Chapitre 14

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 Depuis maintenant plusieurs jours, tous les après-midi, une petite foule s’amassait près du lac. Les enfants, les plus curieux, avaient été les premiers à s’approcher et à observer les deux guerriers se battre entre eux, féroces. Ils riaient à chaque fois que le garçon, se pensant enfin vainqueur, se retrouvait malgré lui allongé par terre, la lame de sa compagne sous la gorge. Les adultes, intrigués, commencèrent à se joindre aux enfants. Le spectacle en valait la peine pour des pêcheurs qui n’avaient jamais eu l’occasion d’assister à des duels. Rapidement, l’entraînement d’Hemrik devint la détente pour les villageois après leur journée de travail. Ils ne s’en lassaient pas, car Drya aimait varier les exercices.

 Le plus souvent, les deux compagnons combattaient l’un avec son épée, l’autre avec ses deux lames, et le son de l’acier montait dans l’air frais de l’automne. D’autre fois, ils n’utilisaient que leurs poings, et l’Erdrelien ressortait de l’entraînement avec tant de bleus qu’il ne pouvait les compter. À certains moments, Drya était armée et pas lui, ou l’inverse, car il n’était pas rare en situation réelle de se retrouver sans moyens de défense, et il fallait alors déployer toute ses ressources pour survivre.

 Le matin, alors que les pêcheurs étaient au loin sur leur barque et que seuls quelques jeunes enfants trop petits encore pour aider leurs mères ou leurs pères les observaient, Drya enseignait à Hemrik des étirements et des enchaînements réalisés avec lenteur et précision, travaillant ainsi l’équilibre et la connaissance de son propre corps et de ses limites. La jeune femme ne se rappelait ni quand elle avait elle-même appris ces enchaînements, ni qui l’avait initié à cet art. Néanmoins son corps, lui, se souvenait.

 Pour payer leur gîte et leur couvert, Hemrik se remémora son apprentissage du bois et offrit ses services de menuisier aux villageois. Il y avait toujours à faire dans une maison, surtout à l’approche de l’hiver. Drya quant à elle plaça des pièges et des collets dans le bois, et le lapin vint rejoindre le poisson lors des repas.

 Plus d’une neuvaine se déroula ainsi, aussi tranquille que l’eau du lac. Hemrik progressait énormément et commençait même à donner du fil à retordre à Drya lors de leur combat. Son corps, déjà fort de ses cinq années de mineur, s’était raffermi, et les jeunes filles du village lui tournaient autour sous l’œil méfiant et attentif de leurs pères.

  — Tu vas voir, ricana Louve, quand on repartira, il restera ici, tombé amoureux d’une de ses fillettes sans cervelles.


 Un après-midi, alors que Drya cherchait Hemrik pour l’entraînement, elle le trouva à l’orée de la forêt, assis, pensif. Son couteau de chasse dégainé, il sculptait un morceau de bois. Drya s’installa à côté de lui, étirant ses jambes. Son corps était courbaturé par tant d’exercices intensifs, mais c’était une bonne douleur, de celles qui vous font vous sentir vivant, et elle ne s’en plaignait pas. Elle tendit la main, paume ouverte, curieuse de voir ce qu’Hemrik avait bien pu créer. Elle fut surprise de tenir dans ses mains une poule. Une banale petite poule. Certes, elle était réalisée avec talent et précision, mais ça n’en restait pas moins un simple oiseau de basse-cour.

 La jeune femme lui rendit et s’apprêta à lui demander pourquoi cet animal, mais son compagnon la prit de court.

 — Je sais, soupira-t-il, j’aurais pu sculpter, je ne sais pas, un cerf ? Un ours ? Peut-être même un loup ? Je te l’aurais sans doute offert dans ce cas.

 Il sourit tristement.

 — Le problème, c’est que j’ignore à quoi ressemblent ces bêtes. Bien sûr, j’ai entendu pas mal d’histoires les décrivant, j’ai même eu la chance de voir la tapisserie d’une chasse aux cerfs chez une artisane. Cependant, pour moi, le cerf et l’ours sont deux créatures de mes livres de contes, au même titre que le dragon et le chien à trois têtes.

 Le jeune Erdrelien s’arrêta, rassemblant ses pensées. Drya n’osa pas l’interrompre. Hemrik était aussi avare sur ses sentiments qu’elle, et il lui semblait qu’il avait besoin de parler.

 — C’est peut-être stupide de vouloir t’accompagner. Il serait sans doute plus facile et moins risqué de trouver une femme et un lopin de terre où élever nos enfants. Aucune vie n’est exempte de dangers, mais on peut les limiter. Cependant, je refuse de vivre ainsi. Après tout ce temps perdu sous terre, j’ai besoin d’espace, quelque soit le prix à payer pour en profiter. Voilà pourquoi je veux t’accompagner.

 Drya ne su quoi dire. Elle n’avait jamais été douée pour ça. Alors elle lui entoura simplement les épaules du bras et sourit. Un cri perçant vint alors jusqu’à eux. Un cri d’enfant terrorisé. Et il venait du village. Sans se concerter, les deux compagnons coururent vers les habitations.


  Le pêcheur s’affala à terre, sonné, le nez en sang. Il tenta de se relever tant bien que mal, épanchant l’hémorragie, mais un puissant coup de pied l’envoya à nouveau rouler sur le sol. L’homme au dessus de lui dégaina dans un bruit d’acier.

 — Arrêtez ! intervint le cinquantenaire qui avait accueilli Drya et Hemrik une bonne neuvaine auparavant. Ne le tuez pas, je vous en prie.

  Les villageois observaient la scène, impuissants, la boule au ventre. Toujours aussi ponctuels, les Protecteurs étaient revenus chercher leur dû. Les cageots en bois qui contenaient poissons séchés et divers légumes étaient au milieu d’eux, ils n’avaient qu’à se baisser et les emmener, mais cela ne semblaient pas être leur principale préoccupation. Bien cachés derrière une maison, Drya et Hemrik examinaient les nouveaux arrivants. À voir leur allure et la tête des habitants, ils ne venaient pas pour la fête du village.

 — Ils sont trop nombreux, chuchota l’Erdrelien, qu’est-ce qu’on fait ?

 Drya ne répondit pas de suite. Ses mains tremblaient et elle ne parvenait pas à les arrêter. Le sang allait couler, cela ne pouvait finir autrement si ces gens ne partaient pas, et vite. Elle ne se sentait pourtant pas capable de donner à nouveau la mort.

 — Drya ?

 — Mon arc est resté chez Berge, se reprit-elle. Reste ici, je vais les déstabiliser en les abattant un par un, et toi tu en profites pour protéger les villageois et achever ceux que je n’aurai pas eu.

 Elle tourna les talons et partit vers le lac, laissant Hemrik seul. De grosses gouttes de sueur coulaient sur ses joues.

  — Votre paye est là, reprit le chef du village. S’il vous plaît, prenez-là et partez.

  — Tu veux parler de ça ? fit l’homme aux traits bourrus qui semblait diriger la bande en donnant un coup de pied dans un des cageots. En effet, il semble que cette fois le compte y soit. Il ne l’était pourtant pas la dernière fois, c’est pour ça d’ailleurs que je me suis déplacé aujourd’hui.

 — Nous vous l’avions expliqué, la pêche avait été désastreuse, et vos hommes…

 — Je sais ce qu’on fait mes hommes, le coupa le Protecteur. Ils ont pris le peu qu’il y avait sans faire d’histoire, comme ils sont censés faire la première fois. Cependant, je pensais que vous vous seriez excusés en ajoutant un supplément. Il semble que votre gratitude envers la protection que nous offrons à cet amas de taudis ne soit pas aussi grande qu’attendue.

 — C’est tout ce que nous avons, répliqua, suppliant, le cinquantenaire. Plus, et nous mourrons de faim pendant l’hiver.

  L’homme s’approcha et posa sa main sur l’épaule tremblante du pêcheur.

 — Mon pauvre Sélin, c’est dommage, mais alors il va falloir nous payer autrement.

  D’un direct du droit, il l’envoya au tapis, assommé. Le protecteur s’approcha des autres villageois et empoigna une jeune fille terrorisée qu’il tira à lui.

 — Allez-y mes amis, s’exclama-t-il. C’est la fête aujourd’hui ! Profitez-en, mais ne tuez personne, ou c’est moi qui vous écharpe ! Après tout ma belle, conclut-il en caressant le visage de la fille, ce serait bête de tuer ceux qui nous nourrissent, non ?

  Hemrik jura. Les onze hommes s’éparpillaient dans le village, entrant dans les maisons.

 — Par Kohr, que fait Drya ?

 Aucune flèche tombant du ciel ne vint néanmoins lui apporter la réponse. Il allait devoir agir. Seul.

 Prudemment, il rejoignit l’arrière d’une maison où il avait vu rentrer un des inconnus. Il pénétra par l’arrière, son couteau de chasse dégainé. Dans un espace aussi réduit et encombré qu’une maison, son épée n’aurait été qu’une gêne.

 Une femme criait de l’autre côté du rideau de tissu qui le séparait de l’avant de l’habitation. Le bruit de poterie s’éclatant sur le sol les masquait à peine. Lentement, il écarta le tissu. Face à une jeune fille qui se débattait farouchement, l’homme lui tournait le dos. Parfais.

 Hemrik s’élança et sauta sur son dos, enlaçant son adversaire d’un bras et plaçant son poignard pour lui trancher la gorge. Il ne termina cependant pas son geste. Une main invisible semblait retenir son bras. Son adversaire en profita pour reculer dans un mur. Sous le choc, Hemrik eut la respiration coupée et lâcha prise. L’ennemi se retourna et visa de sa propre dague le ventre de l’Erdrelien qui n’eut d’autre choix que de se jeter sur lui. La lame rata sa cible, mais lui laissa une profonde entaille au dessus de la hanche. Sans plus réfléchir, Hemrik enfonça son couteau. La chair céda sous le tranchant de la lame. Le sang lui éclaboussa le visage. Il retira son arme et l’abattit encore et encore, même lorsque l’homme, étendu par terre, eut le visage en charpie.

  L’Erdrelien s’assit dos au mur où il avait faillit être étripé. Sa poitrine se soulevait convulsivement. Il essuya d’un revers de manche son visage en sang. Son adversaire était mort. Il l’avait tué. Il regarda ses mains et le couteau ensanglanté qu’il n’avait pas lâché. Il savait maintenant ce qui avait retenu son bras et lui avait presque coûté la vie. C’était lui-même. Il avait eu peur de tuer. Peur de ce que ça changerait en lui.

 La fille, qui semblait être encore plus jeune que lui, s’approcha doucement, les joues maculées de larmes. Il sut alors pourquoi il avait tué. Et qu’il recommencerait si c’était nécessaire.

 — Vous êtes blessé.

 Sa voix n’était qu’un murmure, mais il était réconfortant. Hemrik jeta un coup d’œil à sa plaie. Elle saignait abondamment, mais n’était pas profonde. Rien de dramatique. Rationnelle, la fille prit la dague des mains de l’Erdrelien et coupa un lambeau de tissu de la tenture. Elle pansa habilement la plaie et lui rendit l’arme.

 — Ces hommes nous extorquent le peu qu’on a en nous offrant leur soi-disant protection, fit-elle en crachant sur le cadavre. Maintenant qu’un des leurs est mort, ils ne nous laisseront pas en paix. Il va falloir finir le travail.

 Son regard humide était effrayé, mais déterminé.

 — Alors vous allez m’aider, répondit Hemrik. Drya va les abattre avec ses flèches, mais pour ça il faut les faire sortir des maisons. Vous vous en sentez capable ?

  — Si tu risques ta vie pour un village qui n’est pas le tien, il est de mon devoir de t’aider.

 Elle se pencha sur lui et l’embrassa. Surpris, il ne réagit pas.

 — C’est au cas où, chuchota la fille. Je pourrai me vanter d’avoir embrassé un fameux guerrier.

 Et elle sortit, laissant l’Erdrelien pantois.


Drya avançait lentement derrière les maisons, une flèche encochée. Elle voulait une bonne vue sur la place et le reste du village, et pour ça elle allait devoir atteindre le premier étage de l’habitation du chef. Les villageois courraient dans tous les sens, et il fallut du temps à la jeune femme pour comprendre que malgré les apparences, ils avaient un but, se regrouper à l’extérieur, sur la place, attirant les brigands hors des maisons inoccupées et sans attirances, vides comme elles l’étaient.

 Après quelques pas, la guerrière atteint le coin du mur qu’elle longeait. Il ne lui restait que quelques aunes à parcourir pour parvenir à destination, mais elles étaient à découvert, et elle ne pouvait les franchir sans se faire repérer.

  Un bruit, derrière elle. D’un mouvement souple, elle se retourna, tendant sa corde. Un Protecteur la menaçait, épée levée. Étrangement, il restait immobile, les yeux écarquillés. Du sang coula de sa bouche, et c’est là qu’elle aperçut la pointe ensanglantée de la lame qui lui transperçait le torse. Son propriétaire la retira et l’homme bascula en avant au ralenti, s’étalant à terre, mort. Hemrik, un petit sourire aux lèvres, secoua d’un coup sec son épée. Le sang tomba sur le sol en pluie vermeille.

 — Et quoi Drya ? C’est pas toi qui m’as dit de toujours surveiller ses arrières ?

 La jeune femme le fixa, abasourdie. Où était donc passé le gamin qu’elle avait sortit des mines ? C’était un homme qui se tenait devant elle à présent, et elle ne s’était rendue compte d’aucuns changements.

  — Je suis agréablement surprise, fit Louve, ce gamin a plus de potentiel qu’on ne pourrait le croire.

  — Tu es blessé ! s’écria Drya. Je suis désolée, j’aurai préféré revenir plus vite et que tu n’aies pas à te battre… et à tuer

  — Pourquoi m’entraînes-tu dans ce cas ? Je suis blessé parce que j’ai hésité. Ça ne se reproduira plus. Qu’attends-tu toi pour les abattre ? Ils sont presque tous sortis des habitations, il faut agir. Maintenant.

 Drya hocha la tête. Elle lui indiqua la maison et lui expliqua que c’était de là qu’elle avait le plus de chance de les atteindre sans dégâts collatéraux.

 — Alors vas-y, je fais diversion.

  La jeune femme tenta de le retenir, mais il était déjà parti.

  — Arrête de vouloir le protéger ainsi, tu n’arriveras qu’à nous faire tuer tous les trois. Fais-lui confiance et occupe-toi plutôt de tes propres problèmes.

 — Et c’est toi qui dis ça ?

 — Aimer donner la mort et la souffrance ne m’empêche pas d’apprécier les gens à leur juste valeur. Cours ! La diversion a commencé.

  En effet, Hemrik s’avançait à découvert de l’autre côté de la place, et tous les visages se tournaient vers celui qui osait défier les Protecteurs. Drya jura, mais s’élança vers son but sans regarder en arrière.


 — Alors c’est vous les soi-disant braves hommes qui protègent le village ? tonna Hemrik, l’épée au clair. Je ne vois pourtant qu’un ramassis de voyous qui se croient forts à dépouiller de pauvres gens.

 Les villageois reculèrent, profitant que l’attention des Protecteurs se concentrait sur le jeune guerrier. Seule resta la jeune fille toujours prisonnière des bras du chef.

 — Qui es-tu toi ? s’exclaffa-t-il. Un preux chevalier ? T’es si jeune que tes lèvres sont encore barbouillées de lait, et tu oses nous défier ?

 Hemrik s’avançait toujours, déterminé. Les battements de son cœur résonnaient à ces oreilles, sa vision étant concise, ses idées claires. Il n’avait jamais été aussi calme de toute sa vie. Il arriva à hauteur du premier homme qui l’attaqua. Il évita le coup de hache et d’un geste vif lui trancha la gorge. L’Erdrelien continua calmement son chemin, sans se préoccuper de son adversaire qui tombait lourdement sur le sol, son sang se répandant sur la terre meuble.

 — C’est maintenant ou jamais, Drya, pensa-t-il, je vais me retrouver avec toutes ses brutes sur le dos.


 L’ancienne mercenaire avait atteint le premier étage sans encombre, et regardait à présent par la fenêtre, flèche encochée, corde tendue. Cependant, ses mains tremblaient. Elle allait distribuer la mort, et n’osait pas lâcher ses flèches. Louve ruait dans sa tête, l’a traitant de tous les noms possibles et imaginables, mais cela n’empêchait pas les convulsions de ses bras. Hemrik venait d’abattre un d’entre eux, et il ne semblait pas s’en formaliser. Elle s’en voulait pour ça. Et elle s’en voulait encore plus de ne pas arriver à l’aider. Son corps entier repoussait l’idée même de commettre ces meurtres.

 — Ça va, c’est bon, tu ne veux pas tuer, on a compris ! s’impatienta Louve. Mais si tu ne fais rien, c’est Hemrik qui va mourir, et tous les villageois sans doute, et puis nous aussi, accessoirement. Alors tire !

 Un frisson parcourut le corps de Drya, et elle se sentit aidée, comme si une personne invisible s’était installée derrière elle et lui tenait les bras, arrêtant les tremblements. L’espace d’une fraction de seconde, elle se vit dans une longue salle, en train de viser des cibles en bois, un homme guidant ses gestes pour lui apprendre.

 L’instant d’après, la flèche partit et s’enfonça profondément dans le dos d’un Protecteur. Puis une autre, et encore une autre. Drya ne se rendait plus compte de ses gestes. Elle prenait une flèche, l’encochait, et tirait mécaniquement. Elle faisait mouche à chaque tir. Hemrik profita de la confusion et élimina plusieurs ennemis.

 Quelques instants plus tard, il ne restait plus debout que le chef des Protecteurs, la fille qu’il gardait en otage et Hemrik. Les villageois s’étaient réfugiés dans leurs maisons quand les flèches avaient commencé à siffler. Drya n’avait aucune ouverture sur le meneur. Elle ne pouvait qu’espérer qu’Hemrik arriverait à le faire tourner sur lui-même. Il ne lui fallait qu’une fenêtre de tir, et la tuerie prendrait fin.

 L’homme reculait vers la sortie du village, la fille devant elle, bouclier humain. Hemrik s’approchait prudemment, il avait trop peur qu’un geste brusque ne signe l’arrêt de mort de la villageoise.

 — C’est fini ! cria-t-il. Vous avez perdu, relâchez-là !

 — Jamais ! Je reviendrais, soyez-en sûr ! Et je balayerai ce village de la carte ! Le feu…

 Une flèche apparut dans son œil, arrêtant net son discours. Il avait relevé la tête de derrière l’épaule de la fille. Ce fut sa dernière erreur.

 Drya lâcha son arc et se pencha par la fenêtre, remettant tout ce qu’elle avait sur l’estomac. Elle tremblait de tout son corps et ne put s’empêcher de penser à Erik et à la flèche qu’il avait lui-même reçu.

  — Tu… tu m’as aidée, balbutia Drya, et ce sans me voler mon corps. Pourquoi ?

 — Déjà, je ne vole rien du tout, répliqua Louve, ce corps est aussi le mien. Ensuite, ne te méprends pas, je n’avais juste pas le temps de prendre le contrôle. J’aurai préféré les abattre moi-même plutôt que de te venir en aide ainsi, crois-moi.

  — Ça signifie que je devrais te remercier ?

 — Je n’ai que faire de tes remerciements.

 Un peu calmée, Drya descendit les escaliers. Elle se gratta machinalement la tempe droite, son œil crevé la démangeait. Les frémissements de ses membres n’avaient pas cessés, mais ils diminuaient progressivement.

 — C’était bizarre tu ne trouves pas ? D’être aussi proche, de faire les mêmes gestes ainsi, à deux.

 — C’était très désagréable, conclut Louve.

 Mais elle mentait, et tentait de le cacher tant bien que mal à Drya. Elle ne s’était jamais sentie aussi bien que lorsque les deux consciences s’étaient rapprochées sous la douleur des tortures de Jerm. Et même comparé à ça, ce qu’elle venait de ressentir était sans commune mesure.


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