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FreyjaVon

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FreyjaVon


Le chemin s'ouvrait devant elle dans la chaleur de la fin de l'été. Elle marchait doucement sur ce sentier de terre qui lui était si familier, bordé de nature et de quelques vaches stoïques. Elle respirait avec délice les odeurs de la forêt et de l’herbe qui venaient gonfler ses poumons. Elle se sentait si légère à chacun de ses pas, transportée par ces fragrances vivifiantes mais aussi par les espoirs que lui insufflait la perspective de cette journée. A ses côtés se trouvait ce beau jeune homme qui hantait ses rêves depuis quelques mois déjà, foulant ce sol de ses baskets blanches. Sa présence en ce jour l’inondait d’une joie immense. Elle était heureuse de pouvoir ainsi l’inviter dans l’un de ses mondes et de laisser s’écouler les heures auprès de lui.
Les rayons du soleil jouaient entre les feuilles des arbres qui élançaient leurs branches au-dessus d'eux, comme pour les protéger du reste du monde. Ils parlèrent de tout et de rien, de leur quotidien, de leurs intérêts du moment, de leurs rêves, tout en cheminant côte à côte jusqu'à ce que leurs pas les mènent à une vaste prairie, jaunie par la saison qui venait de s'écouler. Elle l'entraina alors vers un recoin un peu plus abrité de la vue des éventuels passants, non loin de la petite rivière qui serpentait dans cet écrin de verdure. Une fois la nappe déposée sur le sol, ils purent s'installer pour savourer leur repas préparé le matin même. Ils échangèrent quelques regards en silence. Elle avait l’impression de déceler des étincelles venant illuminer les belles prunelles vertes qui se posaient sur elle. Le temps semblait comme suspendu dans une parenthèse enchantée où rien d'autre qu'eux, assis dans ce lieu, n'existait plus en ce monde.
Lorsqu'il fut l'heure de se délecter du dessert, les choses prirent une autre tournure. Une guerre éclata pour la propriété des délices croustillants débordants de pépites, tandis que chacun, armé de chocolat fondu, menaçait l'autre de lui en appliquer allégrement sur la figure. Leurs éclats de rire résonnaient dans la vallée inondée de soleil, se joignant aux chants des oiseaux alentours. Les combats furent éprouvants et se soldèrent finalement par un partage relativement équitable des ressources, notamment à cause d’un manque de munitions, toutes disparues sur le nez ou les joues de l'adversaire avant d’être englouties. Elle adorait ces jeux d’enfants où elle pouvait laissait s’exprimer les aspects plus facétieux de sa personne, tout en ayant l'avantage d'opérer un rapprochement stratégique. Il ne s'agissait pas là de la meilleure technique de séduction au monde, mais c'était ce qui pouvait se rapprocher le plus de sa manière de montrer son intérêt à l’autre, et cela semblait également convenir à son compagnon du jour.
Ce dernier s'était allongé pour prendre un peu de repos, offrant son corps à la nature et à la chaleur qui les enveloppaient. Elle ne l'entendait cependant pas de cette oreille. Bien décidée à profiter de chaque minute pour s'amuser avec lui, elle débuta une opération de création artistique impliquant notamment une multitude de brins d'herbe et un modèle humain plus ou moins consentant. Elle commença à glisser quelques feuilles entre ses mèches blondes, toujours aussi hirsutes et sauvages qu'à leur habitude. Elle adorait sa tignasse pleine d'épis qui lui donnait cet air décalé et nonchalant. C'était là une partie de son charme. Penchée au-dessus de lui, elle avait tout le loisir de le contempler tandis qu’elle peaufinait son ouvrage, parfois ralentie par quelques protestations peu convaincantes. Il avait ôté ses lunettes en bois qu'elle aimait tant, un autre signe discret de son originalité, pour laisser découvrir ses yeux d’un beau vert pâle surplombant un nez évasé sur la fin. Elle s'attarda sur ses lèvres fines qui l'hypnotisaient depuis le premier jour où elle l'avait aperçu, et sur cette petite marque foncée qu’il portait sur la lèvre inférieure. Son regard finit par se perdre dans sa barbe parsemée de roux qu'elle s'imaginait caresser doucement avant de l’embrasser.
Elle fut tirée de cette douce transe par quelques manifestations de rébellion plus véhémentes que les précédentes et qui nécessitèrent une intervention de sa part afin de protéger l'œuvre d'art toujours en cours. Une nouvelle bataille éclata entre les deux compères, cette fois à l'aide de chatouilles herbeuses. Allongés l’un sur l’autre, ils n’avaient jamais été aussi proches, et elle ne pouvait s’empêcher de s’attarder sur son sourire communicatif malgré les assauts. Elle songeait à quel point cet homme lui plaisait, de toutes les manières dont il était possible de lui plaire. Et finalement, elle le remarqua. Emportée par l’action et l’élan de cet instant, il lui avait fallu plusieurs secondes pour que la sensation de sa main dans la sienne ne se fraye un chemin jusqu'à sa conscience. Un bref coup d'œil confirma cette information, dans la mêlée, leurs doigts s'étaient entrelacés et aucun ne semblait vouloir se soustraire à ce contact intime. Elle sentit la chaleur lui inonder le cœur et les joues, surprise par cette étreinte inattendue. Il y eut un léger flottement, une légère gêne, puis leurs mains se séparèrent doucement pour retourner à leurs jeux d'enfants.
Mais le monde réel n'est jamais très loin du pays imaginaire, et il se rappela à eux sous la forme d'un impératif horaire à respecter et dont ils frôlaient déjà les limites. A contre cœur, ils durent plier bagages, prêts à s'en retourner sur le petit sentir de terre en protestant contre les obligations. Alors qu'elle s'apprêtait à enfiler son sac à dos, il se tourna vers elle et lui demanda doucement :
- Est-ce que je peux te voler un câlin ?
Elle acquiesça avec un sourire qui peinait à exprimer la joie que faisait naitre en elle cette question. Elle désirait cette étreinte depuis si longtemps, être à son contact, sentir sa chaleur, lui qui était d’ordinaire si pudique. Il s'approcha d'elle et la serra contre lui. Sa tête vint se poser dans le creux de son épaule, son odeur inondant ses poumons. Elle lui rendit la force et la tendresse de cet échange, savourant ce moment. Puis, elle le sentit s'éloigner, lentement, pour ne pas rompre le charme. Et alors qu'il avait reculé de quelques pas, elle aperçut son visage s'approcher du sien, tandis que ses mains reposaient toujours sur ses hanches. Elle savait ce que ce geste signifiait. En une fraction de seconde, elle fut assaillie par toutes les implications et toutes les questions que cela pouvait soulever. Mais d’un battement de cil, elle les chassa aussi vite qu'elles étaient arrivées. Elle était décidée à accueillir ce qui se présentait à elle et qu'elle n'avait osé espérer pour cette journée, si ce n’est dans ses rêves. Elle ferme les yeux et laissa leurs lèvres se rencontrer. Il l'embrassa pour la première fois, et elle l'embrassa en retour. Cet instant se grava dans son être comme la quintessence de la douceur et de la tendresse. Ils échangèrent un regard. Elle était encore abasourdie de cette déclaration silencieuse. Il lui souriait, comme amusé de constater sa stupéfaction.
- Je te vole ça aussi.
Son charmant sourire toujours aux lèvres, il lui tourna le dos pour s'engager sur le trajet du retour, à l’ombre des frondaisons. Il venait de conquérir son cœur, et il l'invitait maintenant à le suivre sur le chemin de sa vie, bordé de verdure.
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