Pleine Lune 2/2. Nous ne sommes pas seuls.

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[Nous ne sommes pas seuls, c'est une évidence. Les vivants, les morts. Les animaux, les Hommes. Les démons et les dieux. Les Hommes et les extrate... ah non, ça, ça n'existe pas !]

Quand la boucle humaine a été refermée, j'ai senti une grande puissance nous traverser et nous lier les uns aux autres. Ensemble, sans s'être concertées, nous avons entamés un chant. Au départ, j'ai essayé de le suivre en anglais.

Lorsque l'astre précieux et unique est arrive enfin à son point culminant, son apogée, nous nous lâchons et mettons nos bras en triangle ; paumes droites vers le Ciel, paumes gauches vers l'Enfer. La litanie cesse un instant puis reprend de plus belle. Là, j'arrête l'anglais et reprend ma langue originelle. Mon lakota sonne plus fort que l'anglais et certaines me lancent des regards d'avertissement.

Ce n'est pas seulement mes cordes vocales mais mon corps, mon esprit tout entier qui chante. Pendant un instant, c'est comme si la Terre se résumait juste à ce petit endroit sombre. C'est comme si l'Univers s'était arrêté de tourner pour nous observer, pareilles aux loups, clamer notre adoration à la Lune. Il me semble voir sa face cachée dévoilée à ses adrorateurs, mais je n'en suis pas sure. Des spasmes de désir coulent en moi, quelque chose de fort, que je n'avais jamais ressentis avant, lors de mes incantations précédentes. La prédiction se fait à ce moment là. Des filets brumeux blancs sortent de nos paumes. Aussitôt, les chants accélérèrent en cadence. Une sphère se crée, au centre de l'étoile : ne sorte de mini-Lune. Les syllabes s'écoulent interminablement de ma bouche et de celles des autres.

Au lieu d'exploser pareillement à ma boule de cristal, le cercle se mue en fin trait vertical, comme un gigantesque cure-dent. Un fil presque relié à la Lune, illusion d'optique parfaite. Il s'écroule et se répend, comme soufflé par une brise invisible. L'air se trouble où se trouvait le fillin de lumière. Une silhouette semble sortir du trouble. Plus grande qu'un homme de deux mètres, mince et effilée. Des cheveux verts fluorescents, des yeux blancs, des vêtement du même bleu que le livre et que mon instrument de vision et une peau orangée. Ce n'est certainement pas Lilith ! Cette dernière possède des ailes et des griffes aux pieds et une physionomie féminine. L'être que nous avons devant nous n'a, sur son visage, que deux yeux, rien d'autre. Les vêtements amples et rigides m'empêche de savoir si l'apparition est sexuée et a juste un simple corps. Le silence est retombé sur la clairière. Les triplées, sans briser le cercle, tentent de communiquer avec l'autre.

Tous les fisages se figent de stupeur, y compris le mien. Une voix paisible et douce résonne dans ma tête et dans celles des autres.

Bonjour, filles de Lilith et Terriennes. Je me nomme Xylochopaes, et je viens de la planète Pinae.

Immédiatement, je retire ce que je disais à propos des extraterrestres... L'étranger(ère ?) poursuit ;

Je ne suis pas un démon, où quoi que ce soit d'autre. Je ne suis pas le résultat que vous attendiez. Mon esprit à profité de la brèche créée par votre chorale pour pénétrer ce monde nouveau et peuplé. Ce n'est pas rare que les miens vous rendent visite les soirs de nouvelles Lunes, enfin, pleines Lunes pour vous.

Un son étrange et inconnu résonne dans l'air environnant. Stupéfaite, sa nature me parvient ; un rire. Un son cristallin, comme une série de gemmes que l'on entrechoquerait mais on l'assimilerait aussi à un cri de bête blessée. Mes poils des bras se hérissent et mes cheveux se dressent sur mon crâne. C'est à la fois beau et horrible.

Vous n'êtes pas les seuls dans l'univers... Tant d'autres peuples tentent de prendre contact de cette manière mais vous seules, humaines, arrivez à ce résultat. C'est incroyable !

Je serre les dents lorsque la créature se remet à rire. Du coin de l'oeil, je vois d'autres visages crispés, les lèvres resserrées, le front ridé ou encore les yeux plissés sous l'effort.

Xylochopaes s'avance droit vers moi et saisit mon visage dans deux membres qui s'apparentent à des mains. La peau de son menton bouge pour former deux lèvres. Elles se posent sur mon front. Je viens de me faire embrasser par un extraterrestre ! C'est dingue ! A voix haute et claire elle précise que je suis la plus forte d'entre nous toutes et que c'est grâce à moi qu'elle a pu se frayer un chemin jusqu'a la Terre. Matériallisé de nulle part, un collier jaune pâle muni d'une pierre à mi-chemin entre le jaune et le bleu, s'attache à mon cou. J'enlève celui que je portai jusque là et le donne à mon interlocutrice. Celle-ci retourne se placer au centre. La brume blanche réapparaît et reforme un bâton doit qui aspire la voyageuse, avant de reprendre sa forme initiale de boule et se séparer pour regagner nos paumes.

Nous restons là plus longtemps que l'on aurait dû. Certaines sont bras ballant, d'autres discutent ardemment. A tel point que le Soleil ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. En rentrant chacune dans nos loyers respectifs, nous prennons conscience de l'immensité de la chose et sommes ahuries par la nouvelle. Nous ne sommes pas seuls.

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