Allons boire,chanter,danser et flâner gaiement,harpies insatiables,joyeuses,karmas libérés,madones nobles oubliées,plébéiennes quémandeuses,romantiques,sulfureuses,tragédiennes ubuesques,vénales,walkyries xénophiles,yseult(s) zoomorphes.

Bûcheron je suis très agé ,
Ma sève perd sa qualité,
Je veille sur cette forêt
En chêne de haute futaie.
Tous ces arbres à mes cotés
Descendent de ma lignée.
La foudre ne m'a jamais brûlé,
La tempête ne m'a jamais déraciné
Et toi tu veux me couper
Alors que la nature m'a protègé.
Quand tu étais petit garçon,
Tu grimpais sur mon tronc,
Tu faisais l'école buissonnière
Pour venir jouer dans la clairière,
Tu ramassais aussi du bois
En vue des hivers si froids.
Je te considérais comme mon ami
Et puis tu as grandi.
Quand tu es devenu bûcheron,
J'ai cru perdre la raison.
Je te revois aujourd'hui
Mais tu ressembles à l'ennemi.
Je sens déjà ta lame de fer
Entamer profondément ma chair.
Ô bûcheron ne sois pas méchant,
Laisse moi revivre ce printemps,
Laisse moi bercer les oisillons
Qui dorment dans mes frondaisons.
Tu n'auras donc pas pitié
De mon large tronc ridé?
Je tremble de toutes mes feuilles
A la pensée de la forêt en deuil.
Faut-il que je dise adieu
A la terre chérie de mes aïeux ?

Alors bûcheron je t'en supplie
Puisque je dois quitter la vie,
Ecoute ma dernière volonté
Ensuite tu pourras me scier.
Vois-tu depuis que je suis né ,
J'ai toujours rêvé
Que mon bois servirait
Une cause pleine d'attraits.
Je veux devenir un violon
Pour jouer la symphonie des saisons.
J'ai tant aimé la chanson du vent
Bûcheron ,exauce le voeu d' un arbre mourant.

Mon dernier bouquet d'Automne
Aux tons si chatoyants
A pleuré quelques pétales flamboyants
Couleurs de passion et de miel
Couleurs de folie et d'arc-en-ciel ,

Mon dernier bouquet d' Automne
Au parfum si évanescent
S' est évaporé sous l' haleine du vent ,
Odeurs d'illusions et de fruits sucrés
Odeurs de promesses et de terres gelées ,

Mon dernier bouquet d' Automne
Aux corolles si décolletées
S' est fané en robe froissée
Parure de fête et de dentelle
Parure de rêve et d' irréel ,

De ce dernier bouquet d' Automne
Je n'ai gardé qu'un Dahlia
Au creux d'un livre il sèchera
Comme un serment oublié
Comme un sanglot étouffé.


Anne Campagnolo

Une histoire mise en musique à travers des mots, un glissement de sons pour aboutir finalement à un poème….

L'insomnie me guettait comme d'habitude,
Je ne pouvais plus endurer sa servitude,
Alors je suis partie faire une promenade,
J' ai pris la fuite dans la nuit blafarde,
Longuement j'ai marché pour calmer mon anxiété
Tandis qu'une étoile complice guidait ma liberté.

J' ai surpris le reflet de la lune sur l'étang,
Sa blanche auréole transperçait les nuages mouvants,
L 'astre était fugitif,
Mon esprit devenait fictif,
Les hautes herbes entravaient mes pas,
Je levais mon regard vers ce ciel trop bas.

Soudain toute la nature s'est métamorphosée,
L'étang s'est changé en ciel brouillé,
La pluie s'est mise à sangloter,
A l'ouest l'orage a grondé,
La forêt se plaignait sans fin,
Au loin le hurlement lugubre du train.

Puis mon angoisse s'est dissipée,
La lune a jailli des ténèbres voilées
Jetant sa clarté sur deux arbres enlacés,
Mariage inattendu de deux feuillages mêlés,
Couple surnaturel défiant l'obscurité,
Se balançant au rythme d'un air embaumé.

Un seul arbre à deux troncs,
Un seul arbre à deux toisons,
Un grand amour fait de sève partagée,
Une forme presqu'humaine,des amants embrassés,
Qui contemplent les profondeurs du soir
En murmurant des paroles pleines d'espoir.

En voyant ce tableau né de la nature,
Symbole vivant au coeur de mon aventure,
J'ai compris que seul l'amour avait le pouvoir divin
De réinventer nos chemins
Pour faire revivre au_delà des jours
C e que l'on croyait perdu pour toujours.

Dormance de l'hiver ,
Réminiscence des souvenirs d'hier ,
Misérable chagrin si lourd ,
Fabuleuse romance d'amour ,
Solitude de mes heures ,
Lassitude du bonheur ,
Si la dernière lueur du jour s'éteint ,
Donne moi encore la main .

Anne C

Ah! quelle sacrée voyelle ,
Elle a fugué la belle
Car elle est tombée amoureuse
D'une autre lettre présomptueuse .

Elle veut dès lors épouser
Un séducteur chevronné ,
Appelé J , un tendre voyou ,
Et s'est pendue à son cou !

Elle prend donc le nom de son mentor ,
Se passe sans honte aucune de notre accord
Pour donner sa menotte menue
A ce grand malotru très connu !

Jeune , joueur , jaloux , joyeux ,
Elle se contemple dans ses yeux ,
Et refuse de reprendre sa place
Dans cet alphabet qu'elle agace !

Mais quelle erreur d'épouser ce blanc-bec ,
Ne reste plus que le rare Y grec
Pour retrouver cet agréable son ,
Alors pour ce funeste maryage , pas de félycytatyons !!!



Anne C

Tes dernières folies vestimentaires
N'ont même pas séduit l'Hiver ,
Il refuse de fleurir ton tombeau ,
Son coeur est digne d'un bourreau .
Pauvre Automne quelle amère souffrance
de voir que nul ne se soucie de votre absence .

Une ville,pas de solitude dans la nuit,
Rires ,musiques et bruits,
Des gens assis aux terrasses des cafés,
Cocas,Diabolos et Panachés,
Des cinés,passeports pour le rêve,
Guerres,amours et sortilèges,
Un théâtre au bout de la place,
Drame cornélien,Horaces et Curiaces,
des nights clubs,oubli du quotidien,
Rock,disco,reggae jamaicain,
Une fontaine aux eaux jaillissantes
Eclaboussant de joie les passantes,

C'était en Juin,le début de l'été
Dans une ville qui se nomme Montpellier.

Mais que cette ville éteigne ses lumières ,
Seuls les chiens ont besoin de ses réverbères ,
Que ces paumés aillent gueuler ailleurs
La complainte des prostituées sans coeur ,

Et les ivrognes titubent contre les poubelles
En ramassant des ordures providentielles ,
Et la ville devient un cauchemar réel
Pour tous les hallucinés errant dans ses ruelles .

Tout à l'heure l'aube crachera des soleils avortés ,
Première nausée devant cette vie fatiguée
Et le brouillard comme un poumon tuberculeux
N'essuiera pas sa morve de gosse malheureux .

Les feuilles naviguent le long des trottoirs
au milieu de flaques d'eau sales et noires ,
Sur les parkings les voitures étincelantes
Semblent des barques attendant la marée montante .

Surtout fuir cet endroit suintant le temps d'avant ,
Mon ancre repose sur des sables mouvants ,
Je me heurte à la clarté , moucheron imprudent ,
ô que je parte vite , loin , rapidement.

Mais là-bas le réverbère comme un phare
Perdu sur une mer de brouillard ,
a poignardé l'obscurité d'une nuit d'hiver ,
Lacèrant mon âme sans écouter ma dernière prière.

Anne Campagnolo

Tu m'avais emmenée en balade à Arlay ,
Simple village de mes premières vacances ,
Pieds nus dans le ruisseau et le serpolet ,
Humble retour au paradis de mon enfance .

Le soleil incendiant les toits sur Poligny
Amorçait inéluctablement son déclin ,
Je me souviens de l'émouvante nostalgie
Qui faisait se dénouer nos tremblantes mains ,

Une vieille chapelle dominait la vallée
Et l'antique cloche qui tintait si doucement ,
Résonnait en moi comme un glas meurtrier ,
Echo répèté par les folles rafales du vent .


Ornans se baignait dans les eaux claires de la Loue ,
Et c'était déjà la fin de notre voyage ,
Tu avais déposé l' amour à mes genoux
Or le crépuscule nous volait ce paysage ,

Notre rêve s' évanouissait dans la nuit
Comme Orphée se retournant sur Eurydice ,
Même la lyre charmant les sorciers de minuit
N'a pu empêcher cet ultime supplice ...

Ô mon triste et tendre chevalier Yvain ,
Vois- tu , ce soir , ta peine immense , je la comprends ,
Et j'ai pitié de ton inconsolable chagrin ,
Mais je n'ai plus le goût de croire aux vains serments .


Anne Campagnolo

Regardez l' homme en noir
Qui s' appuie sur le comptoir ,
Continuant de boire
Pour chasser l' espoir .

Il ne peut pas y croire
Mais c' était hier soir ,
Elle criait au-revoir ,
dédaignant son mouchoir .

Seul face au miroir
Il est sans mémoire ,
Prêt pour le purgatoire
Qui menotte son histoire .

Priez pour l' homme en noir
Qui lors d' un fameux soir ,
A tué avec un bougeoir
Celle qui fut son éteignoir .

Priez pour l' homme en noir
à l 'amour sans victoire ,
Rendez vous au parloir
De sa prison -dortoir ,
Oubliez ses déboires ,
Ne le laissez pas choir ...


Anne Campagnolo