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Alfred De Nédar

Ogygie.
Alfred De Nédar

J’arrivais à vingt ans au pied de millénaires,
Abordant solitaire le vaste inconnu.
Dans mes maigres paquets des années de galère
Et au fond de ma poche quelque idée perdue



J’arrivais à vingt ans, je dis c’était hier
Jeudi noir, jeudi gris, dans une ville rose.
En marchant je me voyais repeindre la pierre
Et les esprits petits des habitants moroses.



Je disais bien des « si », biens des « il faut changer ! »
« Si l’on changeait le monde il tournerait bien mieux »
Je me voyais déjà l’érudit du quartier
Et peut-être demain un bien savant monsieur.

Mais écumant toujours les rues de ma cité,
J’arrivais un matin dans un bar, ingénu.
J’ai commandé un verre et de verre en année
J’ai laissé dans l’ivresse quelque idée perdue.
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Alfred De Nédar
 Les faubourgs encrottés des déchets noctambules,
Les passy faisandés, les Cliclis rabougris,
Ce schéma archaïque où les tacots circulent. 
Ah! Paris! Tu es blette et pourtant si jolie.

Ton haleine est fétide d'alcool et de cons,
Ton ciel est mansardé, de bonne il est chambré,
Les putains devêtues sucent ton mamelon.
Ah! Paris! Tu es vieille et pourtant inchangée.

Sur ton front grisonnant j'irai poser ma voix,
Y graver de mes mots le nom de mes aïeux
Et comme un vieux pigeon je crèverai sur toi.
Ah! Paris! Je te hais et pourtant je te veux!
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Alfred De Nédar

Je vieillis,


Le chemin qu'emprunte le métro ne ressemble pas à celui que nous empruntions,
   Et les visages des femmes,
   Et les visages des hommes
   Me sont étrangers.


L'odeur de l'appartement que j'habite ne ressemble pas à celle de chez moi,
   Et ce que montre la fenêtre,
   Et le vent qu'elle envoie
   Me sont étrangers.


Le bleu du ciel qui nous couvre ne ressemble pas au bleu du ciel que nous aimions,
   Et la forme des nuages
   Et le scintillement des oiseaux
   Me sont étrangers.


J'ai grandi ici, mais rien ne ressemble plus à rien.
Ni les souvenirs, ni les photos, ne me rendrons ma jeunesse
   - la vie est un curieux voyage -


Tout vieillit et tout disparaît
Les choses que j'ai aimées,
Mon père.



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Alfred De Nédar
Première nouvelle.
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Alfred De Nédar




Dors, au creux des mains de la nuit
Remets au ciel la noirceur de tes songes
Et si le jour viens
Ne lui ouvre pas ta porte,
Tu ne veux pas te réveiller.
 
Dors, sous le saule éploré
Remets au feuillage la dureté de tes maux
Et si l’oiseau chante,
Ne succombe pas à son appel,
Tu ne veux pas te réveiller.
 
Dors, sur le sol moite de la plaine
Remets à l’herbage l’âpreté de ton sort
Et si la fourmi toque à ton dos,
Ne lui ouvre pas la porte,
Tu ne veux pas te réveiller.
 
Alors enfin,
Dors, au plus profond des eaux
Remets aux abysses la froideur de ton âme.
Et remarque qu’ici aucun poisson ne chante.
Comprends.
 
Là, au creux des enfers où nul ne te regarde
Le soleil ne descend plus jusqu’à toi.
Et quand alors, plus personne ne frappe à ta porte
Ouvre-la.
C'est maintenant, que tu veux te réveiller. 
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Alfred De Nédar

Dans la ruelle étroite, alignées les demeures,
Étalés les pavés jusqu’au loin éthéré.
Saisissant la béance, rentre la lueur
Orangée, vespérale, faisceaux anémiés. 



Au milieu de l’étroit, qui repose en ses terres,
Le chat veille assoupi, ainsi qu’un simulacre,
Éclatant de son poil, déchirant le parterre,
Il attend silencieux l’heure qui le consacre.



Et quand sonne minuit, aux coups alexandrins,
Que le divin esprit exhalé du sommeil
Langoureux animal, au regard olympien,  


Vient frotter malicieux, son pelage vermeil,
Je me laisse approcher de la nymphe maline.
La nuit, les chats sont gris et les femmes félines !
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Alfred De Nédar

Laissez-moi,
être fier de mon pays,
être fier de son histoire,
être fier de ses croyances. 


Laissez -moi,
être honteux de mon pays,
être honteux de son histoire,
être honteux de ses croyances. 


Et laissez-moi,
aimer dans mon pays,
pleurer dans mon pays,
Vieillir dans mon pays. 


C'est vrai,
je ne suis pas d'ici
et je ne connais pas là-bas


Mais
Laissez-moi seulement
vivre ici,
passager parmi les passagers,
attaché à ces terres qui ne sont pas à moi
et pas à vous non plus. 
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Alfred De Nédar

Pan !
Le cœur qu’on assassine.
Pan ! Fait la balle.
Et le corps tombe, silencieux.



-

La voix éteinte.
-  Fait la voix
Évanouie, silencieuse.



Autour, plus rien.

Les passants ne passent plus.

Le bruit des souffles coupés nous englobe.


Pan !


Dernier son d’une civilisation à l’agonie.


Pan !


Le rouge et le blanc,

Et le bleu mélangés
Éclaboussent les visages.



Le silence pèse.




Pan !




Tapi, l’assassin rôde,

Parmi les hommes,
Dans le silence assourdissant de la stupeur.



Là-haut le ciel brûle,


Là-haut les oiseaux chantent,
Là-haut le vent souffle.




Pan !


Au sol, gît la république.
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Alfred De Nédar

La vapeur naît au cœur et saisit alentours,
Noire nue, nuée noire, assombrit mon esprit.
Spleenétique est la vue de la vie de nos jours,
Ah ! Vraiment je respire en des temps évanouis.


Et quand errent hasardeux, mes regards courbatus,
Qu’aspirés fatalement vers le cadre ajouré
Ils contemplent en l’éther les siècles étendus,
Il revient de leur trip un bonheur trépassé.



Jamais donc je n’irais, au pays si lointain

Des amours clandestines d’amoureux transis
Des messieurs cocodès, aux illustres inouïs


Et des chairs opalines flattées d’embonpoint.

La langueur est hectique, amer est le destin,
Ah ! Vraiment je respire en des temps évanouis.
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Alfred De Nédar

L’homme
qui meurt
Est la gravure
Qui s'use
Est la pierre
Qui s’érode
Est la poussière
Qui reste
Est la Terre qui
Brûle
Est les particules qui
Volent et
Qui s’assemblent
En une Terre
Que porte la poussière
Qui s’assemble en la pierre
D’où est gravé le souvenir,
A la force du temps
Du passage des choses,
Et celui de la vie.




 

Ne craint la mort
Qui veut naître. 
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Alfred De Nédar

Sur nos faubourgs épars et nos vies fatiguées

Les lumières s’éteignent et dans les bars pourris
Intra-muros, bien emmurés
On meurt.
 
Les Social et les Rex ont vomi leurs déchets
J’ai vomi mon whisky, je n’sais pas où dormir.
Sous la noirceur, aux pieds du Louvre
On meurt.
 
Les putains s’en retournent après leur set minable
Amputés du génie, des génies de l’arnaque.
Sous les restaus, dans les taxis
On meurt.
 
J’ai payé ma conso, payé celle de machine
Payé mon mojito et la fin des Winston.
J’ai paniqué, j’ai pas niqué.
Je pleure.
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Alfred De Nédar

  A l’image de ce qu’est le vieillard pour l’Homme, nous Hommes contemporains, sommes la vieillesse de l’humanité. Et nous posons sur notre vie un regard empli de vétusté. Nous voyons s’étaler dernière nous nos erreurs de jeunesses, nos fausses croyances tisonnées par le manque d’expérience, par le manque de connaissance, par le manque de recul et pourtant savons-nous, maintenant que nos tempes sont blanches, être clairvoyant ? Savons-nous ne pas reproduire ces erreurs de parcours pour alors pouvoir continuer à grandir et finalement rajouter quelques siècles à notre durée ?
  Hélas ! L’Homme, l’humain, Homo sapiens a bien courte mémoire et quand bien même il a sous ses yeux le témoignage du passé comme un livre ouvert qu’il pourrait consulter, il ne saurait comprendre ce qu’il y lit. Hier nous avions des esclaves aujourd’hui des ouvriers, hier nous avions des Rois, aujourd’hui des Présidents, hier nous étions pauvres, aujourd’hui nous sommes défavorisés. Que serons-nous demain ? Nous serons les mêmes et notre nom aura changé.
  Arrêtons donc d’être ce vieillard sénile et alzheimer, qui laisse présager une fin imminente. Raisonnons, remettons-nous en question, usons de l’expérience dont nous sommes forts et plus que de changer de nom, changeons de condition !
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