Manchots et sirènes

Une minute de lecture

J'entrais dans la salle de réception d'un pas hésitant. Je n'étais pas habitué à ce type de soirée guindée, où chacun avait dépoussiéré son plus beau costume trois-pèces et chacune brillait de mille feux dans leur robe à strass. La fête battait son plein, la champagne coulait à flot dans les verres qui tintaient avant de se vider aussi sec.

Les pingouins s'amassaient dans la salle de réception, chacun une sirène à son bras. Parmi eux, je faisais office de manchot : personne à mon bras, comme si je n’en avais pas. Alors que je vidais moins aussi ma énième coupe du breuvage doré, je la vis, à l’autre bout de la pièce, et je ne vis plus qu’elle.

Je m’avançais d’un pas lent, mais décidé, vers celle qui avait croisé mon regard et qui ne le lâchait plus. Je saisissais une nouvelle coupe qui trainait là et continuait d’avancer sur ma lancée, mon regard toujours plongé dans le sien.

Je m’arrêtais face à elle, nous nous tenions face à face. Je ne détournais pas mon visage du sien, et lui tendait la coupe.

  • Champagne ?, demandai-je comme un ordre.
  • Volontiers, répondit-elle en vidant le verre d’une lampée.

A peine vidée, elle tendit le verre à son inconnu de voisin et m’embrassa.

Je goûtais ses lèvres où perlait le divin breuvage, je les dégustais comme on savoure la dernière goutte d’un calice et m'enivrais de son souffle suave et alcoolisé. Sa langue rencontra la mienne et dansèrent ensemble dans une symphonie liquoreuse. Nos mains se touchèrent elles aussi, se découvraient et jouaient ensemble. Parfois, l’une d’elles quittait l’aire de jeu manuelle à la recherche d’un nouveau terrain inconnu, plus chaud, plus charnu.

Ma main se posa sur le bas de son dos et l’attira tout contre moi. Mon ardeur la perturba et mit fin à notre baiser.

L’assemblée, médusée de notre passion si neuve, nous dévisageait.

Une voix suave me murmura à l’oreille : "Chambre 26. A l’étage. Dans cinq minutes. Ne sois pas en retard, je n'aime pas attendre.”

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