la détente du doigt, avant de tirer, cinq coups en à peine dix secondes. Tous touchés.

Je me retourne, rendant l'arme à Elio, avant de me traîner loin de la fenêtre, abasourdi par les cris de détresse résonnant désormais à l'extérieur.

  • J'imagine que le rapport va être pour ma pomme ?
  • Oui mon cœur, je susurre en poussant la porte de la salle de bain. J'ai du boulot.
  • ... ok.

Ce devrait être à moi de faire ce rapport, mais je n'en ai vraiment aucune envie. Pas avec le dossier Braham sur les bras, pas avec ma visite auprès de Lydia, pas avec cette énième lettre perdue je ne sais où, pas avec ma vie qui n'en finit plus de me décevoir et de me rendre furieuse.

Je descends les marches de l'immeuble quatre par quatre, lassée de faire attention à la chute, les os brisés n'étant de toute manière pas une priorité en ce qui me concerne.

Mes bottes résonnent sur le carrelage crasseux, et je tords du nez : une odeur acre s'élève de cette cage d'escalier ancienne à l'armature rouillée, me retournant l'estomac.

  • Tim !

En passant au premier palier, j'apostrophe mon jeune voisin, tout juste âgé de dix-sept ans, sa tenue de mission sur le dos.

Après la fin de notre formation, il a décidé de couper ses cheveux, pour n'en laisser qu'une vague trace. Son visage s'est raffermi, ses yeux se sont durcis. Il n'a plus rien à voir avec le gamin effrayé que nous avons rencontré lors de notre arrivée à Reborn. Pourquoi a t-il fallu qu'il grandisse aussi vite, qu'il n'ait pas le temps de profiter de son adolescence comme toute personne normale ?

  • Tu pars en mission ?
  • Non, je mets ces horreurs pour le plaisir, marmonne t-il en désignant sa veste.
  • Tiens pas compte de son ton, il est de mauvaise humeur.

Dans le dos de Tim, j'aperçois Jelena, en peignoir, me fixant avec un drôle d'air, une cigarette au coin des lèvres.

  • Tu étais vraiment obligée de descendre tous ces types de bon matin ?
  • Ils étaient dans mon champs de vision, j'allais quand même pas loupé cette occasion de les envoyer bouffer les pissenlits par la racine, non ?
  • Ouais, n'empêche que tu as réveillé tout l'immeuble.

Je hausse les épaules, et le salue avant de poursuivre ma course dans les marches, pour finalement déboucher dehors, sous le soleil timide de ce début de matinée.

Comme je l'avais remarqué par ma fenêtre, les rues sont bondées, étouffantes. Un flot de badauds se presse tout autour de moi, rendant ma progression difficile. Je joue des coudes, fait abstraction de la mauvaise odeur engendrée par cette masse humaine grouillante et transpirante, et soupire, agacée par ce monde, par ce sentiment de me sentir emprisonnée.

Dans la poche arrière de mon pantalon, mon portable se met à sonner, de cette chanson tout à fait détestable que j'ai eu la bonne idée d'assigner à mon contact le plus récurent, et pourtant le moins attendu.

  • Aubert ?
  • Mia, tu en es où de Braham ? Je dois rendre des comptes au boss en fin de semaine.
  • Tu en es où de ma demande réitérée d'informations concernant Léo et Lou ?

Il grogne, à l'autre bout du fil, peste tout ce qu'il peut, avant de soupirer.

  • Je ne sais rien.
  • Ok, tu auras le compte-rendu de Braham dimanche. Bonne chance pour ton entretien avec le boss.

Et je raccroche, plus blasée que furieuse.

Aubert est resté notre référent, ce qui fait que chacun de nos dossiers, que chacune de nos missions, doivent lui être rapportés, pour qu'ensuite il puisse en faire part au boss suprême, au chef des chefs, monsieur Nodem. Le directeur en chef de toutes les branches Reborn, qui était le chef de Criada, à l'époque où ce dernier était encore vivant.

Autant dire que si Aubert ne rend pas les dossiers dans les temps, il se fait taper sur les doigts – pour ne pas dire, reçoit une raclée monumentale. Bien fait pour lui.

Après l'affaire avec Lou, il n'a jamais fait preuve d'aucune compassion, jamais fait un geste. J'ai envie de dire, que nous nous y attendions, mais que notre statut d'ancien humains nous a forcé à espérer, qu'il se révèle un minimum aimable envers nous après ce drame.

Ce qu'il n'a jamais cru bon de faire.

Mais qu'importe.

J'arrive enfin à hauteur de la pharmacie de Lydia, et me faufile à l'intérieur dans une goulée d'air des portes coulissantes.

Elle est là, derrière son comptoir, ses lunettes à la monture stricte écrasées sur son petit nez de souris.

  • Mia Dos, me lance t-elle sans même relver les yeux de son ordinateur. Que me vaut une visite aussi matinale ?
  • Salut Lydia, tu aurais cinq minutes ?
  • Ça dépend pour quoi.
  • Je voulais savoir si tu avais du nouveau concernant Reborn.

Elle relève enfin la tête de son écran, pour me décocher un regard inquiet.

  • C'est pas trop le jour aujourd'hui Mia...
  • Quoi t'as mieux à faire ? Y'a pas un rat ici.
  • Oui mais...

Elle semble soudainement beaucoup moins sereine, les nefs tendus, mordant sa lèvre inférieure avec une hésitation certaine.

  • J'attends quelqu'un justement.
  • Quoi un rancard ?
  • Si seulement.

Elle contourne son bureau, jette un regard derrière moi, et m'attrape par les épaules avant de me traîner jusqu'à l'arrière boutique. Je ne rechigne pas, bien trop soucieuse quant à son comportement étrangement apeuré, face à moi et à la vitrine en verre de sa petite pharmacie de quartier.

Lydia ne doit pas avoir plus de trente ans. Plutôt petite et menue, les cheveux blonds tirant sur le roux, il est facile de la confondre avec une gamine de mon âge. C'est pourquoi les gens lui conseillent souvent de quitter ce quartier malfamé de la ville, de trouver une autre pharmacie, ou tout simplement de changer de métier : de nos jours, vendre des cachets contre la toux u autre bandage ne sert plus à rien. Il est facile de trouver l'entièreté de sa pharmacie à prix réduit de moitié sur le marché noir, sans même être un habitué du milieu.

Elle me pousse encore un peu, et referme la porte derrière moi, avant de s'y adosser, sa poitrine se soulevant avec lenteur.

  • Mia, j'ai un problème d'accord ?
  • Quoi comme problème ?
  • Un petit soucis de type Redhead.

Mon sourire bien que goguenard se fane, à la simple entente de ce nom bien trop familier à mes oreilles. En quelques secondes, elle a réussi à totalement me faire oublier Aubert, Braham, et Reborn.

En ville, il existe une bonne dizaine de gangs ou autre clans différents. Tous plus ou moins dangereux, mais je dois dire que Redhead est l'un de ceux les plus dérangeant de part son territoire et son ampleur en constante augmentation. Elio et moi nous sommes déjà occupés de plusieurs sous-branches de ce gang aussi dangereux qu'armé, et si j'ai bien cru mourir une nouvelle fois depuis le sérum Reboot, c'était face à eux.

  • Hein, ils te veulent quoi ces pourritures ?
  • Du fric, contre leur protection.
  • C'est une blague ? Que je sache, tu as jamais eu de problèmes ici.

Les dealers de ce matin m'ont déjà mis de mauvaise humeur, mais alors si des types de Redhead s'y mettent, je ne réponds plus de rien. Machinalement, j'effleure mon arme à ma hanche, et darde mon regard dans les yeux verts de Lydia, toute tremblante.

  • Pourquoi tu n'as rien dis ?
  • Si ils savent que je suis en contact avec toi et Elio, je ne donne pas cher de ma peau. Vous êtes recherchés par leurs hommes, Mia. Ils doivent passer ce matin, alors ce n'est vraiment pas le moment que tu traînes dans les parages.
  • Combien ?
  • ... quoi ?
  • Combien ils sont, ces types qui viennent te racketter ?

Je vois derrière ses lunettes ses yeux s'écarquiller, et sa main droite attraper ses cheveux pour les tirer en arrière, de plus en plus nerveuse.

  • Non, non, non, je t'interdis formellement de leur tomber dessus, c'est clair ?
  • Bien sûr que non, tu es folle ou quoi ?

Je me retourne, sors mon portable de mon pantalon, et lance un appel groupé, sous le regard exaspéré de mon amie.

  • Elio, les gars ? je demande en coulant un regard à Lydia. Ramenez-vous, j'ai un gros poisson sous le coude.

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