PROLOGUE

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En cette fin de soirée automnale, le ciel nuageux arborait des teintes rosées et orangées. L'odeur âcre des feux de bois allumés dans les environs balayait l'air. Les oiseaux chantaient encore leurs louanges. Un certain calme régnait.

Cette harmonie extérieure contrastait avec la scène qui venait de s'achever dans la maisonnée.

Agenouillé au-dessus du cadavre, le souffle saccadé par son effort acharné, l'artiste contemplait son œuvre d'un air satisfait. Ses bras encore tendus et ses doigts toujours crispés sur le cou de sa victime allongée. Lentement, il les dégagea, les retourna vers lui et les contempla de son regard froid. Une petite abrasion sur sa paume gauche, au niveau de sa ligne de vie, retint son attention.

  • La garce !

Le tueur se releva rapidement. Il toisa sa victime et croisa son regard vitreux. Son visage n'exprimait qu'une légère moue de dégoût. Il décida de laisser sa proie dans l'entrée.

Le bourreau se retourna d'un geste brusque. Il contourna la table de la cuisine en faux marbre, où trônaient les restes d'un déjeuner et deux verres de vin entamés. Il emprunta des escaliers en colimaçon noirs. Ces derniers menaient à la cave. Tout en laissant glisser sa main sur la rampe, il dévala les marches.

Une odeur de moisi imprégnait l'air. Sans sourciller, il poursuivit son chemin, habitué à cette effluve faisandée.

Au milieu de la pièce mal éclairée, gisait un corps de femme étendu sur un établi en bois. Il s'approcha d'elle délicatement, esquissa un sourire en se penchant sur la dépouille et posa sa main tremblante sur sa joue froide.

  • Tu m'as obligé, tout comme elle l'a fait. Je t'aimais tellement... sanglotta-t-il en caressant d'une main le bras du cadavre.

Presque immédiatement, il reprit ses esprits. La minute d'abandon terminée, ses traits redevinrent durs et froids. L'individu recula et se saisit d'une longue masse à tête noire, posée en bas d'une étagère. Il remonta l'escalier pour se positionner devant le corps laissé au rez-de-chaussée. Il plaça sa première main en haut de la masse, l'autre à son extrémité et frappa le visage de sa victime sans répit. Un coup, deux coups... dix coups. Le sang giclait dans toute l'entrée de la maison sous la violence des assauts répétés. Sans se préoccuper des éclaboussures provoquées, il continuait son massacre. Des morceaux d'os puis de cervelle parsemaient désormais l'air. La rage parcourait les moindres recoins de son être, tel un poison coulant dans ses veines.

Au bout de quelques minutes d'acharnement, il s'arrêta. Sa tâche macabre accomplie, l'assaillant lâcha l'arme ensanglantée et se détourna du cadavre. La jeune femme à terre était méconnaissable, seuls ses cheveux roux avaient résisté à la virulence de l'attaque.

Au loin, dans le salon, le son de la télévision bruissait. Retrouvant sa lucidité et attiré par ce bruit confus, l'assassin se retourna nerveusement. Ce geste fit bruiner sur le sol les gouttes de sang qui ruisselaient encore sur son visage. Il s'avança d'un pas décidé pour atteindre le poste de télévision, attrapa la télécommande qui trônait sur la table basse afin d'augmenter le volume de l'appareil. Il se saisit également d'un morceau de pain au chocolat se trouvant à côté de celle-ci.

Le reportage qu'il attendait commença. En bas de l'écran, s'affichait le titre :

Sasha Sanders, la star du cinéma internationale est-elle en perte de vitesse ?

Délaissant sa viennoiserie, le prédateur s'approcha du téléviseur et posa ses doigts sur la silhouette interviewée :

  • Tu vas payer pour tout ça. Je te le jure, tu vas payer.

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