
Narrateur interne/externe : écrire à la première ou à la troisième personne ?
par Joe Cornellas il y a 3 ans
Bonjour,
Je lance le débat car c'est pour moi un sujet délicat... Même s'il m'arrive de lire de très bons textes écrits à la première personne, j'ai beaucoup de mal avec ce format ! J'ai du mal à le dire parce que j'ai l'impression que c'est un jugement qui risque d'affecter les auteurs, nombreux, qui emploient ce mode de point de vue...
Je vais donc chercher à argumenter et à confronter mon point de vue avec les vôtres.
J'ai lu il y a très longtemps dans un essai littéraire (dont je ne me souviens plus ni le titre ni l'auteur, mais c'était peut-être Roland Barthes), que l'écriture à la première personne était la plus naturelle, celle vers laquelle tend tout écrivain lors de ses premiers récits. L'auteur glissait ensuite que c'était une forme dont il fallait s'émanciper...
Cela résume un peu mon sentiment et me permets d'ouvrir mon argumentaire en faveur de l'écriture à la troisième personne ;-)
Lorsque j'ouvre un roman entièrement écrit à la première personne, je me retrouve obligé de regarder le monde à travers les yeux d'un personnage que l'auteur a choisi et auquel je suis censé m'identifier. Sauf que, pour ma part, l'immersion est toujours délicate. J'ai besoin de temps pour m'installer dans un livre, et si on me force la main dès le départ, je me sens brutalisé.
ça c'est pour le côté affectif, personnel et sans doute très discutable. J'explique juste déjà mon ressenti face à cette façon de m'obliger à regarder là où je n'ai pas forcément envie de regarder en arrivant dans l'histoire ;-)
La première personne m'indique dès le départ : le personnage principal va filtrer beaucoup de choses, il sera le centre de tout, ne pourra pas mourir et interdira l'accès aux sentiments objectifs des autres personnages de l'histoire (ce dernier point n'est pas forcément un inconvénient, mais peut s'avérer limitatif).
Parmi ces constats, celui qui me gêne le plus, c'est l'obligation de coller à un seul personnage qui est de facto immortel (dans l'espace diégétique, puisqu'il a écrit, c'est qu'il a vécu pour écrire).
Autre point (cette fois très personnel sans doute), j'ai l'impression de trouver l'auteur en permanence derrière le personnage-narrateur. Et ça me gêne. J'ai du mal à m'en détacher : imaginer que ce narrateur est un auteur déguisé qui essaie de me faire croire qu'il est quelqu'un d'autre et m'affiche ses fantasmes a quelque chose d'impudique, d'exhibitionniste, qui me met mal à l'aise...
Je sais que la plupart des auteurs ici emploient ce type de point de vue pour leurs histoires. Je ne me suis jamais ouvert de mes réticences envers cette forme de récit dans mes commentaires car c'est une question personnelle et je ne me permettrais pas de critiquer un choix aussi important. Mais je tenais à échanger ici sur cette question et avoir vos ressentis, savoir pourquoi vous choisissez cette forme plutôt qu'une autre.
Je lance le débat car c'est pour moi un sujet délicat... Même s'il m'arrive de lire de très bons textes écrits à la première personne, j'ai beaucoup de mal avec ce format ! J'ai du mal à le dire parce que j'ai l'impression que c'est un jugement qui risque d'affecter les auteurs, nombreux, qui emploient ce mode de point de vue...
Je vais donc chercher à argumenter et à confronter mon point de vue avec les vôtres.
J'ai lu il y a très longtemps dans un essai littéraire (dont je ne me souviens plus ni le titre ni l'auteur, mais c'était peut-être Roland Barthes), que l'écriture à la première personne était la plus naturelle, celle vers laquelle tend tout écrivain lors de ses premiers récits. L'auteur glissait ensuite que c'était une forme dont il fallait s'émanciper...
Cela résume un peu mon sentiment et me permets d'ouvrir mon argumentaire en faveur de l'écriture à la troisième personne ;-)
Lorsque j'ouvre un roman entièrement écrit à la première personne, je me retrouve obligé de regarder le monde à travers les yeux d'un personnage que l'auteur a choisi et auquel je suis censé m'identifier. Sauf que, pour ma part, l'immersion est toujours délicate. J'ai besoin de temps pour m'installer dans un livre, et si on me force la main dès le départ, je me sens brutalisé.
ça c'est pour le côté affectif, personnel et sans doute très discutable. J'explique juste déjà mon ressenti face à cette façon de m'obliger à regarder là où je n'ai pas forcément envie de regarder en arrivant dans l'histoire ;-)
La première personne m'indique dès le départ : le personnage principal va filtrer beaucoup de choses, il sera le centre de tout, ne pourra pas mourir et interdira l'accès aux sentiments objectifs des autres personnages de l'histoire (ce dernier point n'est pas forcément un inconvénient, mais peut s'avérer limitatif).
Parmi ces constats, celui qui me gêne le plus, c'est l'obligation de coller à un seul personnage qui est de facto immortel (dans l'espace diégétique, puisqu'il a écrit, c'est qu'il a vécu pour écrire).
Autre point (cette fois très personnel sans doute), j'ai l'impression de trouver l'auteur en permanence derrière le personnage-narrateur. Et ça me gêne. J'ai du mal à m'en détacher : imaginer que ce narrateur est un auteur déguisé qui essaie de me faire croire qu'il est quelqu'un d'autre et m'affiche ses fantasmes a quelque chose d'impudique, d'exhibitionniste, qui me met mal à l'aise...
Je sais que la plupart des auteurs ici emploient ce type de point de vue pour leurs histoires. Je ne me suis jamais ouvert de mes réticences envers cette forme de récit dans mes commentaires car c'est une question personnelle et je ne me permettrais pas de critiquer un choix aussi important. Mais je tenais à échanger ici sur cette question et avoir vos ressentis, savoir pourquoi vous choisissez cette forme plutôt qu'une autre.
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C'est un procédé qui immerge, certes, et bien le fait si cela est bien dit, mais c'est ainsi un procédé plus qu'une identité.
Le narrateur d'un récit en Il donne souvent son Je en sa narration, et quand même au narrateur il n'est pas, que celui-ci reste au personnage, persiste le Je du style.
Quand aux récits où le Je s'absente même du style pour se conformer, ils me semblent en cette absence vides.
Que le Je ne se dise nulle part, c'est alors une voix sans bouche, une rumeur. Mais nous savons que ce n'est pas ainsi que vous écrivez.
Je ne prendrais pas mon cas pour une généralité mais écrire à la première personne n'a pas été ce qui a été de plus naturel pour moi, ce n'est pas par là que j'ai voulu commencé, au contraire. On lit beaucoup plus de texte à la troisième personne et ça me semblait plus naturel et plus simple de faire pareil...
Par contre ayant, donc, fait les deux depuis, je trouve effectivement qu'écrire à la première personne est un exercice plus compliqué. Le style et le rythme est différent. Mais même si je n'aime finalement pas plus que ça écrire à la première personne, j'ai lu de très bon texte qui le sont et pas forcément par des écrivains chevronné. Bien sûr il peut y avoir des erreurs mais c'est pareil à la 3ème personne. Non, le point le plus important c'est qu'écrire à la première personne (tout comme choisir un narrateur omniscient ou un point de vue narratif interne) c'est un choix qui doit être motivé autrement que par le fait d'être à l'aise avec cette écriture.
Tu parles de choses qui te dérange dans ce style : l'absence de point de vue d'autres personnages par exemple ou le fait que le personnage sera un filtre. En fait ce sont ces particularité qui doivent motiver ce choix de la première personne. Ces particularités peuvent être exploité. Si tu veux par exemple montrer qu'un personnage qui aurait pu avoir le rôle du "méchant" dans une narration à la troisième personne, finalement dans sa tête il est torturé, fait ce qu'il fait pour de bonne raison, etc c'est un point de vue qui s'y prête car on va comprendre vraiment son raisonnement et le pourquoi exact de ce qu'il fait, comment il perçoit les choses, ce qu'il ressent. Bien sûr c'est faisable aussi à la troisième personne mais l'impact n'est pas le même. Et ce n'est qu'un exemple. Bref, il faut que ce soit un choix pour le style et le rythme que ça apporte.
Après tu reproches de devoir coller à un seul personnage qui est de facto immortel. J'ai déjà lu des histoires à la première personne ou d'un chapitre à l'autre on switchait entre différent personnage même si tous écrit à la première personne. Ca se fait et ça rend vraiment bien quand c'est bien fait. Et certains perso peuvent mourir... J'ai déjà aussi lu une histoire écrite principalement à la première personne mais chaque début de chapitre commençait par un petit paragraphe issue d'un journal intime tenue par un autre personnage, ça mélange les points de vue là aussi. Pour ma part, j'avais écrit il y a quelques années une nouvelle, ou plutôt cinq nouvelles à la première personnes, ces cinq nouvelle racontant le même événement mais vue par cinq acteurs différents. C'était un choix cohérent pour permettre d'entrer dans la tête de chacun et de voir comment cette même scène était perçu par les divers personnages avec leur propre interprétation. Ici le "filtre" dont tu parles était précisément la raison du choix de la première personne. (et ici aussi des perso pouvaient mourir plus ou moins tôt dans la scène). De même ce "filtre" peut être vraiment interessant. Quand tu ne sais pas ce que les autres personnages pensent vraiment, cela peut créé une vrai tension : est-ce que ce perso est sincère ? est-ce qu'il ment ou est-ce l'autre qui nous ment ? dois-je me méfier de ce personnage ? C'est vraiment utile pour certaine histoire. Mais là encore il faut que ça réponde à un besoin.
Tu me diras, avec un point de vue narratif interne et une narration à la troisième personne (ce que j'utilise principalement pour mes nouvelles), on peut aussi avoir ce "filtre" et là aussi on peut si on le veux "switcher" entre plusieurs point de vue de différent personnage (ce que je fais aussi) mais j'ai envie de dire, on peut tout écrire avec chaque fois les divers type de narration qui existe, on racontera la même histoire mais l'impact sera différent. Et j'en revient au fait que certaine histoires sont plus percutant avec un point de vue omniscient, d'autres avec un point de vue interne, certaine à la troisième personne, d'autres à la première. Chaque type de narration à ses avantages. J'aurais pour, mes nouvelles, très bie pu choisir la première personne mais si j'ai choisi la troisième personne, c'est parce qu'il est plus simple de retranscrire des actions à la troisième personne qu'à la première personne (ça se fait mais le rendu est différent et s'il y a beaucoup d'action, et notamment des actions complexe, la troisième personne est plus adapté). Si j'avais écrit un polar avec un rythme lent et basé sur les réflexion interne des perso, j'aurais choisi la première personne. Mais j'ai donc beaucoup d'action, d'où le choix de la troisième personne.
Si le narrateur est le protagoniste, alors il raconte son histoire, celle qu'il a vécue. Donc, il en connaît la fin. S'il connaît la fin de l'histoire, il faut qu'il ait une très bonne raison pour la dissimuler au lecteur (s'il révèle la fin de l'histoire, il brise tout suspense et le lecteur s'en va). Un exemple de première personne dévoyée : Gagner la guerre, de Jaworski. Le personnage livre des réflexions qui ne peuvent pas être les siennes, puisqu'il ment. On ne peut pas se mentir à soi-même dans un récit. Jaworski trompe volontairement le lecteur en détournant le principe de la première personne.
Il y a plein d'autres impacts. On écrit à la première personne pour livrer un récit intérieur, filtré par un point de vue précis et particulier. Or, nombreux sont les auteurs qui livrent un récit omniscient écrit à la première personne.
Sinon, oui, de la première personne écrit au passé, on sait a priori que le personnage survit (sauf si la narration fini par arrivé au moment présent). Mais il n'a pas forcément besoin d'avoir une bonne raison, ou plutôt il en a déjà une : il raconte une histoire, son histoire. A noter aussi que parfois, on connait la fin dès le début d'un roman (ou d'un film) ce qui n'empêche pas la suite d'être intéressante. Mais parfois ça reste gênant, oui. (je n'ai pas lu Jaworski mais oui, un narrateur ne dois pas mentir, sauf s'il existe des raisons solide à cela mais c'est très rare car c'est un cas très particulier, ça s'adapte pas à n'importe quel histoire un narrateur non fiable)
Après, le récit omniscient à la première personne c'est soit un récit au passé ou le narrateur ajoute des choses qu'il a su ou compris plus tard pour enrichir son histoire, soit c'est une erreur. Et on en revient au fait, qu'écrire à la première personne, ce n'est pas si simple mais que des erreurs, on en trouve aussi dans de la narration à la troisième personne (j'ai lu des choses où on passe d'un point de vue omniscient à un point de vue interne ou bien des changements de points de vue interne d'un personnage à un autre à l'intérieur d'un texte sans qu'il n'y ai de transition (sans que ça gêne l'auteur pour autant). C'est le même type d'erreur que ce que tu décris, pour autant, ça ne remet pas en cause l'écriture à la troisième personne ^^
Maintenant, on a tous nos préférences. Comme je l'ai dis, l'écriture à la première personne, ça a certains avantages pour certains types de récits, pour certaines façon de raconter une histoire. Et ce style que ça donne n'est pas forcément celui que l'on préfère.
Du coup, pour moi, la première personne est synonyme de narrateur non fiable et ça m'empêche souvent d'entrer dans l'histoire. D'ailleurs, la première personne est destinée à des récits intérieurs et psychologiques, forcément subjectifs. Si c'est bien fait, ça peut passer.
je n'écris que depuis deux ans, enfin... Un peu moins. le chois de la narration externe s'est imposé pour mes premiers travaux, je pense que c'est un choix qui s'imposait à moi pour deux raisons:
* j'écris principalement au présent, par goût et par paresse, et j'imagine mal une personne vivre l'action en même temps qu'elle écrit...
** je pense que j'avais peur de m'exposer au travers du "je", avec le recul je pense qu'on s'expose tout autant.
Après essais de l'écriture à la première personne, j'y ai trouvé au final pas mal de liberté, la capacité de placer plus d'humour, car je trouve souvent l'humour déplacée dans la voix d'un narrateur externe, j'ai le sentiment que le narrateur externe doit être désincarné et objectif, c'est pourquoi je tente la plupart du temps de montrer ce que pense les personnages plutôt que de décrire ce qu'ils pensent.
A+
GEO
J’ai commencé à la 3° personne, mais j’ai vite abandonné, je n’y arrivais pas. Deux ans plus tard, je me suis mis à la 1° personne, et là, c’est parti tout seul. Cela rejoint donc ton point de vue et celui de « Roland Barthes » selon lequel il s’agit principalement d’un choix de débutant. Il m’a permis de me mettre en selle.
Maintenant que je commence à maîtriser le sujet (c’est le mot commence qui est important), c’est là que je me pose la question. Dans certaines situations, je me suis retrouvé limité. Je ne regrette pas l’usage de la 1° personne pour mon personnage principal, car cela ajoute une dimension affective que j’apprécie. Pour éviter que ça ne ferme trop de portes, j’octrois parfois la 1° personne à un autre personnage, qui disposera d’un chapitre à lui seul.
Dans le tome deux, je pense faire basculer, quand il le faut, le personnage principal dans la 3° personne, soit pour donner le « je » à un autre personnage, soit pour faire passer tout le monde à la 3° personne pour mieux évaluer les pensées et actes de chacun.
J’ai prévu entre 7 à 12 tomes. Effectivement, comme le disent certains, l’utilisation permanente du « je » rend la chose délicate. Il est possible que je fasse passer certains tomes totalement à la 3° personne, mais je préfère me laisser guider par l’inspiration et le besoin immédiat. J’espère ainsi profiter des avantages que procure le « je » sans tomber dans ses inconvénients.
Mon personnage principal, Sara, est féminin, elle n’est donc pas moi. Certaines de ses pensées et attitudes sont les miennes, mais pas toutes, loin de là. Il en est de même pour d’autres personnages. Si j’ai besoin de faire penser comme je pense, j’utilise Sara ou quelqu’un d’autre.
Je suis d’accord avec la plupart des commentaires laissés ici, même si j’apprécie particulièrement celui de vivikakashi, qui me semble assez complet.
Denis Marcquet, dans « Le Testament du Roc » fait passer alternativement, chapitre par chapitre, son personnage principal de la 1° à la 3° personne. J’en ai étudié l’intérêt mais sans en comprendre la raison car, quand il le faisait, il ne semblait pas profiter des avantages de la 3° personne. Il fait même pire que ça, il passe du passé au présent, inexplicablement (par chapitre également). Pour autant, il s’agit d’un maître du verbe, donc je me suis bien gardé de le critiquer. De plus, son œuvre est fort bien construite et bien amenée.
Comme plusieurs de mes amis l’ont lu aussi, je les ai interrogés sur le sujet. Aucun n’avait remarqué le passage du présent au passé. Certains avaient constaté celle du basculement entre la 1° et la 3° personne. Ils avaient tous leur théorie. N’étant pas écrivains eux-mêmes, ils faisaient bien moins attention à ce genre de détail qu’un auteur peut le faire. J’ai trouvé toutefois l’exercice intéressant, à défaut d’en obtenir une réponse satisfaisante.
Where do the mistakes come ? Most commonly, the novice writer inadvertently confesses in the first page that the first-person narrator is a fraud, that he is merely a mask behind which an incompetent writer is trying to hide"
Il analyse ensuite des extraits de textes à la première personne à l'appui de sa démonstration pour mettre en évidence les pièges dans lesquels les auteurs novices tombent en employant la première personne. Et j'avoue, en lisant ses exemples, il faut être déjà bien au courant des techniques narratives et du sens des points de vue pour s'attaquer à un texte à la première personne.
À mon avis, le piège est de s'enfermer dans la 1° personne. Mais si tu as des compléments ou avis divergents, n'hésite pas, c'est un sujet intéressant.
Un narrateur interne au récit qui n'est cependant pas mon personnage principal, puis un narrateur externe un peu omniscient, et enfin, mon personnage principal effectivement la seule personne pour l'instant ''immortelle'' de mon récit!
Concernant la vision à la première personne, je mets carrément de moi dans le récit et ça ne me gêne pas !
Personnellement, j'ai toujours eu beaucoup de mal à écrire à la première personne, pour les raisons que tu cites, entre autre. Je suis sur des forums rpg, j'ai créer et jouer une cinquantaines de personnages en dix ans, et ma personne de prédilection est bien la troisième. J'ai l'impression d'être limitée avec la première personne, de ne pas pouvoir dire ou décrire tout ce que je veux, exactement parce que cela doit coller avec le ressenti du personnage. Pas le mien, par un regard neutre, celui, intime et précis, du personnage qui n'est pas moi. Alors certes, je suis censée savoir comment mon personnage pense, mais ce n'est pas toujours simple de ne pas mettre un peu de soi dans nos écrits, et c'est ce qui me dérange vraiment quand j'écris à la première personne. J'essaie, parfois, quand cela s'y prête, mais ça reste un exercice compliqué pour moi - mais un bon exercice.
Pour ce qui est de lire des récits à la première personne, cela ne me dérange pas. J'ai récemment lu "Call me by your name", et j'ai été happée par le récit - même si je dois avouer qu'avoir les sentiments d'un seul et unique personnage a été très frustrant. C'est un choix, cependant, parfait pour ce livre car il maintient le suspence et certaines interrogations jusqu'au bout et à leur révélation, dirons-nous, ce qui est une petite jouissance en soit. Aussi, une de mes partenaires de rp favorite a longtemps, très longtemps uniquement écrit à la première personne. Je comprends totalement votre point de vue (pour ceux qui ont du mal avec la première personne), et il m'arrive parfois de les ressentir. Je pense que ça dépend aussi de l'histoire et du sujet en lui-même - enfin, du moins, pour moi. Sur certain roman, la première personne risque de me déranger alors que pour d'autre, absolument pas.
En revanche, là où j'ai plus de mal, ce sont ceux qui écrivent à la 2ème personnes. Je ne sais pas si c'est courant ici (il doit bien y en avoir deux ou trois ?) mais on croise parfois ce genre de partenaires sur les forums rpg, et je dois avouer que j'ai parfois plus de mal à me plonger dans la lecture et ensuite l'écriture quand mon partenaire écrit à la deuxième personne. Après, c'est un choix personnel que je ne boycott absolument ps (on trouve d'excellente plume peu importe la personne utiliser !) mais cela me... Bloque un peu plus, dirons-nous
Je trouve ça plus dur d'écrire à la première personne, moins intéressant et (étrangement ?) moins intime. La troisième personne me permet de plus jouer avec la narration. Par contre troisième personne ne veut pas forcément dire narrateur omniscient, ce que je préfère c'est le point de vue interne à la troisième personne !
Sinon le problème de la lecture à la première personne c'est que je m'identifie trèèès rarement (là comme ça je dirai que ça m'est arrivé avec seulement deux personnages parmi tout ce que j'ai lu). Du coup la "puissance" du "je" ne me touche pas et me dérange plus qu'autre chose. Le côté "moi, moi moi" est désagréable quand le reste de l'histoire n'est pas très passionnant.
Mais j'aimerais bien un jour arriver à écrire à la première personne en prenant un personnage qui n'a vraiment rien à voir avec moi, avec lequel je ne m'identifie pas et auquel personne ne peut vraiment s'identifier... et jouer avec ce malaise justement ! Dans ce cas là je trouverai ça super cool ! J'ai lu des écrits qui allaient dans ce sens ici, j'ai adoré.
Mais en dehors de ça, le choix du "je" ou du "il" relève de l'histoire à raconter et de son contexte. Bien plus que par goût stylistique.
Le "il" est généraliste et détaché. Il impose une vision objective et indépendante de tout facteur ( souvent un héros ) même si le texte en lui même indique le contraire. Si on veut réaliser un texte qui veut approfondir un univers dans sa globalité et d'une manière presque scientifique voir omniscient, développer son contenu en imposant une vérité dans le style d'une Encyclopédie, le "il" est nécessaire. Le "il" sera pertinent chez les auteurs qui aiment la description générale, qui aime un rythme lent dans leur histoire pour se focaliser non seulement sur l'intrigue mais aussi sur la réalité de leur univers. Leur Idée n'est pas de donner une interpretation et la perception de l'univers par un tiers mais d'en imposer une vérité incontestable que le lecteur devra accepter comme telle. Ce genre de texte, en dehors d'une intrigue plus ou moins bonne, offre souvent de bonnes bases en terme d'univers et d'environnement. Le tout est parfaitement déterminé et délimité. Ainsi, ce sont souvent ces textes qui se voient avoir des fanfiction et autres... Car leur univers est parfaitement défini - Les règles du jeu écrites. Cependant, cet aspect carthésien de l'écriture peut repousser les lecteurs qui cherchent une dimension intime, qui veulent se projeter dans le corps d'un personnage. Le "il" est trop neutre et manque d'émotion même si on fait des pavés sur la psychologie du personnage. Ce sera toujours un point de vue détaché du personnage et par conséquent, une observation. On ne vit pas le personnage, on le voit et donc, tout est plus fade. C'est un choix descriptif parmi tant d'autres. Le "il" se prête aux oeuvres qui veulent créer un univers parfaitement cohérent et structuré. Il sera donc utilisé pour la fantasy / SF and co qui imposent la création d'un univers, le policier si on décide de prendre l'intrigue d'un point de vue détaché et non intime etc... Le "il"se focalise sur l'univers et nous raconte une histoire.
Le "je" est bien dénigré, sans doute à cause de sa plus grande rareté. Le "je" est le contraire du "il" ( logique ! ). Il se base sur la perception de l'environnement à travers les yeux d'un personnage. Par conséquent, l'univers décrit n'est donc plus objectif mais soumis à la subjectivité de la personne qui le perçoit. Tout devient plus flou, plus "douteux". On ressent le manque d'information généraliste car nous sommes liés à ce que le personnage sait. Ainsi, avoir l'ambition de créer un univers cohérent en prenant la 1ière personne, c'est se planter avant même de commencer...
La 1ère personne, au contraire du "il", se focalise sur le personnage. L'univers devient secondaire. Ce qui compte, c'est la vision du protagoniste, ce qu'il ressent et subit. Ainsi, on peut se projeter dans le personnage et ressentir le poids de ses choix. C'est un style bien plus intimiste et parfois gênant. Au contraire du "il", il faut se focaliser sur la dimension psychologique, sur la description émotive bien plus que la spatiale. Tout tourne autour de l'émotion et non de la vérité. Le "je" est ainsi bien moins carthésien, bien plus troublant et émotif mais aussi bien moins cohérent et soumis à l'interprétation du lecteur. Le "je" sera utile pour les textes psychologiques ( policier, post-apocalyptique solitaire par exemple ).
Le "je" n'est pas utilisable dans les projets d'ampleur. On ne fera pas 15 tomes de 300 pages avec du "je". Ce serait redoutable à lire et particulièrement lassant. Il est plus pertinent pour les nouvelles, les essais ou les textes émotifs de faibles ampleurs. Les textes où l'univers n'a pas à être décrit et surtout crée car ce n'est pas l'objectif de l'auteur. Le "je" se focalise sur un aspect ultra-spécifique. Ainsi il peut etre un complément au il dans les gros projets mais pas son remplaçant. A mes yeux, le "il" sera toujours dominant et le "je" un subalterne efficace dans des situations particulières.
La séparation je/il peut se faire ponctuellement dans un texte. Notamment dans les scènes émotives. Le plus classique est la scène d'amour ( sexuelle ou non ) car dans ce moment là, on se fiche un peu de savoir ce qui se passe en dehors de la tête de nos personnages... On peut aussi voir le "je" dans les moments de grand doute et reflexion afin de se focaliser sur le raisonnement du personnage ( un monologue par exemple ) etc... Bien sûr, mixer le je/il doit être fait avec parcimonie et ne pas en abuser. De plus, ça demande une certaine abilité stylistique et donc, pas à la portée de tout le monde.
Je suis un grand défenseur du "il" mais le "je" est indispensable dans certaine situation. Globalement, le "il" est le choix de la majorité, le choix " neutre" passe-partout ultra-descriptif et objectif. Le "je", une vision plus restreinte pour se focaliser sur une situation et un personnage précis au détriment de son environnement.
Je pense que la narration à la troisième personne a beaucoup d'avantages sur la durée, notamment car elle permet une totale liberté dans le destin des personnages. Mon opinion rejoint donc un peu la tienne...
Toutefois, utiliser la première personne peut être efficace et utile pour souligner des sentiments, des émotions, et espérer marquer un peu plus le lecteur. Après c'est aussi un challenge pour l'auteur, qui doit bien évidemment s'effacer derrière son personnage...
En fait, pour résumer, je dirais que le type de narration doit dépendre du type de récit, et qu'un mode de narration "optimal" changerait régulièrement de point de vue :)
J'ai parfois l'impression qu'une autre personne l'écoute... Moi je le lis et "je" est écouté par un tas d'autre personne..
Certes, dès fois, je m'attribue ce "je", mais pas tout le temps...
Au niveau de l'écriture, je pense que "je" est bien plus facile à traiter, que il ou elle. (de mon avis).
Il est vrai que rare sont les auteurs (dans les librairie)qui parlent à la première personne, alors pourquoi ne pas penser que le "je" est utilisé pour les premiers récits.
Cependant, le "je" a une intensité que le "il" n'a pas forcément... Je tâte ce "je" et beaucoup moins ce "il".
mais il est vrai que certaine personnes sont bloqués par ce "je".
un "je" qui n'est pas forcément moi, mais peut-être un "nous"...Cela dépend comme toujours ^^
J'aime personnellement beaucoup écrire à la première personne. Je trouve que ça permet de donner un cachet particulier au style d'écriture. Etant donné que c'est la narration d'un personnage, il utilise des termes qui lui sont propres, et ça rend le récit très personnel, très ancré dans quelque chose d'existant. Alors qu'avec une narration à la troisième personnel, tu es forcément un peu plus éloigné de ton personnages. (même si tu peux très bien avoir une narration à la troisième personne très proche du personnage)
Pour ce qui est de l'immortalité du personnage, c'est vrai que si le narrateur meurt, c'est un peu la fin de l'histoire. Mais, rien n’empêche d'avoir plusieurs narrateurs. Qui raconte chacun leur point de vue pendant le chapitre qui leur ai alloué.
Pour aller dans un extrême il y a la horde du contre-vent, ou tu as 23 narrateurs qui parle tous à la première personne (je dois ressortir cette référence dans chaque topic -_-)
Sinon je suis en train d'écrire une histoire à la troisième personne (cœur et cornes) et c'est vrai que j'ai l'impression d’être légèrement moins limité (je suis toujours fixé sur un seul personnage, donc je n'ai que les ressentit de ma narratrice)
En tout cas ton point de vue est pas mal intéressant, je n'avais jamais vraiment fais attention à tout ça :D
J'ai commencé en écrivant à la troisième personne, justement parce qu'avant, j'avais l'impression qu'écrire à la première était tendancieux, impudique et exhibitionniste, pour reprendre tes termes qui sont très bien choisis. Et j'étais mal à l'aise, j'avais peur que l'on pense que j'écrivais mes fantasmes, ma manière de voir le monde, et que j'utilisais un personnage pour me camoufler et ne pas assumer. On ne parlera même pas des scènes de sexe où là, je me sentais hyper mal à l'aise, comme si on avait braqué une caméra irl sur ma vie intime, alors que pas du tout. D'où le fait que mes premiers romans soient écrits à la 3e personne. J'avais l'impression que les gens comprendraient mieux qu'il existe une coupure nette entre ce que j'écris et mes goûts réels.
Puis je me suis rendue compte que la première personne collait très bien pour des types de romans plus intimistes, comme par exemple la romance ou des thrillers psychologiques, parce qu'ils offrent une expérience plus intense, plus prenante. Ça ne convient pas à tout le monde, mais j'en ai récemment terminé un qui est parti chez mon éditrice, sous ce format, et ça m'a ouvert tout un monde de perception, ça a été une expérience très différente et je pense que le même roman, écrit à la 3e personne, n'aurait pas eu l'impact que j'espérais créer en utilisant la 1ere. Je pense donc que la première personne doit être utilisée comme un outil stylistique, pour apporter une dimension supplémentaire à l’œuvre, même si hélas, certains s'en servent bel et bien pour faire passer certains de leurs fantasmes et que j'ai déjà eu cette impression en lisant quelques auteurs, même mondialement reconnus (je songe surtout aux auteures de bit-lit qui m'ont quelque fois mise mal à l'aise dans leur manière d'écrire les scènes de sexe, j'avais presque l'impression que c'était une autobiographie et si je n'ai aucun souci le fait de lire des éléments érotiques ou pornographiques, sentir qu'une auteure ne parvient pas à faire la part des choses entre ce qu'elle vit et ce qu'elle écrit me gêne profondément).
Je pense donc qu'il y a aussi un travail de l'auteur à effectuer derrière, pour justement éviter que les lecteurs ne ressentent cela. De quelle manière, je ne saurais le dire, je ne prétends pas avoir toutes les réponses. Je crois que c'est propre à chacun, mais peut-être déjà en utilisant un personnage qui s'éloigne de notre identité propre, pour créer une réelle coupure?
Voilà ma modeste contribution au débat, j'espère qu'elle t'ouvrira un nouvel angle de réflexion ^_^
Niveau écriture, avant, je ne voyais que par l'omniscient. Le problème, avec, pour ma part du moins, je n'arrive pas à aller au fond des choses, tout n'était que surface. Une fois, j'ai commencé un roman en me testant sur l'interne. Franchement, que du bonheur, j'étais comme un poisson dans l'eau, je m'étais enfin trouvée coté style. Depuis, je retravaille mes textes dans ce style là, ça rend les histoires encore mieux (je parle que de mes textes). Chaque auteur a son style, son ressenti.
A un moment, vous parlez qu'en interne vous vous emprisonnez dans un personnage. Vous pouvez faire différemment. Si vous écrivez une histoire avec deux personnages principaux, même peut-être plus, vous pouvez faire à chaque chapitre son personnage qu'ils soient ensemble ou pas. Cela permet d'alterner les points de vue, et donc de ne pas s'enfermer dans un personnage jusqu'à la fin. Perso, je ne parviens pas à écrire une histoire complète avec qu'un seul personnage principal. Même les secondaires peuvent être intéressants à suivre.
Dans un récit à la 3e personne, le narrateur peut ne pas s'impliquer et rester neutre, mais la neutralité est-elle réellement possible ? S'il s'implique, il peut le faire de mille manières, alors, on verra les personnages, à travers son regard qui juge, ou s'apitoie, ou prend partie... Un autre narrateur aurait pu nous donner une vision différente de ceux-ci.
Le point de vue omniscient laisse beaucoup de liberté à l'auteur, mais c'est un point de vue artificiel, dans le sens où il a été créé de toutes pièces car, qui peut se targuer de pouvoir s'immiscer dans la pensée des gens, et de connaître tout sur tout, à part Dieu lui-même... s'il existe !
Pour le point de vue externe, (ne pas confondre avec le point de vue omniscient), le narrateur, qui peut être l'un des personnages, a une vison des choses à la manière d'une caméra. Le narrateur ne s'immisce pas à l'intérieur des pensées des gens. Un personnage qui parle à la première personne, "je", a à la fois une vue externe sur les choses qu'il voit et interne sur lui-même.
En tant qu'auteur, le point de vue que je préfère ? Cela dépend de l'histoire à raconter. Mais le point de vue omniscient me laisse plus de liberté.
"Je" s'est carrément permis d'envoyer une invitation à "vous" pour le défi:
https://www.scribay.com/defis/defi/324018753/1ere-ou-3eme-personne
Si "vous" n'est pas content, "je" se dit: il ferait bien de s'occuper de nos affaires avant que de s'ingérer dans les miennes!
D'accord! tiré par les cheveux...
En conclusion, le "je" ou le "il/elle" imposent surtout un rythme de texte sensiblement différent.
Pour moi, qu'il s'agisse d'action ou d'introversion, l'un et l'autre sont utilisables dans la mesure où on peut ajouter des "celui-ci, celle-ci, ce dernier etc." en quantité modérée et légère.
A bientôt,
:-))
ah ah ah ah je vais me régaler !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Mais peut-être avec quelques nuances...
;-))
Pourquoi si loin? ~~
Je rigole...
:-)
Bon, sans grande surprise, on se rejoint largement sur la question du "je" dans un récit... Pour moi c'est presque instantanément rédhibitoire (enfin, y'a des exceptions, bien sur, mais un récit à je à plus à faire pour me prouver sa valeur. Par contre, si je l'apprécie, il va plus me marquer...).
Les textes à "je" n'arrivent pas à me faire entrer dans une démarche de suspension consentie de l'incrédulité :
Comment la personne peut-être en train de me raconter un truc alors qu'elle est en train de vivre l'action ? (Encore pire pour les textes au présent et à je)
Donc ça n'est pas le personnage qui raconte. Mais comme c'est à "je", ça n'est pas non plus un narrateur tierce... Or, "je", c'est "moi". Et moi je n'ai pas envie qu'on me force à me considérer comme l'héroïne d'une scène. Je trouve ça intrusif. Surtout sur des textes qui se veulent réalistes.
Pour les textes à "je", au passé, ça va un peu mieux, mais là encore... J'ai besoin d'un contexte. Je me dis sans arrêt "ok, mais à qui il raconte cette histoire, le personnage ? Pas à moi. Je ne fais pas partie de son univers, je suis un lecteur. Alors à qui ? A un étranger sur un coin de table, dans une taverne ? A un journal intime ? A son amante, en confidence sur l'oreiller ?"
Ce manque de contextualisation passe son temps à casser le 4ème mur.
(Et là si K_Gitsh passe par la, ce dont je ne doutes pas, elle verra que c'est duc opier-coller du débat qu'on a déjà eu sur le sujet :3)
Il est terriblement pertinent... d'ailleurs je te rejoins complètement "Je" est le boss de l'écriture comme tu dis !!
D'ailleurs en parlant du 4ème mur... tu as vu comment je le démonte dans le Panseur... moi c'est l'exemple type... oui le lecteur ne fais pas partie de mon univers enfin si mais à sa place de lecteur, Point. (merci pour tes remarques sur le style bancal d'ailleurs ça m'a été utile pour la suite du texte... je sais que comme je change rien on dirait que je prends pas en compte mais si tu as lu la suite... tu sauras que c'est faux ^^)
Faut aussi que je reprenne les résistant je voulais te noter ici car je fous plus les pieds sur WP et encore moins à l'academy... faut que je m'en sorte officiellement d'ailleurs (mais ça c'est par conviction personnelle) je voulais t'annoter ici mais je ne savais pas si tu lisais ici ?? si oui ça m'arrange le système d'annotation me correspond bien et ça évite la surcharge de commentaire... dis moi.
A plus les filles ;-)
K.
Oui et je te rejoins complètement sur l'idée que le "Je" est le boss de l'écriture et sur la notion de quatrième mur d'ailleurs tu as vu comme je le démonte le 4ème mur dans le Panseur du coup ;-) et pour le coup mon "Je " est construit comme tu dis, le lecteur ne fais pas partie de l'univers enfin si mais en tant que lecteur justement pas acteur. Point.
et merci encore pour tes remarques, elles m'ont bien servies dans les chapitres qui suivaient (j'intègre pas forcément sur le coup moi, je mache et je digère et parfois les remarques sont retransmises mais plus tard alors on croit que j'ecoute pas mais c'est faux !! )
Est ce que je peux t'annoter les résistant ici c'est plus pratique pour moi car je ne fous quasi plus les pieds sur WP et encore moins à l'academy (mais ça c'est par conviction personnelle) ?
Dis moi car ça me permettrait de continuer à te lire...
Bisous les filles.
K.
Personnellement, je me sens rarement légitime à écrire à "je" :)
Pour le Panseur : Je t'avoues que, comme tu le sais, ça n'est pas le "je" qui me gène sur le panseur, mais si mes remarques te sont utiles, je le poursuiverais volontier ;)
Mais je ne me suis pas sentie un personnage de lecteur de ton histoire... au contraire. Enfin c'est un autre sujet x)
Tu as fais du RP forum toi aussi ? ! Trop bien :) Hate de lire ça !
Un roman écrit à la première personne ne va pas me déranger, sauf si l'histoire est très niaise, mais je préfère quand même la troisième ;) Les goûts, les couleurs, tout ça tout ça.
Personnellement, j'écris à la première personne, en générale, même si je me tourne occasionnellement vers la troisième.
Je comprends ton point de vue, mais pour ce qui est du fait que le personnage ne meurt pas, ce n'est pas obligatoire...
De plus, j'alterne les points de vue, alors il est parfaitement possible que l'un d'entre eux meurt. Un récit peut se passer majoritairement à la première personne, puis, à la mort du personnage, passé à la troisième ou changer de point de vue. Rien ne nous indique, donc, qu'ils ne mourront pas.
A moins qu'il y ai des marques qui l'indique dans la narration, comme si le personnage prévoyait ce qu'il se passe ensuite, du genre du "mais je ne savais pas encore à quel point s'était vrai", je n'ai jamais considéré que le personnage avait écrit le livre, mais plus qu'un genre de magie nous avais permis de le suivre dans ses pensée et ses actes. Oups, hyper longue la phrase...
Et pour ce qui est de l'exhibitionnisme de l'auteur, et bien...
Si je te dis que je ne rêve absolument pas de mourir rôtie comme l'un de mes perso, tu me crois ? Je ne rêve pas non plus d'être un garçon...
Bon, sinon j'ai une question: Si les points de vue changent dans un même chapitre (par exemple, si un récit commencent par "il" puis continue par "je" puis reprend par "il"), est ce que le lecteur sera perdu ou trouvera-t-il cela désagréable?
Le "point de vue" indique que le narrateur maitrise et expose les motivations d'un personnage en particulier.
Dans Quentin Durward de Walter Scott, le héros, jeune aristocrate écossais en fuite est justement décrit pendant son voyage par les personnes qu'il rencontre, avec plusieurs point de vue différents mais toujours à la troisième personne. Ainsi dans le même paragraphe, il évoque le point de vue du paysan qui s'inquiète de voir un homme d'armes avant de se rendre compte qu'il ne ressemble pas à un soudard, celui de l'innocente jeune fille qui le trouve séduisant et celui du routier en maraude qui le juge comme un soldat et estime plus prudent de ne pas le détrousser... soit trois point de vue différents.
"machin pense que..." donne le point de vue de machin avec un narrateur externe
"Je pense que..." signé machin - donne le point de vue de machin avec machin pour narrateur.
Certains livres écrits à la première personne ont marqué ma mémoire, mais j'avoue qu'il est rare que je m'identifie totalement au héros.
Il y a pour commencer certains policiers d'Agatha Christie écrits à la première personne, du point de vue d'un autre personnage que le héros. Dans un autre roman, elle passe - toujours à la première personne - du point de vue d'un personnage à l'autre par l'intermédiaire de "carnets personnels", avec une petite subtilité: celui de l'assassin y est également, mais il passe naturellement son crime sous silence dans ses notes. Dans "Dix petits nègres", le dernier chapitre est écrit à la première personne et encore du point de vue de l'assassin... il s'agit de ses aveux accompagné d'une longue description de ses motivations et des moyens utilisés pour réaliser ses crimes.
Dans un autre style, "Le cycle des Princes d'Ambre" est écrit à la première personne, du point de vue de Corwin pour le premier cycle. La trame narrative est bien respectée puisque Corwin est amnésique et part d'une situation de "terrien ordinaire" avant de découvrir lui même qui il est vraiment. Le second cycle est écrit du point de vue de Merlin, fils de Corwin d'Ambre et de Dara des Cours du Chaos (les cours d'Ambre et du Chaos sont foncièrement rivales).
J'en arrive à l'essentiel - vous aurez remarqué que j'ai une fâcheuse tendance à être trop long dans mes commentaires - car je suis justement en train de cogiter (depuis 2-3 jours en fait) sur une introduction de mon prochain récit à la première personne, et du point de vue d'une puissante créature magique qui "observe" le héros et se réserve le droit d'intervenir sur son destin, pour une "cause supérieure" vaguement évoquée et avec parfois des scrupules, mais toujours sans la moindre hésitation. Cette introduction donne évidemment au lecteur des clés pour comprendre certaines choses qui échappent au héros... héros pourtant réputé parmi les siens pour son art de l'intrigue.
Le point de vue externe, "il", qui voit comme verrait une caméra.
Ne pas oublier le point de vue omniscient qui voit tout, même dans les pensées des personnages, "il".
Ensuite, il y a des raisons pratiques à ce choix : mon histoire suit plusieurs personnages à différent endroit, donc ça ferait plusieurs "je"... De plus, comme il l'a été dis plusieurs fois, le narrateur est sûr de ne pas mourir. Hors, j'ai un petit côté George RR Martin trop développé pour donner une telle certitude...
Globalement, j'ai un peu de mal avec le "je" en général quand je lis aussi. J'aime pas qu'on me force à m'attacher à un perso, à être bloqué à un point de vu... Le "je" donne trop de contrainte selon moi. Et le combo présent + Je, c'est le meilleur moyen de m'achever. J'arrive à m'y ouvrir un peu plus ces derniers temps (notamment grâce à son omniprésence sur Wattpad qui force un peu l'adaptation), mais ça reste quelque chose où j'ai du mal, car j'aime prendre un certain recul sur la situation et les personnages.
Mes idées sont un peu en vrac, mais je pense être compréhensible... Si j'avais à rajouter un truc ce serait : cestdoncvrai ! C'est pour vous cette discussion ^^ !
Jusqu'ici, je n'ai que deux projets où j'écris à la première personne, mes plus gros. Dans ceux-ci, je ne veux pas nécessairement que le lecteur se mette dans la peau du personnage, mais apprenne à le comprendre. Je mets l'accent sur les pensées/sentiments/ressentis personnels. Je cherche à démontrer que les « héros » sont, en réalité, des personnes comme nous : pleins de défauts, d'objectifs égoïstes, que « les héros n'existent pas » (pour me référer au défi que j'ai créé sur le sujet). Ils ne sont pas intouchables. S'ils ne peuvent mourir car ils sont ceux qui racontent l'histoire, il n'en demeure pas moins qu'ils restent « mortels », sujets aux « accidents » du script sans tomber dans le mélodramatique, qu'ils sont mêmes parfois les instigateurs des problèmes et polémiques, des monstres parfois. Bref, l'humain dans sa plus grande imperfection, tels que nous sommes.
Pour mes projets moins gros, comme les nouvelles, histoires courtes etc., j'écris plus à la troisième personne. Je m'ouvre au point de vue de plusieurs personnages, je développe plus l'histoire que les ressentis personnels (même si ceux-ci sont loin d'être négligés). Je cherche à étendre l'histoire plus loin qu'un seul regard, un seul point de vue. La narration peut ainsi changer d'emplacement d'un personnage à l'autre, et ainsi se retrouver à des kilomètres de distance. Leur point commun ? À découvrir dans la suite de l'histoire.
Je te rejoins complètement Joe sur ton ressenti du narrateur en JE, ça me rappelle un débat où il en était sorti que c'est un peu le "boss" de l'écriture car en effet il faut que l'auteur s'effacé devant le personnage et donc le narrateur, que le personnage fasse ressentir l'histoire à travers son point de vue unique, ça sous entend qu'il ne meurt pas et qu'on est "forcé" de s'attacher à lui même si on ne le veut pas...
Pour moi pourtant le JE est lourd de sens et tu le sais vu que j'ai une fâcheuse tendance à transformer la narration : dans mon premier texte on part de la troisième personne pour finir sur la première... dans mon second c'est l'inverse.
Le JE pour moi est le pronom absolu, le moi qui se manifeste dans toute sa splendeur et en non se SA vérité absolue et par la même exclu le lecteur. Tout s'exacerbe sous le JE et notamment les sensations comme les sentiments : JE à du sens. De la même façon quand tu dis il l'aime et quand tu dis je t'aime ça n'a pas la même implication. Pour ces moments là, amour, souffrance et sensations pures JE me semble primordial, pour cette confusion personnage narrateur JE me semble indispensable, mais... mais le manier est très délicat, quand c'est bien fait ça vaut tout !!
Employer JE en pensant que ça facilite l'immersion du lecteur est un non sens, employé JE en justifiant de son choix voire en donnant cette justification au lecteur et là ça fonctionne et ça donne des livre extraordinaire ! Par contre je me répète : JE c'est le boss de l'écriture, s'il n'a pas de sens, moi je le ressens comme une arnaque.
Je comprends tout à fait ce que tu veux dire lorsque tu parles de gêne pour le lecteur.
Dans le récit que je fais avancer en ce moment (L'Univers des Possibles), j'alterne entre deux personnages : l'un à la première personne et l'autre à la troisième personne.
L'utilisation de la première personne est complètement assumée ici car le personnage a une compréhension très limitée de ce qui l'entoure et ses découvertes successives sont un des piliers du roman. Le lecteur doit l'accompagner. Au delà de ça, étant donné ce que je projette à long terme, l'emploi de la première personne a un sens très particulier.
Mais étant vite limité dans la narration, j'ai adjoint une trame du roman plus classique à la 3ème personne, qui permet des scènes plus élaborées. Là aussi, cette troisième personne a un sens particulier dans le cadre de cette histoire.
Je ne sais pas encore ce que va donner ce mélange, s'il est déconseillé ou pas... J'expérimente.
Je vais aller lire ton texte dès que j'aurai un peu de temps :-)
A titre d'exemple pour le mélange du "je" et du "il/elle/ils/elles" voire "Les Micro-Humains" de B. Werber.
On retrouve ce que vous expliquez: le "je" est en apprentissage, les "il/elle" sont à la fois dans l'apprentissage et dans l'action. La narration est allégée par l'utilisation des deux.
Je n'ai jamais lu de livre utilisant une structure composée de plusieurs récits imbriqués à la première personne. Est-ce que ça fonctionne ? Pas de risque de schizophrénie du lecteur ? Tu as des exemples ?
alors dans le genre fantastique/fantasy/sf non je n'en ai pas lu, du moins pas d'auteur célèbre, mais j'ai déjà vu "des apprentis auteurs" employer cette méthode.
Par contre dans d'autres genres oui , je pense à Gloire de Daniel Kehlmann par exemple. La 1ère personne et l'utilisation de plusieurs personnages/identités va construire neufs nouvelles qui vont s'imbriquer l'une dans l'autre pour construire le roman. Je trouve que le commentaire ci dessous illustre bien mon propos :
"Neuf histoires composent ce livre mettant en scène neuf personnages se trouvant à tour de rôle personnage principal, personnage secondaire ou un peu plus éloigné puisque qu'ils vont chacun se retrouver dans un autre histoire. Ces personnages vont se retrouver dans des situations assez originales perdant leur identité et faire face à une situation qu'il ont bien du mal à gérer. "Gloire" perdue ou trouvée accidentellement semble être une patate chaude que chacun ne sait comment manipuler. A chaque histoire chaque personnage nous apparaît du coup différent, ce qui donne une assez bonne emprise sur le lecteur.."
L'intérêt du coup est le double niveau de lecture : chaque partie peut se comprendre indépendamment/ après elles ont une autre teneur dans la structure du roman. Je dirais même qu'il y a 3ème niveau de lecture si on s'amuse à lire dans le désordre les parties pour voir si ça a toujours du sens.
Dans ce cas le fil rouge de l'histoire me fait un peu penser à la structure narrative des scénarios de séries : des épisodes indépendants les uns des autres, mais on insère quelques éléments reliant les choses entre elles et créant ainsi un arc narratif pour satisfaire aussi bien les spectateurs occasionnels que les assidus. C'est un peu le même procédé mais employé à un niveau plus littéraire.
Je n'ai pas d'autres livres en tête dans l'immédiat mais oui ça fonctionne, après, sans mal de tête ça je ne le garantis pas, ça dépend du lecteur.
Le genre roman/nouvelle épistolaire se prête également bien à ce changement du "je" en fonction de qui lit et reçoit la lettre , je trouve que pour éviter le mal de tête c'est peut-être le genre qui s'y prête le mieux.
Enfin, je me dis que pour savoir si ça fonctionne bien , le mieux est encore de le tester pour voir à quelles difficultés on est confronté. Et à mon avis, il doit y en avoir parce que ce n'est pas si simple que ça de garder une cohérence.
Je peux tout à fait comprendre ton point de vue, le "je" peut vite être écrasant, et j'ai aussi déjà arrêté des romans parce que je ne supportais pas le narrateur... (Notamment, je n'ai jamais lu les confessions de Rousseau jusqu'au bout parce que j'avais juste envie de botter son arrière-train chouinard). LA première personne du singulier peut être une porte ouverte à l'autojustification. Mais soyons honnêtes cela peut aussi m'arriver avec une narration à la troisième personne, surtout une narration interne si le point de vue du personnage m’énervait.
Après, je pense que cette faiblesse est également la force de ce type de narration. Le "je" crée une proximité plus forte, et une plus grande implication du lecteur, ce qui peut faire des merveilles en fonction du type de récit que l'on planifie.
Je prendrai "Hunger Games" en exemple (je l'ai lu en anglais par contre, mais je pense que les points que j'aborde ont été conservés dans la traduction).
ATTENTION POSSIBLE SPOILERS SI VOUS N AVEZ PAS LU LE LIVRE.
- le "je" est allié à une narration au présent, ce qui donne à la narration une immédiateté troublante. On est dans les pensées de Katniss. Au plus près de ses émotions et de ses capacités de réflexion. Cela donne au récit à la fois une humanité et un réalisme assez troublants. De fait, quand Katniss ne sait pas, n'arrive pas à réagir ou est consciente qu'elle n'a pas la bonne réaction, ces réflexions apparaissent dans le texte. On a donc vraiment l'impression de suivre Katniss au plus près, quoi qu'il arrive, pour le meilleur et pour le pire. La but est de susciter l'empathie et l'émotion, et pour le coup, ça marche.
- De plus, l'auteure joue avec cette narration, car il arrive à plusieurs moments que Katniss soit aveuglée/rendue sourde/incapacitée, et dans ce cas là, le lecteur l'est aussi. Je me souviens notamment du passage où une mine explose à côté d'elle. Un de ses tympans lâche, et le lecteur se trouve confronté à une série de phrases courtes centrées sur la douleur alors qu'il y a du danger tout autour. Mais Katniss est incapable de se concentrer sur ce point, et donc le lecteur est laissé dans l'expectative, attendant à tout moment de lire que quelque chose l'a frappée. Cette limitation prouve donc être un excellent moyen de susciter du suspens.
Conclusion de ma part : L'usage de la première personne du singulier "doit", si je l'utilise, relever d'une stratégie de ma part, si je veux souligner différents points dans mon histoire. Sinon, cet usage peut facilement dériver et gâcher le plaisir du lecteur. Bien sûr, cela n'engage que moi.
Je n'ai pas lu le livre, donc je ne peux pas trop me figurer la situation.
En revanche, je peux prendre en exemple les Princes d'Ambre de Zelazny, écrits à la première personne. J'ai beaucoup aimé cette série, mais je pense que la première personne n'y a rien apporté de spécial. D'une manière générale, je trouve que ce format ne convient pas à la SF ou aux romans faisant appel à de l'action plus qu'à de la réflexion.