Chapitre XXI 2/3

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- J’ai envie de marcher un peu. Tu connais un endroit sympa à la lisière des dunes où on pourrait laisser nos chevaux ?

- Oui. Plus haut sur la gauche, il y a un vieux tronc d’arbre refoulé par les tempêtes. C’est là où je vais d’habitude quand j’ai envie de souffler et de profiter de la vue panoramique sur la mer. Tu vois la crique de sable en bordure de dune ? C'est juste à côté. On y va ? Le premier arrivé a gagné.

Et Alice part au galop en riant sans même me laisser le temps de protester. « Pépère » imperturbable, la regarde s’éloigner avant de prendre son allure de sénateur. Perdu pour perdu, autant que ce soit la tête haute, avec dignité et panache. Quelques minutes plus tard, je rejoins Alice qui nous attend, tout sourire.

- J’ai gagné, tu as perdu lamentablement s’écrit-elle heureuse.

- Tricheuse. Tu n’es qu’une tricheuse mon cœur.

Je pose le pied à terre. On attache « Pépère » à l’arbre mort à quelques distances de « Voie-Lactée » pour éviter qu’ils ne se chamaillent et nos lèvres séparées depuis trop longtemps déjà, ne demandent qu’à se retrouver en toute simplicité. J’aime le goût de ses lèvres. J’aime lorsqu’elles s’envient, lorsqu’elles se rencontrent, lorsqu’elles s’enivrent en toute impudicité.

- Merci pour ce moment magique mon chéri. C’est vraiment fantastique. Merci. Merci mille fois.

Je soulève mon amoureuse qui s’accroche à mon cou avant de protester mollement.

- Hep ! Tu fais quoi ? Veux-tu me lâcher vil mécréant ? Et tu es tout mouillé.

Mon amoureuse dans les bras, je dessine avec mes pieds, sur le sable humide un grand rond avec sur le dessus une rehausse un peu plus épaisse.

- Devine ce que c’est ?

- Trop facile, c’est un cercle.

- Pas douée ma chérie. Regarde mieux !

Au centre du rond, je dessine le contour d’un cœur.

- Alors ?

- Un cœur dans un rond ? Non je ne vois pas ! Je donne ma langue aux chats.

- Je t’aide. Le cœur, c’est la représentation sentimentale de l’objet.

- Euh … un anneau… Non, une bague alors ?

- Il était temps que tu trouves parce que je commençais à fatiguer.

- Et c’est quoi le rapport ?

- Chut ! Interdiction de poser des questions.

Je dépose Alice à proximité, dans un creux de dune, là où nous gardons un œil sur nos montures. Son sourire est interrogateur.

- Ferme les yeux. Interdiction de les ouvrir tant que je ne t’ai donné le signal.

Alice ferme ses jolies paupières. J’admire ce visage enfantin confiant, si pur, si rayonnant, où le bien-être transpire sur son teint clair. Je dépose un baiser sur chaque paupière et son sourire se creuse pour la rendre encore plus resplendissante, plus désirable. Je prends sa main gauche. Je la caresse en passant par chaque doigt.

- Arrête, ça chatouille.

- Chut ! Petite indisciplinée. Tu ne mérites qu’une grosse fessée.

Je sors la bague de ma poche et je la lui glisse sur son annulaire. La bague vient se positionner à merveille avec très peu de résistance.

- Tu fais quoi ?

- Chut ! Pas de question on a dit.

Je prends sa main et je dépose un baiser d’amour sur chacun de ses doigts.

- Maintenant tu peux ouvrir les yeux ma puce.

- Waouh, mais tu es fou mon chéri. Elle est belle mais tu sais bien que je n’ai pas besoin de cela. Tu es là, avec moi, avec ton amour et c’est le plus beau des cadeaux que tu puisses me faire.

- Oui, je sais mon amour mais celle-là, elle est particulière.

- Ah ? Et elle a quoi de particulier ?

- Une nuit j’ai rêvé que je demandais à une très jolie femme si elle voulait être ma fiancée. J’ai cherché et j’ai trouvé la bague qu’il y avait dans mon rêve. Ensuite, j’ai pris la première venue pour la porter et pas de chance, c’est tombé sur toi.

- La première venue, n’importe quoi ! Dit-elle feignant d’être outrée.

- Dans mon rêve elle avait les larmes aux yeux.

- Comme maintenant ?

- Oui comme maintenant ma puce.

- Et si je dis non ?

- Ok. Alors rends la bagouze, je vais trouver une autre fiancée moins difficile.

- Que nenni. Je la garde. Elle est trop belle. Et pour répondre à la question que tu ne m’as pas posée. Oui évidemment que je veux être ta fiancée. Mais là encore, rien ne nous oblige à passer par les procédures conventionnelles. On peut très bien rester comme on est. Moi ça me va aussi à partir du moment où tu es là avec moi. Embrasse-moi. Tu me rends folle de bonheur. C’est trop mon amour. Et puis même si on y voit beaucoup plus clair, je ne suis pas encore sortie de l’auberge. Il faudrait reprendre cette discussion un peu plus tard, après mon opération. Tu ne crois pas ?

- Parce que ça changerait quelque chose ?

- Je ne sais pas. Je t’aime, ça je le sais. Et puis je n’ai pas envie de trop me poser de questions. Je veux juste savourer le moment présent, cette balade merveilleuse. Si je m’attendais à une demande de fiançailles aujourd’hui. Même si avec toi je commence à me méfier, tu as le don de me surprendre à chaque fois. Oui, mon cœur. Je veux vivre avec toi toute ma vie. Un tapis de bonheur qu’on déroulera à nos pieds. C’est juste fantastique, presque irréel.

- Ma puce. Il n’y a rien d’irréel. C’est avec toi que je veux moi aussi partager le reste de ma vie. Je t’aime. C’est avec toi que je veux avoir des enfants. J’ai vraiment envie de cet avenir qu’on va pouvoir construire ensemble. Et il me semble maintenant de plus en plus accessible, à portée de main.

Alice vient se coller à moi. Elle pose sa tête sur mon épaule.

- Qu’est-ce qu’on est bien tous les deux.

On reste comme cela un long moment sans rien dire en s’échangeant juste des petits baisers furtifs, l’un contre l’autre, un bras autour de sa taille. Le soleil se cache derrière un nuage. Alice relève sa tête, un baiser furtif sur mes lèvres, une main derrière mon cou, son merveilleux sourire.

- On y va ?

- Ok, mon chéri. Tu me portes jusqu’à « Voie-Lactée » ?

Je dépose Alice devant sa jument.

- « Voie-Lactée », je te présente mon fiancé. Tu tâcheras d’être sympa avec lui pendant mon absence.

- « Voie-Lactée », voici ma fiancée. Tu la connais très bien. Elle s'appelle Alice et elle est magnifique. Tu prendras bien soin d’elle.

- Maintenant que les présentations sont faites, on peut peut-être y aller ?

Alice m’aide à remonter sur « Pépère ». Elle enfourche sa jument avec une aisance fantastique et nous reprenons le chemin du retour. « Pépère » donne le pas, de son galop tranquille. Je commence à m’y faire.

- Mon cœur, il faudrait que tu puisses continuer les cours d’équitation. Ce serait dommage de s’arrêter là.

- Oui, tu as raison ma puce, j’en parlerai à Julie.

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