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I-Cube

Italie, Monaco.
Rien à signaler de particulier.

Décès probable (à 50 %) dans les 4 prochaines années.

Mais j'ai un "ange-gardien" qui m'a déjà "sauvé" au moins 4 fois !
Ou l'effet des "Mains invisibles"...

Bien à toutes et tous !
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Œuvres

I-Cube


Au royaume d'Ubu

 

Un citoyen irresponsable constate qu'un arbre penche dangereusement dans la ville.

Il en interpelle l'élu de quartier.

L'élu de quartier constate à son tour qu'un arbre penche dans la ville.

Il émet une note à son maire d'arrondissement.

Le maire d'arrondissement informe les services de la mairie centrale qu'un arbre penche dans la ville.

Les services de Monsieur le « Maire-central » émettent une note à l'adresse du secrétariat de Monsieur le « Maire-central » informant le « Maire-central » qu'un arbre penche dans la ville.

Le « Maire-central » indique aux services de son adjoint chargé des « jardins z'et parcs » (et cimetières) qu'un arbre penche dans la ville.

Le secrétariat de l'adjoint chargé des « jardins z'et parcs » (et cimetières) informe l'adjoint du Maire-central qu'un arbre penche dans la ville.

Le maire adjoint chargé des « jardins z'et parcs » (et cimetières) demande d'avertir le directeur des services d'entretien des « jardins z'et parcs » (et cimetières) et de bien vouloir aller constater si un arbre penche dans la ville et, dans l'affirmative, de déterminer quelles sont les mesures z'éventuelles z'à prendre.

Le directeur des « jardins z'et parcs » (et cimetières) de la ville dépêche une équipe sur place et lui demande un rapport circonstancié de l'état des lieux à l'endroit où l'arbre penche.  

L'équipe technique se porte sur place et constate qu'un arbre penche dans la ville.

Mais s'agissant d'un arbre planté le long de la voie publique, hors tout « jardin, parc » (et cimetière), déclare le service des « jardins z'et parcs » (et cimetières) incompétent pour émettre un avis.

 

Le directeur des « jardins z'et parcs » (et cimetières) de la ville rend un rapport sans suite et suggère de transmettre à l'adjoint au maire chargé de la sécurité publique et des transports sur la voie publique à son élu.

L'adjoint au maire chargé des « jardins z'et parcs » (et cimetières) transmet l'information au secrétariat du « Maire-central ».

Le « Maire-central » fait suivre à son adjoint chargé de la sécurité publique et des transports, le... dossier de l'arbre qui penche dans la ville.

Monsieur l'adjoint à la « sécurité publique et aux transports » communique aux services de la voirie l'information selon laquelle un arbre pencherait dans la ville.

L'ingénieur des ponts et chaussées, directeur de la voirie, émet une note de service à ses services, leur enjoignant de se rendre sur place, de constater l'état des lieux et de suggérer quelques solutions idoines, adéquates, voire les mesures z'éventuelles à prendre en conséquence.

L'équipe technique se rend sur place au retour de la récupération des RTT « du chef » et constate que l'arbre qui penche dans la ville est un platane commun, planté-là depuis plus de 15 ans selon la vieille habitude remontant à Bonaparte de planter des platanes le longs des voies de cheminement pour procurer de l'ombre aux troupes z'à pied et z'en déplacement.

Toutefois, compte tenu de l'absence d'archive sur le « feuillu sujet », il suggère qu'un ingénieur forestier émette un diagnostic quant à l'éventuelle dangerosité du platane qui penche avant de prendre une décision propre à assurer la sécurité sur la voie publique.

L'ingénieur des ponts et chaussées dirigeant les services de la voirie de la ville, rend un rapport à son élu, insistant sur le fait que ses services sont incompétents à déterminer, en l'état, la dangerosité de l'arbre qui penche dans la ville.

L'élu en charge de la sécurité publique et des transports renvoie le dossier aux services de son collègue chargé des « jardins z'et parcs » (et cimetières) en le priant de solliciter ses services pour établir un diagnostic quant à la dangerosité de l'arbre qui penche dans la ville.

 

Le directeur des services des « jardins z'et parcs » (et cimetières) s'enquiert auprès de son élu d'un budget pour mandater un ingénieur forestier afin d'émettre un diagnostic sur la dangerosité de l'arbre qui penche dans la ville.

L'adjoint aux finances, recevant l'ordre de mission accompagné d'un devis d'expertise d'un ingénieur des eaux et forêts habituellement requis par la « Mairie-centrale » à propos de l'arbre qui penche dans la ville, évoque, avec ses services, la situation de trésorerie de la ville et questionne le « Maire-central » sur l'urgence de la dépense après avoir devisé avec lui de sa pertinence.

Monsieur le « Maire-central » signe l'engagement de dépense, devant l'insistance du maire d'arrondissement (d'opposition), dont il vient de recevoir un courrier auquel il n'a pas encore répondu, s'inquiétant pour la seconde fois de l'inaction des services de la ville quand la sécurité des citoyens est menacée par l'arbre qui penche dans la ville.   

 

L'expert « eaux et forêts » arrive sur place, spécialement interrompu dans sa mission d'expertise des forêts landaises dévastées par la dernière tempête de 1999, et constate que le platane commun penche dangereusement dans la ville, au-dessus d'un boulevard fort fréquenté par des passants pédestres, quelques cyclo-pédaleurs et beaucoup d'automobilistes en plus de quelques lignes de transport en commun par bus...

L'avis est d'ailleurs sollicité sur la dangerosité de l'arbre qui penche dans la ville auprès de la Régie Autonome qui gère les lignes d'autobus.

Un inspecteur se déplace très vite sur place et estime que « sauf chute inopinée de l'arbre qui penche dans la ville », le trafic peut être assuré en toute sécurité.

Recevant cet avis... « avisé », l'expert « eaux et forêts » recommande quand même l'abattage du végétal et son remplacement par un congénère de la même espèce « afin de ne pas troubler l'harmonie végétale de ce boulevard ».

Toutefois, précise-t-il, l'arbre qui penche dans la ville « est porteur d'un nid dont il ne saurait déterminer s'il s'agit ou non d'une espèce protégée ».

Il suggère un complément d'enquête à effectuer par des services spécialisés en soulignant que les sous-sols environnant sont supposés contenir des conduits d'eau usée et pluviale, des conduits d'eau de ville, des câbles électriques de basse et moyenne tension, des câbles téléphoniques et fibres optiques, de la vapeur de chauffage urbain, vraisemblablement des conduits d'air comprimé utilisé dans les cabinets dentaires et de toute façon des conduits de gaz de ville.

Il recommande, avant tout travaux de replantation suite à l'abattage du « végétal feuillu » qui penche dans la ville, de se renseigner auprès des propriétaires des réseaux mentionnés quant aux éventuelles contraintes d'une replantation à l'identique.

L'élu chargé des « jardins z'et parcs » (et cimetières) s'enquiert auprès de son collègue des finances de la possibilité de détacher un vétérinaire de l'agence municipale de la sécurité alimentaire auprès des écoles communales pour identifier l'espèce qui niche dans l'arbre qui penche dans la ville.

 

Le secrétariat du « Maire-central » circularise les gestionnaires des « réseaux » susceptibles de donner leur avis sur les travaux prévus d'abattage et de replantation, de bien vouloir faire un inventaire sous huitaine des biens « possédés » par eux dans les sous-sols !

L'élu, adjoint en charge des « affaires scolaires, périscolaires et de la jeunesse et des sports » s'enquiert à son tour auprès de ses Services de la possibilité de missionner un vétérinaire des services pour identifier le couple de volatile nicheur.   

 

Un premier rendez-vous est organisé sur place, au pied de l'arbre qui penche dans la ville.

Le vétérinaire, ne peut pas être totalement affirmatif. Le nid semble être déserté. Il faudrait une échelle ou une nacelle pour vérifier l'identité de l'espèce nicheuse... en hauteur.

La caserne voisine des pompiers sollicités par courrier adressé à l'état-major, refusent de prêter une échelle.

Les directeurs des services de la voirie, des « jardins z'et parcs » (et cimetières) et des « affaires scolaires et périscolaires et de la jeunesse et des sports » conviennent d'un rendez-vous de travail avec toutes les personnes et services concernés, pour organiser la montée en nacelle mise à disposition du vétérinaire pressenti par le service d’entretien des lampadaires de la voie publique, l'interruption de la circulation automobile et faire les déclarations et demandes d'autorisations préalables auprès de la préfecture.

L'autorisation préfectorale étant délivrée, le vent pas trop fort, le vétérinaire des écoles parvient au sommet du nid et constate, d'après les plumes laissées par les volatiles, alors même que le nid est effectivement déserté, qu'il s'agit du nid d'une espèce assez commune de « crécelle urbaine en fa mineur ».

Le vétérinaire envoie son rapport à qui de droit, qui remonte d'adjoint en adjoint au « Maire-central », qui lisant que tous les avis (hors ceux des « propriétaires de réseaux en sous-sols » qui n'ont pas daigné répondre), sont tous favorables à l'abattage du platane commun et convergent à le pousser à prendre la décision d'abattage.   

 

La décision municipale est affichée sur le dit arbre qui penche : Monsieur le « Maire-central » peut expliquer au maire d'arrondissement « qu'il a pris très au sérieux cette affaire, qui le tenait à cœur, conformément au principe de précaution et de la garantie à apporter à la sécurité des citoyens (...) et autres usagers de transports en commun et fera abattre l'arbre qui penche dans la ville » !

Les services de la sécurité publique et des transports, subdivision voirie, seront chargés de l'abattage.

Le service des « jardins z'et parcs » (et cimetières) passeront ensuite « dessoucher » les racines.

Le service des « eaux et forêts » se chargera de replanter un arbre de la même essence après avoir « maçonné » un trou assez grand, lui-même remis en terre végétale appropriée sous le contrôle de l’ingénieur des eaux et forêts repartis dans la forêt landaise martyre de la tempête de 1999...

Naturellement, tout ceci sera confirmé par note de services internes et croisées et après que les services des finances de la ville aient collecté tous les devis et ordres de mission, que le service juridique ait vérifié les clauses et modes d'indexation des entreprises privées sollicitées par voie d’appel d’offres et que le Trésor public ait vérifié disposer des fonds nécessaires qui y seront affectés.   

 

Par malchance, une association écologiste de « riverains en colère » pétitionne depuis l'affichage de la décision d'abattre l'arbre.

Ils ont recueilli 200 signatures, plus ou moins frelatées, en quelques jours et la pétition parvient sur le bureau du « Maire-central »...

La « crécelle en fa mineur » est une espèce non protégée mais inscrite au patrimoine de l'univers génétique : elle ne saurait disparaître des rues de la ville au motif suranné et bien dérisoire du remplacement d'un arbre qui penche dans la ville, fut-ce un platane commun, par un autre platane commun.

« C'est l'habitat des volatiles que l'homme détruit pour son confort ! Un « Maire-central » ne saurait ainsi menacer les petites bêtes à plume. »

Car, comme chacun le sait bien depuis les dernières élections municipales, « qui n'aime pas les bêtes n'aime pas les hommes ! »   

 

Ceci dit, le soir de la récente grande tempête de 2009, le platane est tombé tout seul et, pour être le seul de la ville à l'avoir fait dans un grand bruit ce soir-là, bien heureusement il n'a fait aucune victime...

C'est qu'il était devenu dangereux, à force de pencher pour aller chercher de la lumière vers les réverbères nocturnes au-delà de ce que ses voisins bien plus haut, lui laissaient voir de soleil !

Les pompiers sont venus dégager le boulevard à grand coups de tronçonneuses, équipés de phare puissants pour « trouer la nuit ».

 

La semaine suivante, les services la voirie ont été dépêchés en urgence pour ramasser les bûches.

Bien plus tard, les « déssoucheurs des jardins z'et parcs » (et cimetières) ont fait leur office.

L'entreprise pressentie pour refaire un coffrage a reçu un ordre de service et un acompte pour retirer la terre et les souches restantes, bétonner une étanchéité suffisamment large pour éviter aux racines du futur platane commun à installer au lieu et place de l'arbre qui penche dans la ville, d'aller se noyer dans les conduits d'égout et eaux usées.

Une personne a glissé de côté et s'est fracturée le col du fémur dans le trou « en consolidation ». Elle a été évacuée à l'hôpital voisin par la caserne des pompiers la plus proche.

Le Service juridique-central de la Ville s'est penchée sur les éventuelles responsabilités et recours des uns à l'encontre des autres et a émis une « note blanche » non datée à l'adresse du « Maire-central », laissant entendre que si la victime déposait plainte, il serait difficile de se dégager d'une responsabilité au moins civile par une condamnation vraisemblablement in solidum des acteurs divers.

Le surlendemain, le service de la voirie est allé chercher de la terre végétale laissée en jachère par les services des eaux et forêts de la ville dans le bois voisin pour combler le trou de terre meuble.

 

On en est là aujourd'hui : on attend l'arbre, mais il y a eu rupture de contrat vis-à-vis du paysagiste chargé de la replantation qui s'inquiète de dépoter un arbre majeur et commun dans une terre souillée des déjections canines qui n'est pas la leur !

Je sais tout cela, car cet arbre qui penchait, je le croisais tous les matins sans vraiment y faire attention, en allant essayer de gagner ma maigre pitance tous les jours ouvrables depuis près de dix ans, afin de payer mes impôts locaux qui font vivre toutes ces personnes hautement expertes et sollicitées par « mes » élus.

Je ne lui ai jamais demandé comment il allait : mais c'est promis, à son successeur j'irai dire des mots d'amitié en passant, afin qu'il pousse droit et que je ne m'inquiète pas de ce délire ubuesque de délirium très z'épais de l'administration municipale...

Payées avec des impôts locaux et la bonne conscience du devoir de servir le citoyen irresponsable délateur des « arbres qui penchent ».

Et si la « crécelle en ut majeur et crête rouge » vient remplacer, un jour, la « crécelle en fa mineur » qui avait abandonné son nid depuis des années, je saurai m'en contenter.

 

I3 – Paris le 11mars 2009

 

PS : Depuis, j’ai déménagé. Le platane-commun maigrichon aura été replanté à la place du vieil arbre qui cherchait la lumière en penchant dangereusement au-dessus des passants qui passaient, est mort à son tour depuis des années.

Probablement que son propre successeur également.

Et le couple de « crécelle en fa mineur » n’est jamais revenu, lui aussi décédé de longévité naturelle.
 
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I-Cube
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
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