
La fabrique du monstre de Philippe Pujol...
par jean-alain Baudry il y a 1 an
Je suis en train de lire « la fabrique du monstre » de Philippe Pujol qui a reçu le prix Albert Londres pour son précédent ouvrage : « French Déconnection », une compilation de ses articles dans le régional de Marseille. J’avais lu celui-ci avant de commencer la « fabrique » qui reprend le même thème, mais en plus « littéraire ».
Ce n’est plus des « papiers » de presse. Le récit est plus construit, les faits commentés et expliqués. L’auteur détaille les tenants et les aboutissants en ajoutant chaque fois un historique pour que le lecteur « parisien » comprenne bien ce qu’il se passe sous le soleil de « plus belle la vie ». « Parisien », car tout habitant hors les murs de Marseille est affublé de ce sobriquet. Un peu comme chez Pagnol ou le malheureux lyonnais vient du « grand Nord ».
Je ne l’ai pas fini, ma liseuse indique 77%. Je vais le terminer mais déjà je pense m’être fait une bonne idée de ce que veut dire Pujol. Son bouquin est en deux parties. La première reprend le précédent en reconstituant la genèse du problème. Là-bas, les voyous naissent dans les choux alors que les responsables de cet état de fait recrutent dans la bonne société politique (un métier à temps plein). Les voyous servant et se servant de ces derniers. L’auteur laisse entendre que, sans la politique, la voyoucratie ne se porterait pas aussi bien, voire serait réduite aux petits délinquants. Les « grands voyous » ne pouvant prospérer qu’à l’ombre du clientélisme et des pratiques électorales locales (mais il n’y a pas qu’à Marseille que crime fleurit !) L’auteur remonte à l’avant-guerre de « quarante » pour dérouler le fil qui amène, d’après lui, la cité à l’état actuel.
Mais il n’y a pas que… Une anecdote (c’est mon dada). On nous propose une affaire dans une petite ville balnéaire proche de Marseille. Le propriétaire, très sympa, nous emmène au resto après la visite technique habituelle. À table il est très décontracté. Parlant avec facilité. Nous confiant que : « les chiffres ce n’est pas mon fort, alors ne me questionnez pas sur les bilans ». On cause de choses et d’autres, du passé professionnel de chacun. Et là, surprise, il nous dit avoir été un ancien de Normandie-Niemen puis, après la guerre, pilote instructeur. Un ancien pilote « nul en math » ? Une blague marseillaise ! Une fois sortie, nous sommes intéressés mais encore hésitants. Lui doit croire que l’affaire est quasiment bouclée car, une fois dans son bureau, il extirpe de sa poche un petit carnet. « C’est la liste des pots de vin aux différents acteurs locaux ». Je ne divulguerai pas ici le nom des officines incriminées. Une fois dans notre chambre d’hôtel, mon épouse me dit que c’est vraiment une belle affaire, mais tous ces bakchichs ? « Et il ne nous a parlé que de l’officiel, alors comment ça se passe pour le reste ? Dangereux non ? »
Avant l’épisode du resto, nous avions pris rendez-vous avec le directeur d’une banque marseillaise pour le lendemain. Nous y allons, accompagnés de l’ex pilote. Dans le bureau du directeur de cette banque « nationale », j’expose en gros nos objectifs au cas où nous reprendrions l’affaire. « Combien vous faut-il exactement ? » J’annonce la couleur. « Parfait on suit. » Pas une hésitation, cet accord, comme ça, sans aucune demande plus précise ? Du coup j’ose une remarque : « toutefois, il y a un point qui me chiffonne, le bilan, il laisse apparaître un résultat des plus modestes. » Le directeur part dans un grand rire : « On voit bien que vous n’êtes pas d’ici. Les bilans, tout le monde sait que ça ne veut rien dire. » Ah bon !
L’affaire ne s’est pas faite, mon épouse a eu peur des voyous. Avec raison si j’en juge à ce que je suis en train de lire…
Jab juin 2016.
Ce n’est plus des « papiers » de presse. Le récit est plus construit, les faits commentés et expliqués. L’auteur détaille les tenants et les aboutissants en ajoutant chaque fois un historique pour que le lecteur « parisien » comprenne bien ce qu’il se passe sous le soleil de « plus belle la vie ». « Parisien », car tout habitant hors les murs de Marseille est affublé de ce sobriquet. Un peu comme chez Pagnol ou le malheureux lyonnais vient du « grand Nord ».
Je ne l’ai pas fini, ma liseuse indique 77%. Je vais le terminer mais déjà je pense m’être fait une bonne idée de ce que veut dire Pujol. Son bouquin est en deux parties. La première reprend le précédent en reconstituant la genèse du problème. Là-bas, les voyous naissent dans les choux alors que les responsables de cet état de fait recrutent dans la bonne société politique (un métier à temps plein). Les voyous servant et se servant de ces derniers. L’auteur laisse entendre que, sans la politique, la voyoucratie ne se porterait pas aussi bien, voire serait réduite aux petits délinquants. Les « grands voyous » ne pouvant prospérer qu’à l’ombre du clientélisme et des pratiques électorales locales (mais il n’y a pas qu’à Marseille que crime fleurit !) L’auteur remonte à l’avant-guerre de « quarante » pour dérouler le fil qui amène, d’après lui, la cité à l’état actuel.
Mais il n’y a pas que… Une anecdote (c’est mon dada). On nous propose une affaire dans une petite ville balnéaire proche de Marseille. Le propriétaire, très sympa, nous emmène au resto après la visite technique habituelle. À table il est très décontracté. Parlant avec facilité. Nous confiant que : « les chiffres ce n’est pas mon fort, alors ne me questionnez pas sur les bilans ». On cause de choses et d’autres, du passé professionnel de chacun. Et là, surprise, il nous dit avoir été un ancien de Normandie-Niemen puis, après la guerre, pilote instructeur. Un ancien pilote « nul en math » ? Une blague marseillaise ! Une fois sortie, nous sommes intéressés mais encore hésitants. Lui doit croire que l’affaire est quasiment bouclée car, une fois dans son bureau, il extirpe de sa poche un petit carnet. « C’est la liste des pots de vin aux différents acteurs locaux ». Je ne divulguerai pas ici le nom des officines incriminées. Une fois dans notre chambre d’hôtel, mon épouse me dit que c’est vraiment une belle affaire, mais tous ces bakchichs ? « Et il ne nous a parlé que de l’officiel, alors comment ça se passe pour le reste ? Dangereux non ? »
Avant l’épisode du resto, nous avions pris rendez-vous avec le directeur d’une banque marseillaise pour le lendemain. Nous y allons, accompagnés de l’ex pilote. Dans le bureau du directeur de cette banque « nationale », j’expose en gros nos objectifs au cas où nous reprendrions l’affaire. « Combien vous faut-il exactement ? » J’annonce la couleur. « Parfait on suit. » Pas une hésitation, cet accord, comme ça, sans aucune demande plus précise ? Du coup j’ose une remarque : « toutefois, il y a un point qui me chiffonne, le bilan, il laisse apparaître un résultat des plus modestes. » Le directeur part dans un grand rire : « On voit bien que vous n’êtes pas d’ici. Les bilans, tout le monde sait que ça ne veut rien dire. » Ah bon !
L’affaire ne s’est pas faite, mon épouse a eu peur des voyous. Avec raison si j’en juge à ce que je suis en train de lire…
Jab juin 2016.
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