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Mel Espelle

Courbevoie.

A toutes et à tous, bienvenu(e)s sur ma page !

Je ne poste pour le moment que les incipits de mes romans (tous en phase de réécriture d'ailleurs). Je vous demande donc de ne vous attarder que sur le fond.

Au plaisir de vous lire en retour !

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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus

Œuvres

Mel Espelle


A la lueur de la lampe, ma plume grattait le papier.
Petite j’adorai faire des ronds sur le carreau avec mon index. Nous avions la chance d’avoir une fenêtre alors j’en faisais beaucoup pour passer le temps. Des petits. Des grands. Toujours avec le même doigt.
Et toujours ma mère me demandait d’arrêter de rêver. De descendre de mon petit nuage pour aller travailler. Elle disait que nous n’aurions rien dans l’assiette si nous n’y mettions pas du nôtre.
Mes sœurs et moi on travaillait comme des nègres et en hiver, quand l’eau gelait dans les seaux ma mère me tirait par l’oreille pour me ramener à notre dure existence d’immigrés irlandais.
Entassés à plusieurs dans ces logements insalubres je me souvenais encore des petits qui toussaient et de la main de ma mère posé sur leu front brûlant. Elle disait qu’elle n’avait pas d’argent pour les emmener voir le médecin. Nous n’avions pas d’argent pour manger, pour nous vêtir, pour nous éduquer. Elle disait qu’on arriverait à se passer des choses matérielles pour aspirer à une autre réalité.
Et puis un jour, avec le printemps, il est arrivé. Il nous faisait rire avec ses tours de magie et sa façon bien à lui de rendre unique ce qui ne l’était pas.
Ma mère me laissait avec lui. Il me trouvait unique et qu’il disait que je quitterai Five Points et sa misère pour les beaux quartiers.
Ma mère me laissait avec lui et elle trouvait remarquable qu’on s’intéresse à nous autres, les Kennedy. Nous n’avions rien d’extraordinaires. Nous étions pauvres et affamés. Ma mère donnait la vie et perdait ses enfants chaque hiver.
« Ce Monsieur Quinn est très bien, tu comprends ? Il te demande seulement de sourire et tu comprendras plus tard que ce sacrifice en valait la peine. »
Du haut de mes douze ans, je le trouvais bel homme et généreux en plus ce cela. Il m’offrait des bonbons et quand je faisais ce qu’il me disait alors il me récompensait par une pièce pour améliorer notre quotidien.
Petite, je faisais des ronds sur les carreaux.
Dehors les autres enfants chahutaient dans la cour. Ma mère étendait le linge au-dessus du poêle et Mr Quinn finissait de s’habiller.
Il promettait toujours de revenir bien vite. Ma mère espérait qu’il revienne mais moi je commençais à ne plus trouver cela amusant. Je trouvais écœurant son odeur et ses grosses mains posées sur mes bras nus.
La gorge nouée, je finissais de rédiger un texte pour la Freedom Women League dans lequel je mettais en relief les aides de l’état alloués aux immigrées depuis 1840, soit la date de la famine en Irlande.
Depuis longtemps mon thé était froid et la main dans le cou, j’entendis les discussions dans la pièce aux murs mitoyens à la mienne.
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Mel Espelle


Keynes me voyait comme une incapable.
Furieux il devait l’être.
Le tissu se déchira en un bruit menaçant un peu comme une arme qu’on recharge. Il me fallait coudre pour le théâtre. Des croquis couvraient le mur sur cette tapisserie jaune. Ou plutôt ocre.
Sur mon lit je cousai en attendant le retour de Birdy. Elle m’avait demandé de ne pas m’inquiéter. Ce genre de recommandations on le formule à un tout petit enfant mais pas à une femme de mon âge.
Comme le temps restait froid je gardais mes mitaines, même pour la couture et après avoir léché l’extrémité du fil entre mes lèvres je m’appliquais à le glisser dans le chas de l’aiguille.
Quelque soit l’heure du jour, on jouit d’une bonne luminosité dans cette chambre, un peu étroite mais pas non plus la chambre de bonne. Il pourrait s’agir de la chambre d’un enfant ou d’un jeune monsieur. Ces boiseries sont à l’identique de ce que l’on trouve dans les appartements parisiens.
J’assemblais les deux pièces entre elles pour coudre assise devant la fenêtre. Depuis mon poste d’observation je pouvais voir les allée et venues des voisins, les fiacres passer et les belles, leur ombrelle à l’épaule.
Observer les gens restait une activité comme une autre. Je jouissais d’une vue dégagée sur l’ensemble de cette rue et je vis George et non pas Birdy rentrer par le portail. Que le Diable l’emporte cette Birdy !
Elle ne rentrerait pas avant deux heures et je serais partie avant à ma répétition.
On frappa à ma porte.
« Rentre, George !
—Ce n’est pas George ! »
Keynes se trouvait être derrière la porte. D’un bond je me levai pour mettre un peu d’ordre sans ma coiffure et tira sur mon corsage.
« Euh… une petite seconde ! »
Le sournois avait du passer par derrière, pas l’entre des artistes. Je pris une profonde inspiration pour lui ouvrir la porte, le châle jeté sur mes épaules.
« Je peux quelque chose pour vous, M’sieur ?
—J’ai besoin de vos compétences. J’attends dans mon bureau. »
Je n’aurais jamais terminé de coudre cette manche ce soir.
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Mel Espelle


Londres 1931,
Inutile de vous dire que je garde un très mauvais souvenir de Virgil.
Petit garçon il était potelet, pervers et affreusement narcissique. Il prenait un malin plaisir à nous remettre à notre place, nous autres fils et filles de baronets.
Il savait, de par son talent à l’introspection et la cognition, nous faire tirer des larmes de colère.
Fort d’une position sociale supérieure à la nôtre, Virgil restait un maitre incontestable de la rhétorique et un jour il articula :
« Les hommes par nature sont sages et s’érigent en maitres de la pensée. Ils sont nés pour régner sur cette société décadente et jeter l’opprobre sur les âmes perdues que sont la tienne et celle de tous tes compagnons d’infortune ! »
A l’entendre ainsi raisonner, je m’étais mise à le défier, lui, abject petite créature sans compassion.
Un matin je l’avais surpris à fouiller dans mes affaires, ce qui eut pour effet de me rendre dingue. Il s’en suivit un corps-à-corps des plus inégaux. Lui rondouillard et moi maigrichonne n’ayant que les os sous la peau.
La gouvernante nous sépara trop tôt. Hamilton et moi fûmes punis. Virgil comme toujours s’en sortait bien.
Nous avions longtemps cherché à l’ignorer mais l’ombre de Virgil précédait toujours sa massive silhouette et quand nous pensions être loin de lui, voilà qu’il surgissait en sifflant, les narines écartées et la main posée sur sa poitrine.
Nos récréations estivales à Wyncott Castle furent gâchées par la présence de ce détestable gaillard, geignard et entêté. Il a fallut que nous le supportions jusqu’à son entrée à Eton, puis oxford.
Jusqu’à ce jour je n’avais plus entendu parler de lui excepté dans les récits endiablé de mon cher Hamilton.
Il disait de ce dernier :
« Mieux vaut l’avoir en peinture qu’en chair ! »
Je vins à rire aux éclats en me souvenant de toutes ces heures passées à le terroriser, quand lui n’était pas à trouver des stratagèmes pour nous humilier devant son parterre de flagorneurs, parmi les illustres relations de son père.
Hamilton et moi, faisions tout pour le semer.
Rien d’étonnant par ailleurs à ce qu’il n’ait pas cherché à me recontacter après ces longues années de silence.
Hamilton le revoyait une fois par an, au moment de leur villégiature en suisse. Leur traditionnel séjour à la montagne se passait dans un chalet partagé par le cercle d’Oxford. Cercle très étroit dans lequel je pensais à tort que les femmes en étaient exclues, avant d’apprendre que certaines obtenaient les faveurs de ces gentlemen.
Enfin bref, je reçus un appel de mon Hamilton disant que Virgil séjournait à Londres.
Pourtant de mémoire, je savais qu’il éprouvait une sainte horreur de se retrouver mêlé à ces pécores, gens issus de cette société décadente.
Ce jour-là serait à noter d’une pierre blanche dans l’almanach du bon citoyen britannique.
Hamilton tenait à ce que je le rencontre, histoire d’enterrer la hache de guerre. Mais peut-être n’en avais-je pas l’intention ?
Par ailleurs, il m’avait oublié depuis toutes ces années. Pas un courrier, pas un appel.
Possible également qu’il ait oublié jusqu’à mon nom.
Il me fallut plus de quarante huit heures pour accepter.
Quel comportement aurais-je à adopter face à ce monstre sans cœur et sans âme ?
Il devait encore m’en vouloir d’avoir mis du sel dans sa citronnade ou badigeonner ses biscuits à la cannelle de foie de morue.
N’avais-je pas également dans un moment d’inspiration mis ses jouets au fond du parc dans un sac hermétique ?
Cette rencontre ne m’enthousiasmait guère et pourtant ce matin-là j’enfilai ma robe verte pour me rendre à ce salon de thé.
Allait-il seulement me reconnaitre ?
Au salon baroque, de ce lieu prisé, je lorgnais tous les hommes entrant dans cet établissement, m’attardant sur ceux ayant un certain embonpoint. Virgil devait bien avoir atteint le quintal, peut-être arborait-il une épaisse barbe et des vêtements d’un autre temps ? Il serait gras et puant, soufflant comme un buffle au moindre effort et après m’avoir toisé du regard il m’aurait accusé de sorcellerie pour tous les crimes commis au cours de notre enfance, à la campagne.
L’attente sembla durer une éternité et après avoir épluché le Times et le Sun, le Daily Mails et autres, je devais me mettre à l’évidence qu’il ne viendrait pas. C’était bien son genre, ne pas honorer les rendez-vous. Les personnes dites « importantes » ne font pas attention à leurs semblables puisque disposant d’un temps illimité.
Un second café noir arriva et je consultais ma montre. Onze heures quinze. Toujours pas de Virgil. Classique. J’allais quitter mon emplacement, soit près de la fenêtre aux lourds rideaux vermeil quand un homme, tout de noir vêtu, me bondit dessus.
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

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