Chapitre 29

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Al'Alet


Erawn et Drya finissent leur voyage en arrivant au pied de la montagne Al'Alet, au crépuscule.

  • Et maintenant ? La région est vaste et la montagne haute. (Erawn)
  • Tu restes ici, je connais cet endroit, je m'en souviens. (Drya)
  • Tu es sûre ? Ça peut-être dangereux. (Erawn)
  • C'est quelque chose que nous devons faire seules. Et puis, il faut bien que quelqu'un veille sur notre gros pépère (Drya, flattant l'encolure du cheval).
  • Bien, je te dois la vie, je respecte ton choix, mais sois... soyez prudentes. (Erawn)
  • Ne t'inquiète pas pour nous. (Drya)

Laissant Erawn, Drya commence ses recherches. Peu après, elle trouve l'entrée d'une grotte. Des souvenirs affluent, elle se revoit courir dans sa tunique blanche, dague à la main, couverte de sang. Sans hésitation, elle dégotte une cachette où se trouvent des torches et en allume une, avant de s'engager dans l'obscurité. Ce sont de véritables galeries qui parcourent la montagne. Elle finit par atteindre des couloirs éclairés et laisse sa torche. À plusieurs reprise elle entend des bruits de pas et doit rester sur le côté, cachée par les irrégularités des murs alors que passent des silhouettes encapuchonnées de rouge. Ses premiers souvenirs reviennent à nouveau, et émerge le visage d'un homme âgé.

  • C'est lui qu'il nous faut trouver. Lui saura ce qu'il nous est arrivé. (Louve)

Drya s'élance, d'accord avec elle. Elle finit par parvenir à destination : une porte en bois fermée gardée par un homme aussi habillé de rouge. Vive, elle le prend par surprise et l'assomme.

Point de vue de l'intérieur de la pièce. Un vieil homme habillé de noir consulte des rapports. Une grande cicatrice lui traverse le visage. Des bruits se font entendre derrière la porte qui s'ouvre peu après.

  • Que se passe-t-il ? Pourquoi ces ... (Nicham)

L'entrée de Drya le coupe net. Il se lève et balbutie comme elle referme la porte et la bloque avec les planches prévues pour.

  • Que... Richna ? Comment ? (Nicham)
  • Qui êtes-vous ? (Drya)

Nicham se rassied, abattu.

  • Alors ça avait fonctionné, tu ne te souviens pas... Comment alors as-tu pu revenir ? (Nicham)
  • Répondez à la question. (Drya)
  • Richna... Je suis ton grand-père. (Nicham)


Au dehors, la nuit est tombée et Erawn s'est installé devant un feu. Il regarde la montagne, songeur. Un craquement retentit, l'interpellant. Il dégaine son épée lorsqu'un renard pénètre dans le cercle du feu et s'assied, pas effrayé du tout. Erawn rengaine.

  • Bah dis donc, qui es-tu toi ? (Erawn)

Le renard répond en baillant avant de se coucher.

  • Oui, j'ai sommeil aussi, mais je ne risque pas de dormir cette nuit... (Erawn, retournant à la contemplation de la montagne)


Retour au bureau de Nicham. Drya est pétrifiée, estomaquée.

  • Pardon ? Mon grand-père ? C'est une plaisanterie ? (Drya)
  • Non, Richna, tu es ma petite-fille, l'une des nôtres. (Nicham)
  • Ne m'appelez pas comme ça, mon nom est Drya. L'une des vôtres ? J'ignore qui vous êtes. Tout ce que je sais, c'est que ma mémoire a été effacée il y a cinq ans. Je veux savoir ce qu'il s'est passé à cette époque. (Drya)
  • Pour t'expliquer cela, il faut d'abord que tu te rappelles qui nous sommes. Les Ordres sont au nombre de huit, pas de sept. Celui de Belall reste secret depuis sa création. Nous en sommes la branche mychérienne, séparée du reste lors de la conquête wonchii. Ces chiens jaunes ont tenté de nous anéantir, et nous nous sommes réfugiés dans les montagnes, affaiblis. (Nicham)
  • Quel rapport avec nous? (Louve, impatiente)
  • Jamais cependant nous n'avons abandonné, de la même manière que la résistance survit dans les villes. Nous étions nombreux, mais trop divisés pour tenter quoi que ce soit. Il nous fallait un chef, un vrai combattant, un grand stratège, capable de tout réunir sous sa bannière. Hélas, personne de cette trempe ne s'éleva. À cette époque, je n'étais encore qu'un simple prêtre, mais mes recherches sur l'ancienne religion dragonique et sur les âmes étaient très avancées. C'est là que j'eus l'idée : si nul homme n'était celui que nous cherchions, il faudrait le créer. (Nicham)

Drya recule et cogne contre le mur.

  • Une nouvelle âme, c'est ce qu'avait dit le Témoin... (Drya)
  • Ce ne fut pas une mince affaire, beaucoup sont morts pour te donner la vie. Ta propre mère, ma fille, donna la sienne lors de ta naissance. J'avais espoir pourtant que tu serais celle qui nous sauverait ! Et tu étais si prometteuse ! Mais tu t'es retournée contre nous sans raisons, nous affaiblissant plus encore que les Wonchi ne l'avaient fait. Et tous nos espoirs ce sont révélés vains. (Nicham)

Drya s'approche.

  • Comment suis-je née ? Est-ce que Louve, ce deuxième être en moi, était déjà là à ma naissance ? (Drya)
  • Un deuxième être ? Je ne comprends pas... (Nicham)
  • Une deuxième âme, une autre personnalité qui vit en moi ! Qui est-elle ? Comment peut-elle être en moi ? (Drya)
  • Je ne... à moins que ce soit à cause du Globe (Nicham, désignant l'orbe blanc sur son bureau) Je me suis protégé avec lorsque tu as voulu t'en prendre à moi, il y a cinq ans. Il t'a comme foudroyé et tu es partie en courant, terrorisée. (Nicham)
  • Alors ce serait ça qui... (Drya, empoignant l'orbe)
  • NON ! (Nicham)

En une fraction de secondes, tous ses souvenirs affluent en Drya.

Une salle d'entraînement. Gamine, elle se fait jeter à terre sans ménagement, une dague sous la gorge.

  • Encore morte ! Bats-toi mieux que ça ! (le maître d'arme)

Une autre salle, entraînement à l'arc.

  • Concentre-toi, je connais des fermiers plus doués !

Une bibliothèque. Des cartes.

  • Bien joué, ta tactique aurait pu fonctionner, sans compter la cavalerie de l'ennemi qui te prend à revers et extermine ton armée.

Bureau de Nicham.

  • Tes maîtres me font part d'une extrême lenteur dans ton apprentissage, Richna. Tu me déçois beaucoup, comment comptes-tu vaincre les Wonchi avec aussi peu de compétences ? (Nicham)
  • Mais pourtant... (Richna)
  • Silence ! Retourne à ton entraînement, et tu as intérêt à ce que tes progrès soient fulgurants ! (Nicham)

Chambre. Richna pleure dans les bras d'une dame, sa grand-mère Alaya.

  • Pourquoi Grand-Mère, pourquoi dois-je subir tout ça ? Je suis si fatiguée... (Richna)
  • Chut ma fille, c'est tout. Tu es plus forte que tu ne le crois. Pense à toutes ces personnes là dehors qui souffre du joug wonchi. Toi seule peut les libérer. Le poids sur tes épaules est lourd à porter, mais tu en es capable, j'en suis sûre. (Alaya)
  • Ce n'est pas ce que pense Grand-Père... (Richna)
  • Oublie-le, ne te bats pas pour lui, bats-toi pour toi et pour l'espoir que tu représentes. (Alaya)

Richna acquiesce.

Bureau de Nicham, Richna a grandi.

  • Je te félicite Richna, tu atteints enfin mes espérances. L'heure viendra bientôt où la guerre pourra débuter. (Nicham)
  • À ce propos, Grand-Père, je ne suis pas sûre qu'il soit nécessaire de se battre. (Richna)
  • Comment ? (Nicham)
  • Grand-Mère m'a parlé de ce que cherchent les Wonchi. Nous pensons toutes deux qu'il est possible de négocier. Si nous trouvons le Dragon et leur rendons, ils pourront rentrer chez eux. (Richna)
  • As-tu perdu la raison ? Crois-tu vraiment qu'ils partirais sans demander leur reste ? Qu'ils abandonneraient une terre conquise si facilement ? N'as-tu donc vraiment rien appris toutes ces années ? (Nicham, énervé)
  • Bien sûr que non, mais il nous reste la menace de nous soulever contre eux s'ils refusent. Je doute qu'il veuille risquer la vie d'autant des leurs. (Richna)
  • Il n'en est pas question ! Que fais-tu de l'effet de surprise si tu dévoiles nos cartes n'importe comment ? (Nicham)
  • Mais.... (Richna)
  • Il suffit ! Quand à ta Grand-Mère, j'ai deux mots à lui dire ! Je lui défends de t'empoisonner l'esprit avec ses stupides idées pacifistes ! Retourne à l'entraînement et ne pense plus à ça. (Nicham)

Chambre d'Alaya. Elle est étendue sur le lit, morte, Richna a son chevet, les joues inondées de larmes. Elle serre la main de sa Grand-Mère.

  • C'est sa faute, c'est lui qui t'a tuée, ça ne peut-être que lui. Il a été jusqu'à assassiner sa femme pour une guerre inutile... (Richna, grondant)

Bureau de Nicham, Richna debout face à lui, sa tunique et son arme déjà couvertes de sang.

  • Avoue ! C'est toi qui l'a tuée ! (Richna)
  • Richna, calme-toi ! Je pleure Alaya autant que toi, je ne l'ai pas tuée ! (Nicham)
  • MENTEUR ! (Richna)

Richna saute sur lui. Nicham tend l'orbe vers elle et la touche en pleine poitrine au moment où la lame s'abat sur son visage. Une lumière aveuglante apparaît et Drya revient au présent. Elle repose le globe, tremblante.

  • Sans raisons ? Je me suis retournée contre vous sans raisons ? (Drya)
  • Richna... (Nicham, se levant)
  • Vous en voulez des raisons ? Obligez une enfant à subir un entraînement forcé, à apprendre par la force, à brimer ses idées, son libre arbitre, faire d'un pantin sa propre petite-fille, assassiner sa propre femme, le peu de douceur dans cette montagne de souffrance ? (Drya, la colère la dévorant, s'avançant vers Nicham qui ne peut que reculer, bientôt coincé par le mur)
  • Calme-toi, je t'en prie... (Nicham, levant les mains en geste d'apaisement)
  • Me calmer ? Vous me l'avez déjà demandé il y a cinq ans. Cette fois-ci, il n'y a plus rien pour vous sauvez. (Drya, dégainant)

Point de vue de derrière la porte. Des hommes cognent au battant.

  • Maître ? Tout va bien ? Que ce passe-t-il ?

Un hurlement retentit dans la pièce.

  • Maître !

Bureau de Nicham


Après la mort de Nicham, Louve debout, Drya assise contre le mur

  • Ils sont en train de défoncer la porte. (Louve)
  • Je sais (Drya)
  • Tu n'es pas en état de les combattre. (Louve)
  • Je sais. (Drya)
  • Et donc tu vas rester assise et mourir ? (Louve)
  • Ai-je un autre choix ? (Drya)
  • Tu pourrais me laisser nous sortir de là. (Louve)
  • ... (Drya)

Louve assise à côté de Drya et soupire.

  • C'est donc comme ça que tout va finir, mourir à cause de ta peur. (Louve)
  • Si je ne peux te faire sortir de mon esprit, je t'entraînerais dans la mort. Et il est légitime d'avoir peur de toi, non ? (Drya)
  • Imbécile ! Ce n'est pas de moi que tu as peur, mais de toi ! Et principalement à cause de ça (Louve montre le corps sans vie de Nicham). Ce n'est pas moi qui l'ai tué, c'est toi, c'est ta colère, je ne t'ai même pas aidée, non que je n'en avais pas envie. Tu as peur, parce que tu me ressembles plus que tu ne veux l'admettre.

Drya se renfrogne.

  • Et moi aussi, je te ressemble plus que je ne veux l'admettre... Sais-tu pourquoi je tue quand j'ai le contrôle ? (Louve)
  • Parce que tu aimes ça ? (Drya)
  • Certes, j'aime me battre, j'aime la puissance que procure la mise à mort, mais ce n'est pas tout. Je tue aussi pour me différencier de toi. Toi, la guerrière au noble cœur, moi, la tueuse fourbe et cruelle. L'aigle et le serpent... Mais je tiens de toi, c'est clair à présent. C'est pourquoi je n'ai pas tué les deux incapables chez Nansyli, que j'ai envie de chercher Hermik, et pourquoi pas d'aider le Témoin, lui qui semblait si désespéré...

Louve soupire.

  • Laisse-moi nous sauver. (Louve)
  • Tu pourrais prendre le contrôle de force. (Drya)
  • J'en ai marre de ces querelles qui nous affaiblissent ! (Louve)
  • Je ne te laisserai pas gagner. (Drya)

Louve prend la tête de Drya par les cheveux et lui frappe en arrière contre le mur.

  • Eh ! (Drya)

Louve, accroupie face à Drya, plantant ses yeux dans les siens.

  • Stupide moitié d'âme, réfléchis un peu ! Il y a deux solutions : soit tu persistes, nous mourons et perdons toutes les deux, soit tu acceptes, tu me laisses faire, et nous gagnons toutes les deux. Alors ma jolie, que choisis-tu ? (Louve)

Gros plan sur le regard de Drya.

  • La victoire.

Point de vue des hommes de Nicham qui enfonce enfin la porte. Ils tombent sur Louve/Drya, debout devant le corps sans vie de Nicham. Gros plan sur le sourire carnassier de la guerrière, s'ensuit le combat. LD se retrouve debout au milieu des corps sans vie de ses ennemis. Elle récupère le globe sur le bureau et s'en va. Dernière case sur LD de dos, dans le couloir, les morts en premier plan.

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