Sur les ailes des pigeons

2 minutes de lecture

J'ai fini par accepter le fait que je n'arriverais pas à remplir mes propres attentes. Mon nouveau credo : faire dans la mesure du possible...

Les jours passent vite dans un tourbillon de travail bâclé, de plumes et de pages. Oui, de plumes : cela fera bientôt cinquante jours que je passe seule dans mon appartement, et mon plus grand réconfort, avec Scribay, est de nourrir les oiseaux sur mon toit. Je reconnais mes habitués, maintenant : un gros gris, un petit gris foncé aux yeux rouges, un gros au plumage roux, une petite demoiselle au bec de tourterelle. Mon préféré est un oiseau aux plumes ébouriffées, avec une patte manquante , affectueusement surnommé le Boiteux. Son air d'oisillon perdu m'attendrit, et je lui lance un peu plus de croûtes. Tous s'envolent à l'approche du Corbeau, qui n'est pas méchant pourtant. Je les détestais avant, mais maintenant leurs démarches sautillantes et leurs petits yeux intelligents me sont chers.

Et bien sûr, il y a Scribay, où je passe le plus clair de mes journées. Beaucoup de gens affirment, et avec sagesse, qu'il ne faut pas attribuer de valeur aux retours des autres ; pourtant une phrase lue je ne sais plus où est restée avec moi, et elle affirmait que toute forme d'art n'est pas complète avant d'avoir reçu de l'attention. Elle me plaît beaucoup. Comme ma professeure de français nous l'a dit un jour, au milieu d'un silence religieux : la lecture est avant tout une transmission, une connexion, un partage entre une part de l'écrivain et entre le lecteur. Un livre est une expérience, un imaginaire, une création chère à quelqu'un, qui résonnera en d'autres, pour des raisons diverses... C'est une parole, un dialogue : que ferait-on sans l'interlocuteur ?

Les mots écrits ont besoin de se faire entendre, eux aussi.

Reconnecter avec les Scribayens me fait donc un bien fou. Maintenant, j'ai un regain de motivation qui me sort hors du lit pour me mettre à réfléchir, lire, écrire, aider, échanger et recevoir de l'aide aussi. Ma charge de travail en souffre quelque peu, il est vrai... Je me sens moins seule, et c'est rassurant. Ma classe, seconde famille, mes parents me manquent toujours, mais au moins ai-je quelque chose à faire pour donner un peu de sens (et de routine !) à mes journées confinées.

Et le pianotement de mes doigts sur le clavier fait écho au "tap, tap, tap" des créatures ailées sur mon toit mansardé. Je m'éveille au roucoulement des pigeons qui me demandent à manger, et je prends mon petit-déjeuner avec eux...

On réussira toujours à se recréer une maison.

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