Il fait nuit dans le parc. L'insomnie a gagné la bataille. Je blâme le café. Me voilà obligée de me promener pour ne pas rester seule dans ma chambre, lumière éteinte, à sauver de la noyade des idées coincées dans les profondeurs de mon âme. La lune pointe le bout de son nez mais l'obscurité ne veut pas la lâcher. Les arbres ne sont plus que des fils de réglisse.
Mon ombre danse avec moi... puis elle s'en va loin devant moi. Je veux la rattraper mais voilà qu'elle se réfugie dans une ombre encore plus grande qu'elle. Elles deux ne font plus qu'une. Elle me poursuit et veut me dévorer, m'enfermer dans un vide éternel. Là où la lumière ne brille pas. Là où le rien règne sur le tout.
Je cours pour lui échapper. Je vais vite. Mes cheveux me fouettent le visage; je ferme les yeux pour me protéger de moi-même. Je ne vois rien J'avance à l'aveugle. Je tombe. Elle m'englouit. Je fais partie du rien. Lui et moi sommes un.
Que les corbeaux festoient!

J'allume ma bougie et respire son parfum sucré malgré les instructions. Mmmh la vanille! Quelle odeur délicieuse!
Je fais claquer l'élastique maintenant ma queue de cheval. Que l'écriture commence!
Tout va très vite. Les mots apparaissent sur ma page à toute vitesse. Certains sont oubliés dans la courses, d'autres contiennent des fautes. Tant pis, je réglerais le problème plus tard. On s'en fout des fautes. C'est pas l'important.
Fière de moi, je m'accorde une pause.
Je vais dans la cuisine et me prépare une tasse de café soluble; pas le temps de mettre la cafetière en route. Ni la patience. J'ai BESOIN de ma cafféine et maintenant!
Je caresse les bêtes étalées ici et là. Inévitablement, je renverse un peu du liquide divin sur le carrelage. Quel gâchis!
Retour à mon tabouret. Il est pas très confortable mais les chaises me font plus mal encore. A cause de la chaleur, mes fesses se collent au revêtement faux-cuir.
Je tape je tape je tape. Je me cure le nez. Je tape. Je cherche un mot. Il m'a échappé. Ses frères au sens similaires ne me conviennent pas. Tant pis, je passe. Je tape je tape.
Je sirote ma tasse de café trop sucrée et déjà froide. Le chien ronfle à mes côtés. Faut que j'aille pisser.
Le clavier au touches épaisses cliquette sous la pression de mes doigts.
Je grignote tout ce qui est à ma portée: chocapic, brioche, biscotte... Tel le petit poucet, je laisse une traînée de miettes derrière moi.
Quelques retouches, quelques ajouts et...
DRIIING!!!
Session terminée.

Chère Soeur,
J'ai beaucoup réfléchi à ce que tu m'as dit ou plutôt craché au visage et j'en suis venue à la conclusion que tu avais un problème. J'ai mes torts, je te l'accorde mais ton comportement m'inquiète. Il inquiète tout le monde. Tu parles à ta fille comme si c'était une adulte, tu lui infliges tes doutes, ton manque de confiance et le pire tu ne prends pas en considération ses sentiments et te moque d'elle (je fais référence à quand elle se mutilait et que tu lui as rigolé au nez). Tu es censée la protéger, pas être son bourreau!
Tu rejettes l'absence d'un mec dans ta vie sur ta fille! alors que tu enchaines les relations toxiques parce que tu es toi-même toxique! Il y a une répétition dans les hommes que tu choisis, n'as-tu pas remarqué? Quand tu me dit que A et toi, c'est fini mais qu'il te réécrit, que tu me racontes vos conversations que je t'ai répondu :" arrête de lui écrire", tu m'as dit: "J'ai besoin de fermer ce chapitre, tu peux pas comprendre, t'as jamais été dans une relation!". Sache que je préfère ne pas en avoir plutot que de me taper des violeurs, alcooliques et voleurs. Tu as tellement regarder et lu des histoires d'amour que tu en as une vision biasée, idéalisée. Tu portes un bandeau de mensonges sur les yeux et es aveugle à leur vrais personnalité mais quand ils tombent tu sembles surprise.
Tu as menacé de te tuer A TA FILLE! Tu dis que tu as "envie de te faire troncher" alors qu'elle est dans la pièce!Tu es une mauvaise mère en plus d'être une mauvaise soeur. Tu te rappelles quand tu te coupais les veines devant moi?
Ecrire est plus simple pour moi parce que tu prends tout mal et tu as des tendances violentes et tu es très impulsive. Je m'inquiètes pour ta fille. Mais j'ai beau te dire tout ça, je sais que ça ne changera rien. Tu blesses les gens autour de toi parce que tu es toi-même blessée. Tu as un comportement auto destructeur et pense qu'on te veut du mal alors qu'on te donne des pistes de réfléxions. Sous prétexte qu'on est plus jeune que toi tu ne prends pas en compte ce qu'on te dit. Tu as une dent contre la Terre entière et impose ta négativité partout où tu vas. Tu nous forces à marcher sur des oeufs en ta présence mais toi tu te permets de nous insulter, de tout mettre sur notre dos et doit se la fermer.
C'est triste à dire mais la seule raison qui me fait te parler c'est ta fille. Bientôt je n'aurais plus à passer par toi pour la voir. Ce jour-là, je couperais les ponts avec toi.
J'espère que tu trouveras l'aide dont tu as besoin. Que tu recommencera ta thérapie et ne l'abandonneras pas après une séance. Que tu te feras traiter pour ta bipolarité diagnostiquée.
La vie n'est pas si horrible que ça. Elle sera meilleure quand tu apprendras à voir autre chose que les mauvais côtés. La beauté du monde, tel un trésor ancien nous est bien cachée. Il faut un peu creuser pour la découvrir.
Remets-toi en question parce que bientôt il ne te restera plus que ta fille. Si elle ne décide pas de partir elle aussi..
Cordialement,
Ta soeur.