Chapitre 5

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En sortant du car, je suis Lista et son copain tout en restant à bonne distance, pour qu’ils ne me remarquent pas. Sans le savoir, ils me montrent le chemin à prendre pour voir les fiches et la répartition des classes. Je cherche le nom de Joshua Pace en bas de la liste, puis je demande à quelques personnes où se trouve le bâtiment 1 et la salle 403. J’atterris devant ce qui semble être une classe d’histoire, au milieu d’inconnus.

Certains me reluquent en catimini. Ils ne m’ont jamais vu, et j’apprécie ceux qui hausse les épaules devant les ragots en se contentant d’un seul coup d’œil.

J’ai arrêté depuis longtemps de me sentir embarrassé par les regards. Je me sens plein d’énergie, et après que Lista se soit expliqué dans le bus, j’ai l’esprit plus tranquille. Quand le prof arrive, je m’assois à l’avant-dernier rang, près de la fenêtre.

Si j’étais arrivé en cour d’année, sans doute m’aurait-il demandé de me présenter devant toute la classe. Au lieu de quoi il se contente de prononcer mon nom en faisant l’appel, et il ne s’attarde pas plus que sur les autres, ce qui m’arrange au final.

Je passe la plus grande partie des deux heures à dessiner sur une feuille volante. Le prof porte un polo bleu, sur lequel on voit des tâches de transpiration sous les bras et dans le creux du dos. Visiblement, je ne suis pas le plus stressé dans cette salle.

Pendant la pause entre les deux heures, un type déplace ses affaires sur la moitié de paillasse à côté de moi. Il se contente de sourire avant de rejoindre ses amis en me laissant avec mes questions. Ce n’est que lorsque le cours reprend qu’il décide de me parler.

— Salut, je m’appelle Charlie.

— Joshua, je réponds laconiquement.

— On t’a vu dans le car, Lista nous a dit que tu es son voisin.

Je le remets un peu. Je crois qu’il faisait partie de la bande d’amis qui s’était dirigé au fond du bus avec Lista. Moins inquiété, je lui souris pour ne pas paraître désagréable, et je confirme.

— Tu viens manger avec nous, à la cafèt’ ? C’est pas cool de rester tout seul.

J’accepte tout de suite. Je ne suis pas particulièrement surpris par sa proposition. Chaque école à ses élèves gentils et ceux, un peu moins sympathiques. Je suis quand même rassuré de savoir qu’ici, les gens gentils n’ont pas peur de venir me voir directement.

On bavarde pendant tout le reste de l’heure. Il se moque gentiment quand il évoque mon goût pour le jardinage, et je me demande si Lista leur a fait un rapport complet sur moi. Au fil de la conversation, je finis par parler de mes mères, et Charlie réprime difficilement son rire, poussant le prof à le reprendre.

— Qu’est-ce qu’il y a ? je demande, un peu sur la réserve.

— J’imagine juste les parents de Lista quand ils ont appris que tes mères étaient mariées.

Il glousse de nouveau. Un peu plus détendu, je ne retiens pas non-plus un sourire amusé. Sorti de sa bouche, la situation semble un peu moins pesante.

Pendant les cours qui suivent, Charlie retourne avec ses amis, et je continus de dessiner dans mon coin en écoutant les profs d’une oreille distraite. Les premières heures ne sont jamais très intéressantes, en général.

Quand il est l’heure pour nous d’aller manger, Charlie me fait signe de le suivre. Sur le chemin il me présente les deux types qui viennent avec nous, Antoine et Flynn. Ce dernier attire un peu plus mon regard, il a des cernes prononcés sous les yeux et malgré son rire charmeur, il garde souvent la tête baissée.

Tout le monde est déjà là quand on arrive à table. Ils sont trop nombreux pour que je retienne tous les noms. Lista me montre la chaise à côté d’elle, et je m’assois en serrant la main de son petit-ami, Jérémy. Arrivent ensuite les sempiternelles questions sur d’où je viens et pourquoi on est venu habiter à Larmore-baie.

L’un dans l’autre, je me sens moins déboussolé que je ne l’aurais cru. Je ne m’imagine pas passer mes journées avec la moitié d’entre eux, mais je les aime bien quand même. Quand on a fini de manger et qu’on retourne en cours, je m’assois de mon côté même si Charlie me propose de venir avec lui et les autres.

— Je ne serais pas de bonne compagnie, je prétends avec honnêteté.

Excepté le jour de la rentrée, je suis du genre attentif – quand je ne suis pas carrément dans la lune. Dans les deux cas je ne serais pas très intéressant pour eux.

Charlie n’insiste pas et le reste de la journée se termine vite. Les deux heures de sport sont annulées pour nous car évidemment personne n’a les vêtements adéquats, et je prends le car de 16 heures.

J’arrive à la maison assez tôt, pas encore tout à fait remis de l’excitation du premier jour.

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