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Hartsock

Défi
Hartsock
Lettre à moi-même, âgé de 8 ans.
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Hartsock
Texte écrit pendant l'incendie à Notre Dame de Paris.
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Hartsock


PERSONNAGES :
HECTOR : (beau) père de famille
JEANNE : mère de famille
FRANCIS : grand frère
VALENTIN : petit frère
GREG : fils d'Hector

Hector et Jeanne rentrent tranquillement du travail de cette dernière. N'ayant pas envie de marcher dix minutes après son boulot, elle a demandé à Hector d'aller la chercher en voiture. C'est chose faite. Les portes claquent, une autre s'ouvre : celle de la maison.


HECTOR enthousiaste : On s'en fume une avant de manger ?

JEANNE : Euuuh ouais, ils ont fait quoi ?
HECTOR : Ah, je sais pas.

JEANNE se dirigeant vers la cuisinière : Euuh... (ouvrant le couvercle d'une casserole vide) C'est pas vrai ! Ils ont pas fait.

HECTOR : Peut-être qu'ils ont mis au frigo ?

JEANNE contrariée : Bah non !

HECTOR sifflant comme on appelle un chien : Oh ! Les gosses !

GREG accourant vers eux : Salut ! Ça va ?

HECTOR : Vous avez rien fait ? Vous faites chier.

JEANNE : Vous le savez que je travaille et que j'ai pas le temps de faire…

HECTOR : Ils sont où les deux autres ? Va les chercher.

GREG parlant à Valentin : Ils t'appellent.
(Toquant à la porte de Francis) Il faut que tu viennes à la cuisine.

FRANCIS : Il faut ?

GREG : Bah c'est les vieux qui l'ont dit.

FRANCIS de mauvaise humeur devant sa dissertation : Ils peuvent pas attendre cinq minutes que je finisse ?

VALENTIN gentiment : Salut, ça va ?
(Faisant un bisou à Jeanne) Qu'est-ce qu'on mange ?

HECTOR méchamment : De la merde. On va manger et vous allez vous démerder.


VALENTIN surpris : Oh, je demandais juste. Pas la peine de s'énerver.

JEANNE accusatrice : Tu faisais quoi ?

HECTOR d'un air supérieur : Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse ? Il jouait, comme d'habitude.

VALENTIN vexé : Non !

JEANNE : Je vais te l'enlever et je vais la jeter, cette putain de machine. T'as d'autres choses à faire que de jouer !

VALENTIN : Mais je jouais pas !

HECTOR : Bien-sûr. Et mon cul c'est du poulet ?


VALENTIN : Vous me croyez même pas ? Vous avez même pas confiance en moi, super.

HECTOR : On peut pas te faire confiance, tu mens tout le temps.

VALENTIN : Ah oui, j'oubliais. Je suis un menteur…

FRANCIS soupirant : Salut, j'ai le temps de prendre ma douche avant qu'on mange ou je la prends après ?

JEANNE agressive : T'aurais pas pu faire à manger ?

FRANCIS essayant de garder son calme : J'ai des devoirs à faire, moi. L'école c'est pas à mi-temps.

HECTOR : Laisse tomber chérie, on va se démerder et eux ils vont se faire foutre. Ils boufferont tous seuls.

FRANCIS : Voilà, faites ça. Bon appétit.

Un temps passe, Francis prend sa douche, Hector et Jeanne se font à manger et Greg fait quelque chose pour lui et le cadet. Quant à lui, Valentin met la table.

Greg et Valentin sont à table. Leurs parents sur le canapé.
FRANCIS : Du coup on mange quoi ?
JEANNE : T'as qu'à te faire un ?uf.
GREG désolé : Ils m'ont dit de pas faire pour toi.
FRANCIS : Génial...
GREG s'adressant à eux : Et du coup ça s'est bien passé votre journée ?

JEANNE : Non, j'suis crevée et la directrice a pas voulu me déplacer mon jour de repos.

VALENTIN innocemment : Mais pourquoi tu fais pas un travail moins fatiguant et qui te plaît plus ?

HECTOR : Toi, mêle toi de ton cul.

VALENTIN : Mais c'est elle qui en parle…

HECTOR : Tu sais que t'es casse couilles quand même ?

VALENTIN : Mais j'ai rien dit de méchant…

HECTOR : Tais-toi un peu.

VALENTIN boudeur : J'ai plus le droit de parler maintenant…

HECTOR : Ta gueule !

Un temps.

VALENTIN apercevant que son frère est pris d'une migraine : Euuuh vous pouvez baisser le son de la télé ? Francis a mal à la tête.

JEANNE : Eh bah il a qu'à prendre un cachet.

FRANCIS exaspéré : C'est déjà fait, maman.

HECTOR : Tu bois pas assez d'eau aussi.
FRANCIS : J'en bois plus que vous, donc je doute que ce soit ça.
JEANNE : Bah va te coucher alors.

FRANCIS : Bah avant j'aimerais bien pouvoir écrire un peu.

JEANNE : Je te préviens, tu te couches pas à minuit. Après tu vas encore arriver en retard.

FRANCIS fermement : Je me coucherai quand j'aurai envie de dormir. Et j'y suis pour rien si mon bus est en retard un peu trop souvent.

JEANNE : Ah ! C'est facile d'accuser le bus juste parce que tu veux pas aller en cours.

FRANCIS : Pense ce que tu veux, quand j'ai pas envie d'aller en cours je n'y vais
pas, j'ai pas besoin du bus pour ça.

VALENTIN : Oh, c'est classe ce ballon de foot !

HECTOR : Mange au lieu de regarder la télé !

JEANNE étonnée : Il est rose, tu veux pas un ballon rose quand même ?

VALENTIN : Bah pourquoi pas ?

JEANNE : C'est pour les filles…

VALENTIN agacé : N'importe quoi !

HECTOR à voix basse : Peut-être qu'il est gay…

JEANNE outrée : Mais non ! Arrête de raconter des conneries.

VALENTIN chuchotant : Ils m'énervent…

FRANCIS : Les écoute pas, plus vite tu auras fini de manger et plus vite tu pourras sortir de table.

Un autre temps passe, pendant lequel Francis et Greg ont fini de manger et quittent la table après avoir débarrassé.

HECTOR reprenant son air supérieur : Et voilà, les colocataires sont de retour…

VALENTIN : Bah c'est juste qu'ils sont fatigués et ils ont rien à faire au salon. Ils préfèrent leur chambre.

HECTOR : Toi mange !

JEANNE : Ils pourraient au moins participer à la vie de famille, je sais pas, regarder la télé avec nous.

HECTOR : Greg le fait, parfois.

JEANNE : Oui, mais Francis est toujours dans sa chambre, à l'école ou à la bibliothèque. Il parle jamais.

HECTOR : On dirait qu'on le fait chier, qu'il est malheureux ici.

VALENTIN rancunier : Normal, vous gueulez tout le temps.

HECTOR gueulant : Toi mange au lieu de nous casser les couilles !

Une dispute se déclenche. Dans la pièce à côté, Francis augmente le son de la musique dans ses écouteurs. Le morceau se termine et il entend une porte se refermer fortement, il devine que c'est Valentin qui a quitté la table énervé. Il entend ses larmes et la voix de Hector crier "La prochaine fois que tu claques la porte c'est moi qui te claque !"
Deux ans : c'est le temps minimum avant que Francis puisse mettre fin à ce cauchemar quotidien.
Tandis qu'il reste au moins six ans à Valentin dans le foyer, et que le plus dur pour lui est à venir.
Le lendemain, ils inventeront un autre prétexte pour éviter un énième repas de famille.
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