Chapitre XVI 1/3

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Avec Alice, le réveil matinal, c’est toujours un vrai petit bonheur et dans notre « chez-nous » c’est encore plus remarquable. Elle s’étire langoureusement. La pointe d’un de ses seins émerge de dessous la couette. Je contemple ce donjon de sensualité près à saisir la moindre opportunité pour y déposer un baiser furtif. Mais, plus que tout, j’aime ses paupières mi-closes, ses yeux qui vont renaître des cendres de la nuit et qui, j’en suis sûr, vont briller de tout leur feu lorsqu‘elle posera son regard sur le mien.

J’attends cet instant magique avant de me décider à mettre un pied hors du lit. Alice vient se blottir tout contre mon corps et la magie opère. S’il existe des plaisirs auxquels pour rien au monde je ne voudrais me soustraire, le réveil d’Alice en fait partie. Elle ajuste la couette pour ne laisser affleurer que son visage perdu dans ses cheveux couleur châtain. Mon regard attendri est posé sur sa simplicité naturelle, presque enfantine. Ses yeux ont une lueur particulière ce matin, emplis d’innocence, d’insouciance. Un doigt vient glisser sur mon visage. Je sais à cet instant qu’elle est heureuse et cela suffit à me rendre radieux moi aussi.

Je dépose un baiser sur son front, un autre sur son nez et elle rit. J’adore quand elle rit.

- Bonjour ma chérie. Alors cette première nuit dans notre appartement ?

- J’ai dormi comme un bébé avec plein de rêves dans la tête et … tu seras surpris, j’ai gardé la petite culotte à nœuds durant toute la nuit. Elle est confortable. Tu veux voir ?

- Tu es trop coquine ma chérie. Mets-la au chaud pour la nuit prochaine, ce matin il faut que je m’active.

- Eh bien pas de chance. Elle passe au panier à linge tout à l’heure. Faudra attendre la prochaine lessive.

- Pff même pas drôle. Elle est toute neuve, jamais utilisée et tu la mets déjà au panier !!! Bon, ok, je me mets en quête d’une autre solution. Tu ne t’échapperas pas comme ça mon ange. J’ai plus d’un tour dans mon sac. Qu’est-ce que tu crois ?

- C’est cela mon amour. Cherche bien. Tu m’appelles quand tu auras trouvé. En attendant, là, je vais profiter pour finir de ranger. Je prends mon service à quatorze heures. Je vais donc avoir un peu de temps et je ferai aussi un passage éclair au centre équestre.

Elle est trop belle quand elle manie l’ironie. Malheureusement, pas le temps de tergiverser.

- Tu as de la chance. Moi faut que j’y aille. Allez, go c’est parti.

- Vas prendre ta douche mon cœur, je te prépare le café.

- Merci ma puce. Tu es trop chou.

- °° -

Je laisse Alice fignoler seule les derniers détails de notre installation et je prends le chemin du bureau. La route qui quitte la station est magnifique, bordée d’arbres et de villas, plus somptueuses les unes que les autres. Chaque maison est un îlot de pierres perdu dans la forêt. De larges bandes gazonnées, très bien entretenues, côtoient le bitume de couleur rose qui dénote agréablement dans cet univers végétal. Il témoigne d’une certaine originalité dans la gestion de la ville, un état d’esprit basé sur la quête de l’excellence. Ici plus qu’ailleurs, on ne connaît pas la crise.

C’est l’heure d’affluence même si les touristes ont pour majorité déserté l’agglomération. La traversée du pont rose s’effectue avec peu de difficultés et quelques minutes plus tard, je me présente au poste de contrôle du site industriel.

Au bureau, Marion et Sarah sont déjà affairées. L’annonce parue la veille a suscité plusieurs vocations. C’est plutôt bon signe. Les femmes échafaudent des plans avec une bonne humeur évidente. C’est vraiment agréable de les voir œuvrer toutes les deux. J’attends l’arrivé de Jean et j’effectue un débriefing suite à la réunion de direction. Jeudi prochain, je me rendrai avec lui sur Reims pour prendre en compte les spécificités du site. Jean restera sur place jusqu’à la rupture de son contrat.

L’après-midi, Julie accepte d’avancer le cours d’équitation pour rattraper celui de la veille. Je me présente au centre équestre et l’accueil est surprenamment chaleureux. Julie est jolie. Elle a changé sa coiffure en troquant ses cheveux longs contre une coupe à la garçonne. La finesse de son visage est particulièrement mise en valeur. Ses yeux bleu, couleur océan sont soulignés par un maquillage soigné, inhabituel pour la circonstance.

- Ta nouvelle coiffure te va très bien, Julie. Tu es ravissante.

- Je ne pensais pas que tu remarquerais.

- Lorsqu’une jolie femme est encore plus jolie, il faudrait être aveugle pour que ça ne saute pas aux yeux.

- Je soupçonne que les hommes sont bien souvent aveugles.

- Pas tous Julie. Je crois plutôt qu’ils ne pensent pas à le faire remarquer soit par timidité, soit par crainte de passer pour des dragueurs invétérés.

- Et toi ?

- Moi j’ai une certaine franchise pour exprimer ce que je ressens et si je te trouve belle, j’estime qu’il n’y a aucun mal à le dire. J’aimais bien aussi ta mèche rebelle. Elle a disparue. C’est dommage. Elle te donnait un style atypique, un charme particulier. De façon générale j’aime bien tout ce qui est rebelle d’ailleurs.

- Merci Olivier, j’apprécie énormément. J’ai préparé deux chevaux pour la séance d’aujourd’hui. Désolé. Le tien ne sera pas rebelle. C’est tout le contraire. Il est plutôt mollasson mais il te permettra de tenir dessus durant toute la séance. Après si tu veux qu’on échange ...

Le cours se déroule comme prévu dans la prairie derrière la carrière. Accompagné de Julie, je travaille les distances de sécurité et quelques figures de circulation, les plus classiques.

- Si tu te débrouilles bien demain on partira se promener sur la plage. Ça te donnera déjà un bon repère.

- Merci Julie. J’ai hâte d’y être. Alice s’absentera à partir de mercredi prochain, dans l’après-midi je crois. Il ne me reste donc plus beaucoup de temps, deux cours tout au plus.

- Elle m’a prévenue hier lorsqu’elle est venue s’entraîner. Ce n’était pas prévu. Vous avez failli vous télescoper tous les deux.

- Oui, j’ai eu chaud. J’ai préféré annuler.

- Toi, tu m’as l’air bien amoureux. Je ne connais pas beaucoup d’hommes qui feraient ce que tu fais pour conquérir le cœur d’une femme.

- Je crois sans me tromper qu’elle est déjà conquise. Mais il est vrai qu’Alice et moi, c’est une histoire vraiment merveilleuse. Je suis sous le charme.

- Quand je la regarde, ce n’est plus la même. Ça saute aux yeux. Avant, elle restait des heures dans le box de son cheval à le bichonner, jamais pressée de le quitter et maintenant, à la fin de l'entraînement, elle se dépêche de rentrer. Elle est transformée. Je ne l’ai jamais vu si heureuse. Tout semble lui réussir. C’est beau l’amour.

- C’est vrai. C’est très beau. Et toi ?

- Oh moi, c’est compliqué... On y va ? Allez, trot enlevé. C’est parti.

Les révélations d’Alice sur le trop enlevé me reviennent en mémoire. J’ai des images érotiques qui tournent en boucle dans ma tête et je souris devant mon imagination débordante. Je jette de temps en temps un regard furtif en direction de Julie pour voir si les mêmes causes produisent les mêmes effets. Mais Julie reste imperturbable. Pour autant, après quelques dizaines de minutes, je ne peux que constater que la morphologie de la femme est différente à bien des égards de celle de l’homme. Mon boxer n’étant pas suffisamment serré, je m’applique avec une attention toute particulière à préserver mes testicules lorsqu’elles viennent en butée sur le cuir de la selle. Je comprends que l'extase ne sera pas pour moi cette fois-ci.

- Tout va bien Olivier ?

- Ce serait bien de repasser un peu au trot. Mon slip est un peu lâche et ce n’est pas des plus confortables.

Julie moqueuse est pliée de rire sur sa monture. Impossible de l’arrêter.

- Mon pauvre, je n’ai pas pensé à te prévenir. Mais au moins, pour la prochaine fois tu le sauras. Vaut mieux porter des vêtements serrés. C’est tout l’intérêt de s’équiper correctement.

Julie reprend.

- J’espère qu’il n’y a rien de cassé… En tout cas, tu m’auras bien fait rire aujourd’hui. Tu accompagnes Alice ce week-end ?

- Oui évidemment. La dernière fois ça n’avait pas été une réussite. J’espère que cette fois ci, elle se rattrapera.

- Je ne me fais pas de soucis pour elle. Elle est au top de sa forme et avec « Voie-Lactée », elle assure grave. Pour moi elle fait partie des deux ou trois favoris de la compétition.

- Merci. Tu me rassures Julie.

- Passe une bonne soirée Olivier. Tu es mûr pour la promenade sur la plage demain. Mets un slip plus serré cette fois ci, j'effectuerai un contrôle « surprise » avant le départ. Je plaisante évidemment. On se retrouve ici à 18h00 comme les autres jours.

- °° -

De retour à l’appartement, c’est surprenant. Il y a un vide énorme. Alice est au travail et c’est la première fois que je me retrouve seul chez nous. La sensation est bizarre. Il n’y a aucun bruit. Tout a été nettoyé de fond en comble et je reconnais bien là l’une des qualités de ma petite chérie. Elle a accroché les cadres qu’elle avait chez elle. Le lit est tiré à quatre épingles, les derniers cartons ont été vidés, même celui des petites culottes pour lequel j’avais en tête quelques séances d’essayage un peu osées. C’est raté.

Ce matin au réveil, la coquine a cherché à m’exciter. Ce soir, elle va voir de quel bois je me chauffe. J’extirpe du sac à sous-vêtements enterré au fin fond de l’armoire, la petite culotte où le gousset a été oublié lors de la fabrication. A la place, un grand vide, j’allais dire un grand trou. Son sexe est censé s'y loger. Je la pose délicatement sous son oreiller. Ce soir advienne que pourra. Je lui ferai l’amour sans même lui retirer sa culotte, enfin si j’arrive déjà à la lui faire mettre. Ce n‘est pas gagné. Elle a du caractère ma petite amazone, ni têtue ni butée, juste ce qu'il faut et j’aime ça sauf quand je suis épris d’érotisme.

Camille me surprend. Elle a assisté silencieusement à toutes les scènes depuis son transfert d’appartement.

- Dis-moi Olivier. D’habitude, passé deux ou trois jours, les femmes que tu amènes dans ta chambre changent très vite de visages. Je n'ai pas le temps de m'acclimater mais là, je ne sais pas pourquoi, j’ai le sentiment qu’il va falloir que je m’habitue. Cette Alice, elle est plus coriace que les autres. Elle semble vouloir s’accrocher. Vu le contexte, se serait peut-être bien que tu nous présentes ?

- Tiens ! Tu as retrouvé ta voix Camille ? Je pensais que tu boudais dans ton coin.

- Je vous observais tout simplement. Tu as remarqué qu’elle est très courageuse ton Alice et le bricolage ne lui fait pas peur. Elle a plein de qualités cette petite. Tu sais, je commence à l’aimer moi aussi même si je trouve qu’elle a quelques travers. Tiens par exemple, ce matin, elle est venue me parler. Elle était nue elle aussi. Nue, elle est magnifique et au moins on était sur le même pied d’égalité. J’ai été surprise surtout quand elle m’a caressé les seins. Rassure-moi, elle n’est pas lesbienne parce que je suis pas trop habituée à ce qu’on vienne me tripoter comme ça ? Ce n’est pas que c’est désagréable mais ses mains étaient brûlantes. Ça ne m’étonne pas qu’elle a le feu partout ton Alice. Un véritable brasier ambulant. Et tant que j’y suis, je voulais aussi te dire, lorsque vous faites vos cochonneries sur le lit, mettez-vous au moins sous la couette. Moi, même dans le noir, tu sais bien qu’aucun détail ne m’échappe. Pour les commentaires, tu comprendras que je m’abstiendrai sur ce que j’ai pu voir ou entendre mais quand même vous y allez fort tous les deux. Et il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

- Et est-ce que tu sais ce qu’elle mijote ?

- L’autre soir quand elle est remontée, elle a planqué un truc qu’elle était allée chercher chez elle mais je ne t’en dirais pas plus, solidarité féminine oblige.

- Camille, allez, fait un effort ?

- Pas question. Tu es un grand garçon alors débrouille-toi tout seul.

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