Je t'observe alors que, rasoir à la main, gel sur le visage, tu entreprends mécaniquement de rendre cette douceur à ta peau que j'aime embrasser, caresser. Je fais durer ma douche, faisant mine de me laver encore et encore pour que tu ne te doutes de rien, que ces bruits banals endorment ton esprit alors que je t'épie à travers la paroi vitrée.

Avec les années, tes muscles sont moins saillants mais je te désire toujours autant, peut-être même plus. Ton corps est la mémoire de notre amour, de nos jeux, érotiques, charnels. Il n'est pas une bouée à laquelle je m'accroche, mais un tronc sur lequel je puise la sève qui m'épanouit. De mes aventures passées, à l'heure où les attirances naissent, je n'en retiens qu'un brouillon d'une oeuvre que je croyais pourtant achevée, avant toi.

Je coupe enfin l'eau tandis que tu tamponnes ton visage d'une serviette de coton. Je m'approche et colle mon corps mouillé au tien. Un frisson glisse le long de ton échine. Mes bras t'enserrent, mes mains se posant à plat sur ton torse, mon bassin épousant tes fesses musculeuses. Mes lèvres parcourent ton dos de baisers gourmands. Ta peau est douce comme ces dentelles de factures précieuses que je porte et qui plaisent tant à tes yeux. Tes mains rejoignent les miennes dans une douce caresse. Tu ne bouges plus. La faim de toi m'envahit, égare ma raison, quelque part.

Je veux sentir ta verge vibrer dans ma main, implorer mon attention. Je veux sentir ton gland, à la fois dur et soyeux, caresser mon palais, glisser sur ma langue, mes lèvres enserrant ta hampe bandée. Je veux que tu embrases mon foyer déjà incandescent, de ta bouche, de ta langue, de tes doigts agiles et aventuriers.

Je m'approche de ton oreille. Tu tournes légèrement la tête.

- Emmène-moi, dis-je dans un souffle.