
Heroic Fantasy
par Joe Cornellas il y a 4 ans
Par un hasard pas si fortuit, j'ai retrouvé ce week-end une édition de Conan parue chez J'ai lu en 1984, illustrée d'une superbe couverture de Frazetta... Aaaah, toute une époque. Belle madeleine de Proust. Bref, je ne résiste pas à l'envie de vous recopier la dernière page de la préface de L. Sprague de Camp, car je la trouve vraiment très intéressante :
"J'ai nommé heroic fantasy un sous-genre de la science-fiction, appelé par ailleurs sword and sorcery. Il s'agit d'une histoire d'action et d'aventures qui se déroule dans un monde plus ou moins imaginaire, où la magie a cours et où la science et la technologie modernes n'ont pas encore été découvertes. Le décor peut être (comme pour les aventures de Conan) la Terre, telle qu'on peut imaginer qu'elle a été il y a des millénaires, ou qu'elle sera dans un lointain futur, ou bien encore dans une autre dimension.
L'heroic fantasy allie la couleur locale et la fougue du récit fantastique aux émotions ataviques et surnaturelles du conte étrange ou occulte, ou de l'histoire de fantômes. Lorsqu'elle est réussie, elle procure le plus pur plaisir de la fiction, dans toute la plénitude du terme. C'est un récit d'évasion, qui permet de fuir complètement le monde réel pour un autre où tous les hommes sont forts, toutes les femmes belles, toute vie aventureuse, tous les problèmes simples, et où personne ne songe à parler d'impôts sur le revenu, de chômage ou de médecine socialisée.
Le pionnier de l'heroic fantasy fut l'Anglais William Morris, vers 1880. Le genre fut ensuite exploité, dans les premières années du siècle, par Lord Dunsany et Eric Eddison. Dans les années trente, la création des magazines Weird Tales, puis Unknown Worlds, fournit des débouchés pour ce type de contes, et de nombreux récits mémorables de sword and sorcery virent alors le jour. Citons notamment les aventures de Conan, Kull, et Solomon Kane, de Howard; les contes macabres d'Hyperborée, de l'Atlantide, d'Averoigne et du futur continent zothique, de Clark Ashton Smith; les récits atlantéens de Henry Kuttner; les aventures de Jirel de Joiry, de C. L. Moore; et les histoires du Grey Mouser, de Fritz Leiber. (Je pourrais également mentionner les contes de Harold Shea, de Fltecher Pratt et de moi-même).
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le marché des revues pour ce genre d'histoires connut une réduction sensible, et l'on put croire quelque temps que le fantastique avait été un simple accident de l'ère des machines. Mais avec la publication de la trilogie de J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux, et la réimpression de plusieurs oeuvres antérieures dans ce domaine, ce genre a connu un second printemps.
L. Sprague de Camp"
Voilà, c'est géant. Tout est dit. Et j'espère que vous avez bien noté les références qu'il cite ;-) Pour ma part, je ne les ai pas tous lus mais des titres aussi évocateurs me font déjà voyager !
Notez que The Grey Mouser est traduit en Français par Souricier Gris (accompagné de son inséparable compagnon Fafhrd - dont j'ai dû aller chercher l'orthographe sur Wikipédia ;-)).
Allez, je m'en vais relire Conan !
"J'ai nommé heroic fantasy un sous-genre de la science-fiction, appelé par ailleurs sword and sorcery. Il s'agit d'une histoire d'action et d'aventures qui se déroule dans un monde plus ou moins imaginaire, où la magie a cours et où la science et la technologie modernes n'ont pas encore été découvertes. Le décor peut être (comme pour les aventures de Conan) la Terre, telle qu'on peut imaginer qu'elle a été il y a des millénaires, ou qu'elle sera dans un lointain futur, ou bien encore dans une autre dimension.
L'heroic fantasy allie la couleur locale et la fougue du récit fantastique aux émotions ataviques et surnaturelles du conte étrange ou occulte, ou de l'histoire de fantômes. Lorsqu'elle est réussie, elle procure le plus pur plaisir de la fiction, dans toute la plénitude du terme. C'est un récit d'évasion, qui permet de fuir complètement le monde réel pour un autre où tous les hommes sont forts, toutes les femmes belles, toute vie aventureuse, tous les problèmes simples, et où personne ne songe à parler d'impôts sur le revenu, de chômage ou de médecine socialisée.
Le pionnier de l'heroic fantasy fut l'Anglais William Morris, vers 1880. Le genre fut ensuite exploité, dans les premières années du siècle, par Lord Dunsany et Eric Eddison. Dans les années trente, la création des magazines Weird Tales, puis Unknown Worlds, fournit des débouchés pour ce type de contes, et de nombreux récits mémorables de sword and sorcery virent alors le jour. Citons notamment les aventures de Conan, Kull, et Solomon Kane, de Howard; les contes macabres d'Hyperborée, de l'Atlantide, d'Averoigne et du futur continent zothique, de Clark Ashton Smith; les récits atlantéens de Henry Kuttner; les aventures de Jirel de Joiry, de C. L. Moore; et les histoires du Grey Mouser, de Fritz Leiber. (Je pourrais également mentionner les contes de Harold Shea, de Fltecher Pratt et de moi-même).
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le marché des revues pour ce genre d'histoires connut une réduction sensible, et l'on put croire quelque temps que le fantastique avait été un simple accident de l'ère des machines. Mais avec la publication de la trilogie de J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux, et la réimpression de plusieurs oeuvres antérieures dans ce domaine, ce genre a connu un second printemps.
L. Sprague de Camp"
Voilà, c'est géant. Tout est dit. Et j'espère que vous avez bien noté les références qu'il cite ;-) Pour ma part, je ne les ai pas tous lus mais des titres aussi évocateurs me font déjà voyager !
Notez que The Grey Mouser est traduit en Français par Souricier Gris (accompagné de son inséparable compagnon Fafhrd - dont j'ai dû aller chercher l'orthographe sur Wikipédia ;-)).
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Ah, le Souricier Gris... L'un de mes héros préférés quand j'étais jeune !
J'ai voulu replonger dans ses aventures... Bizarrement, je n'apprécie plus autant... Mais la magie est restée planquée dans un coin de mon âme ;)
Les deux font partie des "anciens textes", très différents de la littérature qui se fait aujourd'hui ;)
J'avais tout lu. Même les textes de la décadence. Même les niaiseries du héros multidimensionnel, et tous ces textes où le coté substitut phallique de Stormbringer devenait de plus en plus marqué. Jusqu'à cette scène finale grotesque, où l'épée et ses sœurs déclenchaient l'apocalypse. Comme si le monde finissait sous une invasion de mites géantes. De mites demanda Elric ? Ah pardon j'ai cru qu'on parlait de mites, la solitude m'a rendu sourd.
Bref, les héros de l'adolescence devraient rester à l'adolescence. A croire que pour la SF/ fantasy de jeunesse, il n'y a qu'une seule règle : Live fast and die young
Fahrd et son copain Souricier, j'ai essayé d'y revenir récemment. Je n'ai pas pu. Le style a vieilli. Moi aussi. Et ces deux héros me semblent désormais, comment dire, puérils. Ils n'ont rien vécu de sérieux. Ce sont des enfants qui s'agitent avec des épées en bois. Mais est ce vraiment étonnant ? En cet âge d'or, tous les auteurs avaient la vingtaine et écrivaient pour plus jeunes qu'eux. Des livres pour gamins écrits par des minots.
Alors, devant le désastre, je vais donner un conseil que je ne donne jamais. Préférez la version comics. Il y en a une version très bien réalisée, qui restitue tout l'humour, l'ambiance oppressante et cruelle. Le côté bravache des héros. Tout ce qui faisait le charme de cette série, et que je ne parviens plus à voir autrement.
Appelons ça une myopie de l'âme. Pour que je déchiffre l'adolescence, il faut me l'écrire en gros caractères.
https://www.darkhorse.com/Books/10-686/Fafhrd-and-the-Gray-Mouser#prettyPhoto