
Les nouveaux genres, les horizons inexplorés
Bonjour les enfants, je crée ce forum, déjà pour remercier @JoeCornellas d'avoir créé cette communauté et de m'avoir fait connaître Scribay. Ensuite parce que j'aimerais débattre de plusieurs choses qui ont émergé de mon cerveau et qui pourraient bien chambouler la carte de la fantasy.
1. LA SOFT FANTASY
Dans ma classification un peu complexe, il existe trois genres principaux dans la fantasy : la light fantasy (la fantasy humoristique), l'heroic fantasy (plus besoin de la présenter) et la dark fantasy (fantasy sur fond sombre voire virant vers l'horreur chez certains). Ensuite viennent les sous-genres... même si la notin d'heroic fantasy est contestable. Cependant il se pourrait qu'un quatrième courant émerge...
Il faut d'abord savoir que la "soft SF" est un courant de science-fiction qui désigne toutes les œuvres qui privilégient la réflexion sur l'Univers et l'Homme que le côté scientifique. C'est un peu la SF "philosophique". Or on a découvert qu'on pouvait également désigner ainsi les œuvres de fantasy.
C'est un magazine jeunesse qui a ainsi eu l'idée de qualifier "Un pont à travers les brumes" (prix Hugo et Nebula, si je ne me trompe pas) de roman de fantasy "soft". Et il est vrai que certaines œuvres sont beaucoup trop tournées sur la réflexion pour être considérées comme de l'heroic fantasy (ni même ses sous-genres les plus divers)... Doit-on qualifier ou non la soft fantasy comme non seulement un courant existant mais aussi le quatrième genre principal de la fantasy moderne ?
2. LA TRAVEL FANTASY
L'idée m'est venue de désigner par ce terme un sous-genre d'heroic (et soft ?) fantasy qui s'apparenterait à toutes les œuvres où il n'est pas question de quête proprement dite mais de voyages (exemple : Le secret d'Orbae). On pourrait alors y créer une sous-famille dont j'ai moi-même eu entièrement l'idée : la wander fantasy (la fantasy/le merveilleux du vagabond). La wander fantasy qualifierait une œuvre se concentrant autour d'un personnage solitaire arpentant des paysages sauvages, tels que des forêts de sapins ou des montagnes rocheuses. Est-ce que la travel fantasy pourrait être considérée comme un sous-genre à part entière et est-ce que la wander fantasy est une idée qui tient la route selon vous ?
Je suis plutôt d'accord avec Wikipedia sur la liste des sous-genres :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fantasy (paragraphe "Sous-genres")
et
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sous-genres_de_la_fantasy
Il y manque cependant l'archeology fantasy, très peu connue (L'Atlantide, de Pierre Benoît, Rois du monde, de J-P Jaworski), et pourtant au cinéma : les Indiana Jones, La Momie I, II et III, Le Roi Scorpion...
Cela dit, au vu de ce dernier titre, je ne sais pas s'il faut classer une œuvre telle que Les Chroniques d'Arcturus, de Gilles Servat (fantasy sur fond de légendes celtiques), en archeology fantasy ou en med-punk. Et Thorgal, de Van Hamme & Rosinski ? Pas toujours évident .
Ça devient compliqué dans ma petite tête ! ^^
La soft SF est l'équivalent SF de la low fantasy, elle est plus axée sur les enjeux socio-culturels avec une évolution sociétale de la race humaine, plutôt qu'une évolution technologique. Et il parait que c'est une "french touch" ! En effet, les américains sont encore très hard sf et cyberpunk et la SF plus sociale est plus en vogue dans la francophonie. C'est un vieil auteur de SF français qui expliquait cela dans un article fort intéressant sur le bilan de la SF francophone de nos jours.
Pour une fois qu'on a un pas d'avance quelque part dans un genre litté sur les anglophones !
Et depuis peu, il y a aussi la "solar SF", la SF écologique avec une exploitation des énergies renouvelables exacerbée. Perso, je suis dans une soft SF avec un de mes récits autopubliés, totalement.
"C'est un vieil auteur de SF français qui expliquait cela dans un article fort intéressant sur le bilan de la SF francophone de nos jours."
Tu n'aurais pas la ou les sources, par hasard ? Les sous-genres de la science-fiction et de la fantasy, cela m'intéresse...
"D'une part, il y a eu un mélange : la SF d'Ayerdahl, par exemple, est beaucoup plus généraliste puisqu'elle introduit le monde vivant. Il n'y a pas cette espèce de fermeture par rapport à la SF d'origine, qui se voulait rigoureuse et à forte teneur scientifique. La science-fiction française ne se focalise pas uniquement sur les sciences dures, elle intègre la sociologie, l'ethnologie, toutes les sciences humaines.
Cela a permis d'intégrer beaucoup plus d'humanité dans le récit. "
https://usbeketrica.com/fr/article/on-assiste-a-une-renaissance-de-la-science-fiction-francaise?fbclid=IwAR2C9zbW4g9QVrSVq0mkWz18Cq_buCr8VLB-bUHHvcuC2bjtRLVa7k6_Qvc
Arte aussi s'est penché dessus, plus en détail : https://www.arte.tv/fr/articles/tracks-solarpunk-ecologie-sf
En plus cela faisait un moment que je n'étais plus allée sur le site d'Usbek & Rica. J'ai dû voir cet article... et le zapper. Du coup, ton lien me permet d'y retourner...
Je n'écris QUE cela quand je fais de la SF !
https://www.scribay.com/text/1264589974/philofictions
Du coup je suis assez mitigé.
En un sens j'aimerais bien que la Fantasy puisse sortir de certains codes déjà bien trop encrés dans les philosophies actuelles. Ça permettrait de différentier beaucoup mieux les différences entre chaque style.
Mais en même temps je trouve que vouloir mettre un nom derrière chaque style donne un effet inconscient de... Barrière à la nature intrinsèque de la fantasy.
Ensuite j'en conviens ce n'est que mon avis sur la chose ^^.
A ce moment là, toute oeuvre est unique et si elle est un tant soit peu originale, elle pourrait être une case à elle seule héhé. Et toute oeuvre va croiser plusieurs genres et ne sera jamais à 100 % dans une seule case, ou alors c'est triste.
Je me dirais même assez réfractaire aux cases et à ces genres... Alors ouiiiii, commercialement parlant, on a besoin de ces grands genres, c'est tout à fait logique mais ça a ses côtés pervers. Des œuvres hybrides peuvent fatalement se retrouver dans un genre et certains lecteurs vont potentiellement être décontenancés parce qu'ils en attendaient autre chose - les grands topoï du genre, tandis que ledit genre ne rendra jamais compte du texte dans son ensemble.
Je ne sais pas trop comment me situer par rapport à ces questions, et j'y suis directement confrontée avec mon projet actuel : "Delenda Carthago Est" tombe fatalement sous le coup de la fantasy vu qu'il y a royaume fictif. Mais pas de magie, pas de dragons, etc, vraiment une ambiance beaucoup plus politique et historique. Autant dire que ça en déconcerte plus d'un qui attend plutôt dans la fantasy tout ce qui est magie etc. Il y a bien la "fantasy de mœurs" où je me reconnais davantage, mais peu de gens connaissent réellement le sous-genre. Bref, ça m'interroge, et souvent je choisis la catégorie "aventure" assez neutre... Mais mon travail se définirait limite bien par l’appellation "baroque", entre aventure, simili historique, politique...
Que pensez-vous de cette grande place des catégories dans la production littéraire, et du rapport qu'une oeuvre doit ou pas avoir avec des grands "genres" ?
Pour ajouter à ton propos (sur le côté marketing des classements) je vais prendre l'exemple de Bernard Werber : ce type écrit des romans de science-fiction, mais comme ce genre est très "marqué" commercialement parlant et en plus dénigré par la jet set littéraire, les éditeurs ont déclassé ses romans pour les fourrer en littérature classique. C'est beaucoup plus classe, ça brasse plus large, c'est plus vendeur. En gros, les éditeurs utilisent les catégories pour cibler des publics, par pour ranger les œuvres dans une nomenclature cohérente.
Médiéval-fantastique ? Hum... à voir, je ne sais pas. Le fantastique c'est pas quand il y a indécidabilité entre le rationnel et le surnaturel ? Pas trop là dedans mon texte, il y a des figures monstrueuses mais au sens de "phénomènes humains" et pas trop de jeu sur le surnaturel. Thème religieux et mystique en revanche assez présent, et politique également. Le tout se passe à la transition XVIe-XVIIe siècle --
Je me bagarre pas mal avec des questions de catégories, c'est certainement quelque chose dont j'aurai à discuter quand je présenterai mon projet à l'édition. Puis bon après y a la distance à avoir vis à vis de tout ça, un très bon texte peut mêler les genres et composer avec eux, tout est dans la cohérence de l'histoire et de l'univers avec lui-même, après les catégories...
Vaste question en tout cas !
Pour en revenir à Werber, je précise que ses romans ont été à l'origine classés en SF par les éditeurs ! Donc c'est bien suite à son succès commercial qu'il a changé de catégorie :-O
cela dit je viens de me rendre compte que je fais de la soft SF sans le savoir... et que j'ai dû faire de la soft-fantasy avec le Panseur (sauf que pour moi c'est plutôt du fantastique) ça va pas changer ma façon d'écrire pour autant je pense et ça me fait une belle jambe.
Ta catégorie de voyage, en quoi cela relève-t-il de la fantasy de faire un voyage contemplatif en forêt ? c'est une sorte "into the wild" mais où on croise des elfes ? si c'est du contemplatif spirituel et sans vrai histoire, c'est un roman... je vois pas ce que viens faire la fantasy au milieu de tout ça en fait, j'ai un peu du mal à visualiser le concept.
Tu oublies la science-fantasy ;-)
En fait, la fantasy fait souvent appel au voyage. C'est un des ressorts du Merveilleux. Mais là, ce dont tu parles, c'est plus d'un genre qui ne porterait pas d'intrigue, un genre descriptif et contemplatif. L'idée d'un qualificatif pour les genres vient souvent d'un éditeur, et c'est généralement par soucis marketing. Je ne sais pas si les classifications sont dans l'intérêt des auteurs... Elles risquent de les priver de lecteurs potentiels.
Les éditeurs doivent en effet choisir comment classifier les livres. Je me verrais ravi de pouvoir les aider dans leur classement s'il pouvait m'arriver d'en rencontrer un.
J'aime bien ces deux idées.
Peut-on parler de "hard fantasy" dans le sens "découverte intense et détaillée d'un univers inconnu" ? "Soft" s'y opposerait alors dans le sens où l'auteur décide de ne pas présenter tous les rouages de son univers. ^^
Mais qui sait ? Peut-être dans 20 ans... Lorsque les lecteurs se seront lassés des schémas classiques de la fantasy, peut-être créeront-ils ça...
Pour la "hard SF", si j'ai bien compris, il s'agit d'y aller à fond dans les détails scientifiques et techniques, c'est bien ça ? Mais en général, on est dans un futur plus ou moins proche, donc dans notre univers bien de chez nous - les nouvelles planètes ne la rapprochent pas vraiment de la fantasy, puisque quelque part ailleurs, il existe bel et bien une Terre (d'anticipation ou non).
On pourrait appeler "hard fantasy" un roman qui s'attache à présenter cet autre univers : sa géographie détaillée, ses animaux, ses plantes, ses peuples et autres races, et leur évolution, son histoire, etc. etc. C'est ce que je voulais dire. Au final, ça donnerait la même impression au lecteur que d'être enseveli de détails scientifiques. x'D Non ? ^^
Au final, la hard fantasy reste hypothétique. J'attends les réactions des autres membres...
Cela dit, tu as raison. Les classifications de la fantasy et de la SF sont trop dissimilaires, il est temps de les mettre un peu d'accord. Le terme SF humoristique devrait être remplacé par light SF, et nous devrions pouvoir créer la dark SF. Quant à l'heroic SF, elle existe d'ores et déjà (merci George Lucas !).
J'avoue que classifier, dans un sens, ne sert pas à grand-chose. Mais c'est une science après tout, et ce serait dommage de ne pas la développer ! (Personnellement, je comprends que ce soit "prise de tête" pour certains, mais moi, j'ai l'habitude de classer sur des critères bien définis. De toute façon, il n'y a pas d'accord universel sur la classification des livres, ce qui rend l'affaire encore plus épineuse.)
Pour ton idée de travel fantasy, je dit oui. Pourquoi le héros/l'héroïne doit-il/elle forcément avoir une quête ou un but ? Le voyage initiatique pure et dur est une très bonne base pour un récit de fantasy ! Après, là encore, on peut retrouver ce schéma dans la fantasy Pulp où le héros/l'héroïne subit les événements sans les provoquer pour passer à autre chose dans l'épisode suivant (le facteur contemplatif en moins).