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Jour quatre

Je n'ai pas eu beaucoup de réponses. On dirait que personne n'ose mettre les mains dans la frangipane.

Seulement deux ouvriers se sont proposés. L'un s'appelle Camille, l'autre Eugène. Ce sont deux filles sans histoire et sans frangipane. Elles feront parfaitement l'affaire, quoique qu'il me faille encore des bras et des jambes pour l'accomplissement de mes desseins.

Elles sont venues prendre une part de frangipane chez moi - c'est la moindre des choses -, et nous avons bien rigolé. Je leur ai proposé d'enlever leurs vêtements ; nous nous sommes roulés nus dans la frangipane. C'était la première étape des travaux : le contact avec le matériau. Maintenant, elles pourront se mettre au travail dans les plus brefs délais. Et je les regarderai. Peut-être même que je participerai à l'ouvrage, si je ne trouve pas d'autres ouvriers.

En tous les cas me paraissent-elles charmantes et dignes de confiance. J'ai foi en leur capacité à réaliser les travaux de frangipane. Cela me réconforte ; je reçois de nombreux appels de Franck, ces temps-ci.

Je décroche puis raccroche. Souvent, je n'entends qu'un "bonj..." ou qu'un "all...", et ça me rappelle qu'il est vivant. C'est tout ce que je veux savoir. Voudrait-il s'excuser ? Je devrais peut-être le mettre en contact avec ma frangipane, pour qu'il puisse lui demander pardon. C'est elle, la principale intéressée - si seulement il ne lui avait pas reproché sa présence, nous aurions encore été amis. Et puis quoi, il voulait juste mon argent. Et puis l'argent, j'en ai plus.

C'est d'ailleurs un problème. Je me demande comment je vais payer Camille et Eugène - en frangipane, peut-être, bien que j'aie du mal à m'en séparer. Ou bien ne demanderont-elles rien du tout. Ce serait la meilleure chose qui puisse arriver : mes travaux conclus, les filles heureuses, la frangipane partout. Et moi, moi content, prêt à vivre enfin pour la seule raison qui me pousse à aimer la vie. La frangipane.

Maudit argent, tu me mets des bâtons dans les roues. Occulteur d'espoir, reste donc à l'ombre du porte-monnaie et n'assombrit pas mes desseins !

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