Suivez, soutenez et aidez vos auteurs favoris

Inscrivez-vous à l'Atelier des auteurs et tissez des liens avec vos futurs compagnons d'écriture.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
Image de profil de null

Tanuki

Tanuki


C’est triste, triste de contempler ce monde qui s’affaiblit et se dire que je prends part à sa chute.
Tu me dis souvent de positiver, et je m’efforce à le faire, crois-moi. Je vois de belles choses pourtant : le coucher de soleil qui rougit les pierres et prend congé de sa journée, le bruissement de l’eau qui caresse la roche en suivant le courant, les oiseaux qui chantent à tue-tête au petit printemps.
Et les nuages formant d’innombrables dessins à travers le ciel, blancs et légers comme des mouettes se laissant guider par le vent. La lune, si belle, si lointaine qui nous baigne et nous berce de sa lumière douce et diffuse. Les couleurs de l’arc-en-ciel, le parfum des fleurs, de la terre humide, de l’herbe fraîche. Et le règne animal au milieu de cette idylle. Bousculé, bouleversé par la monarchie humaine.
Alors oui, je pourrais te parler des yeux d’un enfant découvrant ses paquets emballés le matin de Noël, de l’innocence, de la naïveté, de la beauté, de la bonté que nous sommes tous capables d’engendrer. Pardonne-moi. Si dans mon regard, j’observe ces canettes entourées de cigarettes consumées au milieu de la forêt, ces bouteilles flottantes comme des bouées, de ces bâtiments érigés au détriment d’arbres majestueux si impressionnants, et pourtant si impuissants, impassibles, qui examinent leur territoire s’amoindrir en silence, inexorablement. De cette araignée que l’on écrase par peur. De la violence, souffrance et torture que notre espèce s’inflige à elle-même.
De nos préjugés, de notre productivité insatiable, de cette spirale sociétale, infernale, dans laquelle nous sommes plongés, bon gré mal gré, nous sommes tous responsables. De notre expansion nait l’extinction.
10
5
1
1
Tanuki


Année 2001, c’est l’été, il fleure bon les vacances méritées pour cette bande d’amis parisiens, c’était un trio inséparable depuis le début du lycée et aujourd’hui le bac est derrière eux. Soulagés, libérés d’un fardeau aussi pesant que l’anneau de Frodon Sacquet, ils comptaient bien fêter ça dans la maison de campagne au Portugal de l’un d’entre eux.
C’était celle de Bruno. Originaire de là-bas, il y allait une fois par an pour se ressourcer avec ses parents, il aidait à désherber le terrain, réparer des bricoles comme toute maison a besoin. C’était un chic type, le cœur sur la main, c’était le plus grand de la bande avec son mètre quatre-vingt passé, le plus discret aussi et sérieux. Viny, lui, lunettes vissées sur le nez, bouille sympathique et boute-en-train aguerrit, ne ratait pas une occasion de faire rire ses compères. Enfin, Christophe, le beau gosse du groupe, petits yeux ronds et bleus et cheveux dans le vent, se montrait plein d’assurance mais était doté d’une gaucherie plutôt touchante.
C’est ainsi que cette joyeuse jeunesse alla passer un mois entier dans un petit village reculé situé dans le district de Viana do Castelo, au nord du Portugal. Peu d’habitants, pas très loquaces, des maisons éloignées les unes des autres, et la nature foisonnante englobant ce landerneau.
Les parents de Bruno faisaient confiances à leur fils et lui laissèrent la maison pour le mois de juillet, ils ne viendraient que le mois d’après pour profiter à leur tour de leurs vacances.
Les journées des trois amis étaient rythmées de détente à traîner dans la grande maison de pierre, lézarder dans le jardin en se délectant de quelques bières locales tout en jouant aux cartes, dormir jusqu’à pas d’heure, regarder la télé, se balader dans les environs et se créer des aventures. C’était le paradis. Ils s’amusaient pleinement. Bien entendu, Viny et Christophe donnèrent un coup de main à Bruno pour ce qui était de remettre en état le jardin, faucher les hautes herbes, couper du bois avec la grande hache, ce qui leur a valu des séances photo inoubliables.
Un soir, alors que la nuit était déjà tombée depuis longtemps, les trois copains discutaient et rigolaient autour de la table basse en désordre, un paquet de gâteau entamé, un cendrier plein et des verres à porto vides. Ils avaient mis la télévision en fond sonore et étaient plus ou moins avachis sur le large canapé qui offrait une vue sur une grande fenêtre. Bruno tira une latte d’un joint qui le fit tousser et le passa délicatement à Viny comme on offrirait une fleur à quelqu’un qui nous est cher. Christophe lui, était mort de rire sur l’histoire qu’il était en train de leur conter et attendait son tour pour tirer sur le précieux joyau.
Subitement, quelque chose passa derrière la fenêtre et coupa net l’euphorie ambiante. C’était une sorte de voile blanc lumineux qui ne resta pas plus d’une seconde, mais il semblait que cette seconde avait duré des heures vu leurs visages figés, devenus blancs d’effroi. Ils ne bougèrent d’abord pas, aucun son ne sortit de leur bouche. Seule la télévision continuait encore de s’animer comme si de rien n’était. Puis ils reprirent leur esprit :
- « Merde, c’était quoi ça ! » s’écria Christophe
Viny bondit du canapé et essaya de s’approcher de la fenêtre avec beaucoup de retenu tout en s’exclamant :
- « Bruno ! Bruno ! Eteins la télé ! Les gars, « chut », ne faîtes pas de bruit »
Bruno toujours bouche bée s’empara de la télécommande et mit en sourdine la télévision puis bafouilla :
- « Vous avez vu un truc aussi hein ? hein ? On est d’accord ? »
- « Oui, il y a un truc blanc qui est passé devant la fenêtre ! » dit Christophe en se levant à son tour cherchant directement de quoi se défendre à proximité ; c’est la bouteille de porto vide qui fera office de gourdin.
- « Mais c’était quoi ce truc ?! » enchaîna Viny, le cœur emballé et la gorge sèche. Il appréhendait d’approcher de la fenêtre, mais son désir de voir quelque chose était plus fort que tout. Il espérait apporter une solution rationnelle et soulager les deux autres, mais quand il mit ses mains autour de ses tempes pour y voir quelque chose, la face collée à la vitre, il ne vit rien bouger. Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite : rien.
Bruno dans un subit élan de lucidité, invita ses deux amis à monter à l’étage pour regarder par toutes les fenêtres afin de couvrir un champ de vison plus grand.
- « Attendez ! Avant qu’on monte, la porte d’entrée est bien fermée ? » s’inquiéta Viny. Ils se regardèrent tout trois gravement dans les yeux, et voyant que Christophe avait une bouteille à la main, les deux autres se hâtèrent de s’équiper du mieux qu’ils pouvaient, avec un manche à balai pour l’un, une casserole avec les restes de quelques spaghettis collées au fond pour l’autre. Après s’être assuré que la porte était bien fermée, et non sans panique, ils montèrent à l’étage toujours inquiet par la vision de cette forme blanche et fugace.
Ils contemplèrent et scrutèrent la moindre anomalie avec la visibilité dont ils disposaient à travers les carreaux. Viny balbutia : « je vois le ballon de foot mais… il n’y a plus la hache… on l’avait plantée dans le sol je me souviens mais vous l’avez rangé après ?... » . Christophe rétorqua « mais j’sais plus ! Bruno, tu l’as rangée toi ? » Un rire nerveux et compulsif sorti de la bouche de Bruno « mais oui je crois bien ». Après ce soulagement et voyant que rien ne se passait durant la nuit, Ils finirent par se détendre et finalement s’endormir.
Que cela pouvait-il être ? Un spectre ? La dame blanche ? Un voleur ? Un animal ? Ou peut-être tout simplement un effet de lumière extérieur ayant d’étrange réverbération sur la fenêtre. Cela restera un mystère. On voit ce que l’on veut bien croire, après tout.
6
3
8
4
Tanuki


Le silence de soi semblable à son trépas
Se calfeutrer, l’abandon s’accroît
panser ses plaies en son for
pour y éclore, encore
Chrysalide de l’âme
Frissonnante et calme

Le réveil subit, sens en éveil
l’oubli de se lever, remords nonpareil
Evite le vide, et vite
Et vis d’envie, avide

Sortir de la terre s’élancer au dehors
oser, s’exposer, chasse au trésor
A la féerie, l’alchimie sonne les carillons
en perfusion dans mes veines
Profusion, front contre front,
que nos coeurs sèment, se souviennent

Que nos yeux s’assument que nos bouches s’assomment
la faim du monde, de tout, de ton cou, de tes formes
L’appétit pour la vie qui revient, croire en toi en l’amour en la terre
c’est ta main que je prends ta main que je serre, c’est mon regard, fier
et mon coeur ouvert, offert couvert d’un drap de soie de toi
mon essence mon étoile hisser les voiles ici et au-delà

Point culminant du firmament
jusqu’à se brûler les ailes, ahan
je manque d’énergie, écarlate, je me blesse je m’emporte
et bientôt les tourments se répandent à ma porte
Alors elle me rappelle, me somme de revenir
Fragile nymphe en devenir

Refuge d’esprit en perdition
L’Inéluctable conclusion
frêle mise en veille
jusqu’au prochain bleu du ciel.
4
2
0
1
Tanuki


Une succession incessante de sombres sons, de soubresauts
Une session de si, une scission aussi, de do
De dos, Rémi, face au sol l’acide, oh !
Il contemplait sa cécité nécessitant la satiété de l’âme
Sa cité si terne, belle comme une citerne infâme
Les sternes consternées sur les stèles dorées
Ornées de mort-nés à l’orée des souvenirs
Les sons se soudent et sondent les idées sans le sou
Sans ce sang de sanglier, singulier, sans goût
Les esprits se voûtent et vous veulent vous, veules
Tels des volets volants, violents, voleurs de deuils
Comment faire face à la farce ? Fragile argile, agile
Pas à pas, là, la passion passe
La peur la fuite prend place
Pluie éparse du toit de toi qui
Kiwi qui dit oui, mais fait non
Coule le nectar, pris d’envie, de vie
Puis, puits de panique, prison vide
Les sons se damnent, vacarme, les esprits, épris, la cité avide
Et les cris à l’écrit, un râle à l’oral, rallient le long délit
Délicieux lent silence, lancinant néant
Néanmoins ouvert, tu, te tus, têtue vertu
Laissons les sons, songer aux mots
Docile la sole, famille, raie d’eau.
5
4
2
1
Tanuki



Le destin, parfois, semble inévitable, quand tout arrive et que tout finit. On cherche à repousser l’échéance, profiter des moments restants, en vain. On réfléchit à ce que l’on pourrait dire, faire, pour être au clair, pour se faire comprendre. Pourquoi est-ce si difficile ?
Isoler nos cœurs pour se protéger, préserver notre histoire sans tout gâcher. Fin d’un chapitre ou fin de l'œuvre ? La crainte d’une fin de toi ou fin de nous ? Tant que le doute plane, les oiseaux peuvent continuer de chanter et se laisser guider au gré du vent, insouciants, sécurisés. Pourquoi risquer de se mouiller les ailes quand c’est toi qui fais briller le soleil ?
7 heures, le réveil sonne, comme un glas, le soleil se fait timide mais se présente comme un soutien. Quelques heures de sursis, c’est tout ce qu’il reste avant le départ. Un café, sans sucre mais avec beaucoup d’idées mélangées. Un message de réconfort mais sans conviction pour lui dire que ça y est, c’est le grand jour, que tout va bien se passer et que cela va être merveilleux pour elle, de rejoindre l’homme de sa vie à l’autre bout du monde. Une douche chaude, et pourtant froide, un sourire forcé dans la glace, deux petites tapes sur les joues, manteau sur le dos, et tout le poids du monde avec. Décollage pour le travail.
Rendez-vous à 18 heures sur le quai des au revoir.
6 heures, insomnie, sortie du lit comme le top départ d’une course, le soleil paresse encore. Quelques heures de répit, c’est tout ce qu’il reste avant son voyage. Un jus de fruit, à peine touché, trop occupée par ses pensées qui rebondissent dans tous les sens. Un message reçu, un temps d’arrêt, un sourire tendre et mélancolique avec une réponse emplie de stress et de doute. Une douche effervescente, un maquillage succinct, une touche de parfum. Un regard dans la glace, une pensée pour lui, et une pensée pour lui aussi.
Il reste une valise à terminer et une maison à vérifier. Décollage du compte à rebours.
Rendez-vous à 18 heures sur le quai des au revoir.
Nous y sommes, il a quitté le travail à l’heure et a prié pour que les transports en commun se déroulent bien. Fort heureusement pour lui, ce fut le cas. Les gens faisaient leur vie, rentrant de leur journée de labeur en déambulant comme des fourmis, “une journée banale pour la plupart d’entre eux” se dit-il. Durant le trajet, il se sentait dans un autre monde, celui au-dessus de la foule, vers le ciel, celui qui lui donnait des ailes quand il était avec elle. Mais il sentait la pluie arriver, les nuages s’amonceler au fur et à mesure de son envolée. Se dirigeant irrémédiablement vers les quais comme pour subir un dernier supplice. “Je serai à l’heure, je te retrouve bientôt” lui envoya-t-il.
Téléphone qui vibre, réception du message et un petit soulagement en le lisant. Elle retira ses écouteurs pour acheter une revue, elle était déjà sur place et des sentiments contradictoires s'enchevêtraient dans sa tête. Pourquoi pensait-elle à lui, plus qu’à lui, en ces instants comptés ? Parce qu’ils ne se reverraient peut-être jamais ? Ou bien est-ce l’évidence qui fait sens et qui prend subitement la place qui lui est due ? Et si… ?
Il regarda les écrans pour trouver le bon quai, le cœur battant comme un tambour et la gorge un peu nouée, il accéléra le pas et se fraya un chemin à travers les voyageurs. Ses yeux scrutaient chaque personne présente, jusqu’à tomber sur elle, qui le cherchait aussi. Vinrent enfin la délivrance et le soulagement de leur regard réuni.
Le temps de se retrouver, de se réconforter, le temps de se regarder comme si c’était la première fois, comme si c’était la dernière fois. Le temps qu’ils n’avaient plus désormais.
Postés tous deux devant la porte mécanique béante, “Il faut que j’y aille” dit-elle, la voix tremblante, émue. Sur ces mots présageant l’inévitable conclusion, un flot d'émotions trop vif et envahissant finit par briser en éclats la raison trop longtemps contenue. Des larmes se libérèrent naturellement des deux côtés, les yeux floutés fixant les siens, les joues rougies, il s’avança et attrapa sa main, elle la serra en entremêlant ses doigts dans les siens, elle-même totalement désorientée. Puis le silence éloquent. Cet instant figé à tout jamais alors que les pensées s’écrasent sur des rochers. Les mains bientôt se séparèrent et elle disparut. Sur le quai des au revoir, on pouvait lire sur ses lèvres, je t’
5
0
11
3
Tanuki


Il y a le regard de la colère, ces yeux noirs qui dévisagent et qui bouillonnent. Le regard méprisant, celui qui vous juge de travers. Le regard triste et humide, celui qu’on peine à croiser. Le regard du bonheur, celui qui chante et qui rit. Le regard d’envie, électrique et épicé. Le regard vide, voilé, qui inquiète. Le regard fatigué, qui se déplace au ralenti. Le regard innocent, celui des enfants.
Et puis il y a celui, très spécial, que l’on donne pour la première fois à quelqu’un, comme si l’on regardait un être qui vous a embrasé le cœur : brûlant, raisonnant jusqu’au fin fond de vos entrailles.
Ce regard qui ne peut pas mentir, qui vous met à nu, vous ôtant toute protection est un poème qui vaut mille paroles, que vous livrez comme la plus sincère des déclarations.
Un moment à part, si pur, si contemplatif, que l’on aimerait s'y baigner à l'infini. Car c’est une caresse qui vous enveloppe de velours, qui vous fait oublier tout ce qu’il y a autour et vous laisse coi. Ce mélange de tendresse et d’intensité, quoi de plus précieux et éloquent que ce délicieux instant?
Vous savez de quoi je parle, vous en avez été victime un jour, ou auteur, ou les deux en même temps.

Les choses les plus simples sont parfois les plus belles.
Sans un mot tu as tatoué mon âme et repeint mon ciel.
3
2
0
1
Tanuki
Attention, certaines scènes peuvent heurter la sensibilité.
1
0
28
4
Tanuki


Il existe en ces terres, mille et un lieux.
Des endroits admirables et somptueux.
Il en est pourtant un, où l’on cultive son jardin,
que personne ne connaît, car chacun a le sien.

Inutile de chausser des bottes de sept lieues.
Pour le parcourir, souriez, fermez les yeux.
Et traversez, via les bois, via magica,
à cœur ouvert, donne moi la main ; on y va.

C'est un château, fait de notes de musique, d’envolées lyriques.
Un château de sable, inépuisable, qui se reconstruit à l'infini.
Un château d'eau, pour rafraîchir ses idées et être inspiré.
Un château dans le ciel, pour s’éloigner des tracas et querelles.

Pour s’amuser et rire l’âme enjouée : un château de cartes.
La lubie d’un château de chantilly pour que la faim s’écarte.
Comme l’on s’y sent bien, comme l’on veut en prendre soin,
de ces moments revigorants, partagés et colorés.

C’est grâce au temps que l’on prend ; et l’envie,
que notre histoire s’affirme et grandit,
et qu’un château voit le jour.
Puisse-t-il vivre pour toujours.
9
2
0
1
Tanuki


Les couleurs chaudes qui s’entremêlent, un tourbillon jaunâtre, une flaque orangée, un bonhomme tout rouge avec des cornes et une queue pointue ; et bien évidemment doté d’une fourche qui pique les fesses des damnés pour les faire sauter dans une mare de feu. Des cris, des gémissements, des plaintes. Il fallait réfléchir avant ! A quoi déjà? Aux actes ? Aux pensées ? A ce rythme-là, on a tous un ticket gagnant. Si ça se trouve le paradis, c’est du marketing pour nous rassurer alors qu’il n’existe même pas. D’ailleurs, qu’est-ce qui nous vaudrait le privilège d’aller nous reposer sur des nuages entourés d’angelots qui jouent de la harpe à longueur de journée ? Michel Polnareff détiendrait peut être la réponse puisqu’il dit qu’on ira tous là-bas.
Quand tu marches pendant une journée d’été caniculaire, que tu tires la langue, toute sèche, en raclant les pieds au sol pour avancer, rêvant d’un coca glacé qui te pétille en bouche. Tu sens tes tempes vibrer comme un accordéon. Ça serait ça de vivre en enfer ? Une perpétuelle envie de boire un coca en errant dans un paysage de braises ?
Et si « Croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer » marchait vraiment, pour sûr il y aurait un tsunami humain qui déferlerait sans cesse aux portes de Satan.
Il faut bien parler de Sartre tout de même, avec cette histoire d’enfer que serait les autres. Quand tu rentres dans le supermarché et que tu vois des mètres de queue, cela se confirme. Quand tu rentres dans un métro bondé et que tu te retrouves aplati comme une crêpe, cela se confirme aussi. Quand la dernière baguette de pain se vend sous ton nez, quand la personne devant toi ne te tient pas la porte, quand tu rentres dans un centre commercial et que tu as l’impression de rentrer dans une fourmilière, ou quand tu vois des gens en face de toi sur le même trottoir et qui se croient tout seuls sans se décaler, ça se confirme également.
L’enfer serait donc dans la multiplicité et dans le comportement. Dans tous les cas, l’enfer est connoté négativement, et nous serions responsables de son existence.
L’enfer, ce piment ténébreux
Le paradis, sucrerie des cieux
Goûter au hasard, fermer les yeux
Avancer, et Vivre comme on le veut
3
0
0
2
Tanuki


Il s’était enfin décidé à le lire sérieusement, ce sacré roman qu’on lui avait prêté. C’était une aventure épique, avec des pirates ! Des chasses au trésor et des bateaux parcourant les mers. Il avait accepté et entrepris de le lire parce que son amie y tenait et il allait enfin connaître l’origine de son pseudonyme, alors rien que pour cette raison ludique, il s’était juré de plonger dedans tôt ou tard. Ce fût la seconde option hélas. Non pas qu’il était démotivé : le soir arrivait, il y pensait sérieusement, au nom de l’amitié et pour traverser une histoire palpitante selon les dires de sa détentrice. Mais il n’était simplement pas dans une période de lecture et privilégiait de passer ses soirées avec ses amies pour jouer, écouter de la musique, discuter de tout et de rien, comme une bande qui se retrouve après une journée de labeur autour d’un verre et qui partage de bons moments. Même ceux qui n’avaient rien d'extraordinaire, qu’importe, il se sentait vivant et simplement content de les retrouver.
C’était au moment du coucher qu’il tentait de lire, mais en vain : deux pages par-ci, quatre pages par-là, il était souvent tard et le sommeil prenait le dessus immanquablement.
Les jours se répétaient ainsi, jusqu’à ce que les choses changent, évoluent. La vie bouleverse notre chemin et déroule son tapis au fur et à mesure que l’on avance avec son lot de bonheur et de malchance.
Toujours est-il qu’il avait du temps à abattre désormais et qu’il laissait volontier la vie dérouler son fameux tapis en évitant de se prendre les pieds dedans.
Une après-midi que le soleil arrosait fièrement de ses rayons, il lui vint une idée : plutôt que de passer du temps sur son ordinateur entre quatres murs, à ressasser des idées peu dignes d’un si beau ciel, il posa ses yeux sur ce livre qui ne demandait qu’à avoir ses pages tournées. Ni une ni deux, il le saisit et le plaça dans son sac déjà empli d’un tas de choses plus ou moins utiles. Il n’oublia pas d’ajouter une petite bouteille d’eau, accessoire indispensable lorsqu’il mettait les pieds dehors depuis qu’il avait fait une allergie printanière, où il manqua de peu de s’étouffer d’une toux incessante sans pouvoir retrouver son air.
C’est ainsi qu’il prit le chemin pour aller jusqu’au parc à côté de chez lui. C’était un grand espace de verdure avec une allée le traversant de part et d'autre, il y avait de jolis arbres disséminés çà et là et même une aire de jeux où l’on pouvait entendre rire les enfants. Cependant, il préférait le chant des oiseaux, alors il se mit en quête d’un petit coin tranquille, là où il pourrait avoir un tête-à-tête avec son livre et échapper de la sorte à toutes distractions itinérantes.
Il repéra un arbre isolé, frêle, comme perdu au milieu de cet océan d’herbe. Semblable à un coup de cœur lorsque l’on visite un appartement : c’était décidé ! C’est ici qu’il s’établirait.
Il déposa son sac en scrutant les environs et s’assit jambes croisées, le dos contre l’arbre. Il imaginait ça plus confortable mais tans pis, le camp était installé. Il sortit le livre et ôta le marque-page qu’il s’était fabriqué lui-même, à partir d’un tampon qu’il lui avait été offert, estampillé d’une étrange créature entourée de fleurs bleues. Souvenir d’un moment cher à ses yeux.
Le top départ était lancé, la motivation bien présente, les oiseaux dans les gradins; il était satisfait de sa résolution et s’appliquait à lui rendre justice : dix pages, puis vingt, trente, et un chapitre de clos ! Il lisait plus en cet instant que durant tout le mois où il avait eu l’ouvrage. C’était simplement le bon moment.
Il fit une pause et détendit ses jambes. Il observa un peu la nature, jeta un œil sur son téléphone et envoya à son amie une photo pour lui montrer le cadre dans lequel il était plongé, pour faire honneur à son roman et à la quête d’apprentissage de son pseudonyme.
Dans le livre, c’était un personnage admirable, déterminé, têtu et courageux, tout comme son amie l’était et c’était avec un sourire enthousiaste qu’il se nourrissait de cette histoire.
Après s’être détendu la nuque, Il allait reprendre la lecture quand il vit un papillon virevolter devant lui. Il n’en fallait pas moins pour détourner son attention, car il aimait un certain contact avec la nature et puis ce n’était pas n’importe quel papillon. C’était un Vulcain avec ses ailes noires et orangées ornées de touches de blanc. Comme Poppy, nom qu’il avait donné à ce papillon qu’il avait trouvé sur le trottoir en se baladant quelques années auparavant et dont l’une de ses ailes était déchirée. Pauvre petite créature, il peinait à se mouvoir et semblait attendre son funeste destin. Qu’à cela ne tienne ! Il l’avait récupéré délicatement et recueilli chez lui, afin de le remettre d’aplomb. Il avait même fabriqué une maison avec une grande corbeille à papier, grillagée, quelques branches d’arbres et de feuilles, afin qu’il puisse se sentir un peu moins dépaysé de son milieu naturel. Il le nourrissait deux fois par jour avec un mélange d'eau et de miel. Il arrivait même à Poppy de venir vers lui pour se sustenter en allongeant sa trompe sur son doigt mouillé de nectar. Spectacle gratifiant, touchant, entre un homme et un animal. Seulement une aile déchirée va de mal en pis, jusqu’au déclin éternel. Quelques jours s’étaient écoulés, et Poppy refusait de se nourrir. Le garçon avait compris que la fin approchait. Alors, avec le cœur lourd, il le relâcha dans un coin de nature pour qu’il puisse y vivre ses derniers instants.
Depuis ce temps, dès qu’il voyait un papillon, il lui disait cette phrase : “Quand tu croiseras Poppy, tu lui passeras le bonjour”. C’est ce qu’il dit au Vulcain qui venait de se poser sur sa jambe tendue. Le regard attendri, il l’observa jusqu’à ce qu’il s’envole vers d’autres horizons. Il ne lui en fallut pas plus pour être content de son après-midi : quelques brins de soleil, un papillon, et une avancée prodigieuse du livre de son amie.
Adossé à son arbre, il continua de suivre l’épopée des pirates jusqu’à achever un nouveau chapitre. Ravi et rassasié, il se dit qu’il était temps de rentrer après avoir regardé l’heure sur son téléphone. Il glissa son marque-page et rangea le livre bien entamé. Il se laissa quelques minutes à rêvasser un peu en observant autour de lui avant de rentrer à la maison. Soudain, son œil fut attiré par un objet coloré dans l’herbe, presque à portée de main. Il le saisit en allongeant son corps et son bras, c’était un porte-clef cassé représentant une planche de surf avec des couleurs VIVES, on y voyait des dauphins et des palmiers. Il se pencha sur le mot qu’il y avait écrit dessus en frottant du pouce l’objet terreux. C’était le nom d’une île écrite en anglais qui lui évoquait pas mal de choses depuis quelque temps, c’est avec un sourire affectueux que des images lui vinrent en tête, et il se dit que c’était “trop fort” quand même. Il l’essuya entièrement et embarqua avec lui cette trouvaille que les pirates n’auraient de toute façon pas convoitée. Certains y auraient vu un hasard singulier là où d’autres auraient discerné une synchronicité. Deux dans la même journée ! Preuve qu’il avait bien choisi son moment et son endroit, qu’il se sentait bien et connecté à son environnement et au monde, en cette jolie après-midi de mai.
4
0
5
5
Tanuki


Cœur émietté comme le thon. Ton monotone, entonne, chantonne le chaton, une mélodie mélancolique désaccordée je titube fanfaronne, vis ivre d’amour sec et d’eau croupie.
J’ai faim mais rien pour me sustenter, tant et si bien que je ronge mon frein, au goût de caoutchouc et de pétrole. La luciole somnole.
Mais j’avance je me persuade, je vogue dans le vague je ne ramasse que des algues salées, comme la mer, sale et, sur mon radeau je porte mon fardeau, c'est-à-dire ma solitude, celle que j’ai choisi, si si, mais qui me colle trop à la peau, pas de pot.
Se laisser porter sur son rafiot troué, les pieds dans l’eau, le dos brûlé, sèche au bec, aux pays des seiches échouées.
______

- Bon. s’approche près de la fenêtre entrouverte pour constater le temps qu’il fait. On sort ?

- Hum, pour aller où ?
- J’sais pas, on sort. Prendre l’air.

- M'Okay, oui. On va s’aérer l’esprit et les gambettes.
- Il fait frais dis donc.

- Effectivement, et le temps menace pour changer, en ce moment on est pas à la fête.

- Au moins on dort bien. Après on ne cracherait pas sur quelques degrés de plus. C’est censé être l’été quand même. Bon bref on bouge ou bien ? Ah, un message... Se rassoit sur son fauteuil. Une minute, puis deux, puis dix devant l'ordinateur. Se relève et fait le tour du canapé, se demande s’il va se rouler une cigarette, regarde plein de choses autour de lui AH ! Pas touche, on se disperse. Se redirige vers la fenêtre.

- hum. Pensif De toute façon faut sortir
j'en peux plus, j’ai besoin de bouger un peu.

- Regarde par la fenêtre les passants Mais on va où ? A gauche ou à droite ?

- A gauche vers la nature. A droite vers les commerces et les gens.
T’as besoin d’acheter quelque chose ?

- Non. Mais on verra des gens, de l’animation.

- La nature c’est bien aussi, pis c’est reposant et
puis on voit la Seine c’est sympa aussi, les canards, tout ça.
Pas besoin de pain, ou un gâteau.. ?

- Non, il reste du flan d’hier, le dessert c’est okay pour ce soir.
Du pain, il y a encore un morceau, pis tu sais même pas
si tu vas en manger, on dîne quoi d’abord ?

- J’avais envie de curry de pommes de terre.
J’ai acheté du curry hier. Du coup... pain. Pour saucer !

- Hum, mais il reste que trois patates on ne va pas aller loin.

- Bon alors courgettes, poivron, et riz ? Simple et efficace,
y’a même des tomates, on fait revenir ça
avec de l’ail et un p’tit bouillon c’est propre.

- Mais c’est bon quand même le curry, tu m'as donné envie.
Mais faudrait racheter des patates. Donc aller à droite.

- On peut aller à gauche, faire le tour et revenir par la droite.

- Bon on verra, on part vers la gauche et on marche.
Avant de partir je fais rapido quelques accords de guitare ok ?...
Ah et un nouveau message.

- Hum, il est déjà 16h j’voudrais rien dire mais bon.

16h35, décollage. Chemin de gauche, la nature. Chouette.
- Ah, j’aime bien marcher sur ces planches en bois, ça raisonne parce qu’il y a du vide en dessous, j’aime bien ce bruit de pas sur ces planches, c’est comme le bruit des sabots des chevaux, j’adore. Oh des fleurs, elles sont jaunes. Elles sentent bon ou pas ? J'aimerais bien voir des poissons.

______

Mais j’avance je me persuade, je vogue dans le vague je ne ramasse que des algues salées, comme la mer, sale et, sur mon radeau je porte mon fardeau, c'est-à ma solitude, celle que j’ai choisi, si si, mais qui me colle trop à la peau, pas de pot.

______

- C’est moi ou finalement on est resté à gauche ?
Et qu’au lieu de tourner un moment donné... on est allé tout droit ?

- Ca s’appelle le feeling très cher, ou tout simplement suivre ses envies et son instinct. Se sentir libre en somme. Rentrons maintenant, il se fait tard. Âme d’enfant oblige, grave quelque chose sur un rocher, le prend en photo, et prend le chemin du retour. Hop-là !

______

Petit îlot tu es, une chance. Je t’arpente, te découvre. Toi aussi. Adoptant ce Robinson, tu ouvres petit à petit ton étendue verdoyante. Qu’il fait bon y vivre, que c’est vivifiant, des endroits que j’ai pu visiter, ce lieu restera gravé. Havre de paix, les jours passent, complices.
Mais une île peut en cacher une autre, et c’est le cœur empli d’enthousiasme que je cours dans ce sable nouveau. Terre d’une richesse flamboyante, d’arbres rouges, de soleil, où la végétation foisonnante est aussi belle que glissante. Vu du ciel, l’archipel s’étend. Il reste tant à parcourir. Ensemble.

______

Retour maison, c’était une belle balade, j’ai appelé la famille sur le trajet, il faisait bon de marcher, on a rien acheté. Mais on a chanté. Semi-faux. Ou Faux, qu’importe. Tant que la gaieté nous sourit perchée là-haut dans les nuages et que je vois mes petites étoiles brasiller même en plein jour. Tout va bien. Parce que oui, mon coeur est plus fort maintenant que vous y êtes. Les pieds dans le sable, les îles unies.
4
0
25
4
Tanuki


C’est dimanche, le jour du ménage. Hormis le linge et les poussières, on en profite pour faire du rangement afin d’accueillir une nouvelle semaine sous les meilleurs auspices.
Quand on est distrait, une chose en entraîne une autre ; au lieu de condenser une heure de temps de façon consciencieuse, on s’étale largement sur le double, voir le triple si l’on est juste d’un naturel lent. On cherche une musique, et puis non, une autre, on relit un message, on en écrit un, on réagence le contenu d’un tiroir, on décide de jeter un truc pour faire de la place, et puis on se résout à le replacer au chaud, on découpe une page de magazine en se disant qu’elle pourra servir plus tard, on regarde une vidéo. On fait tout, sauf le ménage. Et on retombe sur des objets, on les manipule, on se souvient de leur histoire.
On se souvient des gens, des moments, des présents et des absents, une odeur, un geste. Des instants de peine, de joie, autant de chapitres de notre bibliothèque que l’on ressuscite à bon ou mauvais escient.
Et puis l’on se remet à faire un peu de ménage, c’était le but à la base, rappelons-le. Mais nos pensées vont et viennent à la manière d’une circulation routière. On nettoie une vieille boîte, mais vous savez ce qui se passe quand on est distrait. On l’ouvre. On pose son chiffon imbibé d’un mélange de vinaigre blanc et d’eau. Et l’on redécouvre des photos, de nous enfant, de nos parents, de nos copains, de nos vacances.
Et là le ménage nous regarde avec de grands yeux désespérés, résigné, il regarde l’heure et jette l’éponge.
Oah, Cédric, tu te souviens, tu faisais le hibou avec tes mains pour me dire que tu étais devant chez moi et que tu m’attendais pour partir à l’école. Une photo de Mâcon, avec mon oncle et ma grand-mère, le premier enterrement que j’ai connu. Et là je venais d’avoir les résultats du bac, je t’ai rarement vu pleurer papa, tu contenais tes larmes comme toujours, mais pas moi ce coup-ci. Il faut dire que cette aventure n’a pas été de tout repos. Hein maman, ton fils n’a jamais aimé l’autorité des méthodes scolaires, mais tu ne m'as jamais lâché et je t’en remercie aujourd'hui ; pas que pour ça, pour tout en fait. Oh, moi et ma soeur, sur la plage de La Baule où nous partions chaque année pendant les vacances, je sens encore les odeurs des lavandes quand nous allions à pied à la bibliothèque de Lajarrige, acheter un Monsieur ou Madame. On s’arrêtait déjeuner à l’Oriana parce que c’était les meilleures crêpes au monde ! Les balades jusqu’à Pornichet, à marée basse, sur le sable mouillé que le soleil faisait briller. Tiens, c’est nous là sur les rochers du Croisic et ses côtes sauvages, avec les manteaux de l’époque kitsch à souhait, ça devait être pendant les vacances de février, il a l’air de faire froid. Nous cherchions, accroupis et attentifs, des petits coquillages, qu’on appelait des puces.
Et cette bouille de ma sœur sur celle-ci… tellement mignonne, souriante, quand je pense à tout ce que tu as traversé avec ta santé, tout ce qu’on a traversé en regardant derrière soi.
On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime, justement. Encore une pensée que j’ai dans un tiroir que je n’arrive pas à ouvrir. Bon, après les photos de Noël, j’arrête. Le ménage ne va pas se faire tout seul. Le ménage acquiesça d’un vif hochement de tête mais laissa un dernier moment de répit pour le laisser replonger dans cette période de Noël chère à ses yeux. Parce que, oui, c’est peut-être le moment le plus magique au monde, pour l’enfant innocent et naïf, heureux, émerveillé et euphorique, cette belle et chanceuse croyance qu’une personne ne rencontrera jamais deux fois dans sa vie. Il faut dire qu’il y a cru jusqu’à ses onze ans quand même. Oui n’est-ce pas, c’est long. Mais il a grandi dans le monde qu’il s’est construit, celui entouré de ses jeux, de ses jouets et de ses aventures, de ses dessins qui l'animaient, de ses dessins animés. Sa liberté, sa créativité, tournant le dos aux amourettes et au reste. Amourette ? Non, non, pensa le ménage, je veux bien être gentil mais on a plus le temps de se perdre sur ce sujet, il reste l’aspirateur à passer et un lavabo à embellir. Action réaction. Ni une ni deux, le jeune homme empoigna son chiffon presque sec, déterminé à se débarrasser de la basse besogne, jusqu’au moment où il décida de regarder son téléphone. La suite ? Je vous laisse décider lequel du chiffon ou du téléphone il abandonna sur un coin de table.
3
1
15
3
0